Après avoir joué à se faire faire peur dans les Alpes, en menant 0-2 puis 1-3 face à des Rapaces en difficulté en ce début de saison, les Gothiques retrouvaient leur public dans un Coliséum une nouvelle fois plein à craquer. Opposés à Chamonix, les hommes de Mario Richer avaient la possibilité de prolonger la série de quatre victoires entamée face à Cergy-Pontoise et de confirmer qu’ils réalisent un de leur meilleurs débuts de compétition (une seule défaite en sept rencontres). Les Pionniers avaient créé la surprise en l’emportant à Richard Bozon face à Grenoble en prolongation, mais restaient sur deux défaites d’affilée, à Marseille et contre Angers, bien que d’une courte tête. C’est donc en outsiders que se présentaient les hommes de Sylvain Roy, décomplexés et prêts à retrouver le chemin de la victoire.
Les Pionniers commençaient pied au plancher et les Gothiques étaient acculés dans leur zone défensive. Peu agressifs et pas appliqués, ils enchaînaient trois dégagements interdits ce qui donnait un gros momentum aux visiteurs. Momentum dont ils ne profitaient pas, car Jordan Mugnier était bêtement pénalisé pour une faute en zone offensive (accrocher, 2’26). Les Gothiques avaient donc une occasion en or de reprendre le cours du jeu en leur faveur avec un avantage numérique tôt dans la rencontre. Si la présence du premier bloc ne marquait pas les esprits, le danger provenait par deux fois du bloc animé par Tessier et Bergeron : du cercle droit tout d’abord, par l’intermédiaire de Tessier, puis du cercle gauche, sur un lancer de Svanenbergs.
Le retard à l’allumage des locaux se manifestait dans tous les domaines : intensité, précision, agressivité. Et c’était par un manque flagrant d’agressivité dans leur boite que les Gothiques encaissaient le premier but : Tugnutt se frayait un chemin, trop facilement, et concluait d’un lancer à mi-hauteur que Kozun ne pouvait stopper (0-1, 7’14). Les Pionniers profitaient de chaque largesse amiénoise. Les passes non assurées, notamment en zone neutre ou en situation de contre attaque, étaient exploitées et finissaient le plus souvent sur un lancer.
Le hockey est un jeu d’erreurs, et les Alpins l’avaient bien compris. Profitant d’une nouvelle installation en zone offensive, les hommes de Sylvain Roy enfonçaient le clou. Ayant bien compris que les Gothiques, contrairement à leur habitudes, ne punissaient pas les incursions dans les zones de vérité, ils en jouaient un maximum. Peu aidé par sa défense, Kozun ne pouvait rien quand il perdait de vue le palet, initialement repoussé de la jambière après un lancer malin de la ligne bleue. La défense ne faisait pas le ménage et Mugnier en profitait pour propulser la rondelle dans le filet désert (0-2, 11’35).
Il n’y avait quasiment rien a retirer de la prestation amiénoise lors de ce premier acte, si ce n’est une échappée de Phelan, servi d’une passe laser par Magovac. Le natif de Laval tentait d’emmener Aubrun dans son dribble, mais ce dernier ne se laissait pas abuser. Le Canadien, souvent dans les mauvais coups cette saison, était ensuite pénalisé (cinglage, 15’08), mais le jeu d’infériorité amiénois faisait le job. La tension montait alors, quand, au buzzer, Ville (Gabin) était l’auteur d’un mauvais coup sur Tessier. Ce dernier, de retour après une longue absence, se faisait justice lui-même, et une bagarre éclatait. Les deux hommes étaient pénalisés, et Amiens allait pouvoir profiter d’un jeu de supériorité dès le début du deuxième tiers.
Et la réduction de l’écart ne se faisait pas attendre. Après seulement 19 secondes de jeu dans le deuxième acte, Rudy Matima, superbement servi par Larinmaa qui débordait son vis-à-vis d’une coup de patin très vif, reprenait sans contrôle et trouvait la lucarne (1-2, 20’19). Les intentions étaient bien meilleures, et on sentait alors que les Gothiques étaient enfin rentrés dans le match. Les hommes de Mario Richer étaient bien plus agressifs, notamment en zone défensive, et les Pionniers n’avaient que peu d’occasion pour reprendre une avance de deux buts. Les Samariens jouaient de chance, quand un lancer de Convert faisait résonner le poteau (26′), mais Kozun n’était plus autant solicité.
Si l’agressivité mise par les Gothiques n’était pas encore convertie dans le score, elle était bel et bien retranscrite au niveau des engagements, où ils remportaient 16 des 20 mises au jeu de la période. Il y aurait aussi fort à parier que si les charges étaient traquées comme le sont les lancers et les pénalités, les Amiénois auraient aussi été devant dans cet exercice, avec notamment Cepon et Lepage qui mettaient un point d’honneur à terminer toutes leurs mise en échec. Ce n’était d’ailleurs pas un hasard si ces deux joueurs se retrouvaient sur le banc des pénalités (charge avec la crosse, 34’44, puis dureté, 35’15 respectivement), mais le jeu d’infériorité des Gothiques était une nouvelle fois impeccable. La seule déception, au retour des vestiaires, était que les locaux n’étaient pas revenus à hauteur de leur adversaire.
Tentant de capitaliser sur le momentum accumulé, les Gothiques revenaient fort, mais voyaient leur effort coupé tandis que Besson était envoyé en prison (faire trébucher, 40’47). L’avantage numérique alpin ne durait pas longtemps, car Grinbergs était lui aussi pénalisé (crosse haute, 41’02). Les locaux, poussés par leur public très présent depuis le début de la saison, se procuraient de nombreuses occasions mais ne concrétisaient pas. Un raté inexplicable pour Svanenbergs, transparent dans cette rencontre, qui tirait à coté sur une passe superbe de Bergeron alors même que le filet était désert. Puis Djemel et Bergeron ne cadraient pas leurs tentatives, pourtant dangereuses.
Dans le chapitre des ratés, les Pionniers n’étaient pas en reste, tant le but du 3-1 semblait tendre les bras à Tugnutt. Ce dernier, idéalement place dans l’enclave, lançait mystérieusement à coté. Cela n’aidait pas son équipe qui était en difficulté et qui enchaînait les pénalités : sur les 15 dernières minutes de la rencontre, les Gothiques en passaient près de 6 en avantage numérique. À l’image de Djemel et Bergeron, Plagnat et Matima ne trouvaient pas le cadre lors d’une grosse séquence de jeu de puissance. Le palet revenait sur Gibert, et on pensait que ce dernier allait égaliser du revers, mais Aubrun s’interposait au dernier moment en réalisant un arrêt magnifique. La solution n’était toujours pas trouvée par les Samariens, qui pourraient s’en vouloir si le résultat en restait là.
Les supporters amiénois retenaient leur souffle tandis que Mario Richer prenait son temps mort à quelques trois minutes de la fin, profitant d’une pénalité écopée par Ville (coup de coude, 56’44). Le jeu de supériorité qui s’en suivait était une nouvelle fois intéressant, et Aleksandar Magovac, auteur d’un match référence, était à la manette. Le Slovène faisait un énorme travail à la ligne bleue et lançait à la cage dans l’espoir de provoquer une déviation. Le palet était stoppé et revenait sur lui, et il relançait immédiatement, profitant d’une très bon écran de Plagnat. Le public pouvait exulter : le palet était au fond des filets, enfin (2-2, 57’50).
Les problèmes ne s’arrêtaient pas là pour les Pionniers. En prolongation, Bergeron, Larinmaa et Svanenbergs prenaient possession de la rondelle et s’installaient rapidement en zone offensive, et réussissaient à provoquer une obstruction de Mugnier (61’03). Les locaux avaient déjà inscrit deux buts dans cette configuration ce soir, et remettaient le couvert. Servi par Tessier dans le cercle, Svanenbergs faisait oublier son match raté et crucifiait Aubrun d’un lancer sur réception bien placé (3-2, 61’40). Le portier chamoniard contestait car Bergeron semblait avoir fait faute, ce qui avait laissé les Pionniers à deux contre quatre, mais le but était bien accepté par les arbitres du soir.
Une victoire aux forceps, la faute à un premier tiers complètement raté, mais de bon augure pour la suite tant les Gothiques ont fait preuve de résilience et de caractère. Une défaite amère pour les Pionniers, car il semblait effectivement y avoir faute de Bergeron, mais ce partage des points était logique au vu de la physionomie du match. Ils pourront profiter d’une semaine de repos avant de se rendre à Bordeaux, tandis que les Gothiques se rendront vendredi à Pôle Sud pour affronter Grenoble.
Amiens – Chamonix 3-2 après prolongation (0-2, 1-0, 1-0, 1-0)
Mardi 8 octobre 2024 à 20h15 au Coliséum. 3280 spectateurs.
Arbitres : Adrien Ernecq et Julien Peyre assistés de Maxime Laboulais et Pierre Mercier-Landry
Pénalités : Amiens 13’ (2’, 9’, 2’, 0’) ; Chamonix 23’ (2’, 11’, 8’, 2’).
Tirs : Amiens 29 (9, 9, 8, 3) ; Chamonix 21 (10, 7, 4, 0).
Évolution du score :
0-1 à 07’14’’ : Tugnutt assisté de J. Mugnier et M. Ville
0-2 à 11’35’’ : J. Mugnier assisté de M. Ville et Ten Braak
1-2 à 20’19’’ : Matima assisté de Larinmaa et Magovac (sup. num.)
2-2 à 57’50’’ : Magovac assisté de Matima (sup. num.)
3-2 à 61’40’’ : Svanenbergs assisté de Tessier et Bergeron (sup. num.)
Amiens
Attaquants :
Jesper Larinmaa (-1) – Janis Svanenbergs (-1) – Bastien Maïa (A, -1)
Gauthier Gibert (-1) – James Phelan (C, -1, 2’) – Rudy Matima (-1)
Antonin Plagnat – Julien Tessier (5’) – Ilies Djemel
Raphaël Opoma – Noa Besson (2’) – Ugo Tocquin
Défenseurs :
Aleksandar Magovac – Kristjan Cepon (2’)
Justin Bergeron (A, -2) – Jordan Lepage (-2, 2’)
Mathieu Mony – Guillaume Roussel
Gardien :
Taran Kozun
Remplaçant : Clément Fouquerel (G). Absents : Zachary Lavigne (bas du corps), Anatole De Mali (choix)
Chamonix
Attaquants :
Saku Kivinen (2’) – Gabin Ville (7’) – Jakub Izacky
Jordan Mugnier (+2, 4’) – Matthew Tugnutt (+1, 2’) – Malo Ville (+2, 2’)
Jérémy Fortin – Bryan Ten Braak (A, +1) – Ricards Grinbergs (2’)
Lauric Convert
Défenseurs :
Jesper Åkerman (C, 2’) – Jakub Muller
Jérémie Penz (A, +2) – Camil Durand (+2)
Valentin Coffy – Alexis Dogémont
Gardien :
Tom Aubrun
Remplaçant : Lucas Mugnier (G). Absents : Nils Carnbäck, Stanislav Lopachuk, Charlie Simond (blessés), Clément Masson