Nous y voilà donc, dernière journée, dernier duel de ce Mondial D1A de Klagenfurt. Pour ce dernier combat, l’équipe de France défiait la Hongrie, la bête noire, pour une place en élite mondiale.
La Corée du Sud est d’ores et déjà reléguée, elle sera remplacée en D1A par la Slovaquie l’an prochain.
En revanche, c’est une bataille à trois qui s’est dessinée pour la promotion en élite mondiale. Deux tickets, trois équipes : la France, la Hongrie et la Norvège. Les trois équipes étaient d’ailleurs en mesure de remporter ce Mondial Division 1A. Dans le cas de la France, un point lui suffisait pour être promue, et une victoire dans les 60 minutes permettrait aux Bleues de remporter ce tournoi.
Mais pour obtenir un nouveau titre mondial D1A, il faut déjouer la bête noire, la Hongrie. Les deux équipes s’affrontent régulièrement depuis des années. Si les victoires étaient partagées par le passé, la Hongrie a commencé à prendre le dessus depuis la saison 2019-20. Depuis, le bilan est totalement déséquilibré, 9 victoires pour les Hongroises, 3 pour les Françaises. La domination des Magyars s’est d’ailleurs accentuée au fil du temps : 7 victoires lors des 8 derniers matchs. Les Hongroises restaient également sur une séquence de 4 victoires consécutives, le succès 4-2 au Mondial élite de Brampton en 2023, ainsi que les trois confrontations de cette saison : 3-2, 2-0, 2-0. La dernière victoire des Bleues face à cet adversaire remonte à février 2023, un succès en prolongation au Tournoi de Budapest. Faire pencher la balance de l’autre côté, c’est le souhait des Bleues à Klagenfurt.
Favorites de ce Mondial D1A, le parcours des Hongroises n’a pas été de tout repos : deux maigres victoires 2-0 contre la Corée du Sud puis les Pays-Bas et deux défaites à l’issue des tirs au but contre la Norvège et l’Autriche. La victoire vendredi soir d’Anna Meixner (auteure du tir au but gagnant) et ses coéquipières, conjuguée à la dérive des Sud-Coréennes face à la Norvège (0-8), ont tiré un trait sur une éventuelle victoire de tournoi de la Hongrie. En jouant vendredi soir alors que la troupe de Grégory Tarlé a rencontré la Corée du Sud vendredi midi, le facteur récupération va-t-il piéger la Hongrie ?
Les Hongroises entraînées par l’indéboulonnable Pat Cortina devaient donc impérativement battre la France pour s’approprier le deuxième sésame.
Il faut toutefois préciser que la Hongrie, si elle a souvent dominé dans le jeu ses adversaires, a fait preuve d’une incroyable inefficacité devant le but depuis le début du tournoi. Avant cette rencontre, elles ont tiré au but 142 fois en quatre matchs, de loin le plus haut total, la France étant deuxième avec 112 lancers. Mais au final, le pourcentage d’efficacité hongrois était très faible, 4,93%, quand la France était à 16%. Espérons que Justine Crousy Théode et ses 93,5% d’arrêts depuis le début du tournoi, titularisée pour ce dernier duel aux allures de finale, et les Bleues prolongent cette inefficacité et fassent tomber les bêtes noires.
Prises en défaut en entame de match contre la Norvège et l’Autriche, les Bleues vont réaliser tout le contraire contre la Hongrie. Lore Baudrit montre la voie. Couloir gauche, Chloé Aurard réalise une superbe action individuelle, efface deux joueuses, passe derrière le but et sert Capitaine Baudrit, dans l’enclave, qui ouvre le score en logeant le puck dans la lucarne après seulement 43 secondes de jeu. La mission démarre sous les meilleures auspices, les Bleues prennent déjà le contrôle de la rencontre et tentent même de doubler la mise, mais Anikó Németh ne veut rien savoir devant la cage hongroise, y compris lors de deux supériorités numériques françaises. Même une folle action de Duvin avec un palet brûlant pour Clara Rozier n’a pu finir au fond des filets. Le premier tiers s’achève sur ce score de 1-0.
Mais en deuxième période, malgré une bonne tentative d’Estelle Duvin qui force Németh à un gros arrêt au retour des vestiaires, la Hongrie hausse le ton, notamment par Dabasi et Huszák. Justine Crousy Théode n’a pas le temps de s’ennuyer avec des Hongroises toujours plus dangereuses. La roue va tourner dans la dernière minute du deuxième tiers : Kinga Jókai-Szilágyi, postée dans le slot, adresse une lourde frappe qui passe malgré trois Françaises en opposition et fait mouche (1-1). Égalisation logique d’une équipe de Hongrie qui a repris le dessus.
Et au début du troisième tiers-temps, les affaires se gâtent pour la France. Justine Crousy Théode est sanctionnée pour un faire trébucher devant son but, pénalité servie par Anaé Simon. Míra Seregély se charge de la sanction et donne l’avantage à la Hongrie ; la gardienne des Bleues, irréprochable dans ce match comme depuis le début du tournoi, touche ce maudit palet de la mitaine mais il rentre malgré tout dans le but. Coup de malchance pour la France et un sacré cadeau que se paye Seregély, la jeune joueuse de l’Université du Maine, pour son 21e anniversaire. Les Bleues sont secouées, et Regina Metzler n’est pas bien loin de creuser l’écart.
Mais à la 48e minute arrive le tournant du match : Pázmándi est expulsée, jeu de puissance de cinq minutes pour la France. Les Hongroises vont alors se montrer héroïques, couvrant les angles et bloquant les tirs. Le jeu en infériorité initié par Cortina est bien en place, et Anikó Németh reste vigilante. Les Bleues ne capitalisent pas sur ce long avantage numérique.
Le trafic demeure important sur la cage hongroise, la gardienne française quitte sa cage pour une joueuse supplémentaire. Estelle Duvin tente une dernière action dangereuse à 20 secondes de la fin. Rien n’y fait. Au forceps, la Hongrie s’impose 2-1, les Bleues ne sont pas promues.
Tristesse et désillusion pour la France qui échoue à un but, un point. La Norvège remporte le Mondial D1A et retrouvera l’élite mondiale, 28 ans après. La Hongrie rejoint donc également l’élite mondiale, après seulement un an en D1A.
Cruelle désillusion pour les Françaises qui auront pris des points à chaque match, sauf aujourd’hui pour une finale qui ne s’est pas jouée à grand-chose. Les unités spéciales ont fait la différence, la Hongrie a marqué son but gagnant en avantage numérique et surtout elle a tenu pendant toutes ses infériorités, dont la pénalité majeure de cinq minutes qui faisait office d’occasion en or pour les Bleues. La bête noire hongroise en est désormais à 8 victoires à ses 9 derniers matchs contre la France.
La marge est faible en Division 1A, elle aurait pu l’être encore plus si l’Autriche, capable elle aussi de s’inviter à la table de l’élite, n’avait pas réalisé quelques loupés. Une élite mondiale à douze équipes ne serait pas choquante, mais la réalité actuelle, c’est qu’elle est limitée à dix.
Constat criant : les Bleues n’auront rien lâché du début à la fin de ce Mondial D1A, jamais larguées et toujours appliquées. Encore ce samedi, elles n’ont pas rechigné à aller au combat.
Il reste à la France de poursuivre son travail, avec cette génération Milan-Cortina 2026, et inciter encore et toujours ses joueuses à s’expatrier, en universitaire comme dans les championnats européens, pour demeurer compétitif à l’international.
La prochaine grande échéance sera le Tournoi de qualification olympique en février 2025, probablement au Japon si l’on se réfère au classement IIHF, et dans l’hypothèse que la participation de la Russie aux Jeux olympiques 2026 soit maintenue. Les Bleues y affronteraient les Japonaises, la Chine et une équipe vainqueur du tour précédent de qualification. L’organisation du Mondial D1A 2025 devrait revenir à la Chine, comme il était convenu. Hormis les Chinoises reléguées de l’élite à Utica, la France y retrouvera le Danemark, les Pays-Bas, l’Autriche et la Slovaquie.
Élues joueuses du match : Lotti Odnoga pour la Hongrie, Lore Baudrit pour la France.
Commentaires d’après-match
Pat Cortina (entraîneur de la Hongrie) : « Nous n’avons peut-être pas joué de notre mieux pendant ce Mondial, mais nous nous sommes bien battus. Nous avons eu le match du soir la veille, donc il nous a fallu un certain temps pour nous mettre dans le bain. Après la première période, j’ai dit aux joueuses qu’elles devaient se battre davantage et jouer davantage. Elles devaient toujours se concentrer sur le bon mouvement, le bon geste et créer une dynamique à partir de cela. Quant à la combativité, elle a été exceptionnelle tout au long du match. Je suis heureux que les joueuses aient été récompensées pour tout cela. Nous n’avons pas toujours eu de la chance, nous n’avons pas marqué beaucoup de buts. Si nous avions fait preuve de plus d’efficacité, cela aurait pu être un tournoi plus facile, mais nous avons juste trouvé le moyen de gagner. Ce sont des leçons importantes. »
Hongrie – France 2-1 (0-1, 1-0, 1-0)
Samedi 27 avril 2024 à 16h00 à la Heidi Horten Arena. 482 spectateurs.
Arbitrage de Kelly Cooke (USA) et Anna Hammar (SUE) assistées de Jessica Lundgren (SUE) et Erin Zach (CAN)
Pénalités : Hongrie 29′ (4′, 0′, 5’+20′), France 4′ (2′, 0′, 2′).
Tirs : Hongrie 22 (7, 11, 4), France 25 (7, 7, 11).
Évolution du score :
0-1 à 00’43 : Baudrit assistée de Aurard et Leclerc
1-1 à 39’04 : Jókai-Szilágyi assistée de Kreisz
2-1 à 42’30 : Seregély assistée de Huszák et Kiss-Simon (sup. num.)
Hongrie
Attaquantes :
Míra Seregély (2′) – Alexandra Huszák – Réka Dabasi (A)
Zsófia Pázmándi (+1, 5’+20′) – Emma Kreisz (2′) – Kinga Jókai-Szilágyi
Hayley Williams – Regina Metzler – Boglárka Báhiczki-Tóth
Berta Mozolai – Imola Horváth – Tamara Gondos
Nikolett Fehér
Défenseures :
Taylor Baker – Lotti Odnoga (C)
Franciska Kiss-Simon (A, +1) – Fruzsina Mayer (-1)
Bernadett Németh – Dorottya Gengeliczky (-1)
Adél Márton
Gardienne :
Anikó Németh
Remplaçante : Zsuzsa Révész (G).
France
Attaquantes :
Clara Rozier (A, -1) – Estelle Duvin (A, -1) – Chloé Aurard (A)
Margot Huot Marchand – Lore Baudrit (C, +1, 2′) – Emma Nonnenmacher
Manon Le Scodan – Jade Barbirati – Julia Mesplède
Anaé Simon – Chloé Gentien – Lisa Cédelle
Jana Poirrier
Défenseures :
Sophie Leclerc – Léa Villiot (+1)
Lucie Quarto (+1) – Marie-Pierre Pélissou (-1)
Gabrielle De Serres – Elina Zilliox
Léa Berger
Gardienne :
Justine Crousy-Théode (2′) [sortie de 57’22 à 57’56 et de 58’11 à 60’00]
Remplaçante : Margaux Mameri (G). En réserve : Violette Pianel Couriaut (G), Perrine Lavorel (D).