La grande ligue féminine de hockey tant attendue est désormais sur les rails. Mardi, une conférence de presse a permis d’en savoir plus sur la naissance de ce circuit majeur du hockey féminin, la bien nommée Professional Women’s Hockey League (PWHL). Faisons le point sur ce que l’on sait.
Cette conférence était attendue, c’est peu de le dire. L’attente est énorme après plusieurs années d’attente et d’efforts de la part de la Professional Women’s Hockey Players Association (PWHPA), et après l’extinction forcée de la Premier Hockey Federation (PHF) qui n’a pas été sans conséquences. Désormais sans aucune concurrence, la PWHL a un boulevard pour s’imposer comme la vraie ligue féminine professionnelle, comblant ainsi un vide qui restreignait les aspirations des hockeyeuses du monde entier.
Derrière le projet, outre les joueuses stars menées par Hilary Knight, Marie-Philip Poulin ou Sarah Nurse, on retrouve les dirigeants d’entreprise et philanthropes Mark et Kimbra Walter. Le conseil d’administration de la ligue comprend l’icône sportive et grande féministe Billie Jean King, ainsi que sa femme Ilana Kloss, elles détiennent déjà des parts de l’équipe de football de Angel City (NWSL) et l’équipe de baseball des Los Angeles Dodgers (MLB). D’ailleurs, le propriétaire majoritaire des Dodgers, Stan Kasten, également par le passé président de l’équipe NHL des Atlanta Trashers, fait aussi partie du conseil d’administration. Voilà un groupe d’investisseurs solide qui renforce les fondations de cette PWHL.
Original six
La Professional Women’s Hockey League sera composée de six équipes « originales ». Aucune prise de risque puisqu’il s’agit de six grandes villes d’Amérique du Nord qui constituent de grands marchés de hockey. Trois équipes canadiennes, trois équipes américaines, pas de jaloux, il s’agit d’Ottawa, Toronto, Montréal, Minnesota (Minneapolis / St. Paul), Boston et New York. Elles ne sont donc que six, ce qui sera trop peu pour ravir les nombreuses joueuses PHF mises sur la touche après la dissolution de leur ligue, mais une expansion à courte terme n’est pas à écarter. Pour le moment, ni logos ni surnoms n’ont été dévoilés.
Les lieux sont encore à définir, le Connecticut et le New Jersey sont par exemple des options envisagées pour l’équipe de New York. Les matchs se dérouleront principalement dans des arènes de Ligue Américaine ou de Ligue d’Ontario, mais il est déjà acquis que certaines rencontres se produiront sur « glace neutre » dans des arènes NHL dès cette saison. D’ailleurs, la NHL a d’emblée apporté son soutien, le formalisant par un communiqué. Maintenant qu’il n’y a plus qu’une seule ligue féminine d’envergure sur sol nord-américain, et que le parrainage de la grande ligue est déterminant, la NHL a précisé qu’elle travaillait main dans la main avec la PWHL pour l’organisation des matchs dans les patinoires NHL. Certaines rumeurs indiquent tout de même que l’équipe du Minnesota pourrait se produire dans le Xcel Energy Center de Saint Paul, l’antre du Wild.
Statement from the @NHL on today’s announcement by @thepwhlofficial. pic.twitter.com/gDqJmkZLTb
— NHL Public Relations (@PR_NHL) August 29, 2023
La saison débutera en janvier 2024. Au total, le calendrier comptera 24 matchs, 12 à domicile, 12 à l’extérieur, pour chaque équipe. Le calendrier atteindra 32 rencontres la saison suivante puisqu’elle constituera le premier exercice complet en débutant en novembre 2024.
Composition des équipes en septembre
Étant donné la disparité entre les joueuses PWHPA, et celles de PHF ou des circuits universitaires, les dirigeants de la nouvelle ligue souhaitaient une certaine justesse dans la répartition des joueuses parmi les six équipes. Un comité d’évaluation composé de neuf personnes va évaluer environ 300 joueuses, la liste sera ensuite proposée aux équipes et leurs directeurs généraux dans l’optique de la draft.
L’identité des six directeurs généraux a été dévoilée ce vendredi : Michael Hirshfeld à Ottawa, Natalie Darwitz au Minnesota, Danielle Marmer à Boston, Pascal Daoust à New York, Gina Kingsbury à Toronto et Danièle Sauvageau à Montréal. Kingsbury et Sauvageau sont bien connues par l’équipe de France féminine puisqu’il y a quelques années elles avaient accepté la proposition de l’IIHF pour devenir mentors de la sélection. Sauvageau a d’ailleurs été un personnage clef dans l’évolution de l’équipe de France, permettant à de nombreuses joueuses tricolores de rejoindre le programme universitaire des Carabins de Montréal qu’elle dirigeait. La voilà DG de l’équipe montréalaise, espérons dans un proche avenir qu’elle puisse accueillir d’autres joueuses françaises dans cette équipe phare de Montréal.
À partir du 1er septembre débutera la période des agents libres, chaque équipe ne devra alors signer que trois joueuses. Les joueuses provenant des circuits universitaires, NCAA et USports, ne sont pas éligibles au dispositif des agents libres, elles devront obligatoirement passer par la draft. En amont, elles devront se faire connaître en réalisant une déclaration préalable pour partager leur souhait de rejoindre la PWHL. Chloé Aurard, qui a fini sa carrière universitaire après cinq saisons à la Northeastern University, et après son contrat avorté avec le Boston Pride en PHF, rentre dans cette case. Il y a fort à parier que, étant donné ses belles années à l’université de Boston, elle sera dans le viseur de l’équipe PWHL de la ville.
C’est le 18 septembre que l’on saura si l’attaquante de l’équipe de France évoluera en PWHL lors d’une draft qui comprendra 15 tours. Cette première draft PWHL permetta ainsi à chaque équipe de se voir attribuer 18 joueuses, en plus des 3 qui auront signé comme agents libres. L’ordre de sélection pour le premier tour du repêchage a été déterminé par tirage au sort. Minnesota aura le premier choix, Toronto le deuxième, Boston le troisième, New York le quatrième, Ottawa le cinquième et Montréal le sixième. Puis l’ordre sera inversé pour le second tour, et ainsi de suite.
Une joueuse sélectionnée au repêchage voit ses droits acquis par l’équipe pour deux ans. Au-delà de deux ans, sans prolongation, la joueuse deviendra agent libre. Chaque équipe est dans l’obligation d’offrir un contrat de trois ans avec un salaire annuel minimum de 80 000 dollars à au moins six joueuses.
L’objectif d’une carrière
Durant la conférence de presse, Brian Burke, qui a œuvré dans la NHL depuis les années 80 et qui a été désigné directeur exécutif de l’association des joueuses de la PWHL, s’est dit « particulièrement ému » par le lancement de la ligue, clamant : « c’est le jour le plus excitant dans l’histoire du hockey féminin« . Il a rappelé que toutes étaient la bienvenue dans cette association, l’antagonisme PHF / PWHPA faisant partie du passé : « nous sommes attachés à un organe mêlant justice, équité et égalité. Peu importe où vous avez joué auparavant, nous sommes ravis de vous avoir parmi nous. » Burke représentera donc les intérêts des joueuses des six équipes de la ligue.
La porte est donc ouverte à toutes. Il est d’ailleurs à préciser que nombreuses sont les joueuses parties en Europe après la dissolution de la PHF, mais qui ont toutefois inclus une clause pour jouer en PWHL si elles devaient être choisies.
Cette grande ligue féminine professionnelle, qui a toujours manqué au hockey, a pris une tournure bien plus concrète, avec un projet clair en terme de rémunération, de fonctionnement de la ligue et de marché des joueuses, même s’il manque encore bien des aspects à définir. Nous en saurons davantage dans les semaines / mois à venir. Jayna Hefford, une des personnalités derrière le projet, n’a pas caché son envie d’une ligue mineure ou de développement en marge de la PWHL. Une chose est sûre, les hockeyeuses tiennent enfin leur ligue modèle, le grand objectif à atteindre qui manquait à leur carrière. Une avancée majeure pour la discipline.