Dans l’incompréhension à la suite de la décision de la Ville de Lyon qui prive le club lyonnais d’ouvrir une buvette lors de ses matchs (et qui met en péril les ambitions des Lions), Fabrice Baravaglio nous a accordés un entretien fleuve qui durera près d’une heure. L’occasion d’aborder de très nombreux sujets : de son rôle au sein du LHC en passant par la saison en cours, les ambitions et les projets du club, le hockey mineur et les récentes difficultés avec la Municipalité.
Retrouvez ci-dessous les échanges avec un président investi pour son club, privilégiant le dialogue à la confrontation et toujours tourné vers l’avenir.
I-Son parcours et son rôle au sein de l’association Lyon Hockey Club
– Monsieur Baravaglio, pouvez-vous nous décrire votre parcours au sein du Lyon Hockey Club ainsi que votre parcours professionnel ?
Je suis au sein du club depuis l’année 2004, où on a inscrit notre fils aîné, puis le deuxième a commencé en 2007. J’étais parent, tout simplement, même pas investi bénévolement au niveau de l’activité du LHC. Et puis très vite, la non-évolution du hockey mineur m’a agacé et je me suis investi avec toute une équipe de parents. Nous avons pris la direction du club depuis maintenant 13 ans et j’ai alterné les postes de président et vice-président avec Monsieur Philippe Filippi qui est aujourd’hui notre vice-président.
On a toujours dit que la constance de la direction – et c’est un peu le malheur dans le milieu associatif – est importante pour la constance de la politique de développement. On a voulu apporter de la stabilité en plus de notre investissement, personnel et financier.
Professionnellement, je suis issu d’une formation de gestion-finance. J’ai intégré des groupes industriels parce que c’était l’industrie qui m’intéressait. Et j’ai évolué au sein d’usines de plastiques : contrôleur de gestion, codirecteur de site, directeur de site, directeur général et puis président d’un groupe de plastique qui avait 15 usines dans le monde. J’ai quitté il y a maintenant plus de 4 ans mes fonctions pour divergence avec les associés et aujourd’hui je gère ma holding familiale ainsi que des investissements dans l’industrie. Et je passe beaucoup de temps au club.
– Êtes-vous toujours en activité professionnelle ?
Oui tout à fait. Mais c’est pour cela qu’on alterne avec Monsieur Filippi selon nos capacités à se libérer du temps. Là, j’ai beaucoup plus de temps que lui donc j’ai repris la présidence. Mais nous nous sommes toujours réparti les rôles de façon distincte : Monsieur Filippi s’occupe plus de la partie extérieure, c’est-à-dire les relations avec la Fédération et avec la Ville de Lyon, et moi plus du côté sportif et organisation de la formation. J’ai eu plus de temps, donc du coup j’ai repris également la direction de la construction de l’équipe semi-pro qui est actuellement en D3..
– Avez-vous investi personnellement dans le club ?
Oui parce que le club a subi des hauts et des bas. Il y a eu des coups durs que l’on a récupérés du passé et que l’on a dû compenser financièrement, en donnant un peu de notre argent personnel.
– En plus de votre activité professionnelle, combien de temps donnez-vous au club par semaine (sur une semaine « normale ») ?
Une vingtaine d’heures par semaine puisqu’on s’occupe de la relation avec les coachs. On supervise l’organisation des plannings avec eux. On prépare et on anticipe la formation des coachs avec la Fédération. On s’occupe aussi des déplacements, de la logistique et des problématiques de l’équipe D3.
On passe également beaucoup de temps au club à discuter avec les parents, à discuter avec les équipes, échanger, construire et regarder l’avenir. Nous avons également une entente avec les clubs de Clermont et de Roanne (ndlr : le HCLR) sur les catégories U15, U17 et U20 dont je suis également le coordinateur. Donc il y a beaucoup de sujets. Et cela me passionne !
– Est-ce que vous accompagnez l’équipe en déplacement ?
Non pas du tout (rires). Je ne veux pas. Je suis un passionné donc j’ai tendance à donner mon avis. J’ai un caractère fort et il y a des sujets sur lesquels je n’ai pas de légitimité. Et je trouve que c’est bien que l’équipe parte entre elle. C’est une équipe soudée, les joueurs avancent ensemble. Quand il y a un coup de gueule à donner, je m’immisce un peu dans le groupe, je rassemble tout le monde dans les vestiaires et puis je dis ce que j’ai à dire. Mais généralement il n’y en a pas besoin.
II – La saison du Lyon Hockey Club
– La saison passée il y a eu cette élimination frustrante en quart-de-finale face à Anglet. L’équipe a été reconduite et a été renforcée par des joueurs de habitués aux divisions supérieures.
L’année passée a été un échec mais un échec logique. On n’avait pas d’expérience et une équipe très jeune. On a plus de 50 % de notre effectif qui est encore U20 aujourd’hui. Anglet a très bien joué. Cela étant, les règles applicables lors de la championnat D3 l’année dernière étaient un peu spécifiques puisque les équipes pouvaient faire descendre des joueurs de Magnus.
Mais je pense qu’on a perdu notre qualification à l’aller (ndlr : Lyon menait à l’extérieur 1-3 avant qu’Anglet n’arrache le match nul) par des fautes individuelles et par manque d’expérience. Ils ont su nous provoquer, ils ont su être supérieurs à nous. Donc déçu, oui, pour les jeunes. Après sportivement, je trouve que sur les deux matchs c’était logique.
– Il vous a peut-être manqué un peu d’expérience ou de « vice » ?
Oui c’est cela, il nous a peut-être manqué un peu d’expérience dans les matchs avec un peu plus de dureté sur certaines actions, d’où notre objectif avec le coach Damien Raux : renforçons cette expérience en allant chercher – toujours avec la même philosophie – de préférence des Lyonnais.
« On a un projet sur 5-6 ans qui est d’être le plus vite possible en Magnus »
– Qu’est-ce qui permet à Lyon d’attirer des joueurs de catégorie supérieure qui pourraient aspirer à des niveaux plus élevés à rejoindre une équipe de D3 ?
D’abord on s’appuie sur les Lyonnais. C’est déjà plus facile de les attirer par le retour « à la maison ». Après, on a un projet sur 5-6 ans qui est d’être le plus vite possible en Magnus. Aujourd’hui, nous avons une structure sportive pratiquement professionnelle. Il y a beaucoup d’équipes de D2, de D1, voire de Magnus qui n’ont pas nos spectateurs et notre encadrement. On a des joueurs encadrés par Damien Raux, un ancien joueur d’équipe de France qui possède une grosse expérience. Ensuite, on a un cadre médical avec deux kinés et un médecin. On a un suivi personnel.
On a réussi à mettre aussi des partenaires textiles, des partenaires de communication… On a une équipe d’animation pour faire venir à la patinoire le plus de spectateurs possible : on a deux permanents pour les réseaux sociaux, pour la communication, pour les affiches.
On vend un projet. On vend un spectacle. Et plus on va monter de division, plus cela va être facile de récupérer des jeunes qui viennent faire leurs études à Lyon. C’est l’avantage d’une ville comme Lyon : elle propose aux étudiants tout ce qu’on veut comme études et à haut-niveau.
– L’autre grand changement pour le LHC est que cette année Damien Raux est cette année à 100% derrière le banc alors que l’année passée il était encore entraîneur-joueur. On imagine que cela vous apporte de la stabilité derrière la bande alors que depuis le retour en D3 il y a eu du flottement avec les défections d’Éric Sarliève et de Gérald Guennelon qui n’étaient pas voulues.
La première étape était l’arrivée de Monsieur Sarliève qui devait chapeauter la D3 et les U20. C’était le deal puisque nous associons le hockey mineur et l’équipe sénior. Très vite il ne se voyait plus dans ce rôle-là, notamment la partie U20. Donc, il a décidé de nous quitter. On a eu la chance d’avoir Gérald (Guennelon) qui nous accompagnait dans notre début de projet. Et on a réussi à recruter Damien (Raux) qui effectue sa première expérience coaching chez nous. Pour notre malheur, Gérald Guennelon a eu une mutation professionnelle qui ne lui permettait plus de se libérer.
Cela étant, notre volonté a toujours été que Damien ne soit pas un joueur mais un coach. Il était là pour nous donner un coup de main sur la première année. Sa volonté était d’arrêter sa carrière : il avait tout prouvé et plus rien à prouver. Ce n’était pas sa volonté de continuer à jouer en D3.
– L’équipe s’est également renforcée récemment avec l’arrivée d’Andrei Smirnov. Pouvez-vous nous en dire plus sur le joueur ?
Nous avons déjà un buteur qui est Dávid Kubovčík. Il a été gravement blessé l’année dernière, il a très peu joué et nous a manqué sur les playoffs. Il est revenu au niveau mais nous nous sommes dit qu’on était un peu limite sur nos pointeurs. Et si on arrivait à avoir une bonne pioche de l’extérieur, on se permettrait de recruter. On avait réservé une petite « soupape » de finances là-dessus. Il s’est avéré qu’avec la guerre en Ukraine, beaucoup de joueurs ont fui la Russie et l’Ukraine. Andrei jouait en Ukraine. On a eu un contact avec son agent. On a demandé un essai et très vite on l’a intégré au club.
« Pour nous l’objectif de la saison est clair : ce n’est pas de monter en D2, c’est d’être champion de D3. »
– Le LHC est leader de sa poule, néanmoins la saison n’a pas été un long fleuve tranquille puisque vous avez été bousculés d’entrée par Briançon, vous avez connu une défaite un peu surprenante à domicile face à Toulon alors que vous meniez 4 à 0 et le match retour à dire à Toulon n’a pas été simple non plus. Est-ce que pour autant vous êtes dans votre plan de marche ?
Pour nous l’objectif de la saison est clair : ce n’est pas de monter en D2, c’est d’être champion de D3. Je l’ai dit à l’équipe : avec les renforts qu’on a, les règles qui ont été assignées par la Fédération, notre objectif est d’être champion de D3.
On s’est reproché l’année dernière après réflexion d’avoir des matchs un peut-être un peu trop faciles. C’est pour cela qu’en pré-saison, on a joué des équipes de divisions supérieures. On voulait la confrontation. Il faut garder la motivation. Je parlais de mon intervention assez rare dans les vestiaires mais après Toulon j’ai pris la parole. Il faut qu’on se remette dans notre objectif et prendre sérieusement chaque match pour les gagner correctement.
Le travail de saison régulière c’est pour préparer les playoffs. Pour nous, c’est la deuxième partie de la saison qui est la plus importante. Toute la pré-saison sert à préparer la phase finale.
– Effectivement l’une des difficultés de la D3 c’est de composer avec des équipes de niveaux très disparates et les confrontations interviennent véritablement durant les playoffs.
Oui c’est cela. La défaite de Toulon était décevante mais c’était un mal pour un bien. On n’est pas des stars, on n’est pas au-dessus de tout le monde. La preuve on se fait malmener, on se fait battre chez nous alors qu’on menait 4-0. Je pense que c’est dans la tête. Quand vous menez 4-0 à la fin du deuxième tiers, vous ne pouvez pas perdre le match, ce n’est pas possible. Cela a permis aussi une remise à niveau de motivation et le fait de se faire accrocher, cela permet de reconcentrer tout le monde.
– Avez-vous déjà identifié vos concurrents dans les autres poules ? On pense notamment à la Roche-sur-Yon qui survole son groupe.
On a une vision assez claire, les leaders de l’année dernière sont les leaders de cette année. Oui je pense que La Roche-sur-Yon est le concurrent phare.
Il faut se méfier de tout le monde une fois qu’on arrive en playoff, en huitième, quart, etc… Les équipes vont être surmotivées. Les équipes viennent jouer chez nous devant 2000 spectateurs, ça les galvanise aussi. Il faut qu’on joue correctement notre jeu et on a les moyens de battre tout le monde. Il faudra prendre chaque match sérieusement. Je pense qu’intrinsèquement, on a une des meilleures équipes. Maintenant il faut le prouver.
– S’il advenait que le LHC se qualifie pour le carré final, auriez-vous pour projet de l’organiser ?
L’année dernière on s’était déjà proposés. Cette année, on est parti dans la même optique. Après, il y a un mouvement politique qui s’est généré depuis un mois qui nous fait réfléchir. L’organisation d’une phase finale coûte de l’argent puisque vous devez payer l’ensemble des intervenants comme les arbitres. Pour une session de trois jours vous allez avoir un coût de 10 000 à 12 000 euros, ce qui est conséquent. Pour nous l’équilibre d’un match se fait par le nombre d’entrées et, jusqu’à maintenant, par l’utilisation d’une buvette qui a apporté des recettes.
La Ville de Lyon en a décidé autrement en plein milieu du championnat et nous a retiré la possibilité de générer des recettes pour donner la buvette à une tierce personne qui est le gestionnaire du bar de la patinoire. Donc on va faire des budgets extrapolant cette perte et voir si financièrement on est capable d’organiser ce carré final. Sportivement je pense que c’est une bonne chose, pour nos spectateurs et pour nous. Financièrement aujourd’hui cela n’est plus intéressant. Maintenant, il faut peser le pour et le contre.
III – Les ambitions du Lyon Hockey Club
– Vous l’avez déjà évoqué plus tôt dans l’entretien, l’ambition du LHC est donc bien un retour en Magnus ?
Oui, on a fait un plan à 5 ans. L’année Covid nous un peu ralenti mais le but est de monter en D2 cette année. Et après, c’est à peu près deux ans en D2 pour monter en D1 puis encore deux ans à ce niveau. Mais cela dépendra essentiellement de notre capacité à avoir un effectif et donc un budget intéressant pour pouvoir recruter des joueurs avec un niveau plus élevé.
– En s’appuyant sur la structure actuelle et en la renforçant ?
Oui. L’objectif et la philosophie sont toujours les mêmes : on veut former des jeunes pour pouvoir jouer en senior. La reprise de l’équipe D3 a été réalisée pour donner des perspectives aux jeunes formés au club. On a une section au lycée et une section au collège donc un sport-études assez complet. On essaie de former des joueurs qui vont pouvoir jouer en D3, en D2, en D1. D’où l’intérêt de renforcer notre niveau d’entraîneurs avec l’arrivée de Marek (ndlr : Marek Rączka, manager général du hockey mineur et ancien gardien du LHC en 2001-02 et 2002-03) aujourd’hui. Et puis demain on va encore se staffer un peu plus.
– Quels pourraient être vos soutiens dans une structuration à plus long terme ? Il y a un peu plus d’un an il y a eu un rapprochement « médiatique » avec une personnalité du hockey qui est Laurent Meunier. Est-il toujours impliqué ? Est-ce une personne sur laquelle vous pourriez compter ?
Le projet avec Laurent, Gérald [Guennelon] et des investisseurs canadiens était intéressant. L’idée était bonne. La difficulté, c’était leur implication. Pour citer le cas Laurent, il vit en Suisse, il ne pouvait pas être là de façon continue et les investisseurs de la même manière. Ils investissaient un petit peu d’argent mais physiquement, ils ne pouvaient pas être là. En fin de compte, c’est ce qui a un peu bloqué notre perspective ensemble.
On avait construit beaucoup de choses ensemble. Ce qui nous intéressait à travers ces personnes et de leur grande connaissance du hockey sur glace, c’était qu’ils s’impliquaient sur le hockey mineur pour nous apporter un peu plus à ce niveau-là. Et c’est un peu ce qui a péché pour moi.
« Le projet avec l’équipe qui représentait Laurent (Meunier) a été abandonné. »
– Aujourd’hui, il n’y a plus de projet ?
Le projet avec l’équipe que représentait Laurent a été abandonné. Pour nous, le but du jeu est de construire et d’apporter des compétences en interne. Après, pourquoi pas s’associer avec des gens capables d’apporter sur le senior mais également sur le mineur. Nous sommes une entité globale, on est une association et on ne veut surtout pas diviser les deux parties.
– Justement, quels sont vos rapports avec le tissu économique lyonnais pour pouvoir vous structurer ?
Alors on a la chance d’avoir un historique important. Vous voyez l’engouement des spectateurs ? De la même manière, on a une équipe qui va chercher qui fait la promotion du hockey pour chercher des partenaires économiques.
On a déjà plus de 40 partenaires. On prépare déjà la saison prochaine. On a des projets pour chercher des partenaires un peu plus gros bien sûr pour apporter financièrement un peu plus d’appui. Aujourd’hui cela prend forme. À travers nos événements, puisqu’on invite nos partenaires aux matchs, On fait de la publicité. Après on organise aussi des team building. Tout cela nous permet de diffuser une bonne une bonne image du hockey et d’attirer un peu plus nos partenaires.
Après, il ne faut pas se leurrer, le premier partenaire important c’est la Ville de Lyon. Elle nous met à disposition la glace, les locaux. C’est un outil de travail très important. On a l’une des patinoires qui a la plus grosse capacité en France. Pour accueillir du monde c’est quand même bien. En plus on a une position géographique centrale, c’est-à-dire qu’on peut venir en tramway, à vélo ou en trottinette à la patinoire.
– On se doute que la relégation en D3 a fait du mal au niveau sponsoring. Seriez-vous capables, si l’équipe progressait de niveau, de faire appel à d’anciens sponsors du club ?
Notre première idée lorsque nous avons repris l’équipe D3 a été d’aller voir les anciens sponsors. Je ne vous cache pas que cela a été difficile puisque les gens avaient besoin d’exprimer leur mécontentement vis-à-vis du hockey et de ce qu’il s’était passé. Après une bonne partie des anciens sponsors sont quand même venus au hockey par passion. L’objectif est de les récupérer et c’est déjà ce qu’il se passe un petit peu.
– Vos objectifs sont donc non seulement d’assainir les finances du club mais également d’en redorer son image ?
On a un historique important, il faut s’asseoir dessus et le raconter. Il y a une période un peu plus difficile avec une image un peu plus négative qui a été beaucoup médiatisée. Après, toute entreprise comme la SASP ou comme d’autres dans d’autres domaines d’activité peut rencontrer des difficultés financières et devoir déposer le bilan. Il fallait passer à autre chose et une de nos premières actions fut de changer le logo. Le moderniser pour que tout le monde ne voit pas l’ancienne histoire – tout du moins la plus récente – négativement et que ce nouveau logo lance une nouvelle histoire.
– Quels sont vos liens avec les autres clubs professionnels Lyonnais ? Un temps le LHC avait un partenariat avec l’ASVEL (note : le club de basket de Lyon-Villeurbanne) sur des aspects de billetterie et d’événementiel. Plus récemment il y avait eu un partenariat avec l’Olympique Lyonnais où l’OL avait même été sponsor maillot. Il y avait également eu l’organisation du Winter Game au Parc OL de Décines. Est-ce qu’il t’envisageable que vous rapprochiez de nouveau de ces clubs ou d’autres ?
On a commencé à relancer cette accroche avec l’ASVEL et avec le LOU (note : club de rugby), un peu moins avec le foot. L’ASVEL fait beaucoup notamment d’animations avec les mascottes donc on participe régulièrement avec la nôtre au petit concours inter-mascottes. Les gens de l’ASVEL nous ont invités et on les a invités. On a des échanges au niveau le marketing parce qu’ils ont beaucoup d’avance sur nous et bien sûr beaucoup plus d’expérience.
Avec le LOU on a toujours eu des liens puisqu’on a une section lycée où les joueurs du LOU font également leurs études. Donc on a eu quelques échanges par le passé. On a ce lien-là qui continue et qu’on essaie de développer. Le but du jeu c’est quand même d’aller chercher l’expérience là où il y en a dans le sport. On a quand même des grands clubs à Lyon et il faut en profiter.
IV : Le hockey mineur et le hockey féminin
– Vous en avez parlé, l’un des objectifs que vous attachiez à la formation qui était de former des joueurs lyonnais et de leur permettre de jouer à différents niveaux voire carrément au plus haut niveau. Avez-vous l’ambition de former des joueurs à la Magnus ?
Il faut savoir que tout le monde n’est pas intéressé par être joueur professionnel à terme. Ensuite, il y a très peu de joueurs qui, malgré tout, arrivent à atteindre un niveau semi-professionnel ou professionnel. Donc, oui, notre objectif c’est d’apporter une formation la plus adaptée possible qui va tirer les gens vers le haut niveau. D’où l’importance du niveau des coachs : ce sont eux qui vont donner cette implication. Après, la poésie de l’objectif, on peut l’écrire. En revanche, s’il n’y a personne pour l’activer ça n’ira pas très loin.
« Il y a de la fierté à former un joueur et de le voir aboutir dans une équipe senior au sein de sa propre ville. »
Donc notre objectif est de garder un noyau dur au sein de l’équipe élite pour montrer que notre formation évolue. Après, ça dépendra de nos compétences et de la compétence des joueurs. Financièrement c’est toujours intéressant d’avoir un Lyonnais. Il est déjà installé donc c’est plus facile. En plus je trouve qu’il y a de la fierté à former un joueur et à le voir aboutir dans une équipe senior au sein de sa propre ville.
– Quel est l’état de l’entente Hockey Clermont-Lyon-Roanne ?
L’objectif de cette entente (qui vit sa quatrième saison), il faut le rappeler, était de pouvoir fournir à tous les joueurs de ces trois clubs un double niveau : un niveau Excellence et est un niveau Elite. Et avoir des équipes beaucoup plus homogènes qui peuvent performer ensemble.
La difficulté de cette entente est que les patinoires sont à distance certaine, ce qui ne facilite pas la cohabitation des entraînements. Chose pratiquement impossible, donc on fait des rassemblements, des choses comme ça. Mais c’est difficile. Cette entente est bien si vous arrivez à trouver un juste équilibre sportivement et financièrement. Le LHC est aujourd’hui le plus gros support de l’entente en termes de coachs, d’encadrement et d’organisation, donc c’est lourd. Et on se pose des questions sur l’avenir parce que le renouvellement de l’entente arrive en fin de saison.
– En termes de licenciés, quelle est la dynamique au LHC ?
Le nombre de licences totales a dépassé les 510 cette année, avec à peu près 300 mineurs et 200 loisirs. On est le plus gros club « loisirs » de France. On a une progression assez importante. On a un taux de renouvellement de licences qui est pratiquement à 100%, les seules personnes qui s’arrêtent le font généralement pour des déménagements ou quand il y a un problème familial.
On suit le « renouvellement des générations » tous les ans. On essaie justement de fidéliser. D’abord les parents parce que ce sont eux qui accompagnent les enfants. Le hockey est très exigeant, d’abord financièrement et après en termes d’investissement humain au quotidien. Les patinoires ne sont pas proches donc faut faire souvent de la route, etc. À ce niveau-là, on a pratiquement 12 % de plus de licenciés que l’année dernière et notamment sur les petites catégories.
On fait très attention sur l’accueil des enfants, sur les âges et sur l’encadrement. Par le passé, on a peut-être commis des erreurs au niveau de l’encadrement de ces tout petits. On passait, faute de temps ou de moyens, par des gens qui n’étaient pas très bien formés. C’est pour ça qu’aujourd’hui on a sur les petites catégories nos coachs les plus formés. Notre manager général (ndlr : Marek Rączka) – qui est un des plus formés – est présent avec ces catégories-là. On a aussi des assistants. On veut aussi prendre des joueurs et des jeunes joueurs qui sont intéressés par la formation qui soient capables d’encadrer, d’expliquer et de montrer les gestes. Je suis très content de leur investissement. Il y a Luke Bonnello, Maxence (Dopeux), Benjamin Robert (qui est en alternance avec nous dans la formation) ou encore Enzo Vericel. Ils apportent leur expérience de joueur et leur connaissance du Lyon Hockey Club.
– Au niveau de la section féminine, on observe une volonté de développer le hockey féminin. Il y a d’ailleurs un match de hockey féminin programmé prochainement à Charlemagne. Est-ce que cela fait aussi partie des objectifs du club ?
Tout à fait. Dans les toutes petites catégories, il y a pratiquement autant de filles que garçons qui viennent essayer. C’est une vraie satisfaction. Après, la difficulté vient de la mixité, plus on grandit et plus c’est compliqué.
Les filles ont droit d’être sous-classées donc elles peuvent jouer même majeures en U17 et U20 et c’est positif. Ensuite, il y avait une vraie volonté, notamment de la part des filles de la section loisirs, de se retrouver. On organise des journées portes ouvertes où on dit « les filles, venez essayer le hockey ». On prête du matériel, que ce soit pour des personnes de 30-40 ans ou des petites filles de 7 ou 8 ans… Cela a beaucoup apporté.
Et puis, forts de ce ça, on s’est dit : « Pourquoi ne pas créer une section féminine ? ». En début de saison, on a posé la question à nos joueuses en leur disant : « Est-ce que vous désirez vous retrouver au sein d’un (championnat) loisir ? » Alors les réponses étaient assez mitigées parce qu’il y a des débutantes, d’autres un peu plus évoluées, et elles craignaient le niveau. Donc cela ne s’est pas fait cette année.
En revanche, en parallèle de cela, elles ont organisé des matchs et des entraînements entre filles. À la suite de ça il y a eu des relations qui se sont créées, notamment avec une équipe canadienne qui vient faire un circuit en Europe (ndlr : Les Palettes Roses). Il y a un match qui est organisé le 3 mars à Charlemagne avec les équipes composées des filles en loisirs de tous âges contre cette équipe canadienne. C’est vraiment un mouvement qui est en train de grossir et qu’on veut pousser.
– Pour à terme d’avoir une équipe en compétition ?
Oui bien sûr c’est l’objectif.
V – Le LHC privé de sa buvette lors de ses matchs
– On va maintenant évoquer le récent sujet « médiatique ». Pouvez-vous expliquer la problématique autour de la buvette de la patinoire aux lecteurs qui ne connaîtraient pas forcément le contexte de la patinoire Charlemagne ?
Au sein de la patinoire Charlemagne, il y a un bar qui appartient la Ville de Lyon. Celle-ci signe une convention avec un gestionnaire (ndlr : le CSGL, Club des Sports de Glace de Lyon). Cette convention existe depuis très longtemps et elle a été reformulée à l’époque où Monsieur Braillard était adjoint aux Sports (ndlr : Thierry Braillard a été adjoint aux sports entre 2001 et 2014 avant de devenir Secrétaire d’État chargé des Sports durant la Présidence de François Hollande) dans lequel il avait intégré le fait que, les soirs de match de l’équipe LHC, le bar n’avait pas le droit d’ouvrir. Et le LHC avait le droit de faire une buvette pour que les spectateurs consomment et rétribuent le spectacle activé par le LHC.
La convention a été renouvelée et elle s’achevait en 2021. Du fait de l’année Covid, la Mairie a fait un avenant pour renouveler cette convention dans les mêmes termes sur la saison 2022. Sur la saison 2023, elle a eu un peu de mal à renouveler cette convention, du moins a tardé à la faire.
Et nous avons entendu dire que le gestionnaire du bar réclamait nos buvettes pendant nos spectacles. On est monté au créneau auprès de l’adjointe aux Sports, Madame Julie Nublat-Faure, pour lui demander des explications sur la situation. On nous a appris que le gestionnaire du bar perdait de l’argent et réclamait éventuellement une évolution de sa convention.
Sur ce, on a expliqué que notre buvette était importante. Que nous amenions les spectateurs et qu’il était normal que nous soyons rétribués à travers la buvette. Et puis on s’est quitté de bons amis. En janvier, au retour des vacances, on a reçu une lettre recommandée de la part de la Mairie avec une injonction de fermer notre buvette, malgré toutes les autorisations. On avait eu l’autorisation de la ville pour avoir une buvette pendant nos événements et on avait déclaré auprès de la patinoire (donc de la Ville) nos événements sur la saison complète, avec le samedi soir, avec l’équipe de D3.
On a redemandé une réunion avec l’Adjointe aux Sports et lors cette réunion, elle nous a annoncé qu’elle avait signé, entre notre rencontre et janvier, un nouvel avenant à la convention avec le bar, lui donnant autorisation d’ouvrir une buvette pendant nos événements du samedi soir.
« Il y a une perte financière importante pour nous (…). C’est à peu près de 50.000 euros. »
Aujourd’hui, il y a une perte financière importante pour nous puisqu’on avait budgété par rapport aux événements de la saison. C’est à peu près 50 000 euros. Et on a interdiction d’ouvrir une buvette, alors qu’on a les autorisations. La Ville nous a accusés d’occuper de façon illégale et sans convention le lieu de la buvette.
La difficulté est que le gestionnaire du bar, certes perd de l’argent, mais c’est lui qui a signé la convention. Il était en tout état de cause au courant du circuit économique qu’il prenait. Et j’ai l’impression que la Mairie – pour compenser cette perte – leur a donné un petit cadeau en disant : « Vous pouvez vous récupérer sur les spectateurs du LHC », tout en nous disant « Ne vous inquiétez pas, on va relancer une consultation pour un marché public à partir de mars pour la saison prochaine ».
On se retrouve face à une situation où on n’arrive plus à financer le budget de l’année. D’où notre volonté aujourd’hui de récupérer ce droit qui existe depuis plus de 15 ans quand même. Et il n’a jamais été question qu’une autre entité profite du spectacle d’une association.
Là où ça se complique, c’est que la convention du bar aujourd’hui passée avec la Ville a été signée avec un autre club de glace qui s’appelle le CSGL et qui occupe également Charlemagne. Il y a donc une autre association qui a un droit d’ouvrir une buvette pendant un événement du LHC.
– On en arrive à une situation ubuesque où vous faites venir des spectateurs pour lesquels vous ne pouvez pas proposer de la restauration. Et deux clubs – qui sont aussi deux associations – résidentes du même équipement municipal se retrouvent donc en opposition frontale ?
Exactement, et ce n’est pas notre volonté. Nous n’avons rien contre le CSGL. C’est une situation ubuesque générée par une décision unilatérale de la Mairie. Je comprends qu’il faille animer et avoir un équilibre financier pour une association. On essaye d’être équilibré au niveau financier. C’est pour ça qu’on réclame la récupération de la buvette. Le CSGL gère la buvette, il est déséquilibré, il faut trouver des solutions, je peux le comprendre. Mais que cela ne se fasse pas au détriment d’une autre association. Je trouve que l’idéal pour ce bar pour les prochaines années serait de regrouper les associations utilisatrices de la patinoire Charlemagne et de gérer le bar à trois. Chaque événement est géré par l’association organisatrice. Cela permet d’avoir une couverture totale sur l’ouverture de la patinoire et de répartir les rôles de chacun en intelligence.
– Quels étaient vos rapports avec le CSGL avant cet imbroglio ?
Le CSGL a des heures de glace importantes et on s’est toujours arrangés pour cohabiter correctement sur la glace. La patinoire Baraban (ndlr : l’autre patinoire de Lyon) va fermer pour travaux. On va se mettre autour de la table pour discuter l’organisation des heures de glace et de leur répartition, comme on le fait depuis des années.
– Et vos rapports avec la Ville de Lyon ?
On a des bons rapports avec la Ville. Elle nous a soutenus dans la reprise, d’où notre frustration. L’Adjointe aux Sports nous a aidé dans le développement et la reprise de la D3. La Ville nous a accompagné financièrement, elle nous a donné une subvention pour nous aider à reconstruire.
Mais aujourd’hui, la subvention qui nous est donnée couvre juste le déficit qu’ils ont généré, donc c’est difficile. À partir du moment où vous avez une ville qui vous prête des locaux et qui vous donne des heures de glace c’est plutôt bénéfique pour tout le monde. On est content d’avoir cette relation-là. Mais sur ce point précis cela nous met en porte-à-faux. On sait qu’on doit travailler avec la Mairie et la Mairie sait qu’elle doit travailler avec les clubs. On ne demande que ça de construire intelligemment les choses.
Ce qui est frustrant c’est que vous avez les règles en début de saison. Vous vous adaptez par rapport à elles mais, en plein milieu de la saison, on vous les change. C’est difficile de s’adapter.
« Faire payer les spectateurs donc monter un peu le tarif des places ? Ce n’est pas ce qu’on veut. »
– Vous évoquiez un manque à gagner de 50 000€. Avez-vous un plan B ?
L’Adjointe aux Sports m’a posé la même question. Qu’avons-nous comme solutions ? Faire payer les spectateurs donc monter un peu le tarif des places ? Ce n’est pas ce qu’on veut. Ce que l’on souhaite, c’est qu’il y ait le plus de monde dans la patinoire. Et pour attirer, il faut que cela reste attractif pour toutes les familles.
On peut aussi faire un huis clos pour montrer qu’on n’est pas d’accord et générer un déficit du côté de l’exploitant du bar. Ce n’est pas la meilleure solution. Cela frustre les spectateurs et on génère encore plus de conflits.
Et c’est aussi de faire appel aux dons. Aussi, quand on a repris l’association avec le bureau (ndlr : après la liquidation de la SASP), on avait 140 000 euros de dettes par rapport à des contentieux au niveau des prud’hommes. Et bien on a réuni tout le monde, puis chacun a mis un peu d’argent. Ça sera peut-être la solution. Après, cela peut être aussi de dire : « Je suis désolé, l’année prochaine la D2 n’est pas accessible parce qu’on n’a pas de budget. Parce qu’on ne peut pas exploiter notre outil les soirs de matchs. » Ça peut être limitant.
– Cela peut être impactant à ce point-là ?
On a un budget attaché à la D3 et juste à la D3 qui est en gros de 120 à 150.000 euros. Quand vous enlevez 50 000 euros, cela fait mal.
– Pour l’instant, votre première action, c’est la pétition diffusée très largement via les réseaux sociaux.
L’objectif est de parler de notre problème et de faire comprendre la situation. On est comme vous, on ne comprend pas pourquoi la Mairie a pris ces décisions – alors qu’elle nous a toujours soutenus – et qu’en plein milieu de la saison elle a changé les règles. Donc c’est nous faire entendre parce qu’aujourd’hui quand on est en face-à-face avec la Mairie, il n’y a pas cet échange-là. On a voulu à travers les articles dans la presse et des appuis politiques qui montent aussi un peu au créneau pour nous, dire : « On existe. On veut développer cette activité, on y croit. On est une association, il faut nous aider à pérenniser cette situation et progresser. Donc écoutez-nous et trouvons des solutions ensemble. »
– Et revenons – en tout cas jusqu’à la prochaine convention – à ce qui était fait avant ?
Exactement. Si la Ville a passé un engagement, difficile de revenir dessus, donc il y a une subvention exceptionnelle pour nous aider à passer ce point dur. Après, si un marché public est proposé, on s’alignera. On sera peut-être capable de prendre ce marché ou pas. Mais au moins, en début de saison on sait où on va.
« On est partenaires avec la Ville ! On ne peut pas se permettre, eux comme nous, d’être en confrontation. »
– Est-ce que vous pourriez envisagez une réponse légale ou n’est-ce pas à l’ordre du jour ?
On a reçu un courrier recommandé nous indiquant qu’on avait plus droit à la buvette. On a répondu de la même manière à l’Adjointe aux Sports mais on ne veut pas aller à la confrontation. On est partenaires quand même avec la Ville ! On ne peut pas se permettre, eux comme nous, d’être en confrontation. Ce n’est pas positif, ce qu’on vit aujourd’hui.
On veut que nos supporters manifestent et qu’ils soutiennent à travers la pétition. On a largement dépassé les 2000 signatures. Mais aussi à travers la communication qu’on peut faire lors des matchs ou en dehors des matchs. On veut un échange. On veut quelque chose de construit.
– Souhaitez-vous ajouter quelque chose ou faire passer un message ?
Le LHC est une association. Les gens qui la dirigent sont des bénévoles. Le temps qu’on donne, c’est pour construire l’avenir du hockey à Lyon. On est là pour les enfants, pour promouvoir le hockey au sein de notre ville et défendre nos couleurs. On n’est là pas là pour gagner de l’argent ou pour voler de l’argent sur le dos de quelqu’un d’autre.
On offre un spectacle – avec des joueurs lyonnais – et je trouve normal que l’organisateur de ce spectacle qui attire plus de 2000 personnes soit rétribué et puisse se développer à travers cette activité. Et ce n’est pas seulement le hockey senior qui se développe, c’est aussi le hockey mineur.
Aujourd’hui les finances sont pour le hockey mineur et pour le développement : pour avoir des coachs et faire évoluer notre club. On n’a pas vocation à se mettre de l’argent dans les poches. Aujourd’hui, on est plus à donner de l’argent et beaucoup de temps que l’inverse. Et on a besoin de tout le monde !