Calculer n’est jamais une situation facile en hockey sur glace, mais Grenoble est en ballotage favorable avant son dernier match de poule en CHL. Un point suffit à se qualifier en huitièmes de finale. Même une « petite » défaite pourrait être un bon résultat, car la différence de buts peut compter. Mais on ne le saura vraiment que demain soir, quand auront lieu la plupart des autres rencontres-clés. Ce soir, les Brûleurs de Loups veulent se rendre maîtres de leur destin. Ils ont récupéré les centres Nicolas Deschamps et Adel Koudri revenus au jeu vendredi et le joker Sadlocha a eu le temps de mieux s’intégrer au système. Le grand espoir Matias Bachelet est toutefois absent.
C’est un club prestigieux qui se dresse en face, un club dont le capitaine grenoblois a porté les couleurs : le Sparta Prague. Il a déjà assuré sa qualification pour les phases finales de CHL la semaine dernière… mais cela n’a pas sauvé le staff après quatre défaites consécutives en championnat. Le coach Pavel Gross a été viré en même temps que ses deux assistants Antonín Stavjaňa et Otakar Vejvoda. On n’a pas fait de détail. Le Sparta a appelé l’entraîneur de son club partenaire de division inférieure (Litoměřice), Jaroslav Nedvěd, 56 ans, une légende du club puisqu’il en est le deuxième défenseur le plus productif de l’histoire. Nedvěd a débuté par une défaite vendredi avant de renouer avec la victoire dimanche en faisant tomber le leader de l’Extraliga, České Budějovice (6-3). Ce soir, dans la « petite » patinoire (avec plus de 5000 spectateurs) qui accueille habituellement son équipe junior, le Sparta se présente sans ses six meilleurs joueurs au repos pour ce dernier match de poule à moindre enjeu. Le gardien Josef Kořenář n’est pas là non plus. Le vétéran Jakub Kovář – qui partagea les cages tchèques avec Štěpánek au Mondial 2012 – le remplace après une absence passagère sur blessure.
Après un round d’observation de cinq minutes, le ronron est arrêté par un bruit de métal. Sur une mise au jeu en zone offensive, Dominik Mašín récupère le palet à la ligne bleue, s’avance à mi-zone et décale parfaitement Tomáš Hyka dont la reprise… fait résonner le poteau ! François Beauchemin cherche la déviation face à la cage de Sacha Treille sur la contre-attaque, preuve que Grenoble ne se laisse pas impressionner pour autant. Mais deux minutes plus tard, la passe de Théo Gueurif en zone neutre ricoche dans les patins de Pontus Englund. Dans une transition immédiate, le jeune Jiří Pospíšil passe la ligne bleue en situation de 2 contre 1 et décoche un tir du poignet parfait qui bat Matija Pintarič côté mitaine (1-0, 7’35”). Le grand gabarit Pospíšil – en photo ci-dessus – marque à 20 ans son premier but avec le Sparta dans son quatrième match en équipe première.
Le défenseur Petter Birkheim Andersen contre le palet dans la crosse de Jakub Sirota en zone neutre et se fait alors accrocher par le Tchèque, sanctionné de la première pénalité (8’45”). La meilleure occasion de Grenoble en supériorité numérique vient d’une action individuelle dans les toutes dernières secondes : Valentin Grossetête fait face à deux défenseurs à la ligne bleue mais réussit un grand pont sur Mark Pysyk et se présente en face-à-face avec Jakub Kovář… qui arrête sa tentative.
Le Sparta s’appuie sur son avance et prend son temps pour relancer depuis sa zone. Il ne concède plus d’occasions jusqu’à la pause et s’en crée une franche quand David Vitouch prend de vitesse son vis-à-vis Deschamps dans l’axe pour recevoir le centre de Hyka. À une minute de la sirène, Christophe Boivin donne un coup de crosse dans le bâton d’Irving et concède une pénalité à cheval sur la pause. Cela permet aux Tchèques de prendre l’avantage dans les tirs cadrés, 9 à 7. Rien de déshonorant pour les champions de France, qui mènent même aux « expected goals ».
L’infériorité numérique résiduelle est bien négociée en revenant sur la glace. Mais pas le retour à 5 contre 5. Sadlocha touche, mais sans l’arrêter, la passe diagonale de David Vitouch pour Mārtiņš Dzierkals. Le « top scorer » letton effectue une feinte devant Rautanen pour se décaler dans l’axe et placer un tir splendide dans le haut du filet (2-0, 21’35”).
Adam Raška se procure une occasion jusque devant le but grenoblois, puis retourne à la manière d’un judoka Grossetête qui lui enserre le cou. Le Français est le seul à prendre deux minutes pour rudesse (28’12”). Dzierkals prend deux bons lancers et Pintarič lâche un rebond devant Filip Novák qui croit conclure dans le but ouvert… mais voit le gardien slovène réussit une parade phénoménale de la crosse. L’avantage numérique est quand même converti à deux secondes de l’échéance quand Jani Lajunen, passé dans le dos d’Englund, masque parfaitement le lancer d’Aaron Irving (3-0, 30’10”).
Les supporters grenoblois sont alors consolés par une bonne nouvelle venue de Tampere : les ZSC Lions champions d’Europe ont été battus 4-1 par Ilves et resteront donc en dessous des Brûleurs de Loups. Si les mal classés remontent demain, ils feront donc reculer Zurich avant de passer devant les représentants de la Ligue Magnus. Ce résultat est presque plus important que ce qui se passe désormais sur la glace, où les Grenoblois souffrent pendant de longues séquences dans leur zone. Signalons quand même le magnifique poke-check de Pintarič face au breakaway de Tomáš Hyka.
Au troisième tiers, Juho Rautanen (charge contre la bande) et Pontus Englund (accrocher) sont pénalisés à 15 secondes d’intervalle. À 5 contre 3, Pavel Kousal reprend dans l’angle ouvert la passe transversale devant la cage de Tomáš Hyka (4-0, 43’44”). Pintarič attrape encore dans la mitaine un tir déclenché par Hyka derrière le défenseur. Le gardien slovène arrête aussi un tir de pénalité de Mārtiņš Dzierkals, qui tentait de se faire justice après avoir été empêché de convertir une échappée par un coup de crosse de Deschamps. Malgré une dernière pénalité de Pospíšil à 44 secondes de la fin et un temps mort de Per Hånberg pour donner des consignes à 5 contre 4, Grenoble ne remet pas en cause le blanchissage de Jakub Kovář.
La différence de buts générale de -3 n’a pas trop plongé, ce qui conserve une belle marge avec le champion danois Odense, qui devrait gagner par 4 buts d’écart demain à Ingolstadt (ou par 3 buts d’écart en marquant 9 buts) pour passer devant les Brûleurs de Loups, douzièmes provisoires. Et ce n’est pas tout. Pour que Grenoble soit éliminé, il faudrait aussi que Hradec Králové gagne à Lausanne (définitivement éliminé après les résultats de ce soir), que le Kometa Brno prenne au moins un point à Zoug, mais aussi que Salzbourg batte le champion allemand Berlin et surtout que Klagenfurt gagne chez le champion finlandais KalPa. Si une de ces cinq conditions n’est pas remplie mercredi soir, les BDL sont en play-offs. Autant dire qu’ils ont 99% de chances d’y aller désormais.
Résultats et classement de CHL
Commentaires d’après-match :
Per Hånberg (entraîneur de Grenoble) : « Sparta était bien meilleur que nous aujourd’hui, ils patinaient bien, ils faisaient bien circuler le palet. Nous n’avons pas eu de temps avec le palet. Si on regarde les occasions de but en première période c’était bien. Nous devons marquer des buts contre une équipe comme ça pour pouvoir avoir cette énergie. Ensuite, ils ont mis des buts en powerplay aux bons moments. Nous étions trop loin d’eux pour gagner mais mes gars se sont bien battus. Nous avons affronté une bonne équipe. […] Nous sommes fiers d’être proches de la qualification, ce n’est pas encore fait. C’est une grande chose pour le hockey français de frapper à la porte et de dire hey, nous arrivons. Être dans les 16, c’est fabuleux, c’est vraiment un très bon effort de notre part. »

Sparta Prague – Grenoble 4-0 (1-0, 2-0, 1-0)
Mardi 14 octobre 2025 à 18h30 à la Hala Fortuna. 5034 spectateurs.
Arbitres : Jan Hribik et Tomáš Mejzlík assistés de Michal Axman et Jiří Svoboda (FRA)
Pénalités : Sparta 4’ (2’, 0’, 2’) ; Grenoble 8’ (2’, 2’, 4’).
Tirs : Sparta 41 (9, 18, 14) ; Grenoble 14 (7, 2, 5).
Évolution du score :
1-0 à 07’35” : Pospíšil
2-0 à 21’35” : Dzierkals assisté de Vitouch et Sirota
3-0 à 30’10” : Irving assisté de Pysyk et Hyka
4-0 à 43’44” : Kousal assisté de Hyka et Irving (double sup. num.)
Sparta Prague
Attaquants :
Pavel Kousal (C) – David Vitouch (+1) – Tomáš Hyka (A)
Mārtiņš Dzierkals (+1) – Jani Lajunen (A) – Adam Raška (+1)
Ondřej Bláha – Filip Kuťák – Filip Novák
Michal Vitouch (+1) – Jan Eberle (+1) – Jiří Pospíšil (+1, 2’)
Défenseurs :
Dominik Mašín – Mark Pysyk
Jakub Sirota (+2, 2’) – Aaron Irving (+1)
Niko Seppälä – Nino Tomov
Dominik Pavlák (+1)
Gardien :
Jakub Kovář
Remplaçant : Martin Michajlov (G). Absents : Josef Kořenář (G), Jakub Krejčík, David Němeček, Filip Chlapík, Roman Horák, Michal Řepík, Michael Špaček (ménagés).
Grenoble
Attaquants :
Christophe Boivin (2’) – François Beauchemin (-1) – Sacha Treille (C, -1)
Kamil Sadłocha (-1) – Fredric Weigel – Martin Karlsson
Aurélien Dair – Nicolas Deschamps (A) – Guillaume Leclerc
Valentin Grossetête (-1, 2’) – Adel Koudri (-1) – Théo Gueurif (-1)
Défenseurs :
Alexis Binner (-1) – Pontus Englund (-1, 2’)
Juho Rautanen (-1, 2’) – Antoine Fertin
Axel Prissaint – Pierre Crinon (A)
Petter Birkheim Andersen (-1)
Gardien :
Matija Pintarič
Remplaçant : Jakub Štěpánek (G). Absents : Alexandre Mallet (haut du corps), Matias Bachelet.













































