Et voici la deuxième finale de l’Euro Hockey Tour… euh, pardon, des championnats du monde. En éliminant les Nord-Américains pourtant mieux classés dans leur groupe, Tchèques et Finlandais ont en effet fait de ce carré final un affrontement entre les quatre grands pays d’Europe.
Dès qu’elle a su que Vladimir Růžička redevenait entraîneur, la République Tchèque a vécu dans l’espoir d’une répétition du titre 2010, sur lequel le sélectionneur était parti la dernière fois. Elle a en quelque sorte parfaitement tenu parole : elle a encore connu une phase de poule très poussive, connaissant notamment sa première défaite contre le Danemark (c’était face à la Norvège il y a quatre ans).
Mais la Finlande de cette année est encore plus comparable aux Tchèques de 2010 : elle est passée au bord de l’élimination et n’avait plus leur destin en mains. Elle a subi des critiques cinglantes de ses supporters, maintenant prêts à la contrition après la victoire contre le Canada qui a réhabilité cette équipe, soudain jugée capable de tout.
Bien sûr, les deux équipes conservent l’effectif gagnant du quart de finale. Les Tchèques ont en particulier apprécié l’inclusion d’un besogneux, Jiří Novotný, sur leur première ligne.
Les Tchèques attaquent les premiers, mais au fil du temps, la Finlande semble de plus en plus dangereuse par sa rapidité. À la neuvième minute, une bonne relance croisée de Juuso Hietanen trouve Jori Lehterä qui prend de vitesse Ondřej Vitásek. Le défenseur débutant pivote en vain pour se remettre en patinage avant : le Finlandais lui est passé devant et il marque du revers face à la cage (0-1, photo de gauche).
Růžička envoie aussitôt sur la glace sa première ligne, et Jaromír Jágr provoque immédiatement une obstruction d’Olli Jokinen. En supériorité numérique, c’est encore Jágr qui donne deux palets de but, mais Ondrej Nemec n’arrive pas à reprendre la passe entre les cercles, et la belle déviation de Roman Červenka est quand à elle déviée d’extrême justesse par la botte de Pekka Rinne.
L’éternelle indiscipline tchèque se manifeste encore par une pénalité idiote de Tomáš Hertl derrière la cage adverse. Elle est tuée, mais Alexander Salák doit réaliser un arrêt capital de la jambière droite à vingt secondes de la pause face à Iiro Pakarinen servi dans le dos de la défense. Les Tchèques, battus en patinage et impuissants à 5 contre 5, rentrent assez logiquement au vestiaire avec un but de retard.
Dès le début de la deuxième période, Petri Kontiola donne une charge avec la crosse à Klepis sur un engagement. Jágr reprend son rôle d’organisateur sur son côté droit en servant Červenka dans l’enclave alors que Sobotka masque le gardien, toujours en vain.
La dynamique a tout de même changé. Les Tchèques ont plus de jus dans les duels, plus de vista technique aussi, et ils provoquent une nouvelle pénalité contre Palola. Le jeu de puissance passe toujours exclusivement par Jágr, et son lancer en angle est suivi d’un énorme rebond face à la cage ouverte… mais le joker Erik Haula vient se coucher jambe en avant pour bloquer du patin le tir de Novotný.
Une crosse haute de Zámorský est sifflée à la mi-match, et la Finlande, qui n’a rien fait depuis dix minutes, transforme tout de suite cette chance providentielle : après deux feintes de lancer de Karalahti et Kontiola devenues des passes, Jarkko Immonen, laissé démarqué par Kindl, reçoit le palet au poteau gauche et parvient à le passer entre les jambes de Salák (0-2).
Non seulement les efforts tchèques n’ont pas été récompensés, mais en plus l’écart s’est creusé contre un adversaire passé maître dans la protection d’un score. Il va falloir un peu de réussite, mais la déviation bien tentée de Martin Zaťovič est un peu trop croisée.
Červenka commet un cinglage en zone offensive à un peu plus de deux minutes de la fin du deuxième tiers-temps. Les blancs doivent donc se contenter de tuer cette pénalité pour retourner aux vestiaires sur ce score. Il s’en est fallu en effet de quelques centimètres pour que Leo Komarov reprenne au second poteau le centre de Pekka Jormakka…
La République Tchèque traîne toujours son indiscipline comme un boulet en troisième période. Le capitaine Tomáš Rolinek ne montre pas l’exemple avec une obstruction très éloignée du jeu. L’assistant-capitaine Jágr non plus, qui inflige un cinglage de frustration à Komarov, de nouveau loin du jeu. Le doyen de la compétition, très énervé, jette tout ce qui lui passe par la main (bouteille d’eau, crosse puis serviette) sur le banc des punitions.
Le temps a défilé et la perspective d’un retour tchèque s’amenuise. Les seuls espaces qui s’ouvrent sont situés dans la défense tchèque. Jormakka délivre un centre parfait pour Palola dans l’axe, mais le tir à mi-distance de ce dernier va droit dans le plastron de Salák.
Les Tchèques poussent sur la fin en sortant leur gardien et en mettant jusqu’à trois joueurs devant la cage, mais les défenseurs forment un mur à côté de leur gardien à l’instar d’Ohtamaa. Jarkko Immonen dégage contre la bande en plongeant et Jori Lehterä part seul marquer en cage vide (0-3).
Les Tchèques n’ont jamais trouvé de solution face à l’habituel système défensif d’Erkka Westerlund, un 1-2-2 dense qui couvre toute la zone neutre : l’ailier droit fait face au porteur du palet dans l’axe, les autres joueurs bloquent tout passage par les bandes.
Cette toile tissée plus un gardien solide (Pekka Rinne ce soir), ce sont les ingrédients qui ont toujours fait le succès de la Finlande, et qui sont toujours extrêmement frustrants pour les adversaires (et pour les spectateurs). Surtout quand ceux-ci ont déjà une tendance naturelle à la pénalité stupide (les adversaires, pas les spectateurs)…
La Finlande, qui n’aurait même pas dû être en quart de finale, retrouvera les stars russes qu’elle aime tant frustrer, et elle appliquera la même tactique…
Désignés joueurs du match : Jan Kolář pour la République Tchèque et Jarkko Immonen pour la Finlande.
Commentaires d’après-match
Tomáš Hertl (attaquant de la République Tchèque, photo de gauche) : « Ils ont très bien défendu. Si nous avions au moins mis la pression pendant cinq minutes, mais nous n’y sommes pas parvenus. Au maximum une ou deux présences. Jágr a été notre meilleur joueur, il a essayé de nous mener. Je jouais avec lui pour la première fois, il m’a donné des conseils. Il n’a à rougir de rien. »
Vladimir Růžička (entraîneur de la République Tchèque) : « Le premier but a été décisif. Les Finlandais ont bien défendu, ils ont aussi patiné et contrôlé la zone neutre. Nous sommes bien partis après la pause, mais malheureusement nous avons pris des pénalités et l’adversaire nous a punis. Je le dis tout le temps, nous sommes entrés dans le match avec comme consigne de ne pas faire de faute. Et nous prenons quatre pénalités sur cinq en zone offensive… Dans les rencontres précédentes, nous avons beaucoup attaqué, cette fois nous avons joué et tourné. Jarda Jágr était le seul à faire quelque chose. Quand je vois les autres équipes jouer simplement, aller vite à la cage… Dommage que nous ayons échoué à convaincre les joueurs. »
République Tchèque – Finlande 0-3 (0-1, 0-1, 0-1)
Samedi 24 mai 2014 à 18h45 à la Minsk Arena. 14378 spectateurs.
Arbitrage de Lars Brüggemann (ALL) et Vyacheslav Bulanov (RUS) assistés de Jimmy Dahmen (SUE) et Anton Semjonov (EST).
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