Alors que le lancement de la PWHL a permis au hockey féminin d’obtenir une exposition jamais vue jusqu’à maintenant, les stars en devenir de la discipline avaient rendez-vous avec les Mondiaux U18, à défaut d’une catégorie « junior » U20, toujours au stade de la réflexion de la part de l’IIHF. Il n’empêche que les talents précoces pullulent et ont impressionné durant cette compétition, enchaînant les performances historiques.
Quatre ans après leur dernier sacre, les Américaines sont parvenues à remporter une nouvelle médaille d’or, aux dépens de l’invitée surprise, la Tchéquie. Les Tchèques étaient parvenues à renverser, contre toute attente, le Canada en demi-finale, sur le score de 4-2. Anežka Čabelová (2 buts), Adéla Šapovalivová (2 points) et Aneta Šenková (45 arrêts sur 47 tirs) ont été les grandes héroïnes de cette qualification historique en finale, la première de l’histoire de cette catégorie pour le hockey tchèque. En l’espace de dix jours, les jeunes Tchèques ont déjoué les deux superpuissances nord-américaines puisqu’elles avaient battu 4-3 les États-Unis en match de préparation.
Face aux USA, un départ raté avec deux buts encaissés en douze minutes, puis une supériorité numérique de cinq minutes inefficace n’ont pas pu permettre aux Tchèques de réaliser une nouvelle surprise en finale. Si Šapovalivová est parvenue à marquer le but de l’espoir en fin de seconde période, les deux buts dans le troisième tiers-temps de Kassidy Carmichael, puis un dernier en cage vide d’Ava Thomas ont permis un succès 5-1 des États-Unis. Il s’agit de la neuvième médaille d’or de l’équipe féminine des USA aux Mondiaux U18, le rival canadien totalisant sept titres mondiaux.
La roue a tourné puisque l’année dernière, à Östersund, les Américaines s’étaient fait surprendre en demie par la Suède. Les Tchèques vice-championnes du monde U18 en 2024 peuvent savourer leur médaille d’argent méritée, elles ont d’ailleurs été félicitées par le président de la Tchéquie Petr Pavel. La victoire va bien au-delà de la médaille. Diffusée sur la télévision nationale tchèque, la finale a été vue par plus de 600 000 personnes, ce qui en fait le match de hockey féminin le plus vu de l’histoire du pays !
La tour de contrôle Chloe Primerano
Pris par surprise en demi-finale cette année, le Canada n’a pas flanché lors du match pour la médaille de bronze, surclassant la Finlande 8-1. Abby Stonehouse et Caitlin Kraemer ont chacune inscrit un doublé, Kraemer a ainsi totalisé 10 buts lors de ce Mondial U18, le deuxième meilleur total de l’histoire dans un seul tournoi. Quant à Chloe Primerano, elle s’est offert un match à 3 points contre la Finlande. Décidément l’équipe suomi lui a souri, elle avait déjà inscrit quelques jours avant un tour du chapeau lors de la phase préliminaire, devenant la première défenseure de l’histoire à réaliser une telle performance aux Mondiaux U18.
Primerano disputait sa première compétition officielle avec le Canada, et elle a confirmé les (immenses) attentes qui l’entourent. La native de Vancouver a inscrit 16 points (8 buts, 8 passes) en 6 matchs, faisant d’elle la défenseure la plus prolifique de l’histoire pour un Mondial U18. Pas mal pour une première ! Elle a été élue meilleure défenseure et meilleure joueuse de la compétition. Et elle sera au rendez-vous l’année prochaine puisqu’elle sera encore éligible U18. Primerano n’est d’ailleurs qu’à deux points du record de points amassés pour une défenseure aux championnats du monde U18 appartenant à Jincy Roese.
À 17 ans, Chloe Primerano démontre des aptitudes rares à cet âge, laissant l’impression d’une défenseure déjà très mature, il est évident qu’elle sera un talent dominant en défense pour le Canada dans les années à venir. L’année dernière, elle était devenue la première joueuse à être repêchée par l’un des trois grands circuits juniors masculins du Canada, choisie par les Giants de Vancouver qui évoluent en WHL. Évoluant actuellement à Kelowna, dans sa Colombie-Britannique natale, Primerano a néanmoins fait le choix de rejoindre la saison prochaine l’Université du Minnesota, où ont brillé Taylor Heise et Grace Zumwinkle qui brillent actuellement en PWHL. Nul doute que Primerano poursuivra ce même chemin en devenant l’un des grands noms de la grande ligue professionnelle dans quelques années.
L’école tchèque à la fête
Autre joueuse qui fera parler d’elle : la Tchèque Adéla Šapovalivová. Elle a terminé le tournoi avec 11 points dont 9 buts. Cumulé à ses performances des deux années précédentes, Šapovalivová a d’ailleurs délogé une certaine Marie-Philip Poulin de la cinquième place des meilleures marqueuses de l’histoire des Mondiaux U18 ! Adéla Šapovalivová était un danger permanent avec des aptitudes techniques impressionnantes, elle a été aussi une capitaine remarquable lors de ce tournoi. Avec Anežka Čabelová et Tereza Plosová, la Tchéquie disposait d’un trio redoutable. Plosová disputait d’ailleurs, comme Šapovalivová, son troisième Mondial U18, totalisant 25 points en 16 matchs, soit un point de moins que Poulin.
Hormis le fait d’avoir disputé leur premier Mondial avec l’équipe senior l’année dernière, Adéla Šapovalivová et Tereza Plosová ont la particularité de jouer les premiers rôles en élite suédoise, 22 points avec MoDo pour la première, 19 points pour la seconde avec Djurgården. Deux immenses espoirs qui démontrent une fois de plus l’évolution du hockey tchèque chez les féminines. « Ce n’est qu’un début » assurait Tereza Sadilová, la directrice générale des équipes féminines de Tchéquie, à l’issue de ce Mondial U18. Et on peut la croire. Après tant d’années de négligence du programme féminin, la Tchéquie a pris la mesure du travail à accomplir en intensifiant le travail de formation. Le vivier s’est élargi et des joueuses d’exception ont émergé. Les deux dernières médailles de bronze de l’équipe nationale, les premières, ainsi que cette médaille d’argent pour les U18 tendent à démontrer que la Tchéquie a fait un bon en avant chez les féminines.
Enfin, notons également les 11 points d’Emma Ekoluoma, jamais une joueuse finlandaise n’avait amassé autant de points lors d’un Mondial U18. Elle a marqué cette saison près d’un point par match avec les Kärpät en Naisten Liiga. Quant à Nela Lopušanová, le phénomène de l’édition 2023, la Slovaque est restée quelque peu en retrait avec seulement 3 points, contre 12 l’année précédente. Remettons toutefois les choses en perspective : Lopušanová n’a que 15 ans, elle a rejoint les États-Unis depuis cet été et elle aura encore beaucoup d’occasions de briller.
Les Bleues maintenues en D1A
Parallèlement au Mondial U18 élite à Zoug se disputait le Mondial Division 1A à Egna en Italie. Médaillées d’argent en 2022 et médaillées de bronze en 2023, les Bleuettes n’ont pu se positionner sur le podium cette fois-ci. La sélection tricolore entraînée par Baptiste Arpin a toutefois réalisé l’essentiel en obtenant le maintien, au bénéfice d’une victoire 3-1 sur le Danemark, relégué en D1B. En plus de cette victoire, les jeunes Françaises ont subi deux courtes défaites contre l’Autriche et la Hongrie (même score de 1-2), puis contre l’Italie (1-3). Avec 4 points, la Gapençaise Marleen Origlio, qui évolue cette saison avec l’équipe masculine U17 de Gap, était la meilleure marqueuse de l’équipe de France. Elle a d’ailleurs inscrit le but gagnant face au Danemark synonyme de maintien.
Le travail de l’Italie est d’ailleurs remarquable puisque les Transalpines ont obtenu une troisième médaille consécutive aux Mondiaux U18, la deuxième de suite en argent. Cela fait donc deux ans que l’Italie termine dans le top 10 mondial dans cette catégorie ! Matilde Fantin (11 points) et Manuela Heidenberger (7 points) ont d’ailleurs fini respectivement première et troisième meilleure marqueuse du tournoi. À deux ans des Jeux olympiques 2026 de Milan-Cortina, l’Italie obtient donc de très bons résultats chez les plus jeunes.
Cette Division 1A a été remportée haut la main par le Japon… comme il y a deux ans. Les Nippones, qui ont battu les Bleuettes 6-2, ont réalisé un carton plein avec 5 victoires en 5 matchs, 21 buts marqués pour 4 encaissés. Haruka Kuromaru a été absolument impériale devant le but japonais, elle a disputé les cinq matchs et réalisé un pourcentage d’arrêts de 96,2%. Sa coéquipière Kohane Sato a quant à elle été élue meilleure défenseure.
Des performances identiques à celles de 2022, assurant le retour en élite parmi les huit meilleures nations. Preuve en est une nouvelle fois que le Japon est également une nation soucieuse de son programme féminin, avec un renouvellement de talents permanent.