À l’occasion de sa Channel One Cup, la Russie a mis les petits plats dans les grands en recevant la Suède. Il faut dire que ce match a une saveur toute particulière puisqu’il est censé célébrer le soixante-dixième anniversaire de la fédération russe.
Et comme d’habitude pour ce tournoi joué tous les ans à la maison, le staff russe a convié du beau monde avec un effectif de premier choix. Le sélectionneur Oleg Znarok doit toutefois composer sans quelques pointures malades ou blessées qui ont dû déclarer forfait : Shipachyov, Gusev et Mozyakin. Ce sont trois artilleurs en moins mais rappelons-nous que, le mois dernier, la Russie avait remporté le Tournoi Karjala pour la première fois en cinq ans avec un effectif très jeune et peu expérimenté. Cet étonnant succès a d’ailleurs ouvert la porte à une réflexion pour l’année prochaine : et si une deuxième sélection russe, en l’occurrence celle étiquetée « Russie olympique », prenait part à la Channel One Cup ?
Avant l’année prochaine, il faut déjà éviter le fiasco comme celui de l’année dernière, face à une Suède confrontée à plusieurs absences, notamment devant les buts. Markus Svensson du Spartak Moscou devait remplacer Henrik Karlsson mais, malade, il a dû lui aussi décliner l’invitation. Johan Gustafsson, gardien de 24 ans évoluant à Frölunda et au palmarès déjà étoffé, prend le relais mais c’est toutefois Viktor Fasth qui débute le tournoi devant la cage Tre Kronor. Fasth affronte d’ailleurs son collègue du CSKA Sorokin sur la glace moscovite.
Tout le monde est prêt… sauf le responsable de la sono. L’hymne suédois ne retentit que quelques secondes, à la grande surprise des joueurs et du staff scandinaves. Voilà de quoi les mettre en rogne ! Pour autant, c’est la Russie qui se mettra le plus en évidence durant cette première période. Dès la 4e minute, Kovalchuk dans le coin délivre une superbe passe vers Ozhiganov, le brillant défenseur du CSKA parvient à surprendre son collègue suédois mais touche le poteau.
La Sbornaïa obtient cependant une chance de capitaliser sa domination, Carl Klingberg écopant d’une pénalité à la 8e minute. Le deux minutes du jeu de puissance s’écoulent vite mais en fin d’avantage, la quatrième ligne russe est lancée dans la bataille. À raison. Maksim Shalunov envoie le palet derrière la cage suédoise, que récupère Sergei Shumakov qui le ressort de la bande pour le donner poteau opposé où Vladislav Gavrikov profite du retard de placement de Fasth (0-1, 08’56 »). À plusieurs reprises dans ce premier tiers-temps, les Russes auront eu l’occasion de creuser l’écart, notamment à la 16e minute. La contre-attaque russe est limpide, la passe de Kovalchuk est parfaitement distillée, mais Sergei Plotnikov échoue devant Fasth, qui s’agenouille en papillon. Dans les dernières secondes, Thuresson, grâce à un écran de Zackrisson, aurait pu en profiter contre le cours du jeu mais le score demeure de 0-1 pour les hôtes russes.
La Russie tente d’en remettre une couche en début de seconde période, par Kovalchuk dans un angle fermé, puis par une déviation de Tkachev grâce à une passe subtile de Kugryshev. Les Suédois sont cependant plus agressifs dans le jeu qu’en première période, et plus dangereux. Ilya Sorokin doit intervenir de la mitaine face à une accélération de Zackrisson et un très beau lancer du revers. Le groupe suédois connaît cependant une déception à la 26e minute en perdant sur blessure Andreas Borgman, jeune défenseur talentueux du HV71 dont il s’agissait de la première sélection, sévèrement touché après un choc de Kovalchuk. Borgman doit quitter la partie.
Peut-être sous le choc après cette grave blessure, la Suède doit faire face un grand temps fort de la Russie. Pendant de longues minutes, les Suédois ont toutes les peines du monde à se dégager et il faut la jambière de Fasth pour détourner une action dangereuse de Kiselevich et Nichushkin.
La tempête russe finit par s’estomper et les Suédois redeviennent dangereux. C’est au tour de Sorokin de s’imposer avec fermeté devant un jaillissement de Thuresson à la 38e minute. Le gardien moscovite est dans son match… jusqu’à l’engagement suivant. Oskar Lindblom travaille dans le coin et met devant la cage, Johan Ryno fait écran et n’a pas à toucher le palet qui rentre tranquillement sans que Sorokin ne comprenne quoi que ce soit (1-1, 27’56 »). C’est un coup dur pour la Russie après ce but-casquette, qui devra sauver les meubles en fin de période en infériorité à cause d’une interférence de Belov.
Il reste 1’23 » d’avantage numérique pour les Suédois au démarrage du troisième tiers-temps. Enfin non. Finalement, à cause d’une faute de Thuresson sur Svetlakov, les deux équipes se retrouvent donc rapidement à forces égales… avant que le buteur Gavrikov ne soit pénalisé à son tour. Les Russes et Sorokin résistent, notamment face à une puissante reprise de Nygren dont il a le secret, puis devant une tentative d’Önerud. Ivan Telegin tente de faire réagir son équipe mais celle-ci se retrouve de nouveau dans une situation inconfortable à dix minutes de la fin, Svetlakov rejoint la prison.
Cette dernière pénalité sera tuée même si Sorokin doit se jeter dans les patins d’Omark pour sauver son équipe. La possession est en tout cas totalement suédoise dans cette dernière période et la Russie semble de moins en moins fringante malgré un score toujours de parité. À la 57e minute, c’est le bout de la mitaine de Sorokin qui préserve les espoirs de la Russie… qui vont s’éteindre en toute fin de match. On retrouve Linus Omark qui accélère couloir gauche pour tenter de récupérer un puck délaissé par les Russes, le petit ailier le garde le long de la bande puis dégaine une superbe passe devant le but où jaillit Simon Bertilsson qui donne l’avantage aux Suédois… à 86 secondes de la fin !
Ilya Sorokin déserte ses filets pour un joueur de champ supplémentaire mais en vain puisque Thuresson contre Telegin en zone neutre et marque en cage vide (3-1, 59’49 »).
Il y a un mois, la Suède passait totalement à côté du Tournoi Karjala par des efforts insuffisants. Aujourd’hui, chahutés en première période, la Suède a toutefois offert une prestation solide avec une deuxième moitié de match maîtrisée. Et ainsi gâcher l’anniversaire du hockey russe.
Commentaires d’après-match
Rikard Grönborg (entraîneur de la Suède) : « Aujourd’hui, c’est une victoire de guerriers. Nous avons affronté une très bonne équipe russe, ils ont livré une forte opposition, surtout en première période. »
Oleg Znarok (entraîneur de la Russie) : « Malheureusement, ce premier match n’a pas fonctionné comme nous le voulions. Nous avons réalisé une très bonne première période, nous aurions dû davantage creuser l’écart. En seconde période, nous encaissons un but malchanceux. Et dans le troisième tiers-temps, nous n’étions tout simplement pas assez forts. C’est frustrant. Les joueurs sont arrivés fatigués. Les Suédois ont joué environ 25 matchs de championnat quand nous, nous avons dépassé le seuil des 40… »
Suède – Russie 3-1 (0-1, 1-0, 2-0)
Jeudi 15 décembre 2016 à 19h00 au Palais de Glace de Moscou. 11770 spectateurs.
Arbitrage d’Aaro Brännare et Aleksi Rantala (FIN) assistés de Nikita Shalagin et Dmitry Shishlo (RUS).
Pénalités : Suède 4′ (2′, 0′, 2′), Russie 6′ (0′, 2′, 4′).
Tirs : Suède 34 (10, 10, 14), Russie 22 (11, 7, 4).
Évolution du score:
0-1 à 08’56 » : Gavrikov assisté de Shumakov (sup. num.)
1-1 à 27’56 » : Lindblom
2-1 à 58’34 » : Bertilsson assisté d’Omark
3-1 à 59’49 » : Thuresson
Suède
Attaquants :
Linus Omark (A, +2) – Johan Ryno (+2) – Oskar Lindblom (+1)
Alexander Bergström – Patrik Zackrisson (+1) – Andreas Thuresson (+1, 2′)
Simon Önerud (+1) – Pathrik Westerholm – Carl Klingberg (2′)
John Norman – Fredrik Händemark – Daniel Brodin (+1)
Robert Rosén
Défenseurs :
Erik Gustafsson (C, +1) – Magnus Nygren (A, +1)
Simon Bertilsson (+2) – Emil Johansson
Andreas Borgman – Sebastian Aho
David Rundblad (+2)
Gardien :
Viktor Fasth
Remplaçant : Johan Gustafsson (G).
Russie
Attaquants :
Ilya Kovalchuk (A, -1) – Pavel Datsyuk (C, -1) – Sergei Plotnikov
Valery Nichushkin (-2) – Andrei Svetlakov (-1, 2′) – Ivan Telegin (-2)
Dmitri Kugryshev (-1) – Vladimir Tkachev (-1) – Alexander Barabanov (-1)
Sergei Shumakov – Maksim Shalunov (-1) – Stepan Sannikov
Sergei Andronov
Defenseurs :
Anton Belov (A, 2′) – Egor Yakovlev
Bogdan Kiselevich (-1) – Igor Ozhiganov (-2)
Victor Antipin (-1) – Aleksei Bereglazov (-1)
Vladislav Gavrikov (2′) – Maksim Osipov
Gardien :
Ilya Sorokin [sorti de 59’04 » à 59’49 »]
Remplaçant : Igor Shestyorkin.