Les Flames de Calgary font face à une vague de départs majeure. La fenêtre d’opportunité du club semble désormais close. Mais un nouveau staff débarque : la reconstruction commence.
Il y a le feu à Calgary, et ce n’est pas celui du logo… Les Flames font face à une crise importante, qui a commencé l’été dernier avec les départs de Matthew Tkachuk et Johnny Gaudreau. Les deux artisans de l’offensive souhaitaient changer d’air. Le premier a été entendu et échangé contre Jonathan Huberdeau et Mackenzie Weegar. Le second a pris la poudre d’escampette en rejoignant Columbus en agent libre.
Mais Huberdeau n’a pas apporté autant qu’attendu. Les Flames ont manqué les playoffs et le coach Darryl Sutter, au management archaïque, a été relevé de ses fonctions. L’animosité entre l’entraîneur et ses joueurs rendait la situation intenable.
Le bilan des Flames sur cette ère est particulièrement médiocre, en dépit de la présence de joueurs de qualité. Cinq saisons sans playoffs entre 2009-2010 et 2013-2014 ; puis, des résultats poussifs : pas de playoffs en 2016, 2018, 2021 et 2023, un piteux premier tour en 2017, 2019 et 2020… et seulement deux deuxièmes tours en 2015 et 2022. Les neuf ans du manager général Brad Treliving restent donc très décevants.
Nouveau projet d’arena
L’été 2023 semble être celui des décisions radicales. En premier lieu, un changement d’arena. Le Saddledome, inauguré en 1983, est largement obsolète : c’est la plus vieille patinoire de la ligue après le Madison Square Garden de New York, mais ce dernier a bénéficié d’une rénovation majeure en 2013. La ville de Calgary et la province de l’Alberta se sont mis d’accord pour la construction d’une nouvelle patinoire, accompagnée d’une patinoire d’entrainement de 1000 places ouverte au tout public, à proximité du Saddledome. Le projet, d’un montant de 1,22 milliards de dollars, comprend aussi les accès de transports publics et sera financé par la province, la ville et les Flames eux-mêmes. La date de début de construction reste cependant inconnue.
Un staff chamboulé
Côté staff, Calgary a aussi tout changé. Exit Brad Treliving : le manager général, recyclé par Toronto, cède son fauteuil à l’ancien joueur Craig Conroy. Treliving était en fin de contrat. Conroy, légende du club, compte plus de 1 000 matchs à son actif en tant que joueur, dont la moitié à Calgary. A 51 ans, Conroy monte donc d’un cran après avoir été assistant de Treliving pendant neuf ans.
Le coach Darryl Sutter a lui été remercié avant que son extension de deux ans ne s’active. Un soulagement pour certains joueurs : Jonathan Huberdeau et Nazem Kadri, notamment, ne semblaient pas s’entendre avec lui. Les critiques du style Sutter, exigeant et au franc-parler acerbe, portaient aussi sur son choix de sacrifier le temps de jeu des plus jeunes au profit des vétérans.
Après cinq ans en tant qu’assistant, et quatre à la tête de la filiale AHL, Ryan Huska est donc promu nouveau coach. « Je suis très honoré de la confiance des propriétaires des Flames, de Craig Conroy, notre GM. Ma position est un peu différente car je connais très bien nos joueurs. Nous avons de bonnes personnes dans le vestiaire, d’excellents joueurs de hockey qui veulent gagner. Mon travail sera de les guider, de les inspirer chaque jour pour aider l’équipe à franchir un cap », déclare-t-il.
Ryan Huska has a very clear vision on how the #Flames need to play to be successful and the changes he'll implement heading into the 2023-24 campaign. pic.twitter.com/M9K4SIns9b
— Calgary Flames (@NHLFlames) June 12, 2023
Huska connait en effet les joueurs actuels. Durant son expérience en AHL, il a mené Rasmus Andersson, Andrew Mangiapane, et Oliver Kylington – ce dernier, absent toute la saison pour raisons personnelles, devrait être de retour en septembre. Huska a aussi dirigé Mikael Backlund à Kelowna en WHL. Il était assistant coach depuis 2018.
Pour l’assister, les dirigeants des Flames ont choisi des adjoints offensifs : Marc Savard, ex-star de Boston, qui dirigeait les Windsor Spitfires en OHL, et Dan Lambert, qui fut assistant à Nashville lors des quatre dernières saisons. Le staff a en revanche perdu Mitch Love, coach de l’année en AHL, qui a accepté une position d’assistant à Washington.
Aux côtés de Craig Conroy, un « conseiller spécial » de renom : Jarome Iginla. La légende du club et Hall of Famer a échoué à remporter la coupe Stanley, à un match près – Tampa Bay avait soulevé la coupe au match 7 en 2004 – aux côtés de Conroy. Les Flames n’ont remporté la coupe qu’une fois, en 1989.
The king has returned. pic.twitter.com/uleKcm45Q3
— Calgary Flames (@NHLFlames) June 15, 2023
« Depuis nos années de coéquipiers à Calgary, Jarome et moi avons toujours parlé de travailler un jour ensemble. Ce jour est arrivé, et je suis ravi de l’accueillir à nouveau à Calgary. Jarome apporte une approche créative et une intelligence mêlées à sa passion du hockey et son désir de soulever la coupe ». Jarome restera coach de son fils, Joe, à Kelowna en 2023-2024 avant de prendre des missions plus importantes.
Un élan d’optimisme donc, une approche plus humaine et plus douce étant mise en avant pour le bien être des joueurs et du staff.
Un été pour tout changer
Et l’été sera chaud pour le staff : avec 78 millions consommés dans le salary cap sur 17 joueurs, il ne reste que 5,5 millions pour boucher les trous. La partie vieillissante de l’effectif devrait donc disparaitre, d’autant que nombre de joueurs ont demandé à partir.
Après Tkachuk et Gaudreau l’an dernier, on évoque un mécontentement d’Elias Lindholm et Noah Hanifin. A presque 5 millions chacun, leur départ semble inévitable. Tous deux ont rejeté les offres des Flames pour des prolongations. Ils sont agents libres sans restriction au 1er juillet… 2024. Il est peu probable que le staff débute la saison avec eux, au risque de les perdre pour rien dans quelques mois. Autant les échanger maintenant et obtenir des pièces plus jeunes pour reconstruire.
Lindholm, joueur de centre, termine un contrat de six ans et compte 139 buts et 186 passes en 369 matchs. Hanifin n’a lui aussi plus qu’un an sur son contrat de six, avec 31 buts et 125 passes en 359 matchs pour Calgary. Un autre vétéran, Mikael Backlund, aurait lui aussi demandé un échange, alors qu’il vient de remporter le trophée King Clancy de la sportivité et de l’engagement communautaire.
MIKAEL BACKLUND, KING CLANCY WINNER!
Mikael and Frida's incredible work in the community is second to none and we're so proud ❤️ pic.twitter.com/72Eu91Ve1z
— Calgary Flames (@NHLFlames) June 27, 2023
Chris Tanev et Nikita Zadorov sont en fin de contrat en 2024 et sont dans le même cas que Lindholm et Hanifin : en fin de cycle.
Milan Lucic, Michael Stone, Troy Stecher, Trevor Lewis et Nick Ritchie seront pour leur part libres dès ce week-end, et il est peu probable qu’ils reçoivent un contrat.
Le staff a entamé les grandes manœuvres en échangeant Tyler Toffoli, 34 buts et 73 points cette saison, aux Devils de New Jersey. Le capitaine de la sélection canadienne championne du monde en mai compte encore deux ans de contrat. En retour, les Flames obtiennent un troisième tour de draft et le sniper biélorusse Yegor Sharangovich, 24 buts l’an dernier mais seulement 13 cette saison. A 25 ans, il était barré par la progression et le recrutement des Devils, mais apporte des qualités de finisseur et en infériorité numérique. Il a immédiatement signé un contrat de 2 ans au delà des 3 millions, contrat qui le conduira immédiatement à son éligibilité au titre d’agent libre sans restriction. Sacrée prise de risque… Toutefois, les 73 points de Toffoli seront délicats à remplacer.
Il reste des chantiers importants. Jakob Markström, Dan Vladar et Dustin Wolf bataillent pour deux places. Wolf a été élu deux fois gardien de l’année en AHL et a séduit dans ses apparitions NHL. On peut imaginer que Vladar sera échangé, à moins que le staff ne décide de frapper encore plus fort en cédant Markström. Il reste cependant au Suédois trois ans de contrat à six millions…
En défense, Mackenzie Weegar devient de facto le numéro 1, si Hanifin quitte le club comme il l’a demandé. Il ne resterait derrière lui que Rasmus Andersson, convalescent après avoir été renversé par une voiture en février lors d’un trajet en trottinette ; et Oliver Kylington, de retour après un an sans jouer… mais il sera en fin de contrat en 2024. Sur la troisième paire, le journeyman Dennis Gilbert. C’est maigre, et le système semble bien pauvre en défenseurs.
L’attaque s’appuiera donc sur les vétérans Huberdeau et Kadri, ainsi que sur le buteur Andrew Mangiapane. Le travailleur Blake Coleman centrera la troisième ligne, avec Dillon Dubé sur son aile et peut être son ancien coéquipier des Devils Sharangovich.
Le prometteur Matthew Coronato, en vue avec la sélection américaine au Mondial, a disputé son premier match NHL après deux ans à Harvard. Il recevra sans doute toutes ses chances de faire l’équipe au camp. Les anciens premiers choix Jakob Pelletier et Connor Zary devraient eux aussi être dans le coup.
« L’âge va vraiment beaucoup baisser dans l’équipe », explique Conroy après l’acquisition de Sharangovich. Voila les vétérans prévenus : les prochains jours – draft et marché des agents libres – lanceront un nouveau Calgary, prêt à renaître de ses cendres.