Après presque deux semaines sans jouer dans leur antre, pendant lesquelles ils ont récolté une victoire à Dunkerque en coupe de France et une défaite à Anglet en championnat, les Dragons, deuxièmes au classement, font leur retour sur l’île Lacroix. À l’occasion de la 11e journée, ils reçoivent les Brûleurs de Loups. Malgré leur 5e place en ligue Magnus, les BDL, qualifiés en play-off de la CHL, écrivent actuellement dans le marbre un chapitre de l’histoire du hockey grenoblois en Europe.
C’est tout un sommet de la ligue qui se présente. Les deux équipes se partagent la coupe Magnus depuis sept ans. À ce jour, elles sont sur des dynamiques similaires après leurs défaites respectives en déplacement chez des mal-classés lors de la journée précédente (5-2 à Anglet pour Rouen, 2-1 à Briançon pour Grenoble). Jusqu’ici, Rouen a compté sur son homogénéité offensive pour se sortir des pièges de la ligue. Grenoble, pour être dans les clous au classement, a été emmené par de gros meneurs (Boivin, Leclerc, Binner) et une belle profondeur (renforcée au grès des blessures). Ce soir, Rouen se jauge, Grenoble teste son leadership. Le RHE, à cause d’un banc trop court, est affaibli avec la simple absence de Vigners blessé en coupe de France. Les BDL devront toujours faire sans Mallet et Bachelet auxquels s’ajoute Binner suspendu. Ces absences sont relatives car elles sont, notamment, compensées par les présences de deux renforts médicaux. Karlsson et Sadlocha, sont les deux étrangers surnuméraires de leur contingent.
Malgré une glace encore très médiocre, la foule a assisté à un match agréable. Les hommes de Carl Mallette débutent bien. Ils pressent fort et exploitent les rondelles libres. Avant toute chose, l’équipe de Per Hanberg essaie d’imposer sa puissance physique. Cela ne rebute pas leurs adversaires dans leurs intentions. Même si Guillaume Leclerc dispose d’une chance (5’39), les huit premières minutes sont plutôt à l’avantage des locaux. Bien groupés devant Carruth pour bloquer les tirs extérieurs, ils peuvent attaquer sereinement. Dylan Yeo, de loin, à la conclusion d’un jeu bas dominant est le premier à inquiéter Pintaric. Il déroute le lancer de la plaque (1’57). Le gardien est décisif à trois autres reprises. D’abord sur une échappée de Tommy Perret qui a choisi le tir plutôt que la feinte (4’11). Puis, lors d’une tentative de Simonsen qui a repiqué entre les oreilles sur un contre (7’11). Enfin, d’un reflex stratosphérique de la botte lorsque Regush, auteur d’un énorme « mouv », a servi Loïc Lampérier menaçant le Slovène à bout portant (7’48).
Après avoir tenté de jouer des épaules, la trappe des visiteurs est en place et efficace en zone neutre. Les locataires de Pôle Sud disposent de plus de possession. C’est au tour de Mac Carruth de frustrer les attaquants adverses. Le portier réalise des arrêts cruciaux. Solide devant Dair lorsque Prissaint envoi le palet dans le trafic (8’20). Époustouflant de la mitaine lorsqu’il dit non à Treille lors d’un deux-contre-un (10’37). Concentré lors d’un nouveau contre surnuméraire mené par Beauchemin qui a préféré tirer que passer (11’34).
La deuxième partie du premier tiers est beaucoup plus fermée. Il n’y aura pas vraiment de nouvelle chance jusqu’à une montée en ligne menée par Petter Birkheim. Le mouvement abouti à un lancer pris par Beauchemin dans le cercle gauche. Le coup est parfaitement lu par Carruth (18’46).
Le début du deuxième acte est haché et productif. Rapidement une pénalité est donnée à Pierre Crinon pour une faute niaise en zone neutre. L’attaque à cinq des Rouennais est agressive. Elle n’attend pas la position parfaite pour tirer et, ainsi, désinstaller le carré d’en face. Michael Regush trouve une passe maîtresse pour la crosse de Lampérier fixé devant la cage. L’arrêt de Pintaric est incomplet. Rech se précipite sur le palet retombé dans le dos du gardien. L’international ouvre la marque (1-0 à 21’58). Vexés, les Grenoblois réagissent par Guillaume Leclerc qui a pu se saisir un rebond (22’15). Les Dauphinois auraient dû égaliser lorsqu’ils se sont présentés à trois-contre-un. François Beauchemin gêné par le bon placement de Roy, n’a pas été inspiré lorsqu’il a mené le contre avec le choix de Prissaint ou de Treille sur sa gauche (23’33). Sur le contre, à 3 contre 2, Pintaric est solide. Il bloque le tir de Perret (23’42). Finalement, les dévoreurs de pingouins, d’ours et de lions européens (Bremerhaven, Berlin et Lausanne) égalisent rapidement sur leur premier jeu de puissance. Placés, comme à l’entraînement, d’une petite passe entre Holway et Nesa, Koudri trouve Treille devant la cage (1-1 à 23’57).
Les Normands bénéficient de deux jeux de puissance à 44 secondes d’intervalle. Les Dauphinois ont retenu la leçon de leur première prison où ils ont été passifs. Là, ils sont beaucoup plus accrocheurs. Les résidents de l’île Lacroix se mettent en place que trop rarement pour prendre plus qu’un tir dangereux (Gresock à 24’33). Le seul des 4 minutes de supériorité des Seinomarins ! Ensuite, à cinq contre cinq, les débats sont équilibrés. Parfois, les Isérois plient. Essentiellement sur les présences de la première ligne des Dragons (Regush à 30’57 et Gresock à 34’37). Grenoble a été sauvé par son gardien. Entre ces deux occasions, Matija Pintaric a sorti un arrêt impressionnant sur un autre lancer de Chase Gresock (34’05). Les Brûleurs de Loup parviennent aussi à être dangereux par Koudri (31’43) et Sadlocha (32’44). Les deux tentatives sont déroutées par Carruth. Il n’y a pas encore vraiment eu de momentum. Cependant, les coéquipiers de Sacha Treille acculent occasionnellement les partenaires de Loïc Lampérier. Moins dominants dans la bande. Lors de sorties zones devenues pénibles, ils ne maîtrisent pas assez le puck. Dans une lutte pour un palet libre, une intervention de Bouramman est jugée illicite. La sanction tombe 13 secondes plus tard. En jeu installé, plein de sang-froid, Christophe Boivin reprend un long rebond dans une cage ouverte après un gros lancer de Rautanen (1-2 à 35’45). Si la faute peut être jugée sévère, l’échec-avant de Grenoble a mis Rouen sous pression.
Après ce but, les Dragons ne sont pas assommés en cette fin de période. Tommy Perret attaque la cage mais bute sur Pintaric (37’35). A la finalité d’une attaque surnuméraire, Loïc Lampérier manque le cadre (38’56).

Le RHE a fini fort le deuxième tiers. Il débute de la même manière au troisième. L’impulsion est donnée par Regush (évidemment). Après un nouveau gros jeu du Canadien, et un relais de Lampérier, Gresock frappe. Pintaric est présent (40’20). Un peu plus d’une minute plus tard, le gardien Slovène doit s’incliner quand devant lui Perret dévie un lancer frappé de loin par Roy. L’ailier rouennais égalise (2-2 à 41’25). Les locaux disposent du momentum pendant quelques minutes. Simonsen dans le cercle gauche (44’12), Rech frappe fort sans précision (44’52), Gresock et Lampérier lors d’une attaque barillet à plusieurs coups (45’25). Malgré leurs bonnes positions, les attaques soutenues par la foule, ne trouvent pas, de nouveau, les filets protégés par Pintaric.
Les visiteurs ont résisté défensivement mais offensivement ils ne trouvent pas de nouvelle solution car les Normands sont à nouveau bien regroupés. Quand ils n’ont pas la rondelle, ils utilisent les revirements. Les Seinomarins se présentent une dernière fois en contre surnuméraire. Anthony Rech voit son tir échouer sur Pintaric (53’00).
Dans les cinq dernières minutes, les Dragons semblent marquer un peu le pas. Les Brûleurs de Loups trouvent alors des ouvertures plus nettes. Mac Carruth veille au grain. Le portier local repousse de la plaque un tir de Weigel (55’17) et gagne son duel face au même Suédois (56’10). Puis, il contre une tentative de Koudri (56’38). La dernière chance avant la prolongation est en faveur des hommes de Carl Mallette. Anthony Rech est un peu trop émoussé pour aller surprendre Pintaric en fin de match (57’44).
La prolongation est spectaculaire. Après la troisième occasion rouennaise, finalement, Guillaume Leclerc marque sur la seconde échappée grenobloise du sur-temps (2-3 à 62’10).
Avec cette victoire Grenoble garde le contact sur le haut du classement et s’enlève un peu de pression. Il lui faudra valider ce succès dans 48 heures à Nice, puis en recevant Briançon la semaine prochaine avant d’accueillir ses adversaires du jour dans l’esprit d’un « match retour ». Avec cette seconde défaite de suite en ligue Magnus pour la première fois de la saison, Rouen voit s’éloigner Angers devant et se rapprocher de lui Grenoble et Marseille.
Désormais l’exigence du résultat sera un peu plus lourde à gérer pour les hommes du président Muller. La manière des Rouennais sera intéressante à observer sur l’île Lacroix mardi face à Anglet. Au-delà des bilans comptables, le match a été de bonne facture, intéressant et serré de bout en bout. Grenoble, sans être parfait, est parvenu à assumer son leadership. Rouen a perdu mais a vu. Ce RHE, nouveau et perfectible, a tout de même joué, à cinq contre cinq, les yeux dans les yeux avec un puissant rival et, à l’exception de son killing-play, doit être convaincu qu’il est sur un bon chemin pour rivaliser avec les équipes les plus performantes de la ligue.
Commentaires (dans Paris-Normandie) :
Carl Mallette (coach de Rouen) : « Je suis frustré mais extrêmement satisfait de l’équipe. À mon avis, c’est notre meilleur match de la saison. On devait se prouver, un peu, qu’on peut jouer avec eux. Ce soir, c’est notre premier vrai 60 minutes de la saison. On avait envie, on a joué pour gagner. En troisième, je pense qu’on était la meilleure équipe de loin. On a eu des chances de marquer. [À propos de Pintaric] Je ne le connaissais pas. J’en avais entendu parler bien sûr. Il a juste été exceptionnel. J’espère qu’il ne sera pas comme ça à tous les matches. Le désavantage numérique nous fait mal ce soir. »
Rouen – Grenoble 2-3 (0-0, 1-2, 1-0, 0-1)
Vendredi 24 octobre 2025 à 20h30, à la patinoire Nathalie Pechalat. 3029 spectateurs.
Arbitres : Alexandre Bourreau et Jeremy Rauline assistés de Quentin Cady et Joffrey Yssembourg
Tirs : Rouen 28 (8, 8, 10, 2) ; Grenoble 32 (9, 14, 8, 1)
Pénalités : Rouen 4′ (0′, 4′, 0′, 0′) ; Grenoble 6′ (0′, 6′, 0′, 0′)
Supériorités : Rouen 1/3 ; Grenoble 2/2
Évolution du score :
1-0 à 21’58 : Rech assisté de Lampérier et Regush (sup.num.)
1-1 à 23’57 : Treille assisté de Koudri et Beauchemin (sup.num.)
1-2 à 35’45 : Boivin assisté de Rautanen et Beauchemin (sup.num.)
2-2 à 41’25 : Rerret assisté de Roy et Rech
2-3 à 62’10 : Leclerc assisté de Deschamps et Prissaint
Rouen
Attaquants :
Loïc Lampérier (C) – Michael Regush – Chase Gresock
Tomas Simonsen – Julien Tessier – Simon Lafrance
Anthony Rech – James Phelan – Tommy Perret
Nicolas Lechevallier [1 seule présence] – Robin Colomban – Vincent Nesa
Arrières :
Florian Chakiachvili (A) – Patrick Holway
Pier-Olivier Roy – Gustav Bouramman
Dylan Yeo (A) – Charles Schmitt
Gardien :
Mac Carruth (29 arrêts)
Remplaçants : Lucas Mugnier (G). Absent : Rolands Vigners (blessé)
Grenoble
Attaquants :
Christophe Boivin – François Beauchemin – Sacha Treille (C)
Nicolas Deschamps (A) – Fedric Weigel – Aurélien Dair
Guillaume Leclerc – Adel Koudri – Sven Karlsson
Kamil Sadlocha – Valentin Grossetete – Théo Gueurif
Arrières :
Juho Rautanen – Pontus Englund
Pierre Crinon (A) – Axel Prissaint
Petter Birkheim – Antoine Fertin
Gardien :
Matija Pintaric (26 arrêts)
Remplaçant : Isidore Agnel (G). Absents : Jakub Stepanek (surnuméraire), Alexis Binner (suspendu), Mathias Bachelet et Alexandre Mallet (blessés).











































