Vainqueurs mardi soir dans leur antre de la Swiss Life Arena du match 4, les ZSC Lions abordent le match 5 en position de force et pourraient être sacrés dès ce soir à Lausanne. Pour le LHC, plus de calcul possible, il faut rééditer l’exploit de la demi-finale face à Fribourg-Gottéron et renverser le déficit de 3-1 dans la série.
Un scénario classique de play-offs : le réalisme prime
Comme souvent dans cette finale, l’équipe qui a ouvert le score a fini par s’imposer. Et ce match 5 n’a pas échappé à la règle. Dès la 3e minute, Baltisberger en écran devant Pasche dévie de la cuisse un tir de Sigrist (0-1, 02’34”). Déjà auteur de 3 buts dans cette finale, la 4e ligne zurichoise lance idéalement son équipe.
Mais Lausanne, comme tout au long de ces play-offs, ne se laisse pas abattre. Trois minutes plus tard, Suomela reprend un tir manqué Glauser pour égaliser (1-1, 05’38”). Le Finlandais, discret au pointage jusque-là dans la série, relance l’espoir d’une résistance vaudoise.
À la mi-tiers, alors qu’elle évolue à court d’un homme, la défense lausannoise est piégée par Andrighetto le long de la bande. Le n°10 des ZSC repère Malgin qui file dans l’axe. Heureusement pour le LHC, Pasche résiste de la botte. Moins d’une minute plus tard, toujours en jeu de puissance, Lammikko trouve le poteau sur un lancer du point d’engagement. Soulagement dans la Vaudoise Arena.
Lausanne pousse mais Zurich marque un but fantôme
En toute fin de tiers, le LHC parvient toutefois à prendre l’avantage. À la 19e minute, Aurélien Marti – défenseur de devoir – se mue en buteur de gala. Il contrôle un palet difficile à la ligne bleue, pénétre dans la zone offensive, frappe une première fois du revers puis reprend son propre rebond pour tromper Hrubec (2-1, 18’22”). Dans une Vaudoise aréna en ébullition, Lausanne mène à la pause
Au retour des vestiaires, Lausanne tente de faire le break. Hrubec, inhabituellement fébrile dans les premières minutes du tiers, laisse des rebonds dangereux notamment sur des tentatives de Sklenička, Perlini ou encore de la fratrie Bougro. En avantage numérique Riat passe près d’en profiter à deux reprises (27e). Mais faute de concrétiser, Lausanne va une nouvelle se faire punir.
À la 35e minute, Christian Marti égalise d’un tir au départ anodin de la bleue, validé après recours à la vidéo. La rondelle a touché la caméra au fond des filets avant de ressortir immédiatement sans que personne sur la glace ne s’en aperçoive, et le but a logiquement été accordé (2-2, 34’52”). Le défenseur zurichois répond ainsi à son homonyme lausannois, et les deux équipes entrent dans le dernier tiers sur un score de parité.
Le but du titre signé Frödén
Poussé par son public, Lausanne refuse de voir sa saison s’achever ce soir. Bien trouvé par Glauser, Jäger dispose d’une chance en or mais Geering se sacrifie pour le bloc-shot (50e). Le tournant du match – et sans doute de la finale – survient à la 53e minute. Sur une pénalité évitable pour surnombre contre le LHC, Zurich obtient une nouvelle supériorité numérique (la 5e de la rencontre). Et cette fois, les hommes de Marco Bayer en profitent. Frödén, opportuniste, surgit devant la cage pour pousser un rebond au fond consécutif à un tir de Malgin – que Pasche a perdu de vue devant ses jambières – et offrir le but du titre au ZSC.
Le coach lausannois Geoff Ward demande alors un coach challenge pour obstruction visuelle de Grant sur le gardien, mais après visionnage, les arbitres confirment le but. Une décision discutable, mais difficile à renverser sans certitude absolue. Pasche lui-même reconnaîtra plus tard qu’il y a bien eu un contact mais qu’il ne l’a pas empêché de jouer.
Lausanne n’a jamais pu revenir. Malgré la sortie de Pasche pour un sixième joueur dans la dernière minute, le score n’a plus bougé. À la sirène finale, les Zurichois peuvent exulter. Le titre reste en leur possession !
Le ZSC, une machine bien huilée
Au-delà du résultat du match, cette finale a mis en lumière les fondations solides du projet zurichois. Un effectif construit autour de stars issues de sa propre filière – comme Malgin, Andrighetto ou Kukan – auquel s’ajoutent des joueurs de rôle parfaitement intégrés. Et surtout, un gardien en état de grâce : Simon Hrubec, auteur d’une série exceptionnelle avec 94% d’arrêts sur l’ensemble de la finale.
Le contraste avec Pasche était cruel. Le jeune portier vaudois (22 ans) a tenu la baraque tout au long des play-offs, mais dans cette finale, il a parfois montré ses limites notamment dans la gestion des rebonds qui ont coûté cher.
Côté banc, Marco Bayer, promu depuis l’équipe-ferme GCK Lions, a parfaitement su gérer son groupe, trouver les bons ajustements et canaliser les émotions. À l’inverse, Geoff Ward a semblé manquer d’un brin de souplesse, notamment en « matchant » quasi-systématiquement Suomela – son meilleur attaquant – en mission défensive contre Malgin, limitant ainsi son impact offensif. À la décharge de l’entraîneur du LHC, les nombreuses blessures qui ont miné son effectif ont limité ses possibilités d’adaptation. Lausanne a ainsi disputé la finale avec une 4e ligne constituée aux 2/3 de joueurs de Swiss League (Jordann Bougro et Rüegsegger).
Lausanne, de nouveau si près…
Pour la deuxième année consécutive, le Lausanne HC termine finaliste. Le scénario a changé, mais le résultat reste le même : une série perdue contre Zurich, cette fois 4-1. Pourtant, les hommes de Geoff Ward paient un prix élevé pour quelques erreurs défensives, un jeu de puissance inefficace, des absences de marqueurs clés (Raffl, Heldner, Fuchs, Pajuniemi, Kuokkanen), et un manque cruel de réalisme dans les moments cruciaux. Mis à part le match I, Lausanne n’a jamais été dominé outrageusement. Mais à ce niveau-là, il faut plus que du courage. Il faut être clinique. Et les leaders ont fait défaut : seulement 1 but pour Suomela et Perlini, aucun pour Riat, Oksanen et Kahun.
Pour Lausanne, la leçon est rude. Deux finales, deux échecs. Avec un effectif qui va être chamboulé à l’intersaison (Bozon, Glauser, Raffl, Pilut, Bayreuther et Sklenička sont officiellement partants, Genazzi en retraite, Keller, Kuokkanen et Pajuniemi seraient sur le départ) difficile de prévoir l’avenir à court terme sur les rives du Léman.
Vers une dynastie zurichoise ?
Quant à Zurich, ce deuxième titre consécutif n’est peut-être que le début d’une dynastie. L’organisation repose sur des fondations uniques en Suisse : une arène flambant neuve, la plus grande école de hockey du pays (les U20, U17 et U15 sont titrés dans leur catégorie), une direction et un effectif stables (seul Zehnder est partant) et une ambition maîtrisée. Ce succès porte aussi la patte de l’entraîneur Marco Bayer. Lui qui a commencé la saison en Swiss League en officiant avec la relève zurichoise – anonymes au second échelon national (moins de 200 spectateurs en moyenne) – s’est retrouvé propulsé à la bande du grand club lorsque Marc Crawford a quitté Zurich en décembre, en proie à des problèmes personnels. Raillé pour son manque de légitimité lors de son intronisation, Bayer a su conduire les ZSC Lions au titre de champion d’Europe au titre national dans la même année. Il rejoint Arno Del Curto (6 fois champion avec Davos) Lars Leuenberger (en 2016 avec Berne) et Jan Cadieux (en 2023 avec Genève-Servette) dans le club select des entraîneurs suisses ayant remporté le titre depuis l’introduction des playoffs.
Illustrations : Pierre Maillard (site internet), télévision (MySports) et page facebook officielle ZSC Lions
Déclarations d’après-match (Blick, 24 heures)
Denis Malgin (attaquant de Zurich) : « La saison dernière, je m’étais blessé lors du dernier match de la finale. C’était un autre sentiment de pouvoir gagner en jouant. Ce dernier but est vraiment tombé au bon moment pour nous. Durant ces play-offs, nous avons vraiment été solides du début à la fin, mais nous avons également travaillé très fort pour en arriver là. Gagner à l’extérieur, loin de notre patinoire, c’est un sentiment particulier. Mais nous pouvons faire la fête avec le secteur visiteurs qui nous a poussé durant tout le match. Ce soir, je suis heureux et je ne sais pas quoi demander de plus après la Champions League et deux titres de suite. »
Yannick Zehnder (attaquant de Zurich) : « C’était un match avec des hauts et des bas, mais on est restés dans la partie. Après l’égalisation à 2-2, on a senti que tout était possible, et finalement on marque ce troisième but décisif. Ce deuxième titre, c’est peut-être encore plus dur que le premier, parce qu’il faut garder la même faim, le même engagement. Et on l’a fait, tous ensemble. Même si nous étions en train de fêter, j’ai évidemment remarqué l’atmosphère incroyable qui a régné dans cette patinoire après la fin du match. L’ambiance à Lausanne est toujours incroyable, tout le monde le sait. Pendant toute la série, c’était dingue des deux côtés. »
Geoff Ward (entraîneur de Lausanne) : « [Mes adjoints] pensaient que les images seraient suffisantes pour forcer les arbitres à changer leur décision. Je leur ai bien entendu fait confiance. Je n’ai pas de problème avec ce but. Bien sûr, cela ne se joue pas à grand-chose et je ne regrette pas que nous ayons tenté le coup. Si c’était à refaire, je ne changerais rien à notre décision. J’ai parlé avec Derek Grant et il m’a dit lui-même qu’il ne savait pas si le but allait être accordé.
Finalement, nous n’avons pas gagné. C’est dur de voir l’autre équipe soulever le trophée… C’est un sentiment difficile, surtout avec tout le travail que les gars ont fait au cours de l’année et tout ce qui a été construit. Oui, ça fait mal. Mais dans chaque échec, il y a une opportunité. Dès demain, nous devons nous saisir de cette opportunité et commencer à construire en vue de la prochaine saison.
Les blessures ont rendu les choses plus difficiles. C’était frustrant. Nous ne voulions pas utiliser cela comme excuse, mais nous avions sept joueurs clé qui n’étaient pas sur la glace. Notre staff d’entraîneurs est fier de l’équipe, de la façon dont elle a pu surmonter l’adversité. (…). L’année dernière, nous avons eu de la chance et nous avons été épargnés par les blessures. Mais cette fois-ci, il semblait malheureusement que ça allait dans l’autre sens pour nous. »
Kevin Pasche (gardien de Lausanne) : « C’est une petite obstruction, mais ça ne m’a pas gêné. J’ai relâché sur le joueur devant moi et je ne savais pas où était le puck. C’est malchanceux. Ma foi, ce sont des goals de play-off avec des rebonds et du trafic devant le but. […] C’est beaucoup de déception. Tu te demandes si tu aurais pu faire quelque chose en plus. Ça va piquer un moment. Puis il faudra prendre du recul. J’ai acquis beaucoup d’expérience et je suis content de ma saison – même si j’aurais voulu en faire plus. Je vois à quel point ça fait mal par rapport à l’année passée où j’étais sur le banc. »
Lausanne – Zurich 2-3 (2-1, 0-1, 0-1)
Jeudi 24 avril 2025 à 20h00 à la Vaudoise Arena. 9600 spectateurs (guichets fermés).
Arbitres : Marc Wiegand et Mikko Kaukokari assistés de Dario Fuchs et Sebastien Duc.
Tirs : Lausanne 27 (8, 16, 3) ; Zurich 31 (11, 14, 6)
Pénalités : Lausanne 12’ (6’, 2’, 4’) ; Zurich 6’ (2’, 2’, 2’)
Évolution du score :
0-1 à 02’34” : Baltisberger assisté de Sigrist et Kukan
1-1 à 05’38” : Suomela assisté de Glauser et Oksanen
2-1 à 18’22” : A. Marti assisté de Kahun
2-2 à 34’52” : C. Marti assisté de Lammikko et Zehnder
2-3 à 52’55” : Frödén assisté Malgin (sup. num.)
ZSC Lions
Attaquants :
Rūdolfs Balcers – Denis Malgin – Sven Andrighetto
Jesper Frödén (2’) – Juho Lammikko – Yannick Zehnder
Vinzenz Rohrer – Derek Grant – Willy Riedi
Chris Baltisberger – Justin Sigrist – Nicolas Baechler
Défenseurs :
Patrick Geering – Dean Kukan
Christian Marti – Yannick Weber
Mikko Lehtonen – Yannick Blaser
Daniil Ustinkov
Gardien :
Šimon Hrubec (2’, 25/27, 92,6%)
Remplaçants : Robin Zumbühl (G), Joel Henry. Absents : Daniel Olsson, Santtu Kinnunen, Alessandro Segafredo (surnuméraires), Denis Hollenstein, Dario Trutmann (blessés)
Lausanne
Attaquants :
Ahti Oksannen – Antti Suomela – Damien Riat
Théo Rochette – Dominik Kahun – Brandan Perlini
Raphael Prassl – Ken Jäger – Tim Bozon
Jordann Bougro – Benjamin Bougro – Stefan Rüegsegger (2’)
Défenseurs :
Gavin Bayreuther (2’) – David Sklenička
Aurélien Marti (2’) – Andrea Glauser (2’)
Lukas Frick – Nathan Vouardoux
Joël Genazzi – Cédric Fiedler (2’)
Gardien :
Kevin Pasche (28/31, 90,3%) [sorti de 59’15” à 60’00”]
Remplaçant : Antoine Keller (G). Absents : Makai Holdener, Michael Raffl, Michael Hügli, Lawrence, Janne Kuokkanen, Lauri Pajuniemi, Gian-Marco Hammerer, Fabian Heldner, Jason Fuchs (blessés). Matthias Mémeteau, Thibault Fatton (surnuméraires).