Le monde du hockey a retenu son souffle devant les images de Sidney Crosby étendu sur la glace lors du match 3 de la série contre les Capitals de Washington. Si le genou qui a affreusement plié semble intact, le capitaine des Penguins a subi une nouvelle commotion cérébrale. Privé de son meilleur joueur, Pittsburgh conserve-t-il une chance de se qualifier ?
Par Thibaud Chatel @batonsrompus
L’incident de lundi soir marque un tournant dans cette série. Il paraît cependant impensable qu’en 2017 une équipe puisse volontairement décider de blesser sérieusement un joueur. Appuyer là où ça fait mal, bien sûr, mais viser quelque chose d’aussi sérieux qu’une commotion, non. Tout est arrivé en moins d’une seconde. Le bâton d’Alexander Ovechkin touche Crosby dans le dos, vient rebondir sur l’épaule d’Ovi et repart sur la tête de Crosby. Ce n’est en rien intentionnel. Ensuite, Matt Niskanen a un réflexe bien connu des défenseurs de tous niveaux, qui est de mettre son bâton en avant en prévision d’un contact, et la chute de Crosby fait qu’il le frappe à la tête. Niskanen aurait-il pu éviter son geste ? Peut-être. Est-ce intentionnel ? Difficile de le croire. La ligue n’a en tous cas infligé aucune sanction au défenseur.
Cependant, le fait est que les Pens vont devoir se passer de leur capitaine pour sans doute le reste de la série. L’avance des deux victoires acquises sur la glace des Capitals a déjà fondu de moitié et Washington pourrait égaliser ce soir, prenant un ascendant psychologique certain pour la suite des choses.
Pittsburgh sans Crosby
Sidney Crosby n’est pas le meilleur joueur du monde pour rien, même si Connor McDavid tente déjà de lui ravir ce titre. Si les Penguins forment une redoutable équipe, qui a trop de fois dû faire sans sa star, la présence de Crosby sur la glace apporte comme on peut s’y attendre une plus-value inestimable. En comparant les statistiques du capitaine à celles du reste de l’équipe lorsqu’il quitte la glace, force est de constater qu’un gouffre sépare celui-ci de ses équipiers qui ne sont pourtant pas des manchots (sic). En saison régulière, la présence de Crosby sur la glace assure un taux de possession, de chances de marquer, de buts espérés et de buts marqués de 3 à 5 points supérieurs à ceux du reste de l’effectif, au demeurant largement positifs au-dessus des 50%.
La situation est cependant un peu différente ces trois dernières saisons en playoffs où, si le Kid est largement supérieur à ses coéquipiers pour la possession et les chances de marquer, les buts espérés et marqués sont en faveur du reste de l’équipe. Il faut y voir ici la force des Penguins et la raison de leurs succès ces deux dernières années, à savoir une profondeur de talents en attaque assez incomparable. L’an dernier par exemple, alors que Crosby bataillait contre les meilleures lignes adverses, le « troisième » trio Hagelin-Bonino-Kessel s’amusait contre les bottom-6 adverses.
Nous l’avons encore vu lundi soir après sa sortie, les Penguins ont su trouver des occasions et Evgeni Malkin a toujours élevé son jeu d’un cran en l’absence de son capitaine, mais il est indiscutable que, sans Crosby, toute la mécanique offensive des Pens fonctionne moins bien.
Le retour de Washington est logique
Surtout que Washington est loin de s’avouer vaincu. Car si Pittsburgh a causé une petite surprise en s’imposant deux fois sur la glace adverse pour débuter, les Caps n’avaient certainement pas mérité un tel sort. Les scores ne reflètent ainsi en rien la domination qui fut celle des Capitals dans le jeu.
Les trois premiers matchs ont en effet été outrageusement dominés par Washington, donnant au total, pour le moment, la série la plus inégale en termes de possession de ces dix dernières années ! Les Caps dépassent systématiquement les 60% pour les tentatives de tir (la possession), et les 55% pour les buts espérés qui prennent en compte la qualité des chances obtenues. La frustration est palpable chez les grands favoris pour la coupe car la différence s’est pour l’instant faite dans les cages, alors que Marc-André Fleury livre des performances bien au-delà des attentes, et que Braden Holtby a eu l’air fragile lors des deux premiers duels.
Les Penguins sont en réalité excellents pour s’offrir des chances de grande qualité, grâce à leur patinage constant et leur jeu de passe en zone offensive. Ils parviennent ainsi à déstabiliser la défense en renversant souvent le jeu par des passes latérales, ce qui a pour effet de mettre défenseurs et gardiens hors de position. C’est encore une fois la force du collectif talentueux de Pittsburgh, avec trois lignes capables de s’inscrire au pointage.
La perte de Crosby et de Connor Sheary, également victime d’une commotion lundi soir, diminue cependant le nombre de solutions offensives et pourrait enrayer la machine à surprendre des Caps, dont le retour dans la série n’a vraiment rien de surprenant. Même avec Crosby, si ceux-ci devaient continuer à autant dominer les Penguins, il n’aurait vraiment pas été surprenant de voir Washington revenir et remporter cette série. Pittsburgh peut-il résister et remporter deux des quatre prochains matchs ? Peut-être si Fleury garde ce même niveau. Les fans des 28 autres franchises espèrent en tous cas un match 7…