Birgit, de là-haut, tu peux être fière de toutes tes ouailles !
Dans Péchalat, définitivement cathédrale du hockey français, après un premier tiers dominateur, puis ensuite lors de deux périodes plus accrochées, enfin dans une mort subite apogée d’angoisse et d’espoir, Rouen n’a jamais laissé passer devant lui l’ogre grenoblois qui, trop court, a parfois manqué de lucidité ou de justesse technique pour changer les choses. Les Dragons ont toujours pris l’ascendant sur un champion qu’ils ont destitué. Ils ont un peu manqué de réalisme pour terminer le travail dans l’heure de jeu, mais pas là où ça compte plus que tout, en prolongation.
Le RHE n’a jamais rien lâché, à l’image de ses unités d’infériorité numérique, comme nous l’avions déjà remarqué à la fin du dernier match disputé sur l’île Lacroix et éprouvé à Pôle Sud mercredi. Elles ont définitivement dompté les attaques à cinq des BDL afin de soulever la coupe Magnus. Ce n’est surement pas un hasard si c’est un des hommes de base des carrés défensifs de Fabrice Lhenry, Dylan Yeo, qui, dans la prolongation, a marqué le but vainqueur, et a fait de Rouen pour la 17e fois le champion, et cela en enchaînant quatre victoires de suite, sans encaisser de riposte aucune ! Pas photo !
En effet, les Avengers isérois, pourtant bâtis pour gravir l’Europe, après deux défaites en Normandie, invaincus à Pôle Sud, n’ont pas été capable de l’emporter chez eux, mercredi, malgré les deux superhéros Brent Aubin et Dylan Fabre, offrant ainsi aux Seino-marins deux cartouches, dont une exposaient les Brûleurs de Loups à l’enfer de l’île Lacroix là où ils n’auront jamais gagné cette saison Pas photo !
Rouen a dominé le premier tiers, dans tous les cas les quinze premières minutes. Christophe Boivin était le détonateur. L’ailier gauche a touché un montant (0’28) puis brûlé la mitaine de Stepanek lors de la prison de Hardy (3’19). Aurélien Dair est dangereux (4’58).
Après un palet gagné dans la bande par Loïc Lampérier sur Fabre, Vigners en hérite derrière la cage et, hors du marquage de Rouhiainen, le Letton embarque Jalasvaara sur une fausse piste à gauche et repique à la cage au poteau droit. Vigners signe un jeu inégalable. Il parvient ensuite à glisser la rondelle sous les jambières de Stepanek, sur le coup un peu juste techniquement (1-0 à 5’53).
Grenoble accusera le coup mais est resté en vie grâce à Dylan Fabre. Après une mise en jeu, la pépite démarquée, parce que la défensive rouennaise a été aspirée par Aubin, est bien trouvé dans le cercle gauche par Deschamps et crucifie Pintaric d’un puissant tir balayé en haut des filets (1-1 à 9’22).
Les Dragons ne perdent pas le momentum car moins d’une minute plus tard, après une mise au jeu offensive, Kelsey Tessier au poteau gauche prend une bien meilleure position que Champagne pour saisir un long rebond donné par Stepanek. Le joueur de centre double la marque dans une cage ouverte (2-1 à 10’21).
Dans la deuxième moitié du tiers, les hommes de Jyrki Aho vont parfois sombrer. Alexandre Mallet (10’37), Bedin (11’42) et Beauchemin (12’54) – qui a remplacé Vigners blessé (12’39) – manquent tous trois de précision et ne tuent pas l’animal blessé. Finalement les Isérois reviennent aux affaires par l’intermédiaire de Sacha Treille. L’ailier est la tête de pont grenobloise en cette fin de tiers. Mais l’international français manquait à chaque fois la cage (14’54, 17’20 & 17’43).
Dans la période médiane, Matija Pintaric s’est opposé aux chances de Hardy (20’55), de l’ainé des Dair (30’16) et de Deschamps (35’06). Mais le Slovène a dû s’incliner sur un lancer parti du cercle droit des mains de Brent Aubin lorsque le duo Deschamps-Fabre entrait en zone offensive en possession du palet et attirait à gauche toutes les attentions de sa défensive (2-2 à 25’04). Photo ci-dessous.
Sur une attaque massive, Matija Pintaric était sauvé par un montant lors d’un tir d’Aubin (34’07). Son vis-à-vis, Jakub Stepanek recouvrait d’abord des qualités qui ont permis à son équipe de rester dans le match. Le gardien Tchèque s’est dressé à huit reprises afin d’enrayer Yeo (21’27 & 30’54), Tessier (22’47, 28’56 & 31’36), Dodero (26’29), Mallet (30’24) et Bedin (30’30).
Cependant, juste après le poteau d’Aubin, sur un lancer d’Aleksi Elorinne à la pointe, obtenu après un face-off, Stepanek offrait un nouveau long rebond au palet qui, en voulant être contrôler du patin par Joris Bedin, finissait sa route dans les filets. D’abord non validé sur le moment, le but était finalement jugé valable après le visionnage des images vidéo par les arbitres (3-2 à 34’39). Double coup de massue sur la tête des visiteurs, ce but était inscrit en infériorité.
La fin de la période du milieu et le début du dernier tiers étaient hachés par des pénalités qui donnait un 4-contre-4 durant lequel les coéquipiers de Joël Champagne, supérieurs dans cette spécificité, ont égalisé. Il n’a pas fallu beaucoup de temps à Dylan Fabre pour envoyer des poignets le palet dans la lucarne de Pintaric lorsque l’ailier a été trouvé dans le cercle gauche au bout d’une longue passe transversale de Deschamps (3-3 à 44’17).
Malgré un jeu de puissance en faveur de chaque équipe, qui laissaient ainsi passer leur chance, les défensives et leurs gardiens ne permettaient pas ensuite de nouveau but avant la mort subite. Matija Pintaric fermait la porte à Champagne (46’01), Aubin (48’40) et Fabre (58’53). Charlie Dodero endormait Deschamps (48’51). Julien Munoz était contré in extrémis (57’54).
De son côté, Jakub Stepanek, parfois aidé par l’imprécision des joueurs de Fabrice Lhenry qui ne cadraient pas (Lampérier à 50’45, Bedin à 54’48 et Yeo à 56’51), empêchait, Tessier (51’05) et Boivin, lui, dans l’ultime seconde (60’00) de marquer.
Dans la prolongation, les deux équipes ont eu leurs chances. Du côté de Rouen, Tessier (61’01), Boivin (63’02 & 63’26) et Mallet (64’16) ont eu l’occasion d’en finir. Du côté de Grenoble, ce sont Treille (60’40 & 62’12), Deschamps (61’09 & 62’54), Hardy (62’07) et Aubin (63’14) qui ont échoué à leur survie.
Jusqu’à ce que Dylan Yeo s’infiltre dans le slot entre Rouhiainen et Fabre et qu’il y soit servi de la droite par Boivin. Le pistolero canadien après un rapide contrôle de la palette, soulevait le palet du revers au-dessus de la mitaine un peu trop lente de Stepanek. Les casques et les crosses rouennaises volaient dans un vacarme assourdissant, presqu’inflammable et palpable pour célébrer le 17e titre du hockey rouennais ! Loïc Lampérier soulevait la coupe. On pouvait faire la fête. Ça tombait bien le nouveau Metallica, à la pochette noire et jaune, est sorti ce matin !
Commentaires d’après-match (dans 76actu et Paris Normandie) :
Loïc Lampérier (capitaine de Rouen) : « C’est incroyable, c’est du pur plaisir ! Gagner en prolongation ce sont des souvenirs qui restent pour longtemps. On a toujours cru en nous même quand on a mal commencé la série là-bas. On ne jouait pas avec notre identité. Mais la force de cette équipe c’est son mental son caractère, comme le club. Un grand merci aux supporters, ils ont grandement participé à tourner la série. Quand on a vu l’ambiance le weekend dernier c’était incroyable, ça a donné de la force pour aller la chercher pour eux ! »
François Beauchemin (attaquant de Rouen) : « À la base, je devais juste être sur le banc, au cas où, mais quand Rolly (Vigners) a eu un souci physique, j’ai dit que j’étais prêt à embarquer. Je vais avoir mal aux genoux pendant un petit mois après ça mais, franchement, ça valait le coup. La récompense est là. J’espère du plus profond de mon cœur, pour vrai, que je vais revenir ici et que je vais rester ici le plus longtemps que je peux. Je suis heureux c’est incroyable ! J’ai envie de rester à Rouen avec mes amis on est bien ensemble. »
Nicolas Deschamps (attaquant de Grenoble) : « On fait une bonne saison dans l’ensemble. On a bien débuté la série. Entre deux équipes qui jouent bien ça se joue souvent à des petits détails, au facteur chance… On a eu nos chances, mais ils ont eu plus de réussite que nous. Ils se sont accrochés même menés deux victoires à zéro. Ils ont eu beaucoup de caractère. Chapeau à Rouen »
Fabrice Lhenry (entraîneur de Rouen, photo ci-dessous) : « C’est une très belle victoire parce que ce n’est pas un ou deux joueurs qui ont fait la différence mais l’ensemble d’un groupe de 25 joueurs. Malgré les blessés ça ne s’est pas vu. On a travaillé pour gagner ce titre. C’est une victoire particulière parce que l’année a été compliquée, différente. On a beaucoup de joueurs talentueux, mais pas toujours réguliers et avec moins de leaders. Il fallait tout le temps les pousser. Ils ont tous finalement su se resserrer pour travailler dans le même sens et s’offrir une belle fête à l’Ile Lacroix. J’adore cette ville, ce club… Tant qu’on me donnera l’opportunité de rester, je ferai tout pour qu’on reste au plus haut niveau ! »
Thierry Chaix (président de Rouen) : « L’association Fabrice (Lhenry) – Anthony (Guttig) a marché de manière incroyable, oui. Ça n’était pourtant pas gagné d’avance car ce sont deux garçons aux personnalités et aux idées parfois différentes mais, quand on en a parlé l’été dernier, Fab (Lhenry) a tout de suite dit qu’il se sentait de travailler avec Anthony, que ça l’intéressait parce qu’il était différent et qu’ils allaient pouvoir échanger. C’est faire preuve de beaucoup d’intelligence, je trouve, de la part du coach. »
Rouen – Grenoble 4-3 après prolongation (2-1, 1-1, 0-1, 1-0)
Vendredi 14 avril 2023 à 20h30, à la patinoire Nathalie Pechalat. 3279 spectateurs.
Arbitres : Pierre Dehaen et Damien Bliek assistés de Nicolas Constantineau et Clément Goncalves.
Pénalités : Rouen 10’ (0′, 6’, 4’, 0’) ; Grenoble 6′ (2′, 0’, 4’, 0’)
Tirs : Rouen 40 (17, 13, 6, 4) ; Grenoble 41 (7, 15, 14, 5)
Supériorités : Rouen 0/3, Grenoble 0/5
Évolution du score :
1-0 à 05’53 : Vigners assisté de Lampérier
1-1 à 09’22 : Fabre assisté de Deschamps et Aubin
2-1 à 10’21 : Tessier assisté de Lampérier et Dodero
2-2 à 25’04 : Aubin assisté de Deschamps et Fabre
3-2 à 34’39 : Bedin assisté d’Elorinne (inf.num.)
3-3 à 44’17 : Fabre assisté de Deschamps et Lamarche
4-3 à 64’45 : Yeo assisté de Boivin
Rouen
Attaquants :
Loïc Lampérier (C) – Kelsey Tessier (A) – Rolands Vigners puis François Beauchemin à 12’39
Christophe Boivin – Niclas Lucenius – Alexandre Mallet
Joris Bedin – Vincent Nesa – Quentin Tomasino
Bastien Maïa – Kaylian Leborgne – Tommy Perret
Arrières :
Florian Chakiachvili (A) – Aleksi Elorinne
Sacha Guimond – Charlie Dodero
Dylan Yeo – Enzo Cantagallo
Gardien :
Matija Pintaric (38 arrêts)
Remplaçant : Tonin Caubet (G). Absent : Valentin Claireaux (blessé).
Grenoble
Attaquants :
Sacha Treille – Joël Champagne (C) – Aurélien Dair
Dylan Fabre – Nicolas Deschamps (A) – Brent Aubin
Flavien Dair – Quinton Howden – Julien Munoz
Matias Bachelet – Timothé Quattrone
Arrières :
Kyle Hardy – Maxim Lamarche
Bobby Raymond – Jere Rouhiainen
Pierre Crinon – Lucien Onno
Janne Jalasvaara (A)
Gardien :
Jakub Stepanek (36 arrêts)
Remplaçant : Raphaël Garnier (G). Absents : Alexandre Pascal (?) Markus Poukkula (?), Adel Koudri (?) et Damien Fleury (suspendu).