Après une préparation perturbée par une pause sanitaire et une remise en route difficile contre la Roumanie, l’équipe de France trouve un défi de taille devant elle, la Slovénie, dans un match qui constitue déjà une quasi-finale du tournoi. Ce n’est pas une insurmontable Slovénie, car elle a consenti à laisser se reposer tous ses joueurs-cadres qui le souhaitaient, notamment le trio de Bremerhaven (Urbas-Jeglič-Verlič).
Philippe Bozon n’a pas seulement changé de gardien (Henri-Corentin Buysse remplace Papillon). Il a aussi fait rentrer Thomas Thiry en défense, à la place de Baazi et Llorca. Le trio offensif Treille-Valier-Leclerc, pour ainsi dire invisible samedi soir, a été logiquement remplacé par le trio en réserve (Douay-Berthon-Matima) qui doit amener plus d’énergie dan ce match-clé.
La France démarre bien mais connaît vite une séquence plus difficile qu’elle passe le plus souvent dans sa zone. C’est paradoxalement à la fin de ce temps faible qu’elle ouvre le score. Pendant un changement de lignes, une relance de Rudy Matima – oublié de la liste publiée par la FFHG avant le départ en Slovénie mais qui a bien été sélectionné ! – envoie Jordann Perret et Eliot Berthon vers un 2 contre 1 parfaitement exécuté et transformé en cage ouverte par le premier nommé après un redoublement de passes (1-0). Mais seize secondes plus tard, Perret est pénalisé en zone offensive pour une charge avec la crosse. Le powerplay est aussitôt, Thiry bloque un tir de Jurij Repe revient sur Nik Simšič face à la cage (1-1).
Les deux équipes jouent en tout cas avec plus d’intensité que dans leur premier match respectif. Une étonnante passe lobée du capitaine slovène Klemen Pretnar envoie Žan Jezovšek en échappée, il lève même les bras mais n’a pas réussi à gagner ce face-à-face avec Henri-Corentin Buysse. C’est bien la France qui prend alors le contrôle de la partie, aidée par les pénalités slovènes, dont une obstruction en zone offensive de Tadej Čimžar. La plus belle occasion intervient pendant que Žiga Pešut est en prison. Tim Bozon feinte le lancer et sert Anthony Rech en one-timer mais Luka Gračnar effectue une superbe parade du gant.
Après quatre supériorités numériques à cheval sur les deux premières périodes, Eliot Berthon donne un cross-check Berthon dans le dos du défenseur alors que son équipe est installée. En même temps, Henri-Corentin Buysse quitte la glace pour un problème de patin : Sebastian Ylönen – dont on rappelle qu’il était chez lui avant de remplacer au pied levé Florian Hardy atteint du Covid-19 – doit donc rentrer sur une infériorité numérique. Il a deux arrêts à faire mais son équipe l’aide bien. Le plus beau lancer est même français, Floran Douay décale Antonin Manavian qui oblige Gračnar à un arrêt photo de la mitaine. Buysse reprend sa place quand on revient à cinq… et c’est lui qui encaisse le but. Il n’y peut pas grand chose car Nik Simšič dévie dans le slot un tir du poignet de la ligne bleue de Klemen Pretnar (1-2).
Le match peine à reprendre du rythme, notamment parce qu’il est haché par les pénalités. Damien Fleury fait trébucher Jaka Šturm… qui le rejoint pour avoir embelli la faute. Une minute plus tard, sans doute plus par maladresse, Luka Kalan heurte le genou du plus agile Hugo Gallet qui a évité sa charge. La France joue alors à 4 contre 3, mais le seul lancer, un one-timer de Charles Bertrand, est raté. Pire, Tim Bozon donne un coup de crosse au gardien et les Bleus se retrouvent en infériorité numérique. Hugo Gallet puis Eliot Berthon remontent bien le palet dans cette situation avec leurs qualités de patinage. Une charge avec la crosse de Manavian oblige la France à rester à quatre. Ken Ograjenšek la punit d’un tir sur réception sur une passe transversale de Jurij Repe avant que Buysse ait eu le temps de se déplacer (1-3).
Damien Fleury, qui atteint le cap des 200 sélections ce soir, montrera-t-il la voie en troisième période ? Sur sa première présence, il met la pression sur Repe qui perd le palet à la ligne bleue et fait trébucher le capitaine tricolore pour éviter la contre-attaque. En avantage numérique, les Français cherchent à deux reprises le lancer de Fleury dans le cercle gauche, mais il ne fait trembler que l’extérieur du filet. Boudon prend ensuite une pénalité en fond de zone offensive qui annihile l’action. Ce ping-pong de fautes se prolonge encore une dernière fois. Alors que Tim Bozon a fait trébucher Gregor Koblar, les Slovènes prennent eux aussi une pénalité en zone offensive, contre Jaka Sturm qui a fait trébucher Perret.
Les dix dernières minutes se jouent enfin à cinq contre cinq. Les Français ne trouvent pas de solution : ils sont gênés par le forechecking slovène jusque avant même leur première passe et ils font ensuite face à un verrou en zone neutre. Quand ils réussissent enfin une entrée de zone, sur un effort de Louis Boudon, l’engagement qui suit amène le but. Blaž Tomaževič rate un contrôle sur un palet sorti du coin par son coéquipier junior Bine Mašič et Jordann Perret ne se pose pas de question en héritant de cette rondelle, qu’il envoie aussitôt au fond des filets, côté plaque (2-3). Ce but relance totalement le match car les Slovènes se montrent plus fébriles. Mais même si Philippe Bozon prend son temps mort et sort son gardien à plus d’une minute de la fin, ses hommes ne pourront pas revenir.
Si les joueurs slovènes paraissent saluer les milliers de sièges vides des deux côtés à l’issue du match, c’est parce qu’ils rendent un hommage particulier aux fidèles disséminés dans ces grandes tribunes. 400 personnes munies d’un test négatif ont en effet été autorisées à entrer au Tivoli ce soir, premier match avec des spectateurs depuis 15 mois à Ljubljana grâce au relâchement des meures sanitaires ce lundi. En battant ses deux principaux adversaires, la Slovénie a normalement fait le plus dur pour remporter son tournoi. Mais depuis le succès du pays-hôte sur l’Autriche en ouverture, chaque match s’est terminé par un seul but d’écart. On se gardera donc de proclamer trop vite le vainqueur final. La France devra enchaînée dans dix-heures à peine face à la Pologne, qui a perdu 2-3 contre l’Autriche après avoir battu l’Ukraine en prolongation (4-3).
Désignés joueurs du match : Romain Bault pour la France et Jurij Repe pour la Slovénie.
Commentaires d’après-match :
Damien Fleury (capitaine de la France) : « Je pense que nous avons pris un bon départ. On patinait, on travaillait dur. Mais en deuxième période, on a arrêté de travailler et ils ont mis deux buts. C’est un écart dur à remonter contre ces gars. Nous avons quand même montré du caractère à la fin. Il faut mettre plus de monde devant le but, il n’y a pas assez de trafic pour marquer à ce niveau. »
Matjaž Kopitar (entraîneur de la Slovénie) : « C’était un vrai match de hockey, les jeunes ont montré du caractère. Je suis très satisfait, non seulement à cause du résultat mais aussi à cause du déroulement du match. Nous avions trop de respect au début mais ensuite nous avons contrôlé le match. »
France – Slovénie 2-3 (1-2, 1-0, 0-1)
Lundi 17 mai 2021 à 20h00 à la Dvorana Tivoli de Ljubljana. Huis clos.
Arbitres : Milan Zrnič (SLO) et Christian Ofner (AUT) assistés de David Nothegger (AUT) et Tadej Snoj (SLO).
Pénalités : France 16′ (2′, 10′, 4′) ; Slovénie 18′ (6′, 8′, 4′).
Tirs : France 34 (13, 14, 7) ; Slovénie 23 (6, 9+2, 8).
Évolution du score :
1-0 à 08’42 : Perret assisté de Berthon
1-1 à 09’30 : Simšič assisté de Repe et Pretnar (sup. num.)
1-2 à 27’52 : Simšič assisté de Kuralt et Pretnar
1-3 à 37’48 : Ograjenšek assisté de Repe et Kuralt (sup. num.)
2-3 à 55’51 : Perret assisté de Fleury
France
Attaquants :
72-44-9 Jordan Perret (+2, 2′) – Louis Boudon (+1, 2′) – Damien Fleury (C, +1, 2′)
81-82-94 Anthony Rech (-1) – Charles Bertrand (-1) – Tim Bozon (-1, 4′)
24-64-47 Kévin Bozon – Jordann Bougro – Loïc Farnier
29-92-83 Floran Douay – Eliot Berthon (+1, 2′) – Rudy Matima (+1)
Défenseurs :
8-84 Hugo Gallet (-1) – Kévin Hecquefeuille (A, -1)
38-74 Pierre Crinon (+1, 2′) – Thomas Thiry (A)
62-7 Florian Chakiachvili (+1) – Romain Bault (+1)
4 Antonin Manavian (+1, 2′)
Gardien :
35 Henri-Corentin Buysse, remplacé de 25’14 à 27’08 par 37 Sebastian Ylönen et sorti à 58’49
En réserve : Quentin Papillon (G), 6 Vincent Llorca, 11 Aziz Baazi, 77 Sacha Treille, 13 Peter Valier, 22 Guillaume Leclerc.
Slovénie
Attaquants :
18-12-92 Ken Ograjenšek (A, +1, 2′) – Nik Simšič (+1) – Anže Kuralt (+1)
91-98-8 Žan Jezovšek (-1) – Blaž Tomaževič (-1) – Jaka Šturm (-1, 4′)
45-93-20 Luka Maver (2′) – Luka Kalan (2′) – Gregor Koblar
19-81-96 Žiga Pešut (-1, 2′) – Tadej Čimžar (A, -1, 2′) – Rok Kapel (-1)
94 Aljaž Predan
Défenseurs :
61-7 Jurij Repe (+1, 2′) – Klemen Pretnar (C, +1)
14-44 Matic Podlipnik – Bine Mašic (-1, 2′)
76-17 Kristjan Čepon – Žiga Pavlin
6-4 Miha Štebih (-1) – Aleksandr Magovac (-2)
Gardien :
35 Luka Gračnar
Remplaçant : 69 Matija Pintarič (G). En réserve : Gašper Krošelj (G), Žan Us (G), Aljoša Crnovič, Nejc Stojan, Jaka Sodja.