Si l’on peut avoir des doutes sur la compétitivité de l’équipe masculine, l’équipe féminine de Chine a montré en ce début de tournoi qu’elle était capable de rallier les quarts de finale. Ce ticket n’est pas encore officiellement acquis, mais ses deux dernières prestations lui ont permis d’y mettre un pied.
Chahutées par les Tchèques en ouverture, les Chinoises ont d’abord crucifié le Danemark avec un but gagnant de Rachel Llanes à 50 secondes de la fin, avant de réaliser une performance encore plus remarquable dimanche en déjouant aux tirs au but les Japonaises, favorites comme les Tchèques du groupe B. Kimberly Newell alias Jiaying Zhou, gardienne de 26 ans qui ne déçoit que rarement en ZhHL russe avec le KRS Vanke Rays, a fait sensation devant les filets, en plus d’arborer de splendides jambières dragon. 54 arrêts sur 56 tirs contre les Danoises et les Japonaises, Newell est devenue l’héroïne des « Lady Dragons » en bloquant tous les tirs au but du Japon en fusillade. Mais en dehors de Newell, cette Chine accrocheuse a surtout affiché beaucoup de solidarité et d’énergie.
Des Japonaises déjà qualifiées avec ce point arraché aux Chinoises, la Tchéquie et la Chine bien placées, la pression est montée d’un cran pour les Suédoises qui ont perdu leurs deux premiers matchs. Et pour ne rien arranger aux affaires de la Suède, plus tôt dans la journée, le Danemark a créé la surprise en battant la Tchéquie 3-2, une première victoire pour les Danoises à leur première participation olympique.
Rappelons que ce sont les trois premières équipes du groupe B qui se rendront en quart de finale. La Damkronorna s’est inclinée sur le même score, 3-1, face aux Tchèques et aux Japonaises. Dernière, il lui est donc obligatoire de remporter les deux autres matchs dans les 60 minutes, à commencer par celui-ci contre la Chine.
Incertaine car blessée au genou contre les Tchèques, l’expérimentée défenseure Johanna Fällman est bien présente dans l’alignement des trois couronnes. En revanche, moins surprenant côté chinois, Zhang Mengying est en tribune, blessée lors d’une collision avec une coéquipière contre le Japon, elle était restée de longues minutes sur la glace avant d’être évacuée sur une civière.
Bien qu’ils aient joué la veille, les Chinoises montrent beaucoup de fraîcheur en entame de match et se créent les premières occasions franches par Taylor Lum et Anna Segedi. Cette très bonne entame de match sera finalement récompensée : Kassy Betinol parvient à contourner la défense suédoise, déborde et ajuste la gardienne Söderberg, 1-0 pour la Chine. Les Suédoises peinent à se créer des occasions franches, elles sont bousculées, et le public chinois donne de la voix. La Chine mène clairement les débats dans ce premier tiers-temps (13 tirs à 9), et il ne manque pas grand chose à Rachel Llanes, totalement oubliée par la Suède qui est alors en infériorité numérique, pour doubler la mise : son lancer est détourné de la jambière par Emma Söderberg.
La Chine est bien lancée dans ce match mais les Suédoises vont parvenir à renverser la tendance sur un laps de temps très court. Un bon jeu en solo de Hjalmarsson, qui élimine deux chinoises, fait office d’avertissement, puis un tir de pénalité sifflé au bénéfice de la Damkronorna à la 26e minute remet la Suède sur de bons rails. Felizia Wikner-Zienkiewicz s’élance et marque lucarne droite. 85 secondes plus tard, Josefin Bouveng est en mouvement dans l’axe en zone offensive et marque d’un tir croisé : 2-1 pour la Suède. Moins stressées, les joueuses d’Ulf Lundberg sont plus en confiance et plus incisives, elles auraient même pu bénéficier d’un premier avantage numérique, une charge de Miller sur Bergström étant sanctionnable. Dernière frayeur tout de même avant la deuxième pause pour Emma Söderberg qui réussit à repousser une tentative de Segedi, le palet monte en l’air pour redescendre… sur la barre transversale !
14 tirs partout et un seul but d’écart après 40 minutes, cela augure une troisième période spectaculaire. Beaucoup d’efforts sont fournis des deux côtés, mais la Suède obtient enfin une première supériorité numérique après une faute chinoise. Une pénalité vite oubliée car Kolstad réalise un excellent jeu en zone défensive, elle bloque un tir puis défie en un contre contre Nylén-Persson qui fait faute à son tour. La Chine est décidément très accrocheuse, et les Suédoises se font de nouveau dominer. Si Maddie Woo négocie mal un 2 contre 1, la plus en vue en fin de match est Rui Zhu qui se procure plusieurs occasions en l’espace de quelques minutes : un tir sur le poteau puis une déviation qui passe à quelques centimètres… Les Suédoises font le dos rond.
Ulf Lundberg sent qu’il perd de nouveau ses joueuses et demande un temps mort à six minutes de la fin, histoire de remettre les pendules à l’heure. Pour autant, cela ne va pas empêcher les Chinoises de réaliser deux dernières minutes intenses dans le camp suédois grâce à une joueuse de champ supplémentaire. Llanes loupe le palet devant un angle complètement ouvert, Camryn Wong produit des frappes dangereuses, les Suédoises repoussent avec de grandes difficultés les assauts chinois, jusque dans des dernières secondes crispantes où le palet circule devant le but dans la mêlée de joueuses !
Non sans difficulté et d’immenses frayeurs, la Suède s’impose in extremis 2-1, sa première victoire à Pékin, et se relance (à son tour) pour les quarts de finale. Cette défaite chinoise permet aux Tchèques de rejoindre les Japonaises déjà qualifiées. Il reste une place à attribuer. Le destin n’est plus entre les mains des Chinoises, auteures d’une nouvelle prestation remarquable, qui ont joué leurs quatre matchs. Leur seule chance est que le Danemark batte la Suède en prolongation. Un autre résultat qualifierait une des deux équipes scandinaves, celle qui gagnera demain.
Chine – Suède 1-2 (1-0, 0-2, 0-0)
Lundi 7 février 2022 à 21h10 au Wukesong Sports Centre de Pékin. 588 spectateurs.
Arbitrage de Anniina Nurmi (FIN) et Anna Wiegand (SUI) assistées de Jenni Heikkinen (FIN) et Julia Kainberger (AUT).
Pénalités : Chine 2′ (0′, 0′, 2′), Suède 6′ (2′, 2′, 2′).
Tirs : Chine 33 (13, 6, 14), Suède 33 (9, 15, 9).
Évolution du score :
1-0 à 05’16 : Betinol assistée de T. Lum
1-1 à 25’14 : Wikner-Zienkiewicz
1-2 à 26’39 : Bouveng assistée de Nylén-Persson et Wawin
Chine
Attaquantes :
Leah Lum (Qiqi Lin, A, -1) – Hannah Miller (Le Mi, -1) – Rachel Llanes (Ni Lin, -1)
Xin Fang – Rebekah Kolstad (Beika Li) – Maddie Woo (Baozhen Hu)
Kassy Betinol (Mulan Kang) – Taylor Lum (Jiaxin Lin, +1) – Anna Segedi (Xifang Zhang, +1)
Xin He – Rui Zhu – Yingying Guan
Défenseures :
Camryn Wong (Huier Huang, 2′) – Jessica Wong (Yuting Wang)
Baiwei Yu (C) – Zhixin Liu (+1)
Anna Fairman (Anna Fei) – Qinan Zhao
Gardienne :
Kim Newell (Jiaying Zhou G) [sortie à 57’46]
Remplaçantes : Tiya Chen (Tia Chan) (G), Qianhua Li. En réserve : Yuqing Wang (G), Mengying Zhang (A).
Suède
Attaquantes :
Josefin Bouveng (+1) – Michelle Löwenhielm (C, +1, 2′) – Lina Ljungblom (+1)
Emma Murén – Linnea Johansson – Olivia Carlsson
Sofie Lundin (-1) – Emma Nordin (-1) – Felizia Wikner-Zienkiewicz (-1)
Lisa Johansson – Sara Hjalmarsson – Linn Peterson
Défenseures :
Maja Nylén-Persson (A, +1, 2′) – Paula Bergström (2′)
Johanna Fällman – Jessica Adolfsson
Anna Kjellbin (A, -1) – Mina Waxin
Ebba Berglund
Gardienne :
Emma Söderberg
Remplaçantes : Ida Boman (G), Linnea Andersson . En réserve : Agnes Åker (G).