Après la fronde des supporters puis des joueurs cet hiver, les clubs suisses ont fait un rétropédalage dans les réformes annoncées. La « National League », dont le slogan est devenu « Ta ligue », a d’abord publié un sondage officiel qui a rejoint toutes les opinions exprimées au cours de l’hiver. En se montrant soudainement à l’écoute du public, la ligue a tenté de retrouver son image. Un bel exercice de démocratie, même si en pratique il s’agit plutôt d’un compromis avec l’intérêt des clubs.
La promotion/relégation, réclamée par 81% de oui contre 14% de non, fera donc bien son retour… mais uniquement quand la ligue aura atteint le maximum de 14 clubs (elle sera à 13 l’an prochain après la promotion des Jurassiens d’Ajoie alors que la relégation a été abolie par le Covid). Dans le sondage, les répondants s’étaient exprimés à 61% dans un modèle à 12 clubs contre 30% pour un modèle à 14 clubs (et 5% à 10 clubs). Mais le vote interne des clubs a privilégié leur intérêt particulier – et leur crainte de perdre leur place – pour aboutir à cette taille de championnat sans doute un peu grosse pour un pays comme la Suisse.
Cet élargissement a aussi une autre conséquence sur l’autre question épineuse, celle des étrangers. Le passage de 4 à 7 étrangers, rejeté à 88%, n’est plus d’actualité. Donc on reste à six… pour 12 clubs ! Mais à partir de 2022/23, il y aura 5 étrangers si on joue à 13 équipes et 6 étrangers si on joue à 14. L’explication est logique, le nombre de joueurs suisses de niveau élite n’est pas soudainement extensible, mais on voit comment le passage à 14 – que rien n’empêchera si on enlève la relégation tant qu’on n’atteint pas ce chiffre – permettra « subtilement » de passer à 6 étrangers, niveau jamais vu en Suisse.
L’autre conséquence est la suppression du statut « comme Suisse », dont la réforme était aussi rejetée. Les joueurs ayant passé cinq années en Suisse entre 9 et 20 ans continueront de bénéficier de leur statut déjà acquis. Les nombreux hockeyeurs français concernés (Thomas Thiry, Floran Douay, Eliot Berthon, les frères Bozon…) ne se feront donc pas « éjecter » du marché suisse dans un ou deux ans. La règle n’évoluera qu’à partir de 2027, date à laquelle ce statut ne vaudra que jusqu’à 23 ans. Ensuite, il faudra avoir un passeport suisse pour ne plus être considéré comme étranger.