C’est du jamais vu dans le hockey international depuis bien longtemps. La Hongrie finira sa saison… trois jours après la fin de son championnat du monde ! Ce pays n’a pas perdu l’occasion d’accueillir le Canada devant 15 000 spectateurs – comme l’an passé dans le tout neuf MVM Dome – pour ce qui sera le deuxième match de préparation aux Mondiaux élite (pour les Nord-Américains) mais juste un match de gala pour les Hongrois qui auront leur échéance principale derrière eux, le Mondial de division IA à Bolzano.
C’était la grande annonce de samedi, juste avant le match décisif du tournoi de préqualification olympique entre la Hongrie et le Japon. Une diversion face à l’enjeu du jour ? Large vainqueurs contre l’Espagne (7-3) et la Lituanie (7-1), les Hongrois avaient encore une marche à franchir, un peu plus difficile. Disparus de l’antichambre de l’élite depuis 2016, les Asiatiques y sont remontés en avril dernier et joueront au même niveau que leurs adversaires du jour au printemps prochain.
Méfiance donc, d’autant que les Hongrois semblent très nerveux en entrant sur la glace. Dès la deuxième minute une perte de palet en zone défensive aboutit à une pénalité du Briançonnais Milán Horváth. L’infériorité se passe bien, avec une échappée d’Ákos Mihály à 4 contre 5, mais une seconde situation similaire s’enchaîne avec une crosse haute de Tamás Sárpátki. Au total, les joueurs locaux vont commettre trois fautes en sept minutes (!), la troisième par Balázs Sebök. Mais ils s’en sortent. La Hongrie domine de plus en plus à 5 contre 5, jusqu’à un gros lancer de la bleue de Milán Horváth. Une minute plus tard, Suzuki et Takagi sont envoyés en prison à 17 secondes d’intervalle pour deux accrochages. Les Japonais sont héroïques pour bloquer les tirs durant cette longue séquence de 3 contre 5.
La Hongrie met la pression à la reprise, Sofron donne le palet dans le slot à Mihály qui n’arrive pas à se jouer du gardien Yuta Narisawa. Le Japon tue encore une pénalité puis repasse à l’attaque et Kohei Sato lance sur le poteau. Les supériorités numériques s’alternent mais celles des Magyars paraissent plus dangereuses. C’est assez logiquement qu’ils ouvrent le score alors que Yushi Nakayashiki est en prison pour une charge avec la crosse. István Sofron réussit sa spécialité, le one-timer au point d’engagement droit (0-1).
C’est toutefois ce même Sofron qui provoque un pénalty à 41’04 par un cinglage sur la crosse de Kohei Sato échappé. Celui-ci s’élance pour se faire justice et dribble vers la droite mais le gardien Bence Bálisz a été patient et n’a pas mordu à la feinte. La Hongrie se remet aussitôt en difficulté par une pénalité contre Kristof Németh (faire trébucher). Le capitaine japonais Shogo Nakajima égalise alors, lui aussi en one-timer mais du cercle gauche (1-1). Sur leur lancée, ils passent devant deux minutes plus tard quand Jiei Halliday marque au milieu d’une mêlée devant le but hongrois (2-1). Halliday est le fils d’un Canadien, mais il a grandi et a appris le hockey au Japon. Ce défenseur des Red Eagles de Hokkaido n’avait mis aucun but cette saison en Ligue asiatique, il a choisi son moment…
La Hongrie intensifie son jeu pour réagir. Narisawa s’interpose devant Stipsicz et Gergő Nagy. Une charge avec la crosse de Hirano reste inexploitée. Le temps défile. Un lancer d’Ortenszky est détourné par le gardien, le tir d’Erdely passe à côté. À trois minutes de la fin, un lancer de Vilmos Galló ricoche sur la crosse d’un défenseur et frôle le poteau. La réussite n’est pas au rendez-vous et la sortie du gardien est tout aussi vaine.
Après sa victoire de l’an passé en division IB, le Japon donne un signe supplémentaire de résurrection en se qualifiant pour un tournoi de qualification olympique. La composition des poules est en suspens en attendant de savoir si l’exclusion de la Russie et du Bélarus est confirmée. L’IIHF a déjà fait un pas ce lundi soir en officialisant la non-participation du Bélarus à la phase finale de qualification olympique. Une décision qui repêche forcément… la Hongrie, à la fois meilleure deuxième des poules qualificatives et première des nations éliminées au classement IIHF. Ce sera le vétéran Gergö Nagy qui a annoncé sa retraite internationale quelques heures plus tôt.
Commentaires d’après-match :
Don MacAdam (entraîneur de la Hongrie) : « C’est presque impossible de gagner un match de hockey, et à quelque niveau que ce soit en fait, en marquant un but. Nous avions mis 7 buts dans chacune de nos deux premières rencontres, mais un seul dans la plus importante. Nous avons eu nos occasions, mais nous n’avons pas pu mettre le palet au fond. Nous avons pris beaucoup de pénalités, ce qui n’est jamais bon, mais les avons bien tuées et Bence Bálizs a aussi fait une prouesse sur le pénalty. Je ne peux faire de reproche à personne parce que nus avons travaillé dur, nous sommes arrivés préparés, nous étions prêts. J’espère que nous pourrons apprendre de ce match : un jeu simple est plus utile, et tout le monde doit mettre ses talents et son savoir sur la glace à tout moment. Les Japonais ont pu se préparer ensemble pendant deux semaines, c’était évidemment un avantage pour eux. Certains de nos joueurs ont joué dimanche, la cohésion a commencé lundi, et on doit mieux contrôler ça à l’avenir. Mais ce n’est pas une excuse du tout. Les Japonais ont bien travaillé, ils ont eu de la réussite sur certaines situations et ils ont pu gagner parce nous n’avons pas su marquer. C’est aussi simple que ça. »
István Sofron (attaquant de la Hongrie) : « C’est dur de dire quoi que ce soit. Nous avions mieux joué que les Japonais, dominé le jeu. C’est un peu blessant que l’approche des arbitres ait été différente des deux jours précédents. Pourquoi tout était-il une pénalité aujourd’hui ? Quant à leur deuxième but, c’était clairement une obstruction sur le gardien, je ne comprends pas pourquoi ils ne l’ont pas revu. Bien sûr, on ne doit pas reprocher la défaite aux arbitres, mais c’était mauvais de les voir gagner avec un le but. »
Perry Pearn (entraîneur du Japon) : « Nous avons été patients et nous avons pu compter sur la performance de notre gardien, mais nous devons féliciter toute notre défense. Nous avons bien réagi sur les rebonds et nous avons maintenu les Hongrois dans le périmètre, mieux que nous ne l’avions fait contre la Lituanie et l’Espagne. […] C’est dur d’être l’équipe à domicile. Je pense qu’il y a eu beaucoup de pression pour l’équipe hongroise de gagner. Ils ont un public nombreux. Ils ont bien joué tout le week-end. La pression est un facteur dans un match comme ça. Nous pouvions nous permettre de perdre, je ne crois pas que nous étions censés gagner. »
Japon – Hongrie 2-1 (0-0, 0-1, 2-0)
Samedi 10 février 2024 à 20h00 au Tüskecsarnok de Budapest. 1929 spectateurs.
Arbitres : Roman Mrkva (TCH) et Janne Wuorenheimo (FIN) assistés de Luka Mäkinen (FIN) et Quentin Ugolini (FRA).
Pénalités : Japon 12′ (4′, 6′, 2′) ; Hongrie 12′ (6′, 4′, 2′).
Tirs : Japon 20 (4, 9, 7) ; Hongrie 37 (9, 16, 12).
Évolution du score :
0-1 à 36’51 : Sofron assisté de Stipsicz et Erdely (sup. num.)
1-1 à 43’32 : S. Nakajima assisté de Hirano (sup. num.)
2-1 à 45’34 : Halliday assisté de Suzuki et Osawa
Japon
Attaquants :
Shigeki Hitosato – Shogo Nakajima (C) – Yushiroh Hirano (A, 2′)
Kento Suzuki (+1, 2′) – Yuto Osawa (+1) – Kosuke Otsu (+1)
Sota Isogai – Teruto Nakajima – Kenta Takagi (2′)
Yushi Nakayashiki (2′) – Taiga Irikura (2′) – Kohei Sato (2′)
Défenseurs :
Kotaro Yamada – Riku Ishida
Seiya Hayata (+1) – Jiei Halliday (A, +1)
Hiroto Sato (A) – Koki Yoneyama
Yusei Otsu – Keigo Minoshima
Gardien :
Yuta Narisawa
Remplaçant : Eiki Sato (G).
Hongrie
Attaquants :
Csanád Erdély (C, -1, 2′) – János Hári (-1) – Vilmos Gallo (-1)
István Sofron (2′) – Balázs Sebok (2′) – Ákos Mihály
Márton Nemes – Kristof Németh (2′) – István Terbocs (A)
Gergö Nagy – Bálint Horváth – Tamás Sárpátki (2′)
Krizstián Nagy
Défenseurs :
Bence Stipsicz (A) – Nandor Fejes
Ádám Falus (-1) – Roland Kiss (-1)
Zétény Hadobas – Milán Horváth (2′)
Tamás Ortenszky
Gardien :
Bence Bálizs [sorti de 58’10 à 59’58]
Remplaçant : Ádám Vay (G).