Le match de ce soir avait, pour les habitués de hockey colmariens et plus globalement alsaciens, une saveur particulière. L’affiche fut durant longtemps un classique de cette division, avec une hégémonie quasi constante du grand frère bas-rhinois sur son cadet haut-rhinois. Ceci avant que les Titans ne concourent dans une division supérieure et se structurent différemment, en incluant alors une partie des réserves strasbourgeoises.
La nouvelle et récente règle des fusions de clubs oblige, et (surtout) en addition d’une volonté des dirigeants colmariens de jouer nettement plus « local », les deux clubs sont redevenus rivaux, (re-)séparés par les antagonismes du légendaire Landgraben. Exit donc (définitivement ?) les fruits d’une entente Alsace hockey. Après tout, le 2 novembre, on fête traditionnellement les défunts !
C’est donc non sans une certaine « émotion » que les travées allaient revoir évoluer ce soir les minots Siegel, Quiniou, Dugas, Wendling, Ricou, Lambert-Jams, Goncalves, Joly, etc… (liste non exhaustive) mais cette fois-ci sous les couleurs strasbourgeoises, après les avoir encouragés dans la lutte pour le maintien sportif des Titans en avril dernier. Ainsi va la vie.
Cette soirée avait enfin une couleur plus inédite puisqu’elle voyait la toute jeune relève U7-U9 remettre à ses idoles seniors leurs maillots officiels, floqués des 30 ans du club. Il y avait donc pas mal de monde, y compris certains joueurs mulhousiens, pour assister à cette rencontre, qu’on pouvait qualifier de gala, au regard de l’enjeu initial, à savoir une partie entre deux clubs bien classés de cette division.
Revenons maintenant au sport.
Lors de la dernière partie à la maison contre les aigles bisontins, et malgré une victoire (crispante) des siens, Genya Kouznetsov avait longtemps pesté contre le mauvais repli défensif de ses hommes. Les Colmariens, privés de nombreux joueurs, avaient ensuite mal voyagé en terre chambérienne, encaissant une lourde défaite (dont un cinglant 5-1 lors de la première période) chez les Savoyards, lors d’une rencontre visiblement très physique et à oublier, selon les mots du même entraîneur. On se doutait donc que ce soir, le repli défensif aurait été travaillé. Et il l’a été. On n’a pas été déçus
À vrai dire, les Titans auront évolué la majeure partie du match dans leur propre terrain, en position d’attente, estimant qu’après tout, le rôle de favori ne leur incombait pas. Ils ont donc laissé la jeune garde strasbourgeoise occuper le match et leur zone, en les attendant « mode compact » devant le slot d’Anatoli Sizov, tout en étant prompts à lancer un raid à la moindre approximation de passe bas-rhinoise. Il y en eut 3 grosses, il y eut donc 3 buts !
Le premier sur un palet qui ricoche mal sur la palette de Noah Wendling, lequel se retrouve pris de vitesse par « Jo » Boehrer qui récupère (1-0 à 4’06″). Le deuxième sur une mésentente de circulation de palet alors que Strasbourg est en supériorité, Boehrer exécute le 2-0 (32’49″), après une première alerte de N’Guiamba dont le break s’écrase sur la transversale strasbourgeoise (30’58″). Le dernier but intervient peu de temps après, quand un palet visiteur est de nouveau mal relancé puis capté par la doublette Boehrer – N’Guiamba, lesquels remontent turbo en combinaison « pif-paf » vers Gauthier Siegel pour le 3-0 (37’20″). Les portes et les crosses claquent sec du côté du banc des visiteurs, visiblement vexés de la tournure des évènements et du réalisme colmarien (3 buts sur 12 tirs cadrés).
Wendling a eu beau y aller en version coast-to-coast (26’16″ puis 31’46″), ses collègues dont Matteo Ricou ont eu beau tirer en rafales successives sur la cage de Sizov (29’15″), puis Owen Dugas à mi-distance (30’33″), ça ne voulait pas rentrer ! Et ça ne rentrera pas non plus dans le dernier tiers, joué version Fort Alamo et où les locaux n’ont visiblement pas beaucoup prévu de sortie. Le môme Loé Turlure, de ses 17 ans tout culottés, aura pourtant gratifié les travées de deux coast-to-coast déterminés mais infructueux (43’42″ et 53’50″), tout comme les brûlots de Yann Quiniou puis de Dugas (53’20″). Sizov capte tout, ou presque comme sur ce contre-pied où là c’est Dame Chance qui empêche de voir le palet franchir la ligne de but (50’21″).
Au final, et même s’ils ont été dominés territorialement et techniquement, ce sont bien les Titans colmariens qui empochent le gain de cette rencontre. On passera sur la manière, même si elle peut être qualifiée de courageuse. Alliant détermination et discipline, les Haut-Rhinois ont rapidement ouvert le score, il leur fut ensuite plus facile de rester concentrés sur sa conservation. À charge pour eux de reproduire le tableau durant les prochains matches et face à des adversaires plus réalistes. Colmar reste en tout cas premier de sa division, ce qui constitue, y compris pour les Titans, une surprenante révélation.
Strasbourg est désormais prévenu, dominer ne rime pas forcément avec gagner. Son hockey rapide, technique, culotté est le signe d’un effectif jeune, à l’instar du feu-follet Turlure, bouillant, inventif, avec de sacrées mains mais qui doit gagner en impact physique. Il lui manque encore un peu de percussion, notamment devant la cage adverse, où un peu plus de présence aurait été la bienvenue samedi soir, notamment en supériorité numérique. Il lui faudra aussi rapidement trouver le point faible du gardien adverse. Visiblement, ce n’était pas la mitaine impériale sur ce match de Sizov, mais c’était peut-être sa plaque, qui elle n’a pas beaucoup été éprouvée. Il faudra vérifier tout ceci lors de la revanche, jouée… samedi prochain à l’Iceberg !
Colmar – Strasbourg II 3-0 (1-0, 2-0, 0-0)
Samedi 2 novembre 2024 à 18h10 à la patinoire municipale de Colmar. Environ 500 spectateurs.
Arbitres : MM. Corentin Wolff et Ludovic Pasian.
Pénalités : Colmar 12’ (4’, 6’, 2’) ; Strasbourg 6’ (4’, 2’, 0’)
Tirs : Colmar 16 (7, 7, 2) ; Strasbourg 36 (8, 11, 17)
Évolution du score :
1-0 à 04’06″ : Boehrer assisté de N’Guiamba
2-0 à 32’49″ : Boehrer (inf. num.)
3-0 à 37’20″ : Boehrer assisté de N’Guiamba
Colmar
Attaquants :
Renaud Studer – Bastien N’Guiamba – Jonathan Boehrer
Joan Koenig (A) – Antoine Dauthier – Rayen Strayer
Alexandre Karcher – Victor Patois (ou Leo Studer) – Paul Fuchs
Défenseurs :
Éloi Lenner – Benjamin Bauer
Lucas Maurer (C) – Edouard Alves
Noah Bean – Alexis Parolo
Iliann Eigelthinger
Gardien :
Anatoli Sizov
Remplaçant : Enak Strum (G). Absent : Romain Piazzon (fracture du péroné, 3 mois).
Strasbourg II
Quatre duos d’ailiers :
Nathan Goncalves – Romain Schmitt
Arthur Desson – Pamphile Beau
Clément Tognan – Mathis Joly
Merlin Gendreau – Nino Abdelali
en rotation avec les trois centres Yael Labrunie, Loé Turlure et Thomas Lestrade
Défenseurs :
Owen Dugas – Yann Quiniou (C)
Noah Wendling – Mathieu Lambert-Jams
Matteo Ricou – Théophile Ruch
Gardien :
Gauthier Siegel
Remplaçant : Léo Joguet (G). Absents : Anthony Goncalves, Gaby Da Costa.