A priori, il n’était pas facile de deviner l’issue de la partie, entre des Scorpions mulhousiens pour qui le gain du moindre point est une lutte de tous les matches, et le Tornado du Luxembourg dont le parcours depuis octobre est jalonné de victoires au score aussi large que celui de ses défaites. Tout au plus pouvait-on pressentir que l’effectif pléthorique alsacien aurait dû venir à bout de celui luxembourgeois, venu en version minimaliste, mais coaché par un certain Christer Eriksson, rompu à extraire le maximum de la capacité des équipes qu’il a pu diriger. La méfiance aurait dû être de mise.
Il aurait fallu pour cela entrer dans le match avec nettement plus de concentration. Certes, le début de partie fut crispé et pour tout dire d’un niveau approximatif. Ceci dit, les blancs visiteurs ont été les premiers à rentrer vraiment dans leur match et à harceler haut pour récupérer le palet. Aussi, il n’est pas apparu anodin de les voir scorer par trois fois en l’espace d’une minute, par Cannon Colm de près (0-1 à 9’43), Conor Leonard sur un tir à mi-distance (0-2 à 10’11) et Grigorijs Holodkovs sur un break rapidement mené (0-3 à 10’41).
Certes, le coup assené fut dur à encaisser mais les Scorpions sont, à ce moment, complètement à côté de leurs patins, et notamment complètement passifs dans leur propre zone. Nino Abdelali a au moins le mérite de repositionner son équipe et lui donner un petit coup de fouet. Certes, Mulhouse est en double supériorité, laborieusement mise en œuvre d’ailleurs, mais son tir à mi-distance fait mouche et redonne un peu de cœur à ses collègues (1-3 à 16’04). Il est temps de se ressaisir, Luxembourg rentre aux vestiaires avec trois fois plus de tirs cadrés que son hôte.
Quand Julien Burgert met la rince en sortie de vestiaires, de près (2-3 à 23’10), l’espoir est de mise dans les travées. Pas longtemps malheureusement quand Anthony Vincens score de façon opportuniste devant Matthew Pommier, une nouvelle fois délaissé (2-4 à 23’59). Et que dire de ce tir de la bleue de Christopher Maratea où le palet passe entre les jambières de l’infortuné gardien local (2-5 à 26’48). C’est de nouveau Burgert qui recentre ses coéquipiers en allumant rageusement Philippe Lepage (3-5 à 28’42). L’espoir de recoller au score pour les Alsaciens est d’ailleurs palpable car s’ensuit une belle période où les jeunes Haut-Rhinois pressent plus haut, harcèlent les porteurs de palet adverses et les prennent régulièrement de vitesse.
Le Tornado se dépense nettement moins qu’en première période, et fait le dos rond en attendant plus patiemment de lancer une pique. Sa patience est supplée par un brin de réussite sur ce palet devant la cage mulhousienne, palet renvoyé mais aucun local ne peut le voir, c’est donc Colm, à mi-distance, qui est tout heureux de le catapulter au fond de la cage haut-rhinoise (3-6 à 32’30). Rageant car cette nouvelle infortune freine considérablement l’entrain local. Luxembourg en profite pour presser un peu plus sensiblement, et envoie Thomas Antoine pour un dernier break juste avant la sirène (39’58).
Trois buts de retard, c’est encore rattrapable, surtout quand il reste encore vingt minutes et qu’on se dit qu’à jouer à deux lignes en face, çà va forcément flancher. C’est en tout cas ce que veut signifier ce raid de Tom Muller (41’34) mais le portier visiteur s’interpose. Le jeu semble se figer, Mulhouse peine à rester concentré sur ses passes et ses placements, Luxembourg en profite pour tuer complètement le match : Pommier s’interpose haut et contre en poke-check un premier lancer de Colm, c’est Adrien Maurer qui récupère (3-7 à 45’26). Puis c’est de nouveau ce diable d’opportuniste de Cannon qui reprend un essai de loin d’Andrei Esipov (3-8 à 46’39) avant qu’Holodkovs, libre de marquage, exploite un énième rebond de près (3-9 à 46’56). Sans compter ce rush de Colm dont le lancer est dévié sur un poteau de Lucas Paicheler venu précédemment remplacer son collègue portier (49’02).
Il n’y a plus de match depuis de longues minutes, d’ailleurs Mulhouse éprouve d’énormes difficultés à tirer sur la cage, quand Thomas Antoine, décentré, loge sa rondelle en pleine lucarne (3-10 à 53’49). L’Illberg, peu habitué à ce type de physionomie de match, commence à se vider et ne voit pas Teo Haffner réduire le score, sur un joli revers alors que le portier n’a pas pu se replacer (4-10 à 54’15). Même leur dernière supériorité numérique ne leur permet pas de presser une dernière fois la cage adverse, tant la lucidité les a quittés.
De mémoire, des raclées de cette veine, pour mémorables qu’elles soient, l’équipe fanion des Scorpions mulhousiens en a connues, et à des niveaux plus hauts que le leur actuel. À la maison, par contre, seuls les Phénix rémois ont fait mieux en infligeant, en 2011, 11-2 à une troupe de D1 alors un peu jeune et tendre. Ceci dit, prendre 10 buts devant son public, ça fait toujours mal.
La logique de harcèlement haut, de grattage de palet, de vitesse, l’effectif pléthorique mais (seulement) homogène auraient dû permettre aux Mulhousiens de tenir le choc, à l’instar de ce deuxième tiers où les Haut-Rhinois sont régulièrement arrivés à gêner et à prendre de vitesse leurs rivaux. Hélas, ce soir, il a manqué beaucoup de concentration en zone défensive, que ce soit en entrée ou devant le gardien. Leurs trois gros trous de concentration leur ont été fatals.
Ajoutons un peu de naïveté, il n’en fallait pas plus pour que les vieux renards de surface adverses exploitent le moindre palet mal relancé. Surprenant tout de même pour ce Tornado, d’avoir tenu le coup à deux seules lignes, contre quatre lignes alsaciennes jeunes et vives. Nous voici revenus quinze ans en arrière, quand certaines équipes de D3 ambitieuses tournaient 75% du match avec une grosse ligne. Beaucoup de pressing, d’opportunisme, mais aussi de métier pour gérer ses passes et installer son jeu en zone adverse. Au vu de certains scores de leurs défaites, il est permis de penser que face à des équipes un peu plus aguerries et posées, leur tactique est un peu plus mise à mal.
Au final, Luxembourg reste en course pour le podium de sa poule. Gageons que pour Mulhouse, la baffe monumentale de ce soir va réveiller le collectif.
Récompensés à la fin du match : Thomas Antoine pour Luxembourg, Julien Burgert pour Mulhouse… et Christer Eriksson pour l’ensemble de son œuvre en Alsace, les bons (et les moins bons) souvenirs, les coups de gueule mémorables de son banc (l’Illberg en résonne encore des fois), et surtout tous ces moments forts de hockey qui ont construit ce club. Encore merci à vous, Christer !
photos scorpionspictures.com
Mulhouse – Tornado Luxembourg 4-10 (1-3, 2-3, 1-4)
Samedi 25 novembre 2023 à 18h15 à la patinoire de l’Illberg. 450 spectateurs.
Arbitres : MM. Steeve Girard et Laurent Rouèche.
Pénalités : Mulhouse 6′ (4′, 2′, 0′) ; Luxembourg 12′ (6′, 4′, 2′).
Tirs : Mulhouse 22 (7, 10, 5) ; Luxembourg 45 (19, 11, 15).
Évolution du score :
0-1 à 09’43 : Colm assisté de Holodkovs et Antoine
0-2 à 10’11 : Leonard assisté d’Antoine
0-3 à 10’41 : Holodkovs assisté d’Antoine
1-3 à 16’04 : Abdelali assisté de Wendling et Burgert (double sup. num.)
2-3 à 23’10 : Burgert assisté de Haffner et Quiniou (sup. num.)
2-4 à 23’59 : Anthony Vincens assisté de Maurer et Colm
2-5 à 26’48 : Maratea assisté d’Antoine
3-5 à 28’42 : Burgert
3-6 à 32’30 : Colm assisté d’Esipov
3-7 à 45’26 : Maurer assisté de Colm
3-8 à 46’39 : Colm assisté d’Esipov et Maurer
3-9 à 46’56 : Holodkovs
3-10 à 53’49 : Antoine assisté de Holodkovs
4-10 à 54’15 : Haffner assisté d’Abdelali et Burgert
Mulhouse
Attaquants :
Nino Abdelali – Téo Haffner – Julien Burgert (C)
Thimothée Manjard – Vincent Da Silva (A) – Thomas Ackermann
Tom Muller – Bouba Sidibé – Alexey Karol
Sabri Nakhli – Arnaud Fuss – Julien Wurth
Défenseurs :
Yann Quiniou – Mathis Guth
Noah Wendling – Mateo Ricou
Valentin Poulain – Benjamin Adam
Gardien :
Matthew Pommier puis Lucas Paicheler à 46’39 »
Absents : Michaël Marchand, Joachim Sonnet
Luxembourg
Attaquants :
Thomas Antoine (A) – Conor Leonard – Grigorijs Holodkovs
Adrien Maurer – Cannon Colm – Anthony Vincens (A)
Défenseurs :
Christopher Maratea (C) – Freaser Duarte
Thierry Beran – Andrei Esipov
Gardien :
Philippe Lepage
Remplaçants : Baptiste Franck (G), Philippe Vincens.