Le match n°4 avait finalement lieu avant le match n°3, interrompu samedi à 0-0 au bout de 15’47, puis annulé ce dimanche matin, remis à lundi, à cause de trous dans la glace mettant en évidence le mauvais état du glaçon rouennais et cela malgré le dévouement des chefs de pistes et bénévoles qui ont tenté de refaçonner la banquise. Révélation d’un désordre important de génie civil au niveau de la dalle béton, signalé et connu, mais non résolu depuis l’été dernier par le maître d’ouvrage-exploitant qui semble sans solution curative immédiate. Pire sans doute, sans procès, ni consignes ou choix palliatifs momentanés, qui assurerait au minimum un bon fonctionnement de ses locataires.
Humilié, puis impuissant à pôle sud, le RHE, très mince tactiquement et techniquement, totalement hors du coup, n’a dans ces conditions pas pu prendre l’avantage de la glace chez le tenant du titre. Ce soir, il s’agissait d’abord pour les Dragons de ne pas voler en éclats, ne pas gâcher tous les efforts collectifs consentis jusqu’à la semaine dernière pour en arriver là, et cela passera par retrouver un peu de corps et d’efficacité dans les duels. Ensuite, viendrait seulement l’ambition de recoller aux basques des BDL en recouvrant de l’efficacité dans les fondamentaux du jeu.
Rouen a su relever le défi de l’intensité, de la vitesse et de l’intelligence de jeu et avec l’aide de l’île Lacroix qui a démontré sa fureur de vivre, a exercé une pression assez dense sur le champion grenoblois qui a parfois semblé aux abois nerveusement, surtout indiscipliné, dérangé par le défi physique et l’intensité imposés par le challenger. Avec abnégation, les Dragons, après avoir ouvert le score, ont recollé but par but avant de se sortir de l’opposition extrêmement solide de Grenoble grâce à un but en prolongation de Florian Chakiachvili.
Comme hier, lors du faux départ du match 3, sans doute même mieux, Rouen a démarré fort la rencontre, prenant le match par le bon bout et, après une première supériorité un peu stupide offerte comme la veille par Poukkula, a ouvert le score assez logiquement par Niclas Lucenius. Trouvé d’une longue diagonale par Elorinne, le joker finlandais a repris son propre rebond à droite au second poteau alors que Stepanek avait perdu de vue le palet (1-0 à 12’33).
Vingt six secondes plus tard, les coéquipiers de Joël Champagne ont très rapidement répondu en égalisant aussitôt. Dylan Fabre a exécuté tout un numéro dans le cercle droit avant d’égaliser d’un tir balayé fort passant entre le bras et les côtes de Pintaric (1-1 à 12’59).
À la faveur de leur première supériorité, pour une dureté rouennaise là aussi un peu niaise, les champions ont pris l’avantage. Brent Aubin a surpris son monde. Recevant une passe après une entrée en zone d’un partenaire, le Canadien faisait partir son lancer des poignets du haut du cercle gauche vers la lucarne côté mitaine (1-2 à 14’48). Les Brûleurs de Loups reprenaient des couleurs et il fallait un arrêt de la botte de Matija Pintaric devant Koudri pour maintenir les Dragons dans le match (19’00).
Durant le tiers médian, il était difficile de tirer des tendances caractéristiques si ce n’est que l’ambiance électrique qui régnait semblait avoir un peu dérouté les hommes de Jyrki Aho qui s’avéraient assez nerveux (Aubin, Hardy) et affichaient en plus des lacunes techniques improbables (Stepanek, Koudri et Dair). S’ils ne perdent pas le match là, ils ne le tuent pas non plus.
Brent Aubin (incorrection) déclenchant la fureur de Aho sur son contingent, puis Stepanek (cage déplacée sur l’action suivante après l’avertissement verbal de l’arbitre) ont offert deux powerplays coup sur coup aux Dragons à leur retour sur la glace. Dans un jeu installé, Kelsey Tessier, servi par une passe transversale de Boivin, a puni le gardien d’en face d’un tir parti du côté gauche (2-2 à 22’10).
À deux contre quatre, Sacha Guimond trébuche et ne pouvait correctement s’opposer à Brent Aubin qui abandonnait le puck derrière lui pour que Fabre, seul dans le cercle gauche, ajuste Pintaric d’un tir à mi-hauteur, côté plaque (2-3 à 25’08). Photo ci-dessous.
Après une belle remontée de palet de Lamarche qui lui sert une passe transversale, Brent Aubin pense avoir la cage ouverte mais Pintaric se déplace pour un arrêt magnifique de la mitaine.
Les arbitres n’accordaient pas deux buts. Un de chaque côté, comme pour n’accabler aucune des deux équipes. Remarquable, fait rare, les spectateurs ont pour une fois été respectés et ont bénéficié d’explications annoncées au micro. L’un des buts non validés a été inscrit du patin (Champagne à 25’27 après un tour de cage de Treille) et l’autre alors que la cage était dé-soclée (Mallet à 27’57).
L’indiscipline grenobloise, évoquée plus haut, donnait une chance supplémentaire aux Rouennais d’égaliser. Joris Bedin, plein de sang-froid, reprenait un rebond dans le haut des filets. Le but était accordé, sans visionnage, malgré une cage une nouvelle fois déplacée par Stepanek (3-3 à 30’18).
La deuxième moitié de cette période nerveuse, a été hachée par trois pénalités, qui basculent en faveur de Rouen après une faute de Hardy en zone offensive. Les locaux à quatre contre trois pendant 1’08 et cinq contre quatre pendant 37 secondes buteront alors sur un très solide Stepanek (34’40).
Sorti de ces jeux spéciaux, après un trois-contre-deux mené par Nicolas Deschamps mais non abouti (36’08), un tour de cage de Chakiachvili (37’29) et une chance pour Dair (37’50), Rouen asphyxiait le champion d’un moment fort sans conséquence pour la marque.
Au début du dernier tiers, Jakub Stepanek devait s’employer de la mitaine sur une tentative de Tomasino (42’26). De même, Matija Pintaric face à Fabre en contre (42’45). Aleksi Elorinne était gros pour contrer Deschamps (44’31). Puis Dylan Fabre était magique sur le côté droit. L’ailier sortait de sa zone, traversait la zone neutre, entrait de zone, débordait, allait à la cage au premier poteau et trouvait l’espace riquiqui à ras la glace entre les genoux de Pintaric. Quelle démonstration prodigieuse du joueur de 22 ans (3-4 à 45’01).
L’ogre grenoblois, idéalement placé dans la position du chasseur par son prodige, auteur d’un tour du chapeau ce soir, n’a plus qu’à fermer la maison. Mais les BDL retombent dans leurs travers indociles qui leur causent une septième pénalité ! Rouen n’en profite pas. Jakub Stepanek, sorti derrière sa cage, est ensuite surpris par un rebond dans la plinthe. Le retour du palet parvient à Kaylian Leborgne qui avec cran ne tremble pas pour égaliser dans la cage vide (4-4 à 48’01).
Matija Pintaric dit ensuite non à Fleury (51’18). Florian Chakiachvili use les bottes de Stepanek. Décidément, les blancs sont fébriles. Nicolas Deschamps pénalise son équipe à cause d’une troisième faute offensive grenobloise. Soutenu par un public en fusion, le power-play rouennais trouve des solutions de tirs mais Stepanek et son quatuor sont bien en place. Dylan Fabre, toujours lui, dispose d’une chance en infériorité, pour une fois l’ailier manque le cadre (55’55). Le RHE hérite d’un nouveau jeu de puissance. Là encore, les coéquipiers de Loïc Lampérier butent sur Stepanek toujours très solide, même autant sollicité, et un carré héroïque, tandis que Fleury loupe le cadre à son tour (57’47).
Le sort du match 4 sera finalement délivré après l’heure de jeu habituelle. En prolongation, Grenoble obtient deux chances. Une barre pour Kyle Hardy (60’33) et une tentative pour Fabre (61’16). Un poil plus tard, Florian Chakiachvili, au voilage, délivre Péchalat en déviant un tir-passe de Tessier au nez et à la barbe de Stepanek (5-4 à 61’43).
Grâce à cette victoire, les Dragons remettent un patin dans cette finale. Pour les Brûleurs de Loups, l’objectif reste le même, valider leur avantage de la glace dans l’ambiance survoltée de l’antre des Normands.
Commentaires d’après-match (sur Sport en France) :
Vincent Nesa (attaquant de Rouen) : « C’est important de gagner des matches en prolongation pendant les séries. Cela nous permet de revenir à un match de Grenoble. On a eu de la chance sur le but égalisateur mais ça fait partie du jeu. On a nos supporters derrière nous qui nous poussent toute la soirée, ça compte énormément. Quand on monte sur la glace, on sent tout de suite que l’atmosphère est différente, c’est un réel plaisir. J’ai toujours eu cette étiquette de tout donner pour mon équipe et de me faire mal, et ça fonctionne. On peut commencer à appeler [Chakiachvili] un joueur d’overtime, car ça fait deux fois qu’il marque à des matches importants [après le but de la qualification en demi-finale à Angers]. On veut garder cette dynamique et rester dans le positif. »
Rouen – Grenoble 5-4 après prolongation (1-2, 2-1, 1-1, 1-0)
Dimanche 9 avril 2023 à 17h30, à la patinoire Nathalie Pechalat. 3279 spectateurs.
Arbitres : Nicolas Cregut et Nicolas Barbez assistés de Nicolas Constantineau et Quentin Ugolini.
Pénalités : Rouen 4’ (2′, 2’, 0’) ; Grenoble 50′ (4′, 8’, 6’, 2+10+20’)
Tirs : Rouen 39 (12, 12, 13, 2) ; Grenoble 23 (9, 5, 7, 2)
Supériorités : Rouen 2/9, Grenoble 1/2
Évolution du score :
1-0 à 12’33 : Lucenius assisté de Elorinne et Nesa
1-1 à 12’59 : Fabre assisté de Raymond et Koudri
1-2 à 14’48 : Aubin assisté de Treille et Rouhiainen (sup.num.)
2-2 à 22’10 : Tessier assisté de Boivin et Mallet (sup.num.)
2-3 à 25’08 : Fabre assisté de Aubin et Koudri
3-3 à 30’18 : Bedin assisté de Beauchemin et Lampérier (sup. num.)
3-4 à 45’01 : Fabre assisté de Koudri et Rouhiainen
4-4 à 48’01 : Leborgne
5-4 à 61’43 : Chakiachvili assisté de Tessier et Lampérier
Rouen
Attaquants :
Loïc Lampérier (C) – Kelsey Tessier (A) – Rolands Vigners
Christophe Boivin – François Beauchemin (puis Leborgne à 34’40) – Alexandre Mallet
Quentin Tomasino – Vincent Nesa – Niclas Lucenius
Joris Bedin – Kaylian Leborgne – Tommy Perret
Arrières :
Florian Chakiachvili (A) – Aleksi Elorinne
Sacha Guimond – Charlie Dodero
Dylan Yeo – Enzo Cantagallo
Gardien :
Matija Pintaric (19 arrêts)
Remplaçants : Tonin Caubet (G) et Bastien Maïa. Absent : Valentin Claireaux (déchirure des muscles fessiers).
Grenoble
Attaquants :
Sacha Treille – Joël Champagne (C) – Aurélien Dair
Markus Poukkula (puis F.Dair à 40’00) – Nicolas Deschamps (A) – Damien Fleury (A)
Dylan Fabre – Adel Koudri– Brent Aubin
Flavien Dair – Timothé Quattrone – Julien Munoz
Arrières :
Kyle Hardy – Maxim Lamarche
Janne Jalasvaara – Jere Rouhiainen
Bobby Raymond – Lucien Onno
Gardien :
Jakub Stepanek (34 arrêts)
Remplaçants : Raphaël Garnier (G) et Alexandre Pascal. Absents : Pierre Crinon (jeune papa d’une petite Jeanne) et Quinton Howden (étranger surnuméraire).