Après avoir coulé contre le Japon en ouverture du TQO, l’équipe de France féminine a donc réagi avec caractère et avec talent samedi en dominant la Chine 4-1. Un succès solide face à une équipe qui a joué le Mondial élite en 2024 et qui accueillera la France au prochain Mondial D1A. On peut regretter qu’il n’y ait pas eu de blanchissage ou plus de buts, histoire de combler davantage le goal average négatif. Les Bleues ont maîtrisé leur sujet, et cette victoire aura eu le mérite de réinjecter de la confiance. Leur (mince) espoir pour être repêché comme meilleur deuxième en cas d’exclusion de la Russie demeure.
Le Japon est déjà qualifié et deux finales sont disputées ailleurs : la Suède et le Danemark à Gävle, l’Allemagne et la Hongrie à Bremerhaven devront se départager pour un ticket olympique. Ces quatre équipes sont donc forcément en ballotage favorable par rapport aux Françaises avant les dernières rencontres.
En revanche, c’en est fini de la Pologne, battue aux tirs au but par la Chine puis surclassée 6-0 par le Japon… avec six buts marqués en première période ! Les Japonaises sont notamment parvenues à inscrire trois buts en l’espace de 91 secondes ! Les Polonaises n’ont pas eu réellement leur mot à dire avec seulement cinq tirs sur Miyuu Masuhara en 60 minutes, et elles doivent enchaîner une deuxième confrontation face un adversaire nettement supérieur en l’espace de 24 heures.
Et c’est une confrontation inédite puisque les équipes féminines de France et de Pologne ne se sont jamais affrontées, ni en amical ni en match officiel. Et ce sont deux divisions qui les séparent puisque la Pologne a été reléguée l’année dernière de D1B, elle jouera en 2025 dans quasiment une autre dimension en Division 2A : à Bytom, elle accueillera l’Espagne, l’Islande, la Corée du Nord, le Mexique et Taipei. Face à une équipe de France qui a connu par deux fois l’élite mondiale, et avec la fin de tournoi, les Polonaises ne seront-elles pas trop émoussées ?
La France elle n’a qu’un seul objectif : gagner et marquer des buts ! Le trio magique Rozier – Duvin – Aurard est d’ailleurs recomposé pour l’occasion. Si Margaux Mameri doit faire un premier arrêt sur Joanna Strzelecka qui a subtilisé le palet à Lore Baudrit, le tableau d’affichage ne tardera pas à se débloquer, et ce sera pour la France. Margot Huot-Marchand part seule parmi les cinq joueuses polonaises, s’infiltre, frappe une première fois, une deuxième fois, la troisième est la bonne, la gardienne Martyna Sass et sa défenseure Zielińska ne parvenant pas à couvrir les angles (1-0, 02’03).
Le début est parfait mais ne croyez pas que la France va s’arrêter en si bon chemin. À la 3e minute, Clara Rozier reçoit une longue et belle passe de Sophie Leclerc, l’attaquante bernoise part seule mais Sass réussit à stopper la tentative. La capacité de réaction de la Pologne est timide, Mameri doit faire un arrêt du gant sur un tir lointain. Et à la 5e minute, les Bleues doublent la mise. Clara Rozier déborde côté gauche et revient vers le centre, elle frappe, Sass est alors masquée par l’écran d’Estelle Duvin (2-0, 04’53).
Les Polonaises sont totalement prises à la gorge, les Françaises patinent fort et confisquent littéralement le puck. Et les occasions tricolores continuent de s’enchaîner avec Duvin, Le Scodan, De Serres, Huot Marchand et Nonnenmacher. Natalia Nosal fait trébucher Huot Marchand. Les Bleues s’installent et font circuler le palet sans difficulté, Manon Le Scodan en hérite poteau gauche et sert dans l’axe Clara Rozier qui canarde et trouve la cible (3-0, 11’24).
La pénalité est terminée mais les Bleues, elles, n’en ont pas fini. Emma Nonnenmacher dans l’enclave réalise une remise instantanée pour Lore Baudrit qui frappe, c’est poteau rentrant (4-0, 13’37). L’entraîneur polonais Arkadiusz Sobecki demande alors un temps mort, histoire de remettre les idées en place de ses joueuses. Aussitôt revenues sur la glace, les Françaises ne freinent pas et repartent à l’abordage avec une action à trois Rozier, Duvin et Aurard, Martyna Sass réalise alors un superbe arrêt. Mais la pauvre gardienne polonaise est totalement laissée à l’abandon. Dans sa zone derrière le but, Joanna Strzelecka immobile se fait voler le palet par Estelle Duvin qui repasse devant le but et loge du revers le palet sous la barre, superbe action de l’attaquante des Bleues (5-0, 14’04).
La Pologne est toujours assommée, Rozier, Nonnenmacher, Cédelle se montrent tour à tour dangereuses. Sophie Leclerc et Clara Rozier re-tente alors leur combinaison : longue passe de la défenseure pour la snipeuse qui part seule et remporte cette fois-ci son duel face à Martyna Sass (6-0, 18’53). C’est un hat trick en une période pour Clara Rozier ! La sirène retentit, vingt-quatre heures après le Japon, les Polonaises ont donc de nouveau encaissé six buts dans les vingt premières minutes ! Et on ne pouvait rêver meilleur départ pour la France.
Margaux Mameri a donc passé un premier tiers plutôt calme avec 5 arrêts, elle doit toutefois intervenir au début du deuxième lorsque Magdalena Łąpieś part en échappée. À la 22e minute, les Bleues doivent jouer leur première infériorité du match après une faute de Nonnenmacher. Hormis une puissante frappe de la capitaine Karolina Późniewska, la pénalité est tuée sans grande difficulté. Les Polonaises se montrent plus incisives, mais ce n’est pas pour autant que les Françaises se montrent discrètes. Les occasions s’enchaînent de nouveau : Pélissou sur une bonne passe d’Aurard qui avait réussi à s’infiltrer couloir droit, et à la 29e minute une lourde frappe de Duvin trouve le poteau.
Le trio magique des Bleues est en action et conserve le palet en zone offensive, Estelle Duvin file derrière la cage et sert dans le slot Chloé Aurard qui mitraille et ne laisse aucune chance à Sass (7-0, 29’27). Après un bon début de deuxième période, les Polonaises faiblissent, Późniewska, Dziwok offrent les rares chances après la mi-match. Martyna Sass doit elle intervenir sur Lore Baudrit et Margot Huot Marchand. Si elle est moins sollicitée, Margaux Mameri reste calme et vigilante. À la 35e minute, Wiktoria Sikorska contre Baudrit à la ligne bleue, intercepte le palet et part seule, la gardienne des Bleues réalise l’arrêt avec beaucoup de sang-froid.
La Pologne se retrouve de nouveau en supériorité numérique à la 35e minute, Leclerc faisant trébucher Nosal. Margaux Mameri réalise alors un superbe arrêt réflexe de la mitaine sur Późniewska, ses coéquipières ne manquent pas de la féliciter ! La pénalité française est toujours en cours mais la France n’entend pas freiner ses assauts. Aurard s’active à aller chercher le palet à l’autre bout de la patinoire, le récupère et sert à l’opposé Baudrit, étrangement seule, qui reprend de volée, Sass repousse. C’est ensuite Duvin et Rozier qui partent en contre, Duvin la joue seule, feinte Sass qui ne se laisse pas surprendre et se jette sur le puck. La pénalité est donc tuée et les dernières minutes du deuxième tiers se passent dans le camp polonais, la France réalise une forte pression, Cédelle et Le Scodan obtiennent de bonnes chances jusqu’à la deuxième pause. La France aura tiré 42 fois au but en deux périodes.
Et les Bleus continuent de s’installer dans le camp polonais au début du troisième tiers-temps, elles ont de bonnes séquences de possession alors que les Polonaises enchaînent quelques dégagements interdits, ce qui hache le jeu. Duvin, Galbrun, Le Scodan et Huot Marchand offrent de bonnes opportunités à la France. Les incursions polonaises ont beau être rares, Mameri continue de fermer la porte, devant Ewelina Czarnecka et Brzezińska.
À la 52e minute, Estelle Duvin semble marquer un but de toute beauté, elle subtilise le palet à Nikola Isztok qui s’apprêtait à relancer, Duvin se présente seule et essaie de loger le palet sous la barre. Il s’avère finalement que la partie extérieure de la barre transversale a repoussé le palet qui a rebondi ensuite sur le poteau, le but est finalement refusé. Les Bleues continuent néanmoins de dominer nettement en termes de possession, encore Duvin puis Zilliox, Galbrun et Rozier enchaînent encore les occasions.
Le huitième but finit par arriver. Clara Rozier part en contre couloir gauche et sert Estelle Duvin qui reprend au centre, le but est cette fois-ci bien valable (8-0, 58’14). Score final ? Même pas ! À 21 secondes de la fin, Julia Zielińska charge brutalement Duvin. Et c’est ensuite service express : mise en jeu gagnée, quelques passes et Duvin tente la frappe qui n’est pas appuyée, Chloé Aurard s’empare du puck et bat Martyna Sass qui était en retard (9-0, 59’47).
On pouvait se douter que la Pologne allait connaître un coup de fatigue après trois matchs en quatre jours à un niveau qu’elle n’a pas l’habitude de jouer. La France surmotivée en a profité pour soigner son goal-average, un succès qui éclipserait la lourde défaite contre le Japon. Margaux Mameri a eu affaire à 18 lancers, elle obtient un blanchissage mérité tant elle aura été solide et propre après l’avoir été contre la Chine. Le trio magique Chloé Aurard, Estelle Duvin et Clara Rozier a été intraitable avec 17 points (!) pendant cette rencontre. C’est la première fois en l’espace de 13 ans (depuis les Mondiaux D1B 2012 contre les Pays-Bas) que les Bleues marquent 9 buts en match officiel, et c’est surtout la victoire la plus large de l’histoire de l’équipe de France féminine en match officiel !
Contrat rempli. Avec deux victoires et six points, les Bleues terminent deuxièmes de leur groupe de qualification olympique. Avec un goal-average à +6, les Françaises sont désormais en ballotage favorable en tant que meilleures deuxièmes, ce qui n’était pas gagné. La déroute japonaise a été gommée par une performance historique. Il faudra néanmoins patienter jusqu’à dimanche soir et les derniers résultats des autres groupes pour savoir si la France est repêchable, puis éventuellement la décision du CIO en mars.
France – Pologne 9-0 (6-0, 1-0, 2-0)
Dimanche 9 février 2025 à 12h00 à la Nepia Ice Arena de Tomakomai. 610 spectateurs.
Arbitres : Kelly Cooke (USA) et Zuzana Svobodova (TCH) assistées de Laura Gutauskas (CAN) et Kristyna Hajkova (TCH).
Pénalités : France 4′ (0′, 4′, 0′), Pologne 4′ (2′, 0′, 2′).
Tirs : France 55 (29, 13, 13), Pologne 18 (5, 8, 5).
1-0 à 02’03 : Huot-Marchand
2-0 à 04’53 : Rozier assistée d’Aurard
3-0 à 11’24 : Rozier assistée de Le Scodan et Duvin (sup. num.)
4-0 à 13’37 : Baudrit assistée de Nonnenmacher et Huot-Marchand
5-0 à 14’04 : Duvin assistée d’Aurard et Rozier
6-0 à 18’53 : Rozier assistée de Leclerc et Pélissou
7-0 à 29’27 : Aurard assistée de Duvin et Rozier
8-0 à 58’14 : Duvin assistée de Rozier et Aurard
9-0 à 59’47 : Aurard assistée de Rozier et Duvin (sup. num.)
France
Attaquantes :
Clara Rozier (A, +6) – Estelle Duvin (A, +6) – Chloé Aurard (+5)
Manon Le Scodan – Julia Mesplède – Sehana Galbrun
Emma Nonnenmacher (+1, 2′) – Lore Baudrit (C, +1) – Margot Huot-Marchand (+2)
Lisa Cedelle – Chloé Gentien – Anaé Simon
Défenseures :
Sophie Leclerc (+6, 2′) – Léa Villiot (+4)
Lucie Quarto – Elina Zilliox
Marie-Pierre Pélissou (+2) – Gabrielle de Serres (+2)
Léa Berger
Gardienne :
Margaux Mameri
Remplaçante : Justine Crousy-Théode (G). En réserve : Violette Pianel Couriaut (G), Perrine Lavorel (D), Jade Barbirati, Janna Poirrier (A).
Pologne
Attaquantes :
Karolina Późniewska (C, -1) – Ida Talanda (A, -1) – Wiktoria Sikorska (-2)
Magdalena Łąpieś – Ewelina Czarnecka (A, -1) – Maja Brzezińska (-1)
Tatiana Onyshchenko (-4) – Wiktoria Dziwok (-4)
Alicja Mota (-1) – Aleksandra Górska (-1) – Weronika Huchel
Défenseures :
Natalia Nosal (-1, 2′) – Patrycja Sfora (-1)
Dominika Korkuz – Wiktoria Gogoc (-3)
Julia Zielińska (-2, 2′) – Anna Kot (-3)
Nikola Isztok (-1) – Wiktoria Kędra (-3)
Joanna Strzelecka (-5)
Gardienne :
Martyna Sass
Remplaçante : Agata Kosińska-Horzelska (G). En réserve : Nadia Ratajczyk (G).