Le Kazakhstan va pouvoir déterminer son véritable niveau sans l’artifice des doubles passeports. Sa première rencontre face à Norvège est très importante pour ne pas jouer le maintien lors du seul match face à la Slovénie.
Les joueurs d’Asie Centrale adoptent une tactique très prudente, ne sortant de leur dispositif défensif que par contre-attaques rapides. En tentant de déborder sur son aile, Alikhan Asetov se fait serrer dans la bande par une charge dure mais légale de Christian Kåsastul et se fait mal à la main, qu’il entoure de glace et qu’il portera en écharpe à la fin du match.
La domination territoriale norvégienne précoce provoque une première occasion. Une bonne passe de Sondre Olden traverse devant le but et sert Mathias Trettenes dont le tir en angle fermé frappe le poteau (image ci-dessous).
Samit Daniyar accroche Olsen dans le coin et le Kazakhstan se montre également très passif en infériorité numérique. Les arbitres sifflent un peu rapidement sur un palet non gelé dans le slot. Inversement, ils n’arrêtent pas le jeu quand un slap de Johannes Johannesen frappe le haut du masque d’Andrei Shutov, qui se plaint de ce manque de protection. À neuf secondes de la fin de la pénalité, la passe de Mattias Nørstebø est si masquée et soudaine qu’elle décale parfaitement Michael Haga dans le cercle droit pour une reprise en cage ouverte (1-0, image ci-dessous).
Les rouges enchaînent 78 secondes plus tard. La passe du revers de derrière la cage de Trettenes n’est pas reprise par Andreas Martinsen, mais pas contrôlée non plus par Mikhaïl Rakhmanov dans l’enclave. Un raté coûteux car Ole Julian Bjorgvik-Holm reprend ce palet bondissant comme il vient et l’envoie sous les bottes de Shutov (2-0).
La Norvège a déjà mis 2 buts alors que le Kazakhstan ne compte à cet instant que 2 tirs cadrés… Il va devoir montrer plus d’ambition offensive, ce à quoi il s’emploie timidement. Il réussit pourtant bien à réduire le score, par sa quatrième ligne. À l’issue d’une contre-attaque très simple sur l’aile gauche en utilisant la bande, Batyrlan Muratov centre en retrait pour Maksim Mukhametov qui arrive en troisième homme entre les cercles et place bien son lancer, à mi-hauteur côté plaque (2-1).
Le Kazakhstan ne s’en sort pas si mal en rentrant aux vestiaires avec ce score, si ce n’est que Kirill Savitski a pris une pénalité évitable sur la sirène pour un coup de coude sur Kåsastul. La situation à 4 contre 5 devient critique car Samat Daniyar continue de jouer pendant une minute et demie en serrant les dents après avoir pris un palet dans la jambe. Mais son gardien Shutov n’arrête pas le jeu et finit par subir un gros lancer de Michael Haga (3-1).
Avoir pris deux buts sur ses deux premières infériorités numériques ne suffit apparemment pas au Kazakhstan. Adil Beketaev envoie ses gants dans le menton d’Olden et part en prison, mais les arbitres sont gentils quand Muratov barre l’entrée de zone d’Olsen en lui mettant la crosse entre les jambes. Cela aurait dû faire une minute à 5 contre 3, c’est au contraire la première pénalité tuée par les blancs.
La Norvège est punie à son tour, pour un surnombre. Avec ses joueurs les plus techniques sur la glace, le Kazakhstan maîtrise bien le palet à défaut de le faire circuler vite. Il ne prend aucun lancer cadré, mais un tir du poignet dans le cercle droit de Nikita Mikhailis a quand même frappé le poteau. Lors de la pénalité suivante (une crosse haute de Berg-Paulsen), la passe transversale levée de Rymarev trouve Mikhailis dans une position identique… pour un tir sur la barre ! Il est maudit, mais le défenseur Valeri Orekhov – meilleur marqueur de son équipe l’an dernier – ne l’est pas : Haukeland voit partir son slap axial mais le laisse passer entre ses jambières (3-2).
Le Kazakhstan reste donc à portée d’un retour en troisième période sur un geste gagnant, par exemple ce centre de Mikhailis pour la déviation de Savitsky (contrée). La possession reste nettement rouge avec des occasions plus nettes. Une superbe passe de Ludvig Hoff trouve Håvard Salsten libre devant la cage, le jeune centre feinte le gardien mais son revers échoue à l’extérieur du poteau.
À neuf minutes de la fin, Ludvig Hoff prend une pénalité idiote en faisant trébucher Daniyar sur un engagement en zone offensive. Grâce à cette supériorité numérique providentielle, le Kazakhstan égalise sur une partie de billard, puisque le tir de Nikita Mikhalis ricoche successivement sur deux défenseurs norvégiens (3-3). La chance a tourné pour Mikhailis, et pour son équipe. 17 secondes plus tard, Orekhov met sa crosse sous les patins de Martinsen. Les rouges sont à 5 contre 4 mais le lancer de Thomas Olsen frappe le poteau. Le palet retombe dans le slot, mais la crosse au sol de Daniyar repousse la tentative de Sondre Olden de pousser ce puck en cage ouverte (image ci-dessous).
Le Kazakhstan se permet même une séquence forte en zone offensive à trois minutes de la fin. Il ne reste plus rien du contrôle supposé de la Norvège sur ce match… La meilleure maîtrise technique des blancs leur permet de reprendre le dessus. La prolongation à 3 contre 3 est bien plus favorable au dynamisme norvégien, mais Mattias Nørstebø se plaint d’avoir été accroché par Shestakov au moment de tirer sans que l’arbitre ne siffle.
Les pénaltys décideront de l’issue de la rencontre. Le tir de Grents est paré du gant, celui de Haga termine dans la jambière droite. Muratov vise trop haut. Trettenes feinte parfaitement le gardien mais son revers passe ensuite à côté. Starchenko fusille entre les bottes Haukeland qui n’a pas réagi. Le défenseur junior Isak Hansen – qui n’a pas joué une seule seconde – est envoyé à la surprise générale mais le pari osé ne fonctionne pas du tout car Shutov ne prend pas du tout à sa feinte… Le Kazakhstan est donc en tête après trois tirs.
Mikhailis vise la mitaine avec le même résultat que Grents sur le premier tir. Sondre Olden, en revanche Rymarev feinte à gauche mais son tir est bloqué de justesse sous la jambière de Haukeland. Celle de Shutov arrête aussi la tentative de Thomas Olsen même s’il perd de vue la rondelle.
Le gardien du Kazakhstan ne sait pas non plus où est passé le puck après avoir fermé les jambières sur la seconde tentative d’Olden, mais elle a bien été bloquée. Starchenko, en revanche, marque une seconde fois au même endroit, en « five hole », et donne la victoire à l’équipe d’Asie centrale. Comme en 2016 (face à la Suisse), comme en 2021 (contre la Lettonie), le Kazakhstan remporte son premier match du tournoi après l’épreuve des tirs au but, et à chaque fois, le capitaine Starchenko a marqué ! La différence, c’est que, désormais, tous ses joueurs connaissent par cœur l’hymne national et le chantent en chœur.
Quand on adopte une stratégie défensive, il est très important d’être discipliné et solide en penalty killing. Le Kazakhstan ne semble cocher aucune de ces deux cases : déjà plus mauvaise équipe en infériorité numérique l’an passé, il a encaissé deux buts sur ses deux premières pénalités.
La Norvège semblait donc avoir match gagné face à un adversaire peu menaçant offensivement. Elle l’a perdu par des pénalités évitables, et par les faiblesses montrées par Henrik Haukeland entre les jambières. Elle devra un jouer un match de la peur mardi face à la Slovénie. En plus, cette contre-performance érode ses chances d’organiser le tournoi de qualification olympique à domicile… ce qui pourrait faire les affaires de la France comme on l’a expliqué dans notre présentation.
Désignés joueurs du match : Batyrlan Muratov pour le Kazakhstan (ci-contre) et Michael Haga pour la Norvège.
Commentaires d’après-match :
Michael Haga (attaquant de la Norvège) : « Nous avons pris une pénalité, ils ont marqué. Je pense que nous leur avons donné le match. Nous avons été bons au départ et pendant deux périodes, mais les dix dernières minutes de la troisième période n’étaient pas bonnes du tout. C’est une dure défaite. Nous avons eu un bon powerplay, c’était bien de marquer ces deux buts, mais ça ne sert à rien si nous ne gagnons pas.
Tamirlan Gaïtamirov (défenseur du Kazakhstan) : « Ce n’était pas le meilleur départ pour nous, nous avons pris deux buts en infériorité. Le message du coach était juste de jouer plus simple. Pour beaucoup de gars, c’est la première expérience ici, nous sommes une jeune équipe. Le coach nous a dit de nous amuser, de jouer notre jeu et de tout mettre vers le filet. Dès le début, nous étions persuadés de pouvoir gagner ce match. »
Norvège – Kazakhstan 3-3 (2-1, 1-1, 0-1, 0-0) / 1-2 aux tirs au but
Samedi 13 mai 2023 à 16h20 à l’Arena Riga. 2870 spectateurs.
Arbitres : Sean Fernandez (USA) et Stefan Hürlimann (SUI) assistés de Nicolas Constantineau (FRA) et Tommi Niitylä (FIN).
Pénalités : Norvège 6′ (0′, 4′, 2′, 0′) ; Kazakhstan 8′ (4′, 2′, 2′, 0′).
Tirs : Norvège 34 (12, 10, 8, 4) ; Kazakhstan 17 (4, 4, 9, 0).
Évolution du score :
1-0 à 07’48 : Haga assisté de Nørstebø et Trettenes (sup. num.)
2-0 à 09’06 : Bjørgvik-Holm assisté de Trettenes et Martinsen
2-1 à 15’29 : Mukhametov assisté de Muratov et Beketayev
3-1 à 21’44 : Haga assisté de Granath et Nørstebø (sup. num.)
3-2 à 35’11 : Orekhov assisté de Savitsky et Muratov (sup. num.)
3-3 à 51’27 : Mikhailis assisté de Rymarev et Starchenko (sup. num.)
Tirs au but :
Kazakshtan : Grents (arrêté), Muratov (au-dessus), Starchenko (réussi), Mikhailis (arrêté), Rymarev (arrêté).
Norvège : Haga (arrêté), Trettenes (arrêté), Hansen (arrêté), Olden (réussi), Olsen (arrêté).
Tirs supplémentaires : Olden (N, arrêté), Starchenko (K, réussi).
Norvège (2′ pour surnombre)
Attaquants :
Thomas Berg-Paulsen (2′) – Markus Vikingstad – Thomas Olsen
Eirik Salsten – Håvard Salsten – Ludvig Hoff (2′)
Sondre Olden (+1) – Mathias Trettenes (A, +1) – Andreas Martinsen (+1)
Michael Haga (-1) – Ken André Olimb (C, -1) – Philip Granath (-1)
puis à partir de 20’00 Petter Vesterheim
Défenseurs :
Emil Martinsen Lilleberg – Mattias Nørstebø
Johannes Johanessen (A) – Ole Julian Bjørgvik-Holm
Max Krogdahl – Christian Kåsastul
Isak Hansen [uniquement en jeu pour tirer un pénalty]
Gardien :
Henrik Haukeland
Remplaçant : Jonas Arntzen (G). Réserviste : Tobias Normann (G).
Kazakhstan
Attaquants :
Roman Starchenko (C) – Arkadi Shestakov – Evgeni Rymarev
Kirill Savitsky (2′) – Dmitry Grents – Nikita Mikhailis (A)
Mikhail Rakhmanov (-1) – Alikhan Omirbekov (-1) – Alikhan Asetov (A) [blessé] puis Maksim Musorov (-1)
Batyrlan Muratov (+1) – Maksim Mukhametov (+1) – Dinmukhamed Kaiyrzhan (+1)
Défenseurs :
Adil Beketayev (2′) – Samat Daniyar (2′)
Valery Orekhov (2′) – Kirill Polokhov
Tamirlan Gaïtamirov – Artyom Korolyov
Danil Butenko
Gardien :
Andrei Shutov
Remplaçant : Nikita Boyarkin (G). Réservistes : Maksim Pavlenko (G), Madi Dikhanbek (D), Abay Mangisbaev (A).