Le congrès semi-annuel de l’IIHF, qui s’est tenu les 3 et 4 octobre à Nice, a fait souffler un vent de nouveautés pour le hockey international. Et l’on ne parle pas uniquement de la charte graphique, avec un nouveau logo dévoilé pour la fédération internationale. De grandes nouveautés vont impacter équipes nationales masculines et féminines.
Le Mondial féminin désormais en novembre
Le point le plus attendu était probablement le Mondial élite féminin 2026 puisqu’avant cet évènement, l’IIHF n’avait communiqué aucune information concernant sa programmation. Ce congrès se tenait seulement quelques jours après la divulgation du calendrier PWHL et l’absence cette fois-ci d’une pause au printemps.
Habituellement organisé en avril, l’édition 2026 du championnat du monde était confrontée à une réelle problématique : se conformer aux demandes de la PWHL. La grande ligue professionnelle féminine comptait déjà observer une pause internationale d’un mois en début d’année pour les Jeux olympiques de Milan-Cortina, en plus d’un break d’une semaine en décembre. Le calendrier de la PWHL est toujours plus dense avec une ligue désormais à huit équipes après l’expansion de Vancouver et Seattle. Une expansion qui pourrait d’ailleurs s’étendre davantage… les rumeurs vont jusqu’à parler de quatre formations supplémentaires en 2026 pour faire passer la ligue de huit à douze participants.

Année olympique ou non, le créneau du printemps dédié aux Mondiaux semblait désormais impossible à tenir pour la PWHL, qui affichait une préférence en été ou à l’automne. La saison régulière 2025-2026 de la ligue s’étalera du 21 novembre 2025 au 25 avril 2026. L’IIHF a su écouter et, en accord avec les nations membres, le Mondial féminin élite sera désormais organisé systématiquement en novembre.
Le Championnat du monde élite 2026 se déroulera du 6 au 16 novembre 2026. La ville danoise de Herning, qui avec Stockholm avait conjointement hébergé le dernier tournoi masculin, accueillera l’un des deux groupes, une autre ville sera désignée prochainement. C’est la deuxième fois que le Danemark accueillera un Mondial élite féminin, après le tournoi de 2022. Cette année-là, pour la première fois ont été organisés un tournoi olympique féminin et un Mondial élite féminin pendant la même saison. Ce championnat du monde avait d’ailleurs été programmé exceptionnellement fin août. La période de programmation ne sera d’ailleurs pas la seule nouveauté de ce Mondial 2026 puisque, pour la première fois depuis 2011, les deux groupes seront mélangés, ce qui mettra fin au système des groupes de niveau mis en place pendant onze championnats du monde élite.
Programmer le Mondial élite en novembre, même si cela nécessitera une réorganisation, notamment de la part des championnats européens et des championnats universitaires qui débutent un à deux mois avant, permettra de se placer juste avant la saison PWHL, et d’éviter un long break à la ligue. Jusqu’à maintenant, la pause internationale du Mondial intervenait à la toute fin de la saison régulière et juste avant les playoffs PWHL, un créneau discutable.
S’agissant des divisions inférieures, l’IIHF a donné des précisions. Les éditions 2026 des Mondiaux Division 1A à Division 3B sont maintenues au printemps. L’équipe de France sera donc bien à Budapest en avril 2026 pour le Mondial D1A qui sera donc maintenu à cette période. En revanche, par souci d’harmonisation, tous les tournois auront bien lieu en novembre à partir de 2027.

D’ailleurs, les Bleues auront dans un proche avenir un autre échéance au menu. L’IIHF a annoncé plancher sur un Championnat d’Europe des nations. Ce serait alors une résurrection puisqu’un championnat d’Europe s’est tenu entre 1989 et 1996. Le format et le nombre d’équipes sont actuellement en cours de discussions. L’enjeu est de développer la visibilité du hockey féminin en Europe et de renforcer le niveau des équipes. La Rivalry Series entre le Canada et les États-Unis, qui avait pris du plomb dans l’aile avec l’épineux calendrier PWHL, devrait être conservée, elle constituerait un bel avant-goût au Mondial élite de novembre.
En tout cas, beaucoup se félicitent de la programmation des Mondiaux féminins en novembre. Dans le communiqué de la fédération suédoise, Angelica Lindberg, la PDG de la SDHL suédoise, saluait cette décision : « La programmation du Mondial en novembre est une décision bienvenue. Elle démontre que nous, en tant que famille du hockey, avons désormais convenu d’une stratégie viable, avec la participation de toutes les meilleures joueuses. Cela offre également à l’équipe nationale et à la ligue de meilleures conditions pour planifier la saison de manière durable. Nous pensons également que le hockey féminin bénéficie d’une fenêtre de développement indépendante, sans concurrence, et crée ainsi un espace plus large de visibilité, d’engagement et de croissance. »
La vice-présidente exécutive des opérations hockey de la PWHL Jayna Hefford a également salué cette décision : « Cette collaboration marque une étape importante pour notre sport. En collaboration avec l’IIHF et nos partenaires internationaux, nous mettons tout en œuvre pour développer le hockey féminin, en créant un calendrier qui permet à chaque événement majeur d’atteindre son plein potentiel. »
Le dernier Mondial élite féminin de České Budějovice en avril dernier a connu un succès retentissant avec 122 331 spectateurs pendant la compétition, un record pour un tournoi féminin. Désormais, l’IIHF a toutes les cartes en main pour en faire un évènement incontournable en novembre, comme l’est le Mondial Junior chaque année pendant les fêtes de fin d’année.
Officialisation de la Coupe d’Europe des Nations
Qu’une entente ait pu intervenir entre l’IIHF et la PWHL pour le bien du développement et la visibilité du hockey féminin est à saluer. Car rappelons que, chez les hommes, l’IIHF voit d’un mauvais œil la programmation d’une Coupe du monde par la NHL en 2028, la même année que l’organisation d’un championnat du monde IIHF en France. Beaucoup de fédérations s’en inquiètent avec en façade un modèle économique des championnats du monde en péril, dont Pierre-Yves Gerbeau. Le président de la FFHG avait d’ailleurs assuré à France Info en mai dernier : « [lui et les autres fédérations] n’a pas l’intention de rentrer dans notre cercueil sans faire de bruit. »
Lors du congrès de Nice, la fédération internationale a d’ailleurs annoncé la création d’une Coupe d’Europe des Nations, l’European Cup of Nations (ECN). À l’image de la Ligue des Nations de football créée par l’UEFA, cette nouvelle compétition se déroulera pendant les habituelles pauses internationales durant la saison, en novembre, décembre et février. L’ECN a donc pour vocation d’intégrer la Deutschland Cup et de remplacer l’Euro Ice Hockey Challenge.

C’est un projet maintes fois évoquées par la fédération internationale, et qu’elle a désormais officialisé. Dix-huit nations y participeront parmi lesquelles l’équipe de France. Précisons que dans le communiqué original, l’IIHF faisait mention de dix-sept nations… avant d’ajouter l’Ukraine.
Le président de l’IIHF Luc Tardif perçoit ce projet comme « une étape importante », un moyen de développer « sportivement et commercialement » les compétitions. Apporter du sens et de la cohérence aux pauses internationales en décuplant l’enjeu et en offrant un niveau de jeu compétitif, ce sont les arguments avancés. La mise en place de la Coupe d’Europe des Nations semble satisfaire bon nombre de fédérations, en Pologne, au Danemark ou jusqu’en Autriche. La fédération internationale a précisé qu’il s’agissait d’une demande des nations membres.
En revanche, la Lettonie semble plus réservée. Alors que les médias lettons avaient relayé la création de cette compétition à la mi-septembre, le média hokejazinas.com avait ensuite partagé les propos du secrétaire général de la fédération lettone, Roberts Pļāvējs, qui précisait que la Lettonie ne participerait pas à l’European Cup of Nations. Pļāvējs évoquait « un projet pilote » avant que l’IIHF ne dévoile ce qui a tout d’une vraie nouvelle compétition internationale. Mais Pļāvējs précisait aussi que l’équipe balte avait prévu de rencontrer en avril, avant les Championnats du monde, des adversaires mieux classés que le panel de l’ECN. L’IIHF a contrecarré cette affirmation car seules les pauses de novembre, décembre et février sont concernées. La fédération lettone a dernièrement partagé la nouvelle de la création de cette compétition sur son site, elle semble désormais partie pour y participer.
Pour autant, plusieurs problématiques se posent. La participation des dix-huit nations est essentielle au bon déroulement de la compétition, dans le cas contraire la pyramide s’effondre. D’ailleurs, il faut prendre en compte le fait que quatre des meilleures nations européennes sont exclues de cette compétition : la Suède, la Finlande, la Tchéquie et la Suisse garderont leur habituel Euro Hockey Tour. Il sera donc impossible de se frotter à elles durant les trois créneaux de la Coupe d’Europe des nations. Enfin, les pays hôtes des tournois ne seront plus en mesure de choisir leurs adversaires, le menu sera imposé suivant la constitution des groupes par l’IIHF.
Si la majorité des fédérations semblent satisfaites, les meilleures nations retenues dans cette ECN comme la Lettonie, l’Allemagne ou la Slovaquie, et qui cultivent des objectifs plus élevés, risquent d’éprouver un sentiment de cloisonnement. Et puis comment sera décerné le titre de cette compétition ? Y’aura-t-il un système de promotion / relégation ? Et surtout l’European Cup of Nations sera-t-elle en mesure de s’inscrire sur la durée ?
Déstabilisée dans sa position par la NHL qui veut s’investir dans des compétitions qu’elle a elle-même modelées, l’IIHF joue la carte de l’innovation. Si l’European Cup of Nations soulève beaucoup de questions chez les hommes, le nouveau créneau dont disposera le hockey féminin lui permettra de poursuivre sa croissance spectaculaire.









































