Au rendez-vous du record

Vladislav Tretiak avait éventé le secret de ce match dans un stade, que les organisateurs auraient préféré dévoiler eux-mêmes, mais ils ne sont pas rancuniers envers le président de la fédération russe. Ils ont ouvert la soirée avec un match de légendes entre les anciennes gloires du hockey allemand et du hockey soviétique. La cérémonie d’ouverture s’est poursuivie avec la diffusion des meilleurs moments de la victoire de l’Allemagne sur les États-Unis aux Jeux olympiques 1976 (4-1), qui lui avait permis d’obtenir une incroyable médaille de bronze.

Les Allemands se présentent dans un beau maillot or, suffisamment vif pour être vu de très loin dans le stade, et n’hésitent pas à aligner le jeune Dennis Endras, qui doit réaliser un arrêt capital à la septième minute lorsque Krueger et Schütz perdent le palet face à un seul adversaire dans le fond de leur zone alors qu’ils ont laissé un joueur seul dans le slot. La deuxième erreur grossière est signée Christoph Ullmann qui se fait contrer en zone neutre à quatre contre quatre : Nick Foligno se présente seul devant le gardien d’Augsbourg, qui s’interpose de la jambière.
Hormis ces deux alertes, l’Allemagne est conforme à sa tradition dans cette première période : du travail, de la discipline, et aucune occasion pendant longtemps. Mais les Américains finissent par commettre à leur tour deux erreurs dangereuses : un rebond lâché par Scott Clemmensen sur un tir de Robert Dietrich, puis, juste avant la pause, un palet perdu en zone neutre par Brandon Dubinsky face à Sven Felski alors que son équipe est en supériorité numérique.

Il râle un peu peu plus quand Butenschön se fait pénaliser pour avoir poussé Kreider dans la balustrade. Jack Johnson dirige le jeu de puissance et s’appuie sur Keith Yandle qui trouve une excellente passe transversale vers T.J. Galiardi qui reprend de volée, mais Dennis Endras réussit une spectaculaire parade. Les Allemands sont de mieux en mieux en place défensivement. Ils mettent même une pression de plus en plus forte dans la zone offensive avec un bon effort général dans les bandes. Les hommes de Krupp semblent maintenant en confiance et leur nervosité s’est dissipée.
Les Américains sont remontés comme des pendules à la sortie du vestiaire, mais Endras l’est tout autant. Robert Dietrich accroche Hillen, mais lors de l’avantage numérique, le capitaine Jack Johnson lui-même voit sa passe interceptée à la bleue par Marcel Goc. Malgré deux bons tirs de Galiardi, la pénalité est tuée.

Le jeu reprend pour les sept dernières minutes. Après une longue installation de la première ligne, un tir en angle de Jack Johnson ricoche sur le haut de la barre. Les Allemands sont sous pression mais font bloc pour conserver ce point précieux jusqu’à la fin.
Un résultat mérité pour l’Allemagne. Le gardien Dennis Endras a fait une très bonne impression pour son premier match de championnat du monde. Les leaders offensifs Goc et Wolf ont assumé leurs responsabilités, et tous les joueurs ont payé de leur personne dans les duels, du joueur de l’ombre comme Hager au plus renommé comme Gogulla. En défense, le jeune Korbinian Holzer se comporte déjà en patron

Les États-Unis avalent une belle couleuvre avec cette défaite, mais ils ont semblé se débloquer dans le jeu pendant la soirée. Leur première ligne Foligno-Dubinsky-Okposo a longtemps manqué de liant et a perdu trop de palets par entêtement individuel. Mais dans le troisième tiers-temps, avec le précieux soutien offensif du duo Johnson-Yandle, elle est devenue dominante avec de longues séquences installées. Cette équipe ne doit donc pas être enterrée si ce cinq majeur fonctionne.
Désignés joueurs du match : Ryan Carter pour les États-Unis et Dennis Endras pour l’Allemagne.
Commentaires d’après-match
Brandon Dubinsky (attaquant des États-Unis) : « C’était très fun. Des fans aussi passionnés qu’en Allemagne sont remarquables. Bien sûr, le résultat ne correspond pas à nos attentes. La glace était certes rugueuse, mais cela ne peut pas être une excuse. Les Allemands ont joué sur la même glace, même s’il était parfois difficile de contrôler le palet. Mais c’était cool d’avoir été présent à un record du monde. »
Uwe Krupp (entraîneur de l’Allemagne) : « C’était une excellente performance de gardien. La glace mobile était jouable. Hier à l’entraînement elle était très rugueuse, mais aujourd’hui elle était bonne. »
Dennis Endras (gardien de l’Allemagne) : « Je n’étais pas si nerveux. J’avais espéré jouer. C’était un gros travail. Les gens oublient que les gardiens aussi doivent beaucoup patiner. Franchement, mes jambes me font mal pendant que je reste debout à répondre aux questions. Le but encaissé était bien sûr énervant. Le palet est si petit qu’il peut toujours rentrer pendant une mêlée devant le but. »

Vendredi 7 mai 2010 à 20h15 à la Veltins Arena de Gelsenkirchen. 77803 spectateurs.
Arbitrage de Christer Lärking (SUE) et Chris Savage (CAN) assistés de Roger Arm et Tobias Wehrli (SUI).
Pénalités : États-Unis 8′ (4′, 2′, 2′, 0′) ; Allemagne 8′ (4′, 2′, 2′, 0′).
Tirs : États-Unis 32 (8, 10, 14, 0) ; Allemagne 20 (7, 7, 5, 1).
Évolution du score :
0-1 à 25’20 » : Wolf assisté de Müller et Ullmann
1-1 à 48’28 » : Carter
1-2 à 60’21 » : Schütz
États-Unis
Gardien : Scott Clemmensen.
Défenseurs : Jack Johnson (C) – Keith Yandle ; Andy Greene – Matt Greene (A) ; Mike Lundin – Jack Hillen ; Matt Gilroy – Taylor Chorney.
Attaquants : Nick Foligno – Brandon Dubinsky – Kyle Okposo (A) ; T.J. Oshie – T.J. Galiardi – David Moss ; Tim Kennedy – Ryan Polutny – Eric Nystrom ; Chris Kreider – Ryan Carter – Christian Hanson.
Remplaçant : Ben Bishop (G).
Allemagne
Gardien : Dennis Endras.
Défenseurs : Korbinian Holzer – Robert Dietrich ; Justin Krueger – Alexander Sulzer ; Sven Butenschön – Nikolai Goc ; Constantin Braun.
Attaquants : Philip Gogulla – Marcel Goc (C) – Felix Schütz ; Marcel Müller – Christoph Ullmann – Michael Wolf (A) ; André Rankel – Kai Hospelt – Patrick Hager ; John Tripp – Alexander Barta – Sven Felski (A).
Remplaçant : Dimitrij Kotschnew (G).









































