[Mise à jour du 11/01/2025 : en conférence de presse, la vice-ministre des Sports Ireneusz Ras a annoncé que la Pologne participera bien au TQO, une solution alternative de financement sera trouvée malgré les difficultés rencontrées.]
Le mois prochain, l’équipe de France féminine disputera au Japon son Tournoi de qualification olympique, afin d’obtenir un ticket olympique pour les JO de Milan-Cortina 2026. Les hockeyeuses françaises sont censées rencontrer les Nippones et la Chine, mais la présence du troisième adversaire, la Pologne, est mise en doute.
Le communiqué est quasiment passé inaperçu le 27 décembre : la fédération polonaise annonçait qu’elle n’était pas en mesure de couvrir les frais de déplacement au Japon pour sa sélection féminine, elle s’en remettait alors aux instances centrales. Le coût d’un tel déplacement est estimé à 60 000 euros, une somme non négligeable alors que la fédération polonaise de hockey, comme d’autres fédérations sportives du pays, est endettée. À l’été 2023, l’endettement de la fédération de hockey avait atteint 5 millions d’euros alors que l’endettement des fédérations sportives est un problème persistant et connu de tous depuis une dizaine d’années, sans que les Ministres des Sports ne soient en mesure de le régler.
L’équipe nationale féminine est acculée en pleine crise du sport en Pologne, ce qui limite les solutions. Un amendement à la loi du sport devait moderniser son organisation et permettre davantage d’équité : introduire davantage de femmes dans les conseils d’administration des fédérations sportives, instaurer un pouvoir de représentation des athlètes, permettre une médiation pour les cas de violence ou de discrimination, mieux encadrer les athlètes étudiants et les athlètes enceintes, mieux protéger les arbitres.
La SEJM, la Diète de la république de Pologne qui exerce le pouvoir législatif, avait adopté cet amendement en novembre, le Sénat a ensuite suivi mais le Président Andrzej Duda (issu du parti conservateur et nationaliste PiS qui a perdu les dernières élections et la majorité au parlement) y restait opposé. Juste avant Noël, il a décidé de saisir le Tribunal Constitutionnel. Cette décision a largement été critiquée par le monde du sport, dont la fédération de hockey, et elle demeure incomprise. À défaut de fonds d’une fédération de hockey criblée de dettes, le Ministère des Sports pouvait être une alternative mais il n’est pas en mesure de financer l’équipe féminine de hockey, un tel financement serait bloqué par huissier. Le fait que la nouvelle loi du sport soit en stand-by bloque toute aide financière.
Le Ministre des Sports Sławomir Nitras a proposé que ces frais soient couverts… par le Président Duda lui-même !
Nitras affirmait avant le Nouvel An dans les colonnes de tvp.info : « Je voudrais vous informer que je demanderai d’urgence au président d’exiger – parce que les filles doivent acheter des billets pour le Japon avant le 10 janvier – qu’il paie ces billets, puisqu’il ne m’a pas permis de payer en refusant de signer cet amendement. La totalité de la SEJM savait que de tels cas se produisaient, la loi devait entrer en vigueur avant le 1er janvier. »
Le Comité olympique polonais est en conflit avec le Ministère des Sports mais son président, Radosław Piesiewicz, a proposé son aide. Piesiewicz se propose d’être un médiateur, il espérait également pouvoir lever des fonds. Précisons que l’IIHF n’avait pas encore communiqué sur cette situation.
L’équipe féminine de Pologne avait obtenu cette place pour le TQO avec brio après avoir triomphé au tour intermédiaire de qualification olympique, 3 victoires en 3 matchs. Les Polonaises avaient déjoué les pronostics : devant 1018 spectateurs, elles avaient nettement dominé la Corée du Sud 5-0, une nation pourtant mieux classée qu’elles au ranking IIHF. Ce dernier match avait d’ailleurs cartonné à la télévision polonaise avec 87 000 téléspectateurs dont un pic à 261 000, un record pour le hockey féminin alors qu’un pic à 271 000 a été observé l’année dernière pour les qualifications masculines.
L’humeur était donc à la fête avec cette qualification pour le tour final en poche, un rêve olympique toujours en vie pour Karolina Późniewska et ses coéquipières. Mais désormais, les hockeyeuses polonaises en sont à la gueule de bois…