Notre registre des archives internationales s’enrichit d’une toute nouvelle destination !
Sur Hockey Archives, vous retrouvez à présent l’ensemble des saisons du championnat senior (mais également féminin et junior) de Nouvelle-Zélande !
Un championnat qui se dispute de l’autre côté du globe, mais qui n’est pas totalement étranger aux Français. Pour saluer cette nouvelle entrée dans notre base de données, nous vous proposons de découvrir l’interview de Guillaume Leclancher. Ce natif de Maisons-Alfort en région parisienne a d’abord connu la NZIHL (le championnat néo-zélandais) comme joueur avant d’y officier aujourd’hui comme entraîneur pour l’équipe du Thunder de Phoenix, basé à Dunedin.
L’occasion d’en savoir plus sur ce championnat et sur la place du hockey sur glace au pays de « la Terre du long nuage blanc ».
Bonjour Guillaume. Avant toute chose, comment un jeune joueur de région parisienne s’est retrouvé la première fois à jouer à l’autre bout du monde, en Nouvelle-Zélande ?
En 2011, j’ai eu l’opportunité de faire un stage de six mois à l’Université de Canterbury en Nouvelle-Zélande. J’ai fait mes recherches et vu qu’il y avait une ligue. Donc avant de partir, j’ai pris mes patins avec moi.
En arrivant j’ai pris contact avec le club [note : les Devils], ils m’ont proposé de venir m’entraîner avec eux et ils ont dû être contents de moi, puisque je suis resté pour la saison. Je n’étais pas le seul Français à l’époque, puisque Yvan Kerneis jouait à Dunedin cette même saison et que Kevin Arrault était dans le staff.
Justement, entre la première saison du championnat en 2005 et 2015, environ deux à quatre joueurs français s’engageaient pour jouer chaque été en Nouvelle-Zélande. Comment cette filière s’organisait-elle ?
Je ne sais pas forcément comment cela s’est passé concernant les joueurs avant moi, mais il y avait beaucoup de bouche à oreille, et cela était facilitant.
Au delà de l’expérience plutôt saisonnière connue par ces joueurs, vous avez, avec Benjamin Gavoille et l’entraîneur Geoffroy Boehme (officiant dans la ligue féminine), fait figure d’exception en vous implantant dans la durée. Qu’est-ce qui a motivé votre choix ?
J’ai rencontré Benjamin en Nouvelle-Zélande, même si on s’est certainement affronté des années auparavant, durant notre hockey mineur. Il faisait le parcours classique du voyageur, avec son sac a dos. Il est arrivé par hasard et est venu s’entraîner avec nous, et ça a été une très bonne addition à l’équipe.
De mon côté, à l’issue de ma première saison à Dunedin en 2013, j’ai reçu une très bonne offre d’emploi. Je venais d’avoir mon diplôme d’ingénieur et c’était la bonne opportunité de prolonger le séjour. Puis j’ai rencontré ma femme, Teri, qui est néo-zélandaise. On a maintenant une petite fille.
Benjamin et moi avons joué ensemble à Dunedin pendant deux saisons [jusqu’en 2014]. Durant notre première saison, il y avait un autre Français, Lionel Simon. Puis il est parti jouer dans la ligue australienne (AIHL) avant de revenir à Dunedin. Il a même joué pour les Ice Blacks, l’équipe nationale néo-zélandaise [Benjamin Gavoille a participé aux Mondiaux de Division 2 B disputés au Mexique, en 2019].
Durant mon avant-dernière saison de joueur en 2015, Arthur Cocar (qui joue actuellement avec le Mont Banc) jouait aussi avec le Thunder.
En 2016, Teri et moi avons quitté la Nouvelle-Zélande pour Montréal. Nous devions rester là-bas pendant deux ans et finalement nous y sommes restés pendant cinq ans. J’ai eu la chance de pouvoir y travailler dans le hockey, en étant gestionnaire de projets chez Bauer Hockey pendant quatre ans.
Après le Covid, on a décidé de quitter Montréal pour nous rapprocher de nos familles (Paris pour moi et Dunedin pour Teri). Le choix a finalement porté sur Dunedin, avec deux très bons emplois pour nous deux.
D’un point de vue pratique, vivez-vous en France en rejoignant l’Océanie pour les saisons, ou habitez-vous de manière permanente en Nouvelle-Zélande ?
J’habite en Nouvelle-Zélande et je viens sur Paris voir ma famille une fois par an.
Pouvez-vous nous présenter en quelques mots l’organisation de la NZIHL, le championnat néo-zélandais ?
Le championnat se déroule d’avril/mai jusqu’à août. Il y a cinq équipes réparties sur les deux îles. Deux à Auckland [le Swarm de Botany et les Admirals de West-Auckland], une à Christchurch [les Devils de Canterbury], une à Queenstown [Skycity Stampede] et une à Dunedin [le Thunder de Phoenix]. La ligue suit le format de la IIHF, donc aucun changement sur les règles connues en Europe.
Nous jouons actuellement seize matchs de saison régulière, puis il y a un tour de play-offs entre le deuxième et le troisième de la saison. Le gagnant joue une finale de play-offs contre le premier de la saison régulière. Pour réduire les coûts de transports, on joue en saison deux matchs de suite contre l’équipe qui se déplace [généralement les samedi et dimanche]. C’est là certainement le plus gros ajustement des joueurs étrangers, qui ne sont pas habitués à jouer deux matchs en 48 heures.
Après cette première saison à Christchurch, vous avez joué quatre saisons à Dunedin, avant d’exercer diverses fonctions dans l’organisation du club, auprès des jeunes puis de l’équipe senior. Comment s’est déroulée cette transition ?
Durant mes quatre années avec le Thunder en tant que joueur, j’ai eu la chance de coacher l’équipe junior U20. C’est un groupe d’âge avec lequel j’aime bien travailler.
À mon retour de Montréal, j’avais décidé de ne pas jouer puisque je m’entrainais alors pour un Ultra Marathon (UTMB) autour du Mont Blanc, et l’évènement tombait en plein dans la saison. Je ne voulais pas prendre le risque de me blesser et de rater cet événement. Néanmoins, je voulais rester impliqué dans le hockey local.
Donc la saison 2022 a été ma première saison sur le banc avec le Thunder, en tant qu’assistant coach. Puis l’année suivante j’ai pris le rôle d’entraîneur principal. La transition n’est pas facile mais j’aime ce challenge. Ça demande beaucoup de patience et de communication, particulièrement avec un jeune groupe. J’apprends toujours quelque chose de nouveau avec eux et j’essaie de m’adapter au mieux. Je suis très demandeur envers le groupe mais je le suis aussi envers moi-même.
L’avantage de nos jours, c’est que l’on a tellement de ressources en ligne pour coacher, apprendre de nouvelles techniques, qu’il n’y a pas vraiment d’excuses pour ne pas s’améliorer. Après la saison passée, ma femme et moi sommes allés aux États-Unis pour son travail. J’ai pu y rencontrer les coachs de St Lawrence et de Colgate University. Ces deux universités ont d’excellents programmes hockey au sein de la NCAA, et j’ai particulièrement apprécié cette rencontre. Au final, je coache une équipe d’âge similaire, et j’en ai appris pas mal sur leur façon de gérer le groupe.
Désormais entraîneur de l’équipe, vous avez presque dix ans d’expériences diverses au sein de la NZIHL. Que diriez-vous de l’évolution du hockey néo-zélandais au fil des années ?
C’est une évolution positive, et on le voit sur deux aspects :
Déjà, le niveau des imports est monté d’un cran. Ils viennent à présent de ligues professionnelles, et ça relève le niveau de la NZIHL. Dans notre effectif de 2024, nous avons Ryan Wonfor, qui vient de D1 suédoise ou encore Cole Beckstead qui vient de passer la saison à Caen.
De plus, le niveau des jeunes joueurs locaux a vraiment progressé. On retrouve de plus en plus de joueurs U22 dans les trios majeurs, et c’est très positif pour le futur.
De façon générale, le jeu est plus rapide au fur et à mesure des années et la qualité de l’effectif est plus homogène sur l’ensemble des trios.
Malheureusement, ce n’est pas bien représenté au niveau international durant les championnats du monde. Les équipes nationales se subventionnent par le biais de sponsors, mais ce sont principalement des joueurs qui participent eux-mêmes financièrement pour les participations, et cela reste un frein à leur progression.
Dans ce contexte, quels sont les objectifs et les ambitions de l’équipe du Thunder ?
Je nous décris souvent comme une équipe universitaire jouant dans une ligue adulte. Dunedin a une grosse université (University of Otago) et nous recevons beaucoup de joueurs faisant leurs études ici. L’effectif est dès lors le plus jeune du championnat. C’est un groupe dynamique et travailleur. Malheureusement, nous ne participerons pas aux play-offs cette saison, mais le groupe a constamment élevé son niveau de jeu depuis le début de la saison et l’objectif est de continuer d’être compétitif.
L’ambition du club est de gagner le championnat. Malgré le jeune âge, le groupe gagne en maturité et en expérience. Chaque année on essaie d’apporter un élément de professionnalisme au groupe. On a la meilleure patinoire du pays avec les meilleurs équipements. On aspire à avoir un excellent pôle de développement pour les jeunes joueurs pour alimenter un groupe pro au sein de la NZIHL.
Selon vous, le hockey compétitif en Nouvelle-Zélande a t-il vocation à progresser, à poursuivre son développement ?
Oui, j’en suis convaincu. La NZIHL est principalement gérée par des volontaires, mais cette année, le Directeur Général est employé à temps plein sur ce rôle, avec le mandat de développer la ligue. C’est une première et je pense que c’est un pas dans la bonne direction si on veut rendre la ligue professionnelle.
Au niveau de notre club, on prend des initiatives pour le développement de nos joueurs. On essaie de former des athlètes complets, pas seulement par rapport au hockey mais aussi dans leur vie de tous les jours.
[note complémentaire : depuis 2021, une équipe de développement, le Mako d’Auckland a été mise en place. Formée par des jeunes joueurs prometteurs du pays encadré par quelques anciens, cette équipe dont les matchs ne comptent pas au classement a également pour objectif de développer le niveau des espoirs].
Retrouvez la page de la saison 2024, achevée par le titre acquis par Stampede.
(Illustration d’article : James Allan Photography)