Un mois après le décès tragique d’Adam Johnson, le hockey a de nouveau été secoué par une nouvelle déchirante. La Finlandaise Sanni Hakala, grièvement blessée la semaine dernière, est désormais paralysée.
Vendredi 24 novembre. Dans le cadre d’un match de SDHL, l’élite féminine suédoise, HV71 accueille Djurgården. Durant ce match, Sanni Hakala part en échappée mais perd l’équilibre avec le retour dans son dos de la défenseure Maddie Posick, Hakala tombe et tape le poteau la tête la première. Elle restera alors de longues minutes au sol, les joueuses et le public se doutent rapidement de la gravité de la situation. On saura plus tard, grâce aux informations collectées par le Jönköpings Posten, que la joueuse de 26 ans parvenait à bouger les mains et les bras mais elle ne ressentait aucune sensation aux jambes. D’un commun accord entre les deux équipes, le match a alors été stoppé et reporté.
Évacuée sur civière vers l’hôpital de Ryhov, Sanni a ensuite été transférée à l’hôpital universitaire de Linköping, où une opération au cou a été réalisée avec succès. Malgré tout, vint le terrible verdict confirmé par la hockeyeuse elle-même via un post sur les réseaux sociaux.
« Il m’est encore difficile de comprendre ce qui s’est passé, que la collision avec le poteau du but ait été aussi grave, et les conséquences aussi grandes. Non seulement je suis obligée d’arrêter de jouer au hockey, une activité qui a occupé une grande partie de ma vie depuis de nombreuses années, mais je pourrais aussi être obligée de rester en fauteuil roulant pour le restant de mes jours. La blessure que j’ai subie vendredi dernier m’a paralysée de la poitrine aux pieds, avec une fonction réduite des bras et des mains. C’est désormais une réalité que j’essaie d’accepter. »
« J’ai pris conscience que je dois désormais faire face à une longue et dure bataille avec mon corps, le match le plus difficile de ma vie. J’ai eu un incroyable soutien de la part de ma famille, dès le jour 1, et je sais qu’ils resteront à mes côtés durant tout ce périple. Sans eux à mes côtés, ce ne serait pas possible. Et pour tout le soutien que j’ai reçu de mes amis, des fans et des clubs du monde entier, je veux dire MERCI ! Votre attention et votre soutien signifient tellement pour moi et ma famille, malgré cette situation. Et également un grand merci à l’ensemble du personnel médical qui a pris soin de moi. »
« Désormais, j’ai besoin de focaliser toute mon énergie sur ma rééducation, afin que je puisse récupérer le plus possible. Désormais, ni moi ni HV71, nous ne livrerons aucun commentaire concernant ma blessure et la situation. Et je vous demande à tous de faire preuve de considération et de respect, à moi et ma famille. »
De fait, la hockeyeuse native de Jyväskylä, paralysée au bas du corps, met un terme à sa carrière à 26 ans. Capitaine du HV71 pour la deuxième année de suite et présente dans cette équipe depuis 2016, Hakala était également une joueuse régulière de l’équipe de Finlande avec laquelle elle a obtenu deux médailles de bronze aux Jeux olympiques, deux autres ainsi qu’une médaille d’argent aux championnats du monde.
Évidemment, l’accident de Sanni Hakala a beaucoup ému, avec des messages de soutien non seulement de ses coéquipières mais de toute la communauté du hockey à travers le monde. Des banderoles de soutien ont été déployées par des fans à Leksand ou Jönköping. Sur Instagram, sa publication a recueilli plus de 20 000 mentions « j’aime » et plus de 2000 commentaires.
Från @leksandtifocrew
Vi uppmanar SAMTLIGA klubbars supportrar, oavsett SHL,HA eller SDHL, att vid er nästa hemmamatch köra Sanni-Hakala som växelramsa i den 23e matchminuten, Sannis tröjnummer.
Vi i LTC står bakom dig och stöttar dig på din resa Sanni!Taistele, Sanni Hakala! pic.twitter.com/BQ4Xzu0ubn
— Svenska Supportrar 🇸🇪 (@SvenskSupport) December 1, 2023
Comme un effet miroir, l’accident de Sanni Hakala fait douloureusement penser à celui de Denna Laing. Le 31 décembre 2015, la veille du Winter Classic opposant les Boston Bruins aux Canadiens de Montréal, Laing réalisait son rêve en jouant une partie en extérieur avec son club du Boston Pride contre les Canadiennes de Montréal, dans l’immense Gillette Stadium dans le sud de Boston. Un match historique pour le hockey féminin, qui a néanmoins basculé en plein cauchemar. Denna Laing a trébuché sur une crosse et a violemment percuté la bande. Évacuée vers l’hôpital, il s’avère qu’elle a eu plusieurs vertèbres de cassées, elle ne ressentait plus aucune sensation sous la hanche. Il lui a fallu une dizaine de jours pour qu’elle puisse reparler grâce à une trachéotomie. Elle est depuis ce jour de rêve qui a viré au cauchemar sur un fauteuil roulant.
L’accident de Denna, alors âgée de 24 ans, avait déjà profondément ému, particulièrement la communauté de Boston. Le récent retraité Patrice Bergeron, emblématique capitaine des Bruins, avait rapidement mené une collecte de fonds. L’acteur Mark Wahlberg, grand amateur de hockey et enfant de Boston, avait également apporté tout son soutien à la jeune femme.
Et d’une décontraction bluffante et exemplaire, Denna Laing avait eu ces mots : « C’est un moment dont il faut se souvenir pour le hockey féminin. Nous sommes rentrées dans l’histoire ce jour-là et je n’oublierai jamais ce moment. Depuis longtemps, je me cherchais un nouveau challenge. Même si je ne m’attendais pas à cela, alors allons-y… »
A Ilta-Sanomat, Niklas Lindblad, le médecin responsable des équipes nationales finlandaises, indiquait qu’il n’avait jamais connu une situation aussi grave concernant le cas Sanni Hakala. Selon lui, jamais une collision avec le poteau n’avait entraîné une paralysie : « tous les cas précédents de paralysie provenaient soit de charges directes avec un joueur, soit d’un contact avec la balustrade. » Une malchance aux graves conséquences.
Comme Denna Laing le 31 décembre 2015, comme le junior d’Ilves Nemo Pajula, seulement 17 ans, qui cultivait le rêve NHL avant son accident lors d’un match U18 le 23 octobre 2023, Sanni Hakala a vu sa vie basculer. Mais comme eux, elle a trouvé une incroyable force de résilience, en témoigne la fin de sa publication partagée sur les réseaux sociaux :
« Cette situation, clairement, elle craint. Mais je n’ai pas peur de m’y atteler. Je ne sais pas ce que je vais faire par la suite, mais je sais que, putain, ce sera incroyable. »