Alors que l’élite mondiale a dévoilé son verdict avec le sacre du Canada aux dépens des États-Unis, la France et les cinq autres équipes de Division 1A se retrouvent en Autriche, à Klagenfurt, pour tenter de décrocher l’un des deux sésames synonymes de promotion en top division pour 2025.
Ce Mondial Division 1A débute alors que la PWHL, qui a connu trois semaines d’interruption pour les équipes nationales de l’élite, reprenait ses droits le 18 avril. Certaines équipes participantes de D1A ont alors dû négocier avec chaque équipe PWHL pour récupérer leurs représentantes, dont le staff de l’équipe de France pour Chloé Aurard. Au lancement de la PWHL, l’IIHF avait déjà planifié les championnats du monde des différentes divisions, il était alors impossible de faire marche arrière et l’organisation tardive du Mondial D1A était regrettable. Fort heureusement, les équipes PWHL ont consenti à libérer les trois joueuses convoquées pour Klagenfurt.
Pour autant, à l’occasion du Mondial élite d’Utica, les dirigeants de l’IIHF en ont profité pour rencontrer ceux de la PWHL. En est sortie une réunion constructive avec la volonté d’avancer ensemble. Hormis quelques points comme le souhait d’harmoniser les règles concernant les mises en échec (adoptées en Suède et en PWHL) ou de soutenir la structuration des championnats européens, l’une des annonces fortes de l’IIHF est de synchroniser tous les championnats du monde féminins afin que toutes les divisions se déroulent durant le break PWHL. Une excellente chose, une mesure équitable pour toutes les nations, alors que de plus en plus de joueuses européennes rejoindront le circuit dans les années à venir, d’autant plus dans le cas plus que probable d’une expansion. D’ailleurs, Luc Tardif précisait qu’environ une centaine de joueuses du Vieux continent ont candidaté pour intégrer la prochaine draft PWHL. Programmer les trois meilleures divisions féminines au même moment permettra d’éviter les négociations avec les équipes PWHL, et aux joueuses de devoir choisir entre leur club et leur sélection.
Les résultats de ces championnats du monde 2024 n’auront pas seulement une incidence sur la composition des divisions mondiales en 2024, mais également sur les qualifications pour les Jeux olympiques. La composition des tournois de qualification pour Milan-Cortina 2026 sera établie à l’issue de ces Mondiaux. Il est déjà acquis qu’aucune de ces six équipes ne sera en mesure d’organiser l’un des TQO. L’issue de ce Mondial D1A aura le mérite de dévoiler la destination et les adversaires des Bleues pour leur Tournoi de qualification olympique en février 2025.
France
Nous revoilà en Division 1A, l’équipe de France féminine n’a donc pas pu échapper aux lois de l’ascenseur. La mission maintien était bien trop délicate à tenir après l’important renouvellement, arrivé trop rapidement, qu’avait subi la maison bleue au lendemain du Mondial 2022 d’Angers. À Brampton en 2023, les Françaises se sont fait secouer par la Finlande et la Suède, et n’ont pas pu avoir le dernier mot contre l’Allemagne et la Hongrie. Moins armée que lors de son premier Mondial élite en 2019, la France a été surclassée dans bon nombre de secteurs du jeu, il lui a manqué un peu de tout. Une issue fatale pour une équipe qui affichait tout de même à peine 22 ans de moyenne d’âge avec sept joueuses appelées pour leur premier championnat du monde avec les Bleues. Cette saison a vu deux autres départs, deux joueuses de longue date. Athéna Locatelli, qui avait accepté de sortir de sa retraite internationale en 2023, disputait encore une saison à Helsinki, ce qui pouvait entretenir l’espoir d’un nouveau renfort pour le Mondial 2024. La défenseure du HIFK a mis fin aux attentes en février en annonçant qu’elle ne reviendrait pas en équipe de France. Quant à Betty Jouanny, elle a été évincée du groupe, décision prise par le staff en début de saison.
Nouveau chapitre, y compris devant le but puisque Caroline Lambert, qui s’était partagée le travail avec Margaux Mameri à Brampton, a fait ses adieux à la sélection après le tournoi. Si le poste de titulaire tendait les bras à Mameri, Justine Crousy-Théode a totalement rebattu les cartes. La gardienne des Phénix de Reims, première de l’histoire à obtenir un blanchissage dans un championnat de France masculin, a joué la majorité des rencontres de l’équipe de France cette saison, titularisée cinq fois cette saison en plus de deux moitiés de matchs, avec à chaque fois des prestations solides. Sur le premier tournoi, la gardienne de 23 ans a réalisé un blanchissage face à la redoutable Allemagne, et maintenu un pourcentage d’arrêts de 94,4% sur les deux tournois suivants. Elle est en position de force même si elle n’a jamais été alignée en championnat du monde. Margaux Mameri, intégrée elle aussi cette saison dans une équipe masculine avec Meudon, a disputé trois matchs et demi contre la Slovaquie et la Norvège, elle n’a cependant pas connu la défaite. Elle a ensuite disputé deux moitiés de matchs avant ce Mondial contre la Slovénie et l’Autriche. L’alternance sera-t-elle encore de mise à Klagenfurt pour Crousy-Théode et Mameri ? Violette Pianel Couriaut, qui a réalisé une prestation honorable contre la Hongrie en début de saison malgré ses 17 ans, goûtera pour la première fois à l’ambiance d’un championnat du monde senior.
En déficit d’expérience à Brampton, le groupe en a retrouvé avec la naturalisation de la Québécoise Gabrielle De Serres, qui a joué par le passé à la Force de Montréal dans la défunte PHF, et le retour de Léa Villiot après un break d’une saison pour (bonne) cause de maternité. Elles ont toutes deux joué dans le championnat de France féminin, tout comme Sophie Leclerc. D’ailleurs, Villiot a terminé deuxième meilleure marqueuse chez les défenseures avec 48 points en 12 matchs. Marie-Pierre Pélissou sera clairement la patronne de la défense bleue alors qu’elle a tenu encore plus de responsabilités avec Berne cette saison. Aux côtés d’Estelle Duvin, Pélissou a été l’un des maillons forts de Berne qui a remporté la Coupe de Suisse et la saison régulière avant d’échouer en finale contre Zurich à l’issue de la manche décisive. Autre joueuse qui s’est frottée à un tout autre niveau : Lucie Quarto, devenue à seulement 21 ans l’un des maillons importants de l’équipe tricolore en défense et qui a fait ses débuts en NCAA le 5 janvier avec les « Lady Lions » de Lindenwood University. Quarto sera d’ailleurs rejointe la saison prochaine par Elina Zilliox à Lindenwood, seulement 18 ans et l’une des quatre joueuses à disputer son premier championnat du monde en Autriche.
L’équipe de France se présente au complet, et avec des joueuses très en forme. Plusieurs joueuses de l’équipe ont connu la meilleure saison de leur carrière lors de cet exercice 2023-24, rien que ça. En tête, Estelle Duvin et Clara Rozier. Avec Pélissou et Berne, Duvin n’a pu obtenir sa revanche face à Zurich, mais elle a dominé les compteurs de Suisse. Meilleure buteuse (35 buts) et meilleure marqueuse (67 points) de saison régulière, 8 points en playoffs, la Nordiste a été la joueuse la plus prolifique de ces dix dernières années en ligue suisse. En Finlande, Clara Rozier est parvenue à remporter un deuxième titre avec HIFK. La Haute-Savoyarde a inscrit 58 points en 32 matchs de saison régulière, un point de plus que la meilleure performance réalisée par une Française… Estelle Duvin ! Rozier n’a pas chômé non plus en séries éliminatoires, elle a marqué 14 points en 11 matchs, ce qui lui a valu le trophée de meilleure joueuse des playoffs. À 27 ans et 26 ans, Estelle Duvin et Clara Rozier sont à leur sommet, et l’éventualité d’une reconstitution du trio magique avec Chloé Aurard fait saliver. Cette dernière était longtemps incertaine, finalement les pourparlers entre le staff et l’équipe de New York ont donné une issue positive. Souvent alignée sur le deuxième trio de NY, Chloé Aurard a inscrit 6 points en 18 matchs. Elle n’a pas un rôle de top scoreuse comme en NCAA avec Northeastern University où elle jouait avec la superstar suisse Alina Müller. Malgré tout, son jeu a gagné en épaisseur, plus attentive dans les placements, plus affûtée dans la récupération, Aurard est devenue une très bonne joueuse dans les deux sens de la patinoire. En devenant la première Française à rejoindre la PWHL, Aurard a désormais un rôle de modèle qu’elle assume pleinement, et elle aura hâte de montrer l’exemple. Tout cela en compagnie de la capitaine Lore Baudrit, pendant des années placée à l’aile, ce fut le cas encore cette saison à Leksand, mais repositionnée au centre par le staff et Grégory Tarlé.
La France a donc des joueuses très en forme avant d’amorcer ce Mondial de Klagenfurt, et une nouvelle génération tend à s’installer à son tour. Il y a dix ans, les échanges avec l’Université de Montréal avaient permis d’ouvrir une porte vers le haut niveau à de jeunes Françaises. Depuis quelques années, la Ligue collégiale du Québec est devenue l’alternative privilégiée par les jeunes Bleues. Cette ligue, où ont évolué plusieurs membres de la PWHL, fait surtout office de tremplin vers les circuits universitaires américain et canadien. Huit joueuses françaises y ont évolué cette saison, notamment les défenseures Léa Berger et Perrine Lavorel qui y ont occupé une place régulière. Mais comment ne pas évoquer l’incroyable saison de Manon Le Scodan. Auteure d’un point par match en 2022-23, l’attaquante originaire de Sallanches a littéralement explosé cette saison ! En additionnant saison régulière et playoffs, Le Scodan a marqué 91 points (38 buts, 53 passes) en seulement 40 matchs ! Nous avions précédemment évoqué son cas en précisant qu’aucune joueuse dans l’histoire de la Ligue collégiale du Québec n’avait amassé autant de points en une année. Une incroyable performance réalisée donc par une jeune Française ! Sa coéquipière de John Abbott College Jade Barbirati a également amélioré sa précédente marque en inscrivant 76 points en 41 parties. Manon Le Scodan a figuré sur la première équipe étoile de la saison, Jade Barbirati sur la deuxième. Voilà un duo qui pourrait bien être à son aise en Autriche. Les deux joueuses ont été associées avec succès à plusieurs reprises cette saison avec les Bleues, parfois avec Julia Mesplède. L’attaquante de l’Université du Vermont a connu des mois difficiles, une grave blessure qui l’a privée du Mondial 2023 et un retour au jeu délicat en novembre. Toujours en attente de sa première réalisation sur le circuit universitaire, son but gagnant face à la redoutable équipe du Japon en décembre a dû lui faire le plus grand bien. Avec des coéquipières en confiance, Mesplède devrait confirmer son grand potentiel.
L’expérience à Brampton 2023 a été difficile mais elle n’a pas été vaine. Bon nombre de joueuses de l’équipe ont passé un cap, mais elles devront assumer les responsabilités pour tenter une nouvelle promotion en 2024. Sur le papier, la France a probablement l’équipe la plus homogène du tournoi, et sans aucun doute la puissance de feu la plus redoutable en attaque. Il faudra le confirmer sur le plan collectif. Le bilan des matchs de préparation est satisfaisant avec 6 victoires pour 5 défaites. L’équipe de France a réalisé deux matchs amicaux juste avant le Mondial, contre la Slovénie et l’Autriche. Le premier duel a tourné à la déroute pour les Slovènes, les Bleues s’imposant 19-0, une victoire record. Le résultat aux allures de leçon était prévisible puisque, en plus de la division d’écart, la sélection slovène était bien différente de celle qui a disputé le Mondial D1B au début du mois. Il manquait notamment Pia Pren, Sara Confidenti et surtout la gardienne Pia Dukarič, la meilleure gardienne du Mondial D1B (95,1% d’arrêts). Si cette large victoire est à relativiser, il faut admettre que trouver un adversaire pour jouer un match préparatoire alors que la plupart des programmes mondiaux sont terminés n’était pas une mince affaire. Et toutes les équipes réunies pour ce Mondial D1A n’étaient pas forcément disposées non plus à jouer en amical. L’étape à Bled en Slovénie, situé à une heure de toute de Klagenfurt, était prévue. Jeudi soir, les Bleues se sont cette fois-ci inclinées contre l’un de ses futurs adversaires, l’Autriche, sur le petit score de 1-0.
Les revers de cette saison ont été subis une fois contre la Suisse et contre l’Autriche… et trois fois face à la Hongrie, la bête noire. Briser la malédiction magyar tomberait à pic en Autriche.
Alignement
Gardiennes :
Justine Crousy-Théode (Reims), Margaux Mameri (Meudon), Violette Pianel Couriaut (Villard-de-Lans).
Défenseures :
Léa Berger (Cégep de Saint-Laurent / Canada), Gabrielle De Serres (Cergy-Pontoise), Perrine Lavorel (John Abbott College / Canada), Sophie Leclerc (Grenoble), Marie-Pierre Pélissou (Berne / Suisse), Lucie Quarto (Lindenwwod University / États-Unis), Léa Villiot (Tours), Elina Zilliox (Newark Ironbound / États-Unis).
Attaquantes :
Chloé Aurard (New York / PWHL), Jade Barbirati (John Abbott College / Canada), Lore Baudrit (Leksand / Suède), Lisa Cedelle (Anglet), Estelle Duvin (Berne / Suisse), Chloé Gentien (Cégep Dawson / Canada), Julia Mesplède (Vermont University / États-Unis), Emma Nonnenmacher (Cégep Dawson / Canada), Jana Poirrier (Grenoble), Clara Rozier (IFK Helsinki / Finlande), Anaé Simon (Caen).
Pays-Bas
Les Pays-Bas, voilà un petit pays à tous points de vue, où certaines coopérations sont les bienvenues. L’été dernier, la fédération allemande officialisait l’arrivée de l’équipe féminine des Amsterdam Tigers – dont beaucoup de joueuses composent l’équipe nationale – en ligue féminine allemande la DFEL. Un club étranger qui rejoint la Frauen Bundesliga, la septième équipe à participer au championnat allemand, c’est une première dont s’est félicité Markus Schubert, le responsable des opérations au sein de la fédération allemande. Les Allemands n’ont pas été difficiles à convaincre alors que le projet a été porté par la capitaine d’Amsterdam Britt Wortel, qui est également ambassadrice de l’équipementier CCM, l’un des sponsors de l’équipe. L’initiative est profitable pour l’équipe des Tigers, toujours engagée en parallèle dans le championnat national, mais aussi pour le hockey néerlandais de manière générale. « Tout bénéf » donc alors que l’équipe d’Amsterdam profite d’un calendrier adapté pour concilier la pratique du hockey et la vie scolaire ou professionnelle, les matchs se déroulant le week-end.
Le hockey néerlandais va donc dans la bonne direction, et l’équipe de France, qui avait rencontré pour la dernière fois les Pays-Bas au Mondial d’Angers en 2022, devra se méfier. Maintenues en D1A en 2022, les « Oranjeleeuwinnen » (les Lionnes oranges) ont réalisé un tournoi 2023 absolument sensationnel. Avant le début de ce Mondial de Shenzhen, l’entraîneur Marco Kronenburg avait proposé à ses joueuses de jouer la médaille plutôt que la relégation. Elles l’ont finalement pris au mot en ratant de peu une invraisemblable promotion en élite mondiale. Après une large défaite contre le Danemark, les Pays-Bas ont réagi en plantant le premier clou du cercueil de la Slovaquie (reléguée en D1B) avec un succès 3-0, avant deux autres victoires contre l’Autriche (2-1) et la Norvège (6-3). Elles n’ont encaissé le but vainqueur de la Chine que dans le dernier quart d’heure devant les 10 000 spectateurs de Shenzhen. Quatrièmes à égalité de points avec le Danemark (promu avec la Chine en élite) et l’Autriche, les Néerlandaises sont passées à un souffle d’un exploit, une prolongation contre la Chine et la top division lui aurait tendu les bras. « Nous avons quitté la patinoire du dernier match très déçues » commentait Jet Milders. Le sentiment était évidemment partagé : échouer à un point de rejoindre l’élite, alors que les Oranje évoluaient encore dans le quatrième échelon mondial en 2018 !
Les Pays-Bas restent sur la meilleure performance de leur histoire aux championnats du monde avec malgré tout un goût amer. Mais ce parcours a mis en lumière le potentiel de l’équipe entraînée par Marco Kronenburg, toujours assisté par l’ancienne gloire canadienne Jennifer Wakefield. L’équipe 2024 est logiquement très proche de celle de 2023. Les Pays-Bas dépendent toujours des quelques cadres en leur possession. En tête Bieke van Nes, elle est toujours l’une des meilleures joueuses d’EWHL. Van Nes avait inscrit 7 points au Mondial D1A 2023, le meilleur total du tournoi avec sa compatriote Savine Wielenga. Cette dernière, qui a évolué avec Lore Baudrit cette saison à Leksand, disputera à 35 ans son 15e championnat du monde. À 26 ans, Kayleigh Hamers, le troisième pilier, a connu l’une de ses meilleures saisons avec son club suédois de SDE, sa neuvième avec le club stockholmois. Hamers est probablement la meilleure joueuse de l’équipe, et l’une des meilleures défenseures de SDHL, une joueuse appliquée dans son camp, très sûre et une vraie menace offensive. Kayleigh Hamers était la neuvième défenseure la plus productive de Suède. S’agissant des cadres, Julie Zwarthoed est de retour en sélection. Coéquipière de Hamers au SDE, elle est d’ailleurs capitaine de cette équipe suédoise, c’est une joueuse talentueuse et travailleuse qui peut être décisive. Zwarthoed n’était pas venu à Shenzhen en 2023 pour des raisons personnelles, elle sera l’un des maillons forts des Oranje.
Quelques joueuses prometteuses pointent le bout de leur nez, dont Esther de Jong qui évolue également en Suède aux côtés d’une tricolore, Margot Huot Marchand, à Falu. Autre jeune pépite, la gardienne Eline Gabriele avait réalisé de solides performances au Mondial 2023, avec 92,5% d’arrêts en dépit d’avoir été la deuxième gardienne la plus exposée aux tirs du tournoi. Les clefs de la cage devraient de nouveau lui être confiées alors qu’elle a également produit de bonnes performances en Finlande cette saison avec le quatrième meilleur pourcentage d’arrêts. Malgré tout, l’effort collectif et le respect des consignes sont au cœur de la progression hollandaise. Au Mondial 2023, les Néerlandaises ont comptabilisé 50% de tirs sur le but adverse en plus par rapport au Mondial d’Angers l’année précédente. C’est dire si leur jeu a pris de l’épaisseur. En février, elles ont disputé deux matchs très équilibrés contre l’Autriche, une victoire 3-1 et une défaite 2-0. Savine Wielenga et les Oranje, que rencontreront les Bleues dimanche matin, ne seront donc pas à prendre à la légère.
Alignement
Gardiennes :
Eline Gabriele (HPK / Finlande), Arwen ten Cate (Leeuwarden), Djarna Mans (Eindhoven).
Défenseures :
Emily Even (Amsterdam / DFEL), Kayleigh Hamers (SDE / Suède), Michelle van Ooijen (EC Graz / EWHL), Hilde Huisman (Neuberg / Autriche), Jet Milders (Dordrecht), Roos Karst (Heerenveen), Anne Hardenbol (Dordrecht).
Attaquantes :
Aimée Seppenwolde (Wesleyan University / États-Unis), Savine Wielenga (Leksand / Suède), Bieke van Nes (MAC Budapest / EWHL), Zoe Barbier (EC Graz / EWHL), Esther de Jong (Falu / Suède), Kimberly Collard (Amsterdam / DFEL), Nina Visser (Amsterdam / DFEL), Bobbi Strople (Nijmegen), Julie Zwarthoed (SDE / Suède), Nicky Tjin-a-Ton (Amsterdam / DFEL), Maree Dijkema (SDE / Suède).
Norvège
La Norvège est un pensionnaire habituel de la Division 1A, elle évolue dans le deuxième échelon mondial depuis 2007 mais pour autant, elle n’a jamais atteint la top division. En 2023, les Scandinaves n’ont pu confirmer leur médaille d’argent en 2022, loin des débats avec une seule victoire au compteur, 4-2 contre la Slovaquie… surtout grâce à deux buts à 28 secondes d’intervalle. Et la situation économique difficile de la fédération norvégienne de hockey, avec un déficit qui a atteint un million et demi d’euros, n’a pas arrangé les affaires des équipes nationales, dont les activités ont été paralysées pendant un temps. Licenciement de personnel, réduction des coûts et course aux sponsors, la fédération norvégienne a depuis enclenché un plan de sauvetage. Mais en Norvège, le hockey féminin dépend encore beaucoup des groupes privés et des initiatives personnelles pour s’émanciper. Et la ligue élite norvégienne, la Bambusa-ligaen, en est le meilleur exemple.
Bambusa, fondé en 2016, est en fait le plus grand fabricant de chaussettes de Norvège et le sponsor numéro 1 de la ligue depuis 2021. La société créée par Håvard Gundersen, qui est entièrement verte et qui est parvenue à totalement éclipser les produits chinois sur le marché nordique, est particulièrement soucieuse de l’essor du sport féminin. Que le groupe ait prolongé de cinq années supplémentaires son partenariat avec la fédération norvégienne de hockey, il n’y a finalement aucune surprise. L’accord doit permettre au hockey féminin norvégien de passer un palier. Et Bambusa a sollicité un allié de poids pour atteindre cet objectif : la star NHL Mats Zuccarello, désormais investi dans cette mission. Zuccarello a organisé l’année dernière à Stavanger le Zuccarello All Star Game afin de récolter des fonds pour la ligue féminine. L’évènement caritatif a réuni quelques stars du hockey, dont Peter Forsberg, attiré près de 4000 personnes et permis de réaliser un don de 22 000 €. La Bambusa-ligaen vit un nouveau cycle, et elle a vocation à se structurer. Les audiences sur TV2 sont d’ailleurs en augmentation, et la ligue a obtenu un record d’affluence cette saison, 2289 spectateurs ont assisté à un match entre Lillehammer et Storhamar.
Pendant que la fédération norvégienne connaît la plus grosse crise de son histoire, le hockey féminin s’achemine vers davantage de rayonnement. Depuis 2020, le nombre de licenciées a augmenté de 50% pour atteindre plus de 2000 joueuses. La proximité suédoise a toujours un effet bénéfique qui ne fléchit pas : 11 Norvégiennes ont évolué en SDHL cette saison, 18 dans le deuxième échelon NDHL. Nommée capitaine l’année dernière, Mathea Fischer a connu, à 26 ans, la meilleure saison de sa carrière en inscrivant 32 points en SDHL, soit 12 de plus que la saison dernière. Emilie Kruse (18 points) et Andrea Dalen (19 points) se sont également montrées à leur avantage, Dalen brillant en playoffs avec Frölunda. Malgré les difficultés éprouvées lors du Mondial 2023 par la Norvège, Millie Rose Sirum a démontré qu’elle était l’un des meilleurs jeunes talents avec 7 points marqués. L’attaquante de 23 ans a elle aussi connu la meilleure saison de sa carrière, avec Holy Cross en NCAA en doublant sa production.
En défense, on retrouve le pilier Ingrid Morset, mais son ex-coéquipière de Linköping Lene Tendenes n’a pas été retenue. Emma Bergesen est quant à elle l’une des meilleures défenseures du circuit universitaire canadien. Elle avait inscrit le but du titre canadien en 2023, et elle a été élue parmi l’équipe All Star 2023-2024. Thea Jørgensen, coéquipière de Lucie Quarto à Lindenwood University, a pris une place plus importante en NCAA. Enfin, la Norvège a dans sa main un atout dont elle ne disposait pas l’année dernière, et dont l’absence a été préjudiciable puisqu’il s’agit de loin de sa gardienne numéro 1. Ena Nystrøm aura à cœur de rattraper le temps perdu, Hockey News l’avait classée parmi le top 5 des meilleures gardiennes NCAA en début de saison, et elle n’a pas déçu avec un pourcentage d’arrêts de 92,6%. Le nouvel et jeune entraîneur (35 ans) André Lysenstøen, qui a malgré tout une bonne expérience de coaching notamment au sein des équipes juniors de Norvège, dirigera une équipe qui potentiellement peut batailler pour la promotion en élite. Des victoires contre la Slovaquie (5-0) et la Hongrie (4-3 aux tirs au but) et une courte défaite contre la France, les bons résultats du tournoi de février étaient prometteurs.
Alignement
Gardiennes :
Marthe Kongstorp Johansen (Lillehammer), Ena Nystrøm (Mercyhurst University / États-Unis), Linnea Holterud Olsson (AIK / Suède).
Défenseures :
Madelén Haug Hansen (Linköping / Suède), Thea Reiermark Jørgensen (Lindenwood University / États-Unis), Ava Farid Malthe (Rögle / Suède), Ingrid Morset (Linköping / Suède), Thea Rustbakken (Lillehammer), Iben Tillman (Vålerenga), Emma Bergesen Aarthun (Mount Royal University / Canada).
Attaquantes :
Tiril Arntzen (Vålerenga), Marthe Pabsdorff Brunvold (Linköping), Andrea Dalen (Frölunda), Josefine Biseth Engmann (Lillehammer), Mathea Alrek Fischer (SDE / Suède), Andrine Furulund (Färjestad / Suède), Ida Haave (Lillehammer), Emilie Kruse Johansen (Leksand / Suède), Tea Løkke Nyberg (HV71 / Suède), Karoline Pedersen (Rødovre / Danemark), Lotte Pedersen (Björklöven / Suède), Tilde Simensen (Linköping / Suède), Millie Rose Sirum (College Holy Cross / États-Unis), Une Bjelland Strandborg (Adrian College / États-Unis).
Autriche
L’Autriche est une habituée des places d’honneur en Division 1A mais, et comme la Norvège, elle ne s’est jamais qualifiée pour l’élite mondiale. Il s’en est tout de même fallu d’un souffle pour qu’Anna Meixner et ses coéquipières y accèdent pour la première fois l’année dernière. Au Mondial D1A de Shenzhen, les Autrichiennes ont obtenu le même nombre de points que le Danemark, promu pour 2024, mais le goal average défavorable les a de nouveau enlisées au deuxième échelon. L’élite mondiale n’a jamais été aussi proche. L’édition 2024 de la D1A était censée se dérouler une fois de plus en Chine, la fédération chinoise ayant signé un contrat d’organisation pluriannuel avec l’IIHF. La promotion surprise des Chinoises en 2023 a toutefois cassé le contrat, la fédération autrichienne s’est alors précipitée pour se proposer, la bonne aubaine. Après une hésitation avec Linz, c’est Klagenfurt qui a hérité du tournoi. Klagenfurt est une place-forte du hockey autrichien, et la fédération installera d’ailleurs un centre fédéral de performance entièrement dédié au hockey féminin dans la ville voisine de Villach. Cette deuxième patinoire de Villach hébergera toutes les catégories des équipes féminines d’Autriche, celles-ci disposeront de leurs propres vestiaires, d’une salle de musculation, de tout ce qu’il faut pour se développer.
À Klagenfurt, les organisateurs veulent capitaliser sur la popularité du lieu et la Heidi Horten Arena récemment rénovée qui peut accueillir 5000 personnes. L’objectif est clairement de faire encore mieux que Graz 2017 qui avait vu près de 1000 spectateurs de moyenne pour soutenir l’équipe nationale. Celle-ci avait fini en argent, ce qui était encore insuffisant à l’époque pour obtenir la promotion en élite. La « Mission Aufstieg » lancée par la fédération, c’est l’objectif d’atteindre un élan populaire pour animer ce tournoi, comme l’ont fait Angers 2022 et Shenzhen 2023.
Attirer du public et obtenir une grande visibilité, c’est ce que souhaite la fédération pour compenser les effets de la pandémie. L’Autriche a connu plus de restrictions que ses pays voisins et son hockey, en particulier la fragile branche féminine, en a souffert. Diverses initiatives ont été prises pour redonner de l’aplomb au hockey féminin. La fédération est régulièrement en négociations avec des partenaires, dont l’inévitable géant du pays Red Bull. En Allemagne, le Red Bull Munich devrait lancer une équipe féminine dans le sillage de Mannheim, Berlin et Ingolstadt. En Autriche, on espère davantage d’implication de la plus grande société du pays qui a investi depuis longtemps dans le secteur du hockey. La fédération autrichienne avait déjà émis le souhait que chaque club autrichien de la Ice Hockey League masculine ait également une équipe féminine. Un souhait encore difficile à exaucer car la fédération ne peut pas forcer les clubs, qui agiraient pourtant pour le bien commun. Et ceux-ci seraient forcément gagnants à l’arrivée.
On veut donc que Klagenfurt soit avant tout une fête pour redresser le hockey féminin autrichien, avec en ligne de mire une première montée historique parmi l’élite. Mais l’équipe d’Autriche, entraînée par le Suédois Alexander Bröms (également manager de Leksand), avait connu un coup dur en voyant la redoutable buteuse Anna Meixner rejoindre l’infirmerie. Lauréate du Guldhjälmen 2023, le casque d’or remis à la meilleure joueuse de SDHL suédoise, et meilleure marqueuse de l’équipe lors des deux derniers Mondiaux D1A, Meixner avait connu une première blessure en début de saison qui a ralenti sa cadence. Ce fut finalement une saison noire puisque l’attaquante de 29 ans s’est de nouveau blessée en février, gravement cette fois-ci à la cheville avec plusieurs ligaments déchirés. Sa saison semblait terminée mais elle s’est mise au défi de disputer le Mondial D1A à domicile. Meixner, qui tentera d’obtenir une place en PWHL pour la saison à venir, a été incluse dans la liste. Mais sera-t-elle en mesure de récupérer et d’être en pleine possession de ses moyens ? Anna Meixner a retrouvé le jeu contre la France jeudi soir… et elle était sur la glace lors du but inscrit après seulement 34 secondes de jeu ! Un but qui lui a d’abord été attribué, avant de l’être à Annika Fazokas. À voir en tout cas si Iron Meixner retrouvera son meilleur niveau.
Le soulagement, il était déjà pour Theresa Schafzahl, dont la participation a été officialisée par la fédération – et ce n’était pas un poisson – le 1er avril. Après une carrière très productive en NCAA, ex-capitaine l’Université du Vermont, Schafzahl a tout logiquement rejoint la PWHL. Elle a d’ailleurs inscrit le premier but de l’histoire de Boston dans la grande ligue. Privée de Mondial 2023 car blessée, l’attaquante de 23 sera l’atout offensif numéro 1 de l’équipe.
La présence de Schafzahl est une bouffée d’air pour l’offensive, et le secteur défensif a plutôt bonne allure avec en tête Annika Fazokas, patronne de la défense. Fazokas a évolué à Zoug cette saison avec l’un des talents les plus prometteurs de l’Autriche, Leonie Kutzer, 18 ans. L’Autriche peut compter également sur trois défenseures qui se sont fait une bonne place en NCAA : Emma Mörtl, Lisa Schröfl et Karolina Hengelmüller. Enfin, le poste de gardien reste un atout où Selma Luggin, 21 ans, y avait réalisé des performances remarquables au Mondial 2023 avec deux blanchissages à ses deux premiers matchs et un pourcentage d’arrêts de 97,4% sur l’ensemble du tournoi. Luggin a connu une saison honorable en Suède (91,2%) mais, d’un commun accord avec Linköping, elle a préféré finir la saison en DFEL allemande. Selma Luggin devrait logiquement garder son poste de titulaire même si plusieurs Autrichiennes se sont mises en évidence en EWHL… dont Magdalena Luggin, 18 ans et petite sœur de Selma ! Des sœurs gardiennes dans la même équipe nationale, avouons que c’est peu commun ! La « p’tite » Magdalena n’a rien à envier à la grande Selma, elle a très bien performé lors des deux matchs qu’elle a joués cette saison avec l’équipe senior, elle prendra le chemin de la NCAA la saison prochaine à Mercyhurst University. Alignées successivement contre la France jeudi soir, Selma et Magdalena Luggin ont signé un blanchissage commun. Les sœurs gardiennes et leurs coéquipières ont l’ambition de se servir de Klagenfurt comme d’un tremplin pour faire rayonner le hockey autrichien.
Alignement
Gardiennes :
Selma Luggin (Linköping / Suède), Magdalena Luggin (St. Pölten / EWHL), Anja Adamitsch (Lakers Kärnten / EWHL).
Défenseures :
Annika Fazokas (Zoug / Suisse), Karolina Hengelmüller (Penn State University / États-Unis), Hannah Leitner (St. Pölten / EWHL), Antonia Matzka (St. Pölten / EWHL), Emma Mörtl (Long Island University / États-Unis), Laura Nagy (St. Pölten / EWHL), Lisa Schröfl (Long Island University / États-Unis), Charlotte Wittich (St. Pölten / EWHL).
Attaquantes :
Lena Maria Artner (St. Pölten / EWHL), Lena Kristin Dauböck (EC Graz / EWHL), Tamara Grascher (EC Graz / EWHL), Emma Hofbauer (St. Pölten / EWHL), Katharina Killius (Vienna Capitals), Leonie Kutzer (Zoug / Suisse), Marja Asako Linzbichler (Norwich University / États-Unis), Laura Lüftenegger (Vienna Capitals), Anna Meixner (Brynäs / Suède), Hanna Obermayer (Stanstead College / Canada), Tamina Schall (EC Graz / EWHL), Hanna Schwarzer (DEC Salzbourg / EWHL), Anja Trummer (Yale University / États-Unis), Zoey Alexandra Hobitsch (EC Graz / EWHL).
Corée du Sud
L’Italie en 2026, la France probablement en 2030, il y a cet espoir que l’organisation des Jeux olympiques d’hiver permettra un essor du hockey dans le pays organisateur. Les Jeux olympiques 2018 de PyeongChang ont été le seul fait d’armes de l’équipe féminine, comme masculine, de Corée. À la différence de leurs homologues masculins, les féminines ont dû tout de même disputer le tournoi sous une bannière unifiée avec la Corée du Nord. Une belle image de communion dans un climat géopolitique sous perpétuelle tension, mais qui a été un coup dur pour la dizaine de joueuses sud-Coréennes qui ont dû céder leur place à leurs voisines du nord. Depuis, il y a eu clairement le fameux effet JO avec une multiplication des joueuses en quelques années, de 150 à environ 500 aujourd’hui. L’alignement d’une équipe unifiée aux JO 2018 a vu la mise en place d’un système de compensation en faveur de la fédération de hockey. Et le hockey féminin sud-coréen en a pleinement profité puisqu’il dispose désormais d’un véritable camp de base, le superbe complexe sportif de Gwanggyo Lake Park, localisé dans la ville de Suwon, à 35 kilomètres au sud de Séoul.
C’est un complexe entièrement dédié au hockey féminin qui a ouvert ses portes en janvier 2023. Les particuliers peuvent y patiner mais à des horaires restreintes, la patinoire est surtout à disposition de la formation des hockeyeuses et fait office de siège pour l’équipe nationale féminine. Gwanggyo est aussi la maison de l’équipe professionnelle féminine, car il y en a bien une en Corée du Sud, avec des joueuses payées à plein temps pour jouer au hockey. Cette équipe de Suwon s’endurcit en jouant principalement face à des équipes juniors masculines ou des équipes japonaises, en plus de tournées en Europe. Dix joueuses convoquées à Klagenfurt évoluent dans la formation pro de Suwon. La Dream League, la ligue amateure créée en 2022, demeure un terreau précieux qui a permis de pallier à un manque car il était essentielle d’offrir la possibilité de jouer au hockey aux joueuses de 14 à 22 ans, d’autant plus qu’il n’existe aucun programme de hockey au collège ou à l’université malgré la place importante du sport dans la scolarité sud-coréenne.
La ville de Suwon est devenue le cœur du hockey féminin en Corée du Sud, et c’est une véritable fête qui a eu lieu l’année dernière. Le Mondial D1B 2023 était la première compétition organisée dans le tout nouveau complexe sportif, et le public s’est réuni en masse à chaque rencontre pour atteindre 2300 personnes lors du dernier match contre le Kazakhstan, à tel point qu’il a fallu refuser du monde. À l’exception des Jeux olympiques, jamais autant de personnes ne s’étaient déplacées pour assister à un match de hockey. Des milliers de personnes tout au long du tournoi dont de nombreux enfants vêtus de maillot de hockey, la fédération est parvenue à capitaliser sur l’effet olympique grâce à une importante campagne de promotion de son équipe féminine, elle a offert un spectacle de premier choix avec cérémonie d’avant-match et présentation vidéo des joueuses. Et la fête a été totale puisque la Corée du Sud a remporté ses cinq matchs, performance synonyme de promotion en Division 1A, un niveau que n’avait jamais atteint l’équipe nationale féminine !
La Corée du Sud avait écarté d’entrée l’épouvantail de ce Mondial D1B, l’Italie galvanisée par son programme olympique. Huh Eun-bee a été remarquable contre les Transalpines en réalisant 39 arrêts, conservant un pourcentage d’arrêts de 95% alors qu’elle a joué la totalité des matchs du tournoi. Elle ne sera toutefois pas présente à Klagenfurt. Han Soo-jin, Kim Hee-won et Park Jong-ah ont chacune inscrit 6 points. Kim Hee-won et la défenseure Park Chae-lin, respectivement 22 et 25 ans, ont toutefois pris leur retraite. 2023 avait vu le retour en sélection de deux maillons de PyeongChang 2018 : Danelle Im, et Park Yoon-jung connue également sous le nom de Marissa Brandt, la sœur de la joueuse de Boston Hannah Brandt. Mais il s’agissait de leur baroud d’honneur pour vivre un dernier grand moment à domicile. La Corée du Sud a lâché, comme la Chine, le système des doubles passeports, préférant se focaliser sur la formation de joueuses locales. Avec son centre dédié au hockey féminin, elle peut se le permettre.
En revanche, réitérer la performance de la Chine, qui a réussi le tour de force de remporter le Mondial D1B en 2022 et le Mondial D1A 2023, paraît hors de propos. L’équipe reste peu expérimentée sur le plan international, surtout à un niveau que les Sud-Coréennes n’ont jamais atteint. Elles ont disputé deux matchs de préparation contre le Japon, battues 7-0 et 5-0. La France n’a que très rarement rencontré cette nation, la dernière confrontation remontant au Tournoi de qualification pour les JO 2022, une victoire des Bleues 4-0. Il sera encore difficile pour ces Sud-Coréennes de créer l’exploit. Éviter la dernière place synonyme de relégation sera l’objectif de cette troupe entraînée par Kim Do-yoon, assistant de Sarah Murray à Pyeongchang puis de Kim Sang-joon. En poste depuis 2022, il est également l’entraîneur de l’équipe pro de Suwon, il est donc aux premières loges d’un hockey féminin sud-coréen plus ambitieux mais à qui il faut encore du temps pour se structurer.
Alignement
Gardiennes :
Jong-ju Park (Suwon), Yeon-ju Kim (Mokdong), Sewon Ahn (Tiger Sharks).
Défenseures :
Selin Kim (Suwon), So-Jung Lee (Suwon), Tae-Yeon Kim (Shattuck-Saint Mary’s / États-Unis), Ye-Eun Park (KIHA), Dowon Kim (KIHA), Heeoh Song (Tiger Sharks), Sihyun Kang (Norwich University / États-Unis), Ju-Yeon Park (KIHA).
Attaquantes :
Jong-ah Park (Suwon), Soo-Jin Han (Suwon), Ji-Yoon Park (Suwon), Ji-Yeon Choi (Suwon), Si-Yun Jung (Suwon), Nara Kang (Suwon), Yunha Song (Suwon), Eunji Lee (KIHA), Minae Park (KIHA).
Hongrie
Dixième nation mondiale au classement IIHF, la Hongrie est désignée favorite de ce tournoi, étonnante quart de finaliste du Mondial élite en 2022, poussant notamment la Suède et la Finlande au-delà des 60 minutes. À Brampton 2023, les Hongroises n’ont pu éviter la relégation, une courte défaite contre l’Allemagne a causé leur perte. Cette saison, elles ont démontré une bonne forme en remportant les tournois de Budapest en décembre et de Bratislava en février avec un bilan de 6 victoires pour 3 défaites. La domination s’est d’ailleurs renforcée sur la France, régulièrement affrontée et souvent vaincue par les Magyars. Au cours des deux dernières saisons, les Bleues n’ont remporté qu’une seule victoire quand les Hongroises en ont remporté six, dont celle au Mondial de Brampton sur le score de 4-2. Les Tricolores ont par ailleurs perdu les trois confrontations de cette saison, dont deux jeux blancs. La balance est donc fortement déséquilibrée, et on espère qu’elle le sera moins pour ce Mondial de Klagenfurt lorsque les joueuses de Grégory Tarlé défieront leurs meilleures ennemies lors de la dernière journée du Mondial.
Pat Cortina, derrière le banc depuis 2019, entraîne toujours cette équipe, lui qui, rappelons-le, avait réussi le tour de force de mener l’équipe nationale masculine puis féminine en élite mondiale. Son contrat a été prolongé jusqu’en 2025, avec en option les Jeux olympiques 2026. Il est toujours assisté de l’ancienne joueuse Delaney Collins, parfois coach par intérim car Cortina entraîne également le club allemand du SC Riessersee. Le technicien de 58 ans, dont l’objectif est « d’élever encore plus le hockey féminin », apprécie en tout cas les efforts de la fédération hongroise, en particulier de la directrice de l’équipe nationale Zsuzsanna Kolbenheyer. Cortina le reconnaît, le vivier féminin s’agrandit en Hongrie, les joueuses sont plus nombreuses et progressent plus vite. Il avait d’ailleurs prévenu avant de dévoiler sa liste pour le Mondial que le groupe pouvait connaître un renouvellement naturel car « des joueuses U18 tapent à la porte ».
L’équipe de hockey à 3 contre 3 a offert, en début d’année, la première médaille d’or de l’histoire du pays aux Jeux olympiques de la Jeunesse avec une victoire 10-2 en finale sur la Corée du Sud. Durant ce tournoi, la Hongrie n’a connu aucune résistance face à des adversaires peu redoutables (33-0 contre les Pays-Bas quand même) mais cela reste cohérent avec les progressions du hockey féminin hongrois. Plus révélateur, deux semaines avant, la Hongrie obtenait la troisième médaille aux Mondiaux D1A U18 depuis 2019. Réka Hiezl, qui a marqué 36 buts (!) aux JOJ, avait terminé meilleure marqueuse de son équipe du Mondial avec 6 points… alors qu’elle n’est âgée que de 14 ans. Hiezl sera peut-être le grand talent d’exception de la Hongrie, elle a d’ailleurs été intégrée à la pre-liste du Mondial senior par Cortina mais elle devra attendre encore un peu pour performer avec les grandes, elle a été coupée. Cortina n’a jamais été frileux à l’idée de lancer des joueuses en pleine adolescence dans le hockey international. Regina Metzler disputera son quatrième championnat du monde mais on oublierait qu’elle n’a que 18 ans. Cette grande joueuse qui aime perturber dans le slot était d’ailleurs très en vue à Brampton. Metzler avait marqué 5 points en 9 matchs en élite mondiale en 2023 et elle s’est montrée très à son aise en ligue ontarienne cette saison.
L’EWHL, avec trois clubs de Budapest parmi les pensionnaires, reste l’alternative privilégiée par la majorité des joueuses qui veulent obtenir une place en équipe nationale. Réka Dabasi, Hayley Williams, Boglárka Báhiczki-Tóth et Alexandra Huszák y ont fait encore très bonne figure. Cependant, si la logique de coopération entre plusieurs nations doit permettre d’offrir un niveau de jeu plus décent que les championnats nationaux de cette zone géographique, il demeure bien en dessous de ce qui peut se faire dans une nation majeure de la discipline. Le staff a particulièrement incité les joueuses à rejoindre l’étranger pour se développer physiquement. La Suède, qui a la particularité de tolérer un jeu physique, est une destination privilégiée. Les défenseures Eniko Tóth et Lotti Odnoga, qui ont déjà plusieurs années d’expérience de hockey international, ont connu une très bonne première saison en SDHL. Anikó Németh, gardienne titulaire de l’équipe depuis une dizaine d’années et qui a blanchi deux fois la France cette saison, a obtenu une chance à Björklöven, dans le second échelon suédois. Elle y a réalisé de solides performances en saison régulière (93% d’arrêts) mais les deux manches contre Södertälje en playoffs (8 buts encaissés) ont été plus délicates. Elle s’est montrée rassurante en blanchissant l’Autriche la semaine dernière. Quant à sa sœur jumelle Bernadett, elle est toujours présente en défense, elle a d’ailleurs récemment fêté sa 150e sélection.
En NCAA, Mira Seregély est toujours une travailleuse respectée où elle a atteint les 100 parties sur le circuit universitaire, et Emma Kreisz y a fait des débuts remarqués en étant la cinquième meilleure marqueuse de l’Université du Minnesota. Seregély et Kreisz formaient avec Fanni Garát-Gasparics un premier trio très complémentaire. Alors qu’elle avait réussi à obtenir une place parmi l’équipe PWHL d’Ottawa, elle avait inscrit un doublé contre la France en février, une semaine avant de marquer son premier but dans la grande ligue devant quelques fans hongrois qui avaient emmené un drapeau au TD Place. Malheureusement, la saison de Fanni Garát-Gasparics s’est terminée le 5 mars à cause d’une grave blessure qui nécessitera une opération du genou, il lui était impossible de se présenter à Klagenfurt. L’autre joueuse hongroise de PWHL sera bien là, la défenseure Taylor Baker, qui évolue à New York, s’est très bien adaptée avec son jeu physique et pourra donner le ton aux jeunes Adél Márton et Dorka Gengeliczky, futures piliers de la défense. Pat Cortina veut une performance collective pour retourner en élite, et son équipe a les cartes en main pour lui offrir. La bête noire attendra de pied ferme les Bleues.
Alignement
Gardiennes :
Anikó Németh (Björklöven / Suède), Zsuzsa Révész (MAC Budapest).
Défenseures :
Taylor Baker (New York / PWHL), Dorottya Gengeliczky (Trine University / États-Unis), Franciska Kiss-Simon (HK Budapest), Adél Márton (OHA Mavericks / Canada), Fruzsina Mayer (HK Budapest), Bernadett Németh (MAC Budapest), Lotti Odnoga (SDE / Suède).
Attaquantes : Boglárka Báhiczki-Tóth (HK Budapest), Réka Dabasi (HK Budapest), Nikolett Fehér (HK Budapest), Tamara Gondos (MAC Budapest), Imola Horváth (MAC Budapest), Alexandra Huszák (MAC Budapest), Kinga Jókai-Szilágyi (Skellefteå / Suède), Emma Kreisz (Minnesota University / États-Unis), Regina Metzler (OHA / Canada), Berta Mozolai (Stanstead College / Canada), Zsófia Pázmándi (Plattsburgh / États-Unis), Míra Seregély (Maine University / États-Unis), Hayley Williams (HK Budapest).
Calendrier de l’équipe de France
Dimanche 21 avril à 11h30 : Pays-Bas – France
Lundi 22 avril à 16h00 : France – Norvège
Mercredi 24 avril à 19h30 : France – Autriche
Vendredi 26 avril à 12h30 : France – Corée du Sud
Samedi 27 avril à 16h00 : Hongrie – France