Après avoir renversé en sa faveur une situation compromise face à la Corée du Sud (4-2), l’équipe de France passe son test majeur avant la qualification olympique face au Danemark. Ce pays ne s’est encore jamais qualifié pour les JO et – comme tous les quatre ans – se désespère d’y arriver alors qu’il semble avoir tous les atouts de son côté. Heinz Ehlers ne se cache pas en tout cas en prétendant « pouvoir affirmer être l’entraîneur national qui a eu la meilleure préparation de l’histoire pour une qualification olympique. Il y a eu beaucoup de générosité de la part de la fédération et [il] ne pense pas que l’on aurait pu faire mieux. » La date de disponibilité imposée par l’IIHF – le 23 août – a été devancée et les vingt joueurs étaient déjà prêts pour le camp mardi dernier à Herning.
Le Danemark a donc mobilisé ses hommes, mais il ne l’a pas forcément mieux fait que l’équipe de France. Il lui manque les attaquants Nichlas Hardt (blessé) et Lars Eller (raisons familiales), ainsi que son gardien de NHL Frederik Andersen qui travaille à revenir à 100% après une blessure. Une mise en jambes a eu lieu mercredi contre l’équipe nationale U25, battue 6-1 avec six buteurs différents incluant la plupart des grands noms (Peter Regin, Nicolai Meyer, Oliver Björkstrand, Nikolaj Ehlers, Joachim Blichfeld, Mikkel Bødker). Les vedettes des deux pays ont donc pour point commun de sembler prêtes au rendez-vous. Les Bleus – en blanc – bénéficient de la rentrée très attendue de Yohann Auvitu en défense.
Dès la première minute, un coup de poing d’Antoine Roussel après le coup de sifflet laissent les Français en infériorité numérique, mais ils défendent solidement avec deux palets bien dégagés par Antonin Manavian. Valentin Claireaux se procure même une contre-attaque, sans pouvoir trouver la faille du revers entre les bottes de Sebastian Dahm. Cette bonne résistance est prometteuse, même si les Bleus subissent un peu y compris dans une phase à 4 contre 4. Mais à la huitième minute, l’invité-surprise de la sélection 2021, le défenseur amiénois Romain Bault, perd le palet en se laissant trop aisément bousculer par Alexander True seul au pressing. Pierre-Édouard Bellemare fait alors trébucher Nicklas Jensen dans la continuité de l’action. Non content d’avoir obtenu la faute, le buteur des Jokerit la transforme lui-même : Nicklas Jensen s’avance entre les cercles et place le tir fulgurant qu’on lui connaît, du côté de la plaque de Florian Hardy (1-0). Il est toujours sur la lancée de ses 5 buts aux deniers Mondiaux… mais il quittera le jeu en se plaignant apparemment du bras.
La France aussi peut pousser ses adversaires à la faute. Un bon forechecking de la paire Bozon-Claireaux finit par provoquer une perte de palet des Danois dans leur zone, sur un contrôle raté d’Oliver Lauridsen. Le gardien Sebastian Dahm bloque certes le tir de Tim Bozon sans rebond, mais Damien Fleury gagne l’engagement pour un lancer direct de Yohann Auvitu pendant qu’Antoine Roussel domine physiquement son vis-à-vis Mattias Lassen pour se retrouver seul avec le rebond en cage ouverte (1-1). Une égalisation pour rien, car le Danemark reprend l’avantage en 28 secondes, plus incisif et peut-être plus malin dans les duels. Les Français croient en effet avoir le dessus à 3 contre 2 dans le coin quand Patrick Russell vient donner un petit cross-check dans le dos pour déstabiliser Hugo Gallet. Cela profite à Morten Poulsen qui ressort le palet et le donne ensuite en retrait à Russell pour un but à bout portant (2-1). En fin de première période, Antonin Manavian balance une droite à Joachim Blichfeld, dont il avait bien contrôlé la contre-attaque, et cette rudesse oblige ses coéquipiers à finir le tiers-temps à quatre. Pendant cette séquence, Thomas Thiry joue un rôle précieux pour écarter les palets de l’enclave.
Les Français commencent parfaitement le deuxième tiers-temps : de l’intensité, du pressing, de l’élan offensif. Et puis, sur une action anodine, Mikkel Bødker entre en zone dans l’axe face à une paire défensive Auvitu-Thiry qui a peut-être un peu trop reculé (parce qu’il y avait un changement de ligne offensive) et a tout le temps de décocher un slap magistral, côté mitaine de Hardy (3-1). Markus Lauridsen fait trébucher Bellemare qui virevolte et la France obtient une chance de revenir. Mais son jeu de puissance manque de précision dans le dernier geste, à l’instar d’un tir non cadré de Charles Bertrand entre les cercles.
Philippe Bozon effectue de nouveau un changement de gardien programmé à la mi-match. Henri-Corentin Buysse, qui a encaissé les deux buts coréens hier, entre en jeu avant un engagement en zone défensive. Il est tout de suite pris à froid. Emil Kristensen place son tir pendant que son capitaine Peter Regin fixe Gallet et masque le gardien (4-1). La réplique est immédiate. Jordann Perret – le Français le plus en vue – passe en retrait pour Sacha Treille qui s’est imposé à Markus Lauridsen dans le slot (4-2).
La France domine les minutes suivantes, mais se fait prendre à revers. Sur un centre de Nkolaj Ehlers après un contre rapide, Frans Nielsen se présente seul face au but sans parvenir à battre Buysse. L’action se poursuit sur deux fronts différents : Oliver Björkstrand tire du revers sur Buysse en angle fermé pendant que, à 15 mètres de là, Nielsen reste au sol après un échange de cross-checks avec Antoine Roussel, qui a décoché son coup plus vite et plus fort et qui est donc le seul à avoir effectivement frappé (pendant que le Danois visait sa tête). Les arbitres expulsent Roussel de la partie (5’+20′). le Danemark en profite pour creuser un écart définitif sur deux actions identiques : des slaps lointains derrière le cercle gauche (Ehlers puis Bødker) suivis au rebond, une première fois par Alexander True, une seconde fois par Blichfeld et Regin (6-2). Les buteurs danois étaient un peu trop seuls, dans le dos de Bault puis de Thiry… Le score devient pesant, et heureusement que Buysse évite le pire à la dernière minute en arrêtant un breakaway de Peter Regin…
On aurait aimé une réaction d’orgueil tricolore en troisième tiers, elle laissera à désirer. Une pénalité de Sacha Treille à dix minutes de la fin amène même un septième but, sur une jolie passe du revers de Philip Larsen qui libère bien trop facilement Joachim Blichfeld, oublié dans le dos de Thomas Thiry pour un face-à-face avec Buysse (7-2). Et avec Manavian en prison pour obstruction, Markus Lauridsen décoche un slap gagnant de la ligne bleue. L’arbitre indique de laisser jouer alors que tous les Danois lèvent les bras, mais cela ne fait que reporter le but à l’arrêt de jeu suivant, après un appel à la vidéo inutilement long (8-2).
La piqûre de rappel sur le niveau actuel de l’équipe de France n’est pas totalement surprenante : même avec ses joueurs de NHL, elle partira d’aussi loin – et même certainement de plus loin – pour défier la Lettonie à Riga que pour affronter ce Danemark chez lui. Pour ne pas trop noircir le tableau, il y a effectivement eu des choses intéressantes dans ce match, et le score a évidemment été très influencé par les pénalités très déséquilibrées. La discipline sera importante le week-end prochain et il ne faudra pas qu’Antoine Roussel se laisse entraîner à des prises à partie loin du jeu – on aura trop besoin de son impact vers le but adverse – mais on ne sur-commentera pas une expulsion née d’une provocation mutuelle. Il aurait surtout dû s’épargner sa première pénalité de boxeur, comme Manavian du reste.
Le problème est surtout que, si les lignes offensives tricolores au complet ont plutôt belle allure, les défenseurs sont encore loin du haut niveau mondial, même avec le retour du trop seul Auvitu. Le jeu défensif n’est pas le seul fait des arrières, c’est vrai en général, mais ce sont bien eux qui ont commis la plupart des erreurs ce soir. Et il faudra en faire beaucoup moins dans une semaine…
Désignés joueurs du match : Mikkel Bødker pour le Danemark et Jordann Perret pour la France.
Danemark – France 8-2 (2-1, 4-1, 2-0)
Samedi 21 août 2021 à 18h00 à la Centrum Arena de Rødovre. 954 spectateurs.
Arbitres : Rasmus Toppel et Jens Christian Gregersen (DAN) assistés d’Andreas Weise Krøyer et Albert Ankerstjerne (DAN).
Pénalités : Danemark 6′ (2′, 2′, 2′), France 37′ (8′, 5’+20′, 4′).
Tirs : Danemark 26 (7, 12, 7), France 16 (6, 6, 4).
Évolution du score :
1-0 à 08’35 : Nicklas Jensen assisté de Larsen et Nielsen (sup. num.)
1-1 à 11’54 : Roussel assisté d’Auvitu et Fleury
2-1 à 12’22 : Russell assisté de Poulsen
3-1 à 24’52 : Bødker assisté de Regin et J. Jensen
4-1 à 30’09 : Kristensen assisté de Regin et Bødker
4-2 à 30’39 : S. Treille assisté de Perret
5-2 à 35’35 : True assisté d’Ehlers et M. Lauridsen (sup. num.)
6-2 à 36’36 : Regin assisté de Blichfeld et Larsen (sup. num.)
7-2 à 50’54 : Blichfeld assisté de Larsen et Bødker (sup. num.)
8-2 à 53’20 : M. Lauridsen assisté de Storm et True (sup. num.)
France
Attaquants :
42-41-82 Alexandre Texier – Pierre-Édouard Bellemare (A, -1, 2′) – Charles Bertrand
21-14-9 Antoine Roussel (2’+5’+20′) – Stéphane Da Costa (-1) – Damien Fleury (C)
81-12-94 Anthony Rech (-1) – Valentin Claireaux (-1) – Tim Bozon (-2)
77-25-72 Sacha Treille (A, +1, 2′) – Nicolas Ritz (+1) – Jordann Perret (+1)
29 Floran Douay
Défenseurs :
18-74 Yohann Auvitu – Thomas Thiry (+1)
91-62 Romain Bault – Florian Chakiachvili
8-4 Hugo Gallet (-2) – Antonin Manavian (-1, 4′)
7-84 Pierre Crinon (+1, 2′) – Kevin Hecquefeuille (-1)
Gardien :
49(35) Florian Hardy puis à 29’46 Henri-Corentin Buysse
En réserve : Sebastian Ylönen (G), Eliot Berthon (A).
Danemark
Attaquants :
24-51-27 Nikolaj Ehlers – Frans Nielsen (A) – Oliver Björkstrand
89-93-17(40) Mikkel Bødker (+2) – Peter Regin (C, +2) – Nicklas Jensen (2′) puis Jesper Jensen (+2)
9-11-86 Frederik Storm (-2) – Alexander True (-2) – Joachim Blichfeld (-2)
38-33-63 Morten Poulsen (+1) – Julian Jakobsen (+1) – Patrick Russell (+1)
Défenseurs :
41-36 Jesper Jensen Aabo (A, +1) – Philip Larsen (+2)
22-15 Markus Lauridsen (-2, 4′) – Matias Lassen (-1)
48-25 Nicholas B. Jensen (+1) – Oliver Lauridsen
28 Emil Kristensen (+1)
Gardien :
32 Sebastian Dahm
Remplaçant : 30 Mads Søgaard (G). En réserve : Frederik Dichow (G), Philip Brugisser (D), Morten Madsen, Nicolai Meyer, Nick Olesen (A).