La nouvelle, qui ne fut qu’une demi-surprise, a été annoncée aujourd’hui : les Spartiates de Marseille évolueront en Ligue Magnus la saison prochaine. Le club phocéen, qui se préparait à cette montée depuis quelques années maintenant, viendra donc prendre la place restée vacante depuis la liquidation judiciaire des Scorpions de Mulhouse. Retour sur cette montée aux multiples enjeux pour le hockey français.
L’accession du club marseillais dans l’élite du hockey français,vient s’inscrire dans une volonté plus globale de la fédération. Six ans après la disparition du HC Lyon, la Fédération Française de Hockey sur Glace (FFHG) n’a pas caché sa volonté de développer une identité hockey dans les grandes villes de France. Car oui, à l’aube de la saison 2023/2024, la seule grande ville de France représentée au plus haut niveau national était Bordeaux –Nice et Angers ne l’étant que dans une moindre mesure-. L’arrivée des Spartiates en Magnus est donc une aubaine pour la fédération. Car si Marseille vibre aux couleurs de l’OM, les Spartiates se font petit à petit leur place dans la citée phocéenne et attirent de nouveaux publics, le club ayant eu notamment une affluence moyenne de 3 000 spectateurs, ce qui en fait l’une des meilleures affluences de France sans distinction de niveau. Pour autant, cette montée administrative n’a pas forcément été bien accueillie par le grand public qui critique la logique sportive de celle-ci.
La subtilité entre montée sportive et montée administrative réside dans le règlement. Si Marseille n’a pas obtenu sa promotion sur la glace – n’ayant pas été champion de D1 – ils l’ont obtenue administrativement. Comme les amateurs du hockey français le savent, la Ligue Magnus est une ligue semi-fermée. Sur le plan sportif, si la lanterne rouge du classement peut connaître la relégation, celle-ci est conditionnée à la déposition d’un dossier financier -dont la date de rendu est en novembre- par le champion de division 1. Si ce dernier n’a pas déposé de dossier, il n’y a ni relégation, ni montée. Tel est le règlement en vigueur. Or, sur le plan administratif, la question est toute autre. Si un club de Ligue Magnus connaît une liquidation judiciaire, un repêchage est effectué parmi les clubs ayant déposé un dossier financier au préalable, ce qui est ici le cas de Marseille.
Quelques jours seulement après l’annonce officielle de la liquidation judiciaire des Scorpions de Mulhouse et après avoir étudié les dossiers déposés par les clubs candidats à l’accession en Ligue Magnus, la Fédération Française de Hockey sur Glace a annoncé avoir retenu la candidature des Spartiates de Marseille. Bien qu’ayant connu une saison compliquée en Division 1, obtenant son maintien au terme de la poule de relégation, Marseille s’est placée depuis quelques saisons comme l’une des places émergentes du hockey tricolore. Jonathan Zwikel, directeur sportif du club, discute avec nous du projet des spartiates, de cette montée, des conséquences de celle-ci mais aussi des enjeux à venir pour le club phocéen :
Après le titre de 2020/2021, vous avez centré votre projet de jeu sur les jeunes, la volonté était-elle de développer la jeunesse pour continuer à être compétitifs sur le long terme ?
Jonathan Zwikel (JZ) : «L a D1 c’est un tremplin pour le hockey français. On voulait créer un projet à long terme de monter tout en étant à court terme, un marchepied pour nos joueurs français, pour qu’ils évoluent à un très bon niveau, très jeunes, pour ensuite se développer. Cette saison a été compliquée parce que les quelques étrangers de l’effectif se sont moins bien adaptés que prévus, nos Français ont moins performé, c’est un tout. La recette a moins pris cette saison, malgré le bon vouloir de tout le monde. On est entrés dans une spirale négative et on s’en est sorti lors de la poule de relégation. Avec la Magnus, le projet va évoluer. »
On le sait, le dépôt de dossier pour l’accession en Ligue Magnus (SLM) est compliqué avec beaucoup de critères à remplir. Parmi ceux-là, il y a notamment le fait de développer le hockey mineur, ce qui n’est pas le cas des Spartiates à l’heure actuelle, la montée va-t-elle être accompagnée de la création d’équipes en hockey mineur ?
JZ : « Tous ceux qui ont géré des clubs savent que c’est plus facile de créer une équipe fanion qu’une équipe de jeunes. Pour atteindre le cahier des charges de la SLM sur ce point, nous mettrons des années mais nous y parviendrons. C’est compliqué de créer une pyramide pérenne, le processus va mettre du temps mais il se construit petit à petit. La montée en Magnus va continuer à faire parler du hockey à Marseille, ce qui va profiter au hockey amateur. Cela profitera aussi à l’équipe fanion parce qu’elle aura du sens et incitera les jeunes à se mettre au hockey. »
Quels sont les enjeux pour le club cet été ? Attirer de nouveaux partenaires, continuer de se structurer ?
JZ : « La stratégie ici a toujours été de continuer à penser à chaque niveau et de ne pas tout mettre dans le sport. Il ne faudra pas négliger les aspects extra-sportifs, donc l’enjeu va être d’aller chercher les gens, de continuer à se structurer autour de notre équipe marketing qui est talentueuse et qui fonctionne. Dans le même temps, continuer à structurer l’aspect sportif, parce que nous ne voulons pas être ridicules sur la glace. »
Votre mercato est déjà bien avancé, comment composer avec un effectif prévu pour évoluer en D1 ?
JZ : « L’enjeu va être d’ajouter de l’expérience Ligue Magnus dans notre effectif. La question c’était comment s’y retrouver sportivement ? Nous nous préparions à la D1 et nous voilà en Magnus, même si le budget nous permet d’anticiper, il va falloir trouver les clés pour adapter l’alignement à la Magnus parce que c’est jamais simple d’adapter un effectif à un changement de dimension comme celui-ci. »
Vous avez signé deux joueurs de Gap qui évoluent en licence bleue, qu’en est-il pour eux, maintenant que vous aussi évoluerez au plus haut niveau français ?
JZ : « C’est encore en cours de discussion avec Gap. J’étais très fier de notre partenariat avec Gap et c’est mon gros regret, sans dénigrer personne, je ne vois aucune autre association en licence bleue qui marchait aussi bien que nous. Les résultats étaient exceptionnels, des joueurs comme Léo Faure n’auraient pas connu de développement comme ça sans cette association. Les joueurs passent toujours avant l’intérêt du club. C’est ça qui fait notre force. On va voir avec les jeunes concernés par ce programme, ce qu’il se passe pour eux. C’est Gap qui a la main mais l’enjeu va être de ne pas laisser ces jeunes sur le carreau, on fera de notre mieux. Tout ce que j’espère c’est que les autres clubs de Magnus et de D1 se rendent compte de l’intérêt de ce programme qui est essentiel dans le développement du hockey en France. »
Quel est l’objectif des Spartiates cette saison ?
JZ : « L’objectif n’est pas très haut cette saison, c’est tout simplement de se maintenir et de produire de belles choses sur la glace. Réussir cela sera déjà le signe d’une saison réussie. »