L’équipe de France junior n’aborde pas forcément ce Mondial de Division I A dans des conditions idéales. Elle a subi le forfait sur blessure d’un joueur important, Kaylian Leborgne, et elle a perdu son match de préparation 5-0 contre la Norvège (pays-hôte et favori). Trois buts rapprochés ont été encaissés par le second gardien Martin Neckar au moment où il est entré en jeu à froid à la mi-match. Tout n’est donc pas à jeter, mais les Bleuets ont pâti de leurs nombreuses pénalités (8 contre 3). Ils ont encaissé deux buts en infériorité et un autre juste après la fin d’une pénalité.
Pour cette première journée de compétition face au Kazakhstan, la France laisse un trou dans l’axe et une occasion dès le coup d’envoi, mais se retrouve vite en avantage numérique après une faute de Vsevolod Logvin. Une attaque rapide permet alors à Paul Siraudin de servir Matias Bachelet pour l’ouverture du score après seulement 57 secondes (1-0, photo ci-dessous).
La quatrième ligne concède la première faute tricolore, un retenir de Raphaël Chauvel. C’est le carré Fertin-Despatie-Carry-Perret qui tue cette pénalité. Le Kazakhstan continue de pousser et Shanouk Boiteau se rend coupable d’une charge avec la crosse sur une action chaude dans l’enclave. Le capitaine Enzo Carry continue d’occuper une place importante dans le dispositif d’infériorité numérique pour contrer les palets à la pointe de la boîte… mais c’est lui qui prend la prison suivante (il avait déjà été puni trois fois contre la Norvège). Ses coéquipiers parviennent à gérer cette situation en son absence.
Tout en restant attentifs défensivement, les Français mettent en place un forechecking intéressant qui perturbe les joueurs du Kazakhstan dans leur relance et conquiert des palets au fond de la zone adverse. Cela leur permet de reprendre le dessus pendant une période à 5 contre 5 qui dure seulement… une minute et demie. Dès qu’ils reviennent en zone défensive, ils concèdent d’autres pénalités, une crosse haute d’Emil Tavernier puis un faire trébucher d’Arthur Larroque. La France doit jouer à 3 contre 5 pendant une minute. Le triangle Fertin-Despatie-Carry se sort de cette situation difficile mais il est clair que les meilleurs joueurs bleus ont laissé beaucoup de forces avec leur énorme temps de jeu pendant cette accumulation de pénalités. Cela ne peut pas durer tout un match. L’essentiel est atteint : un avantage de 1-0 à la pause et un gardien – Antoine Keller – qui a pris une belle confiance en arrêtant 15 tirs proprement, sans laisser beaucoup de rebonds. Les joueurs du Kazakhstan ont parfois manqué de précision, tel Almaz Mukanov du revers alors qu’il était seul devant la cage à deux minutes de la sirène.
Le deuxième tiers-temps confirme que, en jouant au complet, les Bleuets sont capables de surmonter cet adversaire. Ils dominent souvent en intensité et sont au mieux quand ils impriment le rythme. Mais lorsqu’ils laissent le Kazakhstan s’installer et faire circuler le palet, le danger est grand. L’habileté technique du Kazakhstan semble toutefois s’arrêter dans le dernier geste : Konstantin Morozhnikov rate de manière incroyable la cible sur un rebond face à la cage ouverte !
On passe la mi-match et les hommes de Yorick Treille ont repris le contrôle du jeu. Le forecheching du rapide Tommy Perret, appuyé par Enzo Carry, a lancé l’impulsion nécessaire. Emil Tavernier se crée une bonne occasion en arrivant à la cage après une très belle relance de Mathis Despatie. Ensuite, c’est chaque ligne tricolore – y compris avec des alignements modifiés – qui se montre dominante sur sa présence. Le collectif s’est mis en action, et plus seulement quelques individualités. La sirène sonne tout de même sur une ultime attaque du Kazakhstan, preuve qu’il faut rester en alerte.
La troisième période commence comme la première : Logvin part en prison pour faire trébucher… et assiste à un but français depuis le banc des punitions. Emil Tavernier contrôle la passe de Mathis Despatie dans le cercle gauche et décoche un fulgurant tir du poignet (2-0).
Les hommes de Yorick Treille ont démontré leur efficacité en supériorité numérique. Ils doivent ensuite avant tout faire preuve de sérieux défensivement. Ils ne se sont plus jamais mis à la faute depuis leur cinq pénalités dans les quinze premières pénalités. Ils soignent désormais leur système défensif en laissant le moins possible d’espaces à une équipe de Kazakhstan privée de solutions, même quand elle sort son gardien. Une démonstration solide qui permet à Antoine Keller de garder sa cage inviolée. Les Bleuets avaient concédé 19 tirs en vingt minutes, ils n’en ont ensuite laissé que 6 puis 3 dans les deux tiers-temps suivants !
Une discipline retrouvée, du réalisme en avantage numérique et un blanchissage pour le gardien Antoine Keller : telles sont les clefs qui ont permis à la France de gagner. À l’issue de la première journée de ce Mondial junior, elle partage donc la tête du classement avec son prochain adversaire, la Norvège, assez impressionnante contre la Slovénie (4-0). Les hommes de Yorick Treille ont encore des failles à résorber d’ici demain soir pour espérer rivaliser, mais ils se sont déjà améliorés au fil du match et ont donc commencé le championnat du monde du bon pied.
Désignés joueurs du match : Antoine Keller pour la France et Roman Shefer pour le Kazakhstan.
France – Kazakhstan 2-0 (1-0, 0-0, 1-0)
Dimanche 11 décembre 2022 à 20h00 à la Varner Arena d’Asker. 85 spectateurs.
Arbitres : Niclas Lundsgaard (DAN) et Gregor Rezek (SLO) assistés de Christopher Dehn et Herman Johansen (NOR).
Pénalités : France (10′, 0′, 0′) ; Kazakhstan 6′ (4′, 0′, 2′).
Tirs : France 29 (8, 10, 11) ; Kazakhstan 28 (19, 6, 3).
Évolution du score :
1-0 à 00’56 : Bachelet assisté de Siraudin (sup. num.)
2-0 à 43’28 : Tavernier assisté de Guidoux et Bachelet (sup. num.)
France
Attaquants :
Maxime Orlov – Enzo Carry (C, 2′) – Tommy Perret
Paul Siraudin – Matias Bachelet (A) – Emil Tavernier (2′)
Valentin Grossetête – Jordan Hervé – Ilies Djemel (A)
Raphaël Chauvel (2′) – Paul Schmitt – Shanouk Boiteau (2′)
Tom Guidoux
Défenseurs :
Antoine Fertin – Mathis Despatie
Ulysse Tournier [sorti au 1er tiers] – Alexis Dogemont
Paul Nassivet – Quentin Delmas
Arthur Larroque (2′)
Gardien :
Antoine Keller
Remplaçant : Martin Neckar (G).
Kazakhstan
Attaquants :
Dinmukhamed Kaiyrzhan (C) – Roman Yermak – Vsevolod Logvin (4′)
Almaz Mukanov (A) – Dinmukhamed Saparbek (A) – Valentin Popov
Konstantin Morozhnikov – Aldiyar Nurlan – Daniil Tsybin
Ruslan Ospanov – Ilya Shaporov – Kirill Lyapunov
Défenseurs :
Kirill Nikitin – Dmitri Breus
Artyom Avdeyenko – Semyon Royev (2′)
Ivan Gavrilenko – Klimenti Tsaryov
Danil Bazko – Aslan Zhussupbekov
Gardien :
Roman Shefer [sorti à 59’03]
Remplaçant : Anton Ossokin (G).