Le Mondial Division 1A féminin, disputé cette semaine après avoir été reporté par les autorités chinoises à cause du covid en début d’année, a vu le sacre de la Chine. Et par voie de conséquence, cela laisse planer le doute sur la destination 2024 des Bleues, qui commençaient leur saison en Suisse.
En signant un accord avec la Chine pour qu’elle organise trois Mondiaux D1A consécutifs, l’IIHF s’était félicitée d’obtenir un juteux contrat pour le hockey féminin. La Chine avait acquis les droits d’organisation 2023, 2024, 2025, pour un montant de 3 millions d’euros pour chaque édition, ainsi qu’une dotation de 100 000 euros pour chaque équipe participante, et dont devrait bénéficier l’équipe de France, reléguée en D1A à l’issue du Mondial de Brampton. En revanche, ce que n’avait peut-être pas prévu l’IIHF, c’est que la Chine remporte son Mondial D1A dès la première année, médaillée d’or samedi ! La situation est farfelue, cela signifie que le Mondial D1A 2024 est censé se jouer à Shenzhen sans les Chinoises, qui disputeront le Mondial élite à Utica aux États-Unis !
Pour autant, cet accord historique émanait d’une vision globale de la fédération chinoise, son président Wang Xuan précisant à l’époque : « nous voulons développer le hockey féminin ensemble, et nous voulons accueillir les équipes en Chine. » Mais le contrat sera-t-il maintenu sans l’équipe nationale ? Probablement non. D’ailleurs, l’IIHF laisse planer le doute dans l’une de ses dernières publications en précisant que « la date et le lieu » du Mondial D1A 2024 « seront annoncés prochainement ». Un autre pays pourrait bien récupérer les droits d’organisation.
La France et la Hongrie, reléguées à Brampton, iront donc à Shenzhen ou ailleurs en 2024 pour y défier la Corée du Sud, l’Autriche, la Norvège et les Pays-Bas. Les Hollandaises ont d’ailleurs réalisé un parcours surprenant. Après un faux départ contre le Danemark (1-6), elles ont enchaîné trois succès de rang et conservé un espoir de promotion jusqu’à la dernière journée. N’ayant besoin que d’un point, elles ont échoué d’un souffle en s’inclinant 1-2 contre la Chine, le deuxième ticket est revenu au Danemark. Les Pays-Bas ne sont pas passés bien loin d’une qualification en élite qui aurait été historique, toutes catégories confondues. Les deux flèches Bieke van Nes et Savine Wielenga ont d’ailleurs amassé 14 points à elles deux. Autre surprise : la relégation de la Slovaquie dans le troisième échelon mondial, passée totalement à côté de son tournoi avec un zéro pointé, qui conservait pourtant de grandes ambitions en dépit de l’absence de son talent d’exception Nela Lopušanová qui, malgré des performances déjà spectaculaires, n’a pas encore les 16 ans requis pour disputer une compétition senior.
5 matchs, 5 victoires, ce Mondial D1A a été remporté avec brio par les Chinoises. Nation précurseur dans le hockey féminin en disputant les premières compétitions internationales au plus haut niveau dans les années 90, la Chine retrouvera le devant de la scène et l’élite mondiale 15 ans après. Une satisfaction pour la fédération chinoise qui voulait capitaliser sur les Jeux olympiques de Pékin pour enclencher un vrai plan de développement du hockey. Voilà une première étape de franchie.
La réussite n’était pas seulement sur la glace mais aussi en tribune avec un vrai succès populaire, sans commune mesure avec les tournois olympiques de hockey à Pékin. L’affluence des parties de la Chine n’a cessé d’augmenter pour atteindre 10 088 spectateurs lors du dernier match. La moyenne de 4361 spectateurs sur l’ensemble du tournoi est l’un des meilleurs résultats enregistrés par l’IIHF pour un championnat du monde féminin, toutes divisions confondues.
The crowd in China is awesome. The host nation is feeding off the energy pic.twitter.com/Z7iahxQkhE
— Ian Kennedy (@IanKennedyCK) August 23, 2023
Les Bleues déjà dans le bain
En même temps que ce Mondial D1A, et quatre mois après une douloureuse relégation, l’équipe de France effectuait sa rentrée en Suisse, à Kloten, avec d’entrée un premier tournoi de haut niveau. Les Bleues y ont affronté l’Allemagne et la Suisse, deux équipes de l’élite mondiale, ainsi que la Hongrie, reléguée comme la France en fin de saison dernière. La majorité des cadres étaient présentes, dont la défenseure Léa Villiot, de retour de maternité, un tiers de cette sélection avait toutefois moins de 20 ans.
Jeudi, les Françaises ont joué sans complexe face à l’Allemagne, qui les avait battues 3-0 à Brampton. La jeune gardienne de Reims Justine Crousy Théode a obtenu son premier blanchissage sous le maillot bleu en bloquant les 24 tirs allemands, elle a été logiquement élue meilleure joueuse du match côté français. La capitaine Lore Baudrit a quant à elle inscrit le seul but du match à 7’51 de la fin en trompant la vigilance de Sandra Abstreiter, l’une des meilleures gardiennes du dernier Mondial élite.
France – Allemagne 1-0 (0-0, 0-0, 1-0)
Jeudi 24 août 2023 à 15h30 à la Stimo Arena de Kloten. 34 spectateurs.
Arbitrage d’Anneke Orlandini et Karin Wiliner assistées de Jennifer Salzmann et Tamara Perrin.
Pénalités : France 10′ (2′, 4′, 4′), Allemagne 10′ (4′, 2′, 4′).
Évolution du score :
1-0 à 52’09 : Baudrit assistée de Cedelle
Le lendemain, les Bleues s’attaquaient à un plus gros morceau, la Suisse, quatrième nation mondiale au classement IIHF. La Frauen Nati disposait notamment de son duo explosif Alina Müller – Lara Stalder, avec à leurs côtés Ivana Maria Wey, à 17 ans l’un des grands espoirs de l’équipe à la croix blanche. C’est d’ailleurs Wey qui a ouvert le score face aux Bleues en première période… elle qui avait déjà ouvert le score la veille contre la Hongrie. La réaction française ne se fera pas attendre : après un solide arrêt de Justine Crousy Théode, les Françaises partent en contre couloir gauche avec Clara Rozier qui centre vers Estelle Duvin, l’attaquante de Berne égalise avec de la réussite avec un palet contré par le patin. Si Alina Müller a redonné l’avantage à la Suisse en supériorité numérique à la 28e minute, les Bleues demeureront longtemps dans le match grâce à une défense disciplinée et la confiance de sa gardienne Crousy Théode. Ce n’est que dans les cinq dernières minutes que la Suisse, mise en difficulté, a vraiment fait la différence avec deux derniers buts de Lara Stalder et Noemi Ryhner.
Suisse – France 4-1 (1-1, 1-0, 2-0)
Vendredi 25 août 2023 à 19h00 à la Stimo Arena de Kloten. 367 spectateurs.
Arbitrage de Mariko Dale et Karin Williner assistées de Michèle Müller et Domenica Maurer.
Pénalités : Suisse 2′ (0′, 0′, 2′), France 8′ (2′, 6′, 0′).
Évolution du score :
1-0 à 10’48 : Wey assistée de Stalder
1-1 à 11’11 : Duvin
2-1 à 27’12 : Müller assistée de Stalder et Wey (sup. num.)
3-1 à 55’31 : Stalder
4-1 à 56’33 : Ryhner assistée de Leeman
Résumé vidéo du match :
Hongrie – France, l’affiche du dernier match, est devenu un classique ces dernières années. Les deux équipes se sont affrontées quatre fois la saison dernière… et s’affronteront quatre fois cette saison. Et une fois de plus, samedi, le match a été très accroché. Lotti Odnoga a ouvert le score pour les Magyars à la 5e minute, avant que Manon Le Scodan n’égalise dans ce premier tiers-temps. Les Hongroises feront finalement la différence par Fanni Gasparics et Emma Kreisz en deuxième période, Estelle Duvin marquant un deuxième but à la 48e minute en infériorité numérique. Beaucoup d’indiscipline néanmoins durant cette rencontre avec 18 minutes de pénalité côté tricolore, dont 8 minutes dans le dernier tiers, limitant les chances de faire basculer le match. Performances notables : la 250e sélection de Betty Jouanny, et les débuts encourageants de Violette Pianel, 17 ans et pour la première fois titulaire devant la cage tricolore. La génération Milan – Cortina 2026 a déjà pris ses quartiers et poursuit son apprentissage du haut niveau avec ce type de tournoi relevé.
À noter que la Suisse a remporté ce tournoi des 4 nations… sans jouer le dernier match. L’Allemagne a en effet déclaré forfait pour la dernière rencontre en raison d’une épidémie dans le vestiaire. Cette dernière rencontre aurait été trop déséquilibrée.
Hongrie – France 3-2 (1-1, 2-0, 0-1)
Samedi 26 août 2023 à 15h30 à la Stimo Arena de Kloten.
Pénalités : Hongrie 14′ (4′, 4′, 6′), France 18′ (4′, 6′, 8′).
Évolution du score :
1-0 à 04’24 : Odonga assistée de Garát-Gasparics (sup. num.)
1-1 à 13’04 : Le Scodan assistée de Huot-Marchand (sup. num.)
2-1 à 30’41 : Garát-Gasparics assistée de Pázmándi
3-1 à 38’24 : Kreisz assistée d’Odnoga et Garát-Gasparics
3-2 à 47’47 : Duvin assistée de Pelissou (inf. num.)
Notre internationale @BettyJouanny honore aujourd’hui sa 2️⃣5️⃣0️⃣ème sélection 🤩 #TeamFranceHockey pic.twitter.com/tA3VKhLtO8
— Équipes de France Hockey (@Hockey_FRA) August 26, 2023
Alignement de l’équipe de France
Attaquantes :
Margot Huot-Marchand – Estelle Duvin – Clara Rozier
Chloé Aurard – Lore Baudrit (C) – Lisa Cedelle
Manon Le Scodan – Jade Barbirati – Betty Jouanny
Emma Nonnenmacher – Chloé Gentien – Anaé Simon
Jana Poirrier
Défenseures :
Marie-Pierre Pelissou – Lucie Quarto
Sophie Leclerc – Léa Villiot
Perrine Lavorel – Léa Berger
Emma Morel
Gardiennes :
Justine Crousy Théode / Violette Pianel Couriaut