NHL : A quoi s’attendre dans la Division Atlantique en 2023/2024 ?

Première étape : la division Atlantique.

Note : bilans des équipes : victoires, défaites, victoires après le temps réglementaire, défaites après le temps réglementaire.

Boston Bruins

Saison 2022-2023 : 54-12-11-5 = 135 pts. Buts pour 305, Buts contre 177
Éliminés au 1er tour contre Florida 4 victoires à 3.

La saison historique de Boston s’est achevée en queue de poisson. Après avoir battu le record de victoires et de points de l’histoire de la NHL, les Bruins semblaient se diriger vers une qualification facile face à Florida. Ils menaient alors 3-1 dans la série et Brad Marchand se présentait seul devant Ilya Bryzgalov, à la dernière seconde du match 5 pour la victoire… Le Russe stoppait, et Florida renversait la série à la surprise générale, la faute à une bévue inattendue de Ullmark en overtime, puis des blessures trop pesantes.

Tout a fonctionné en saison régulière. On s’attendait à un démarrage difficile avec les blessures de Marchand et Charlie McAvoy, et il n’en fut rien. David Pastrnak a signé 61 buts et 113 pts pour mener l’équipe, devant les suspects habituels : Marchand (67 pts) et Patrice Bergeron (58 pts). L’acquisition de l’été Pavel Zacha signait son record de carrière (57 pts), devant le revenant David Krejci (56 pts) et le duo de défenseurs Hampus Lindholm (53 pts) et McAvoy (52 pts). Jake DeBrusk, 50 pts et dont 27 buts, complétait la longue liste de joueurs au-delà des 50 pts, pour un retour en grâce alors qu’il avait demandé un échange. Les 93,8% d’arrêts de Linus Ullmark, à 1,89 buts encaissés par match, lui ont rapporté son premier trophée Vezina – son backup Jeremy Swayman faisant presque aussi bien avec 92% d’arrêts et 2,27 en 37 matchs. Le coach Jim Montgomery obtenait le Jack Adams pour sa première saison à la tête de l’équipe. Et tout cela pour rien.

C’est d’autant plus difficile que l’intersaison est celle de la fin d’une ère. Le capitaine Bergeron a mis fin à sa carrière après un énième trophée Selke, archétype du centre défensif légendaire. David Krejci l’a suivi, privant Boston de ses centres n°1 et 2. Les Bruins ont sacrifié Taylor Hall pour passer sous le salary cap, et n’ont pu retenir Tyler Bertuzzi, acquis à la deadline, ou Garnet Hathaway. La profondeur de banc en a pris un coup et on se demande bien si Zacha et Charlie Coyle peuvent réellement assumer le rôle de centre des deux premières lignes, le Tchèque ayant surtout brillé à l’aile dans sa carrière. Les départs de Connor Clifton et Dmitri Orlov, autre acquisition de la deadline, amputent pour leur part la profondeur défensive.

Cet été, Boston a donc cherché à boucher les trous : Morgan Geekie et Jesper Boqvist complèteront l’attaque, avec les vétérans en bout de course James van Riemsdyk et Milan Lucic, champion avec les Bruins en 2011 mais à l’intérêt discutable depuis. Plusieurs échanges en défense ont visé des joueurs à mi-chemin AHL/NHL – Alec Regula, Ian Mitchell, Reilly Walsh – en espérant qu’ils franchissent un cap et complètent le banc à bas coût. Le vétéran Kevin Shattenkirk est le seul renfort d’expérience. On attend donc beaucoup de certains rookies comme le centre John Beecher et l’ailier Fabian Lysell.

Boston reste une équipe compétitive, dans une division qui ne l’est pas moins. La qualification en playoffs reste probable avec le meilleur duo de gardiens de la ligue, une défense solide – 174 buts encaissés seulement, loin devant les 210 de Carolina, deuxième de la ligue ! – et des armes offensives. Mais le poste de centre pose question : la saison écoulée peut-elle être comme les derniers feux les plus brillants d’une étoile mourante ?

Toronto Maple Leafs

Saison 2022-2023 : 42-21-8-11 = 111 pts. Buts pour 279, Buts contre 222
Éliminés au 2e tour contre Florida 4 victoires à 1.

Encore raté ! Les Leafs auront vécu un ascenseur émotionnel spectaculaire. Leur qualification n’a jamais fait de doute : le trio Boston, Toronto et Tampa Bay s’était détaché dès novembre et les Leafs se sont focalisés à l’extrême sur la première barre, le Lightning. Tous leurs choix visaient à faire tomber le triple finaliste : acquisitions de Ryan O’Reilly, Luke Schenn, du physique, de l’expérience… Dans une série accrochée, qui s’est jouée dans des prolongations tendues, Toronto a passé le premier tour pour la première fois en 19 ans. “We want Florida”, criaient les fans. Une gifle plus tard, avec une élimination 4 victoires à 1, et les Leafs implosaient (lire par ailleurs) !

Dans le plus gros marché de la ligue, la sérénité n’existe pas, et la mission du nouveau manager général Brad Treliving s’annonce dantesque. Le coach Sheldon Keefe est toujours là et l’intersaison a reçu une bouffée d’air frais fin août lorsque Auston Matthews a prolongé de 4 ans, faisant de lui le joueur le mieux payé de la ligue (13,5 M$).

Dans le détail, l’interrogation vient des cages. Ilya Samsonov (91,9%) et Matt Murray (90,3%) n’ont pas fait le travail au moment clé, accumulant les blessures. En fin de saison, il a même fallu aligner des gardiens “à l’essai”, les fameux EBUG (Emergency backup) dont Jett Alexander qui aura connu son heure de gloire sur quelques minutes. La faute au plafond salarial tendu, qui a empêché le staff de rappeler l’excellent Joseph Woll, brillant en AHL. Solide sur ses 7 matchs (93,2%), il a aussi bien figuré en playoffs (91,5% en 4 matchs) et pourrait constituer une solution derrière Samsonov, alors que Murray a déjà annoncé son absence pour toute la saison.

Devant eux, la défense a reçu son lot de critiques un peu sévères par rapport à la réalité. Morgan Rielly (41 pts) a mené une escouade qui a fait le travail, sans gros apport offensif il est vrai. Le vétéran Mark Giordano a été solide, le jeune Timothy Liljegren a franchi un palier, et l’éviction de Justin Holl cet été satisfera les amateurs de statistiques avancées, tant l’arrière défensif fut un trou noir de possession. Malheureusement, choisir en remplacement un John Klingberg en perdition depuis son départ de Dallas apparaît très risqué. Son partenaire des abysses aux Ducks, Simon Benoit, est lui aussi signé…

En réalité, c’est l’attaque qui a flanché en playoffs, surtout la profondeur de banc. Difficile en effet d’en vouloir à Mitch Marner, 99 pts en saison et 14 pts en 11 matchs de playoffs, ou même à William Nylander (40 buts, 87 pts et 10 pts en playoffs). On attendait sans doute plus de Matthews mais il signe tout de même 40 buts et 85 pts, plus 11 pts en playoffs. John Tavares compile pour sa part 36 buts et 80 pts, plus 8 en playoffs.

Non, c’est derrière ce fameux “Core-Four” que cela se joue. Aucun autre attaquant n’a mis plus de 3 pts en playoffs, à l’exception de l’acquisition de la deadline Ryan O’Reilly (9), qui ne sera pas resté longtemps – il a signé à Nashville en juillet – et du rookie Matthew Knies (4 pts), prometteur à la sortie de sa saison NCAA. Calle Järnkrok et ses 20 buts de la saison régulière ou Michael Bunting et ses 23 buts ont disparu des radars et la rotation importante des ailiers tout au long de la saison – un total de 42 joueurs utilisés ! – montre que les Leafs se cherchent toujours.

Cet été, Treliving a donc cherché de la pugnacité : du banc en attaque, avec Max Domi, Tyler Bertuzzi et Dylan Gambrell, plus le “gros bras” Ryan Reaves, un choix “à l’ancienne” tant son apport est discutable. Du banc en défense, avec Klingberg donc, et le jeune William Lagesson. Et un peu plus de profondeur dans les cages, avec le vétéran Martin Jones en “assurance”. Une intersaison finalement peu convaincante, aucune des recrues n’étant vraiment réputée pour ses qualités défensives, mais les bases restent solides. À voir si la victoire au premier tour servira de déclic mental pour les stars des Leafs, toujours aussi critiquées dans les matchs clés. 

Tampa Bay Lightning

Saison 2022-2023 : 38-130-8-6 = 98 pts. Buts pour 283, Buts contre 254
Éliminés au 1er tour contre Toronto 4 victoires à 2.

Deux coupes Stanley (2020, 2021) et une finale (2022) : le Lightning a manqué de carburant face à Toronto. Épuisés par trois saisons à rallonge, les joueurs de Tampa ont aussi vu la profondeur de banc s’amenuiser au fil des mois, la faute au plafond salarial. Les départs de Ryan McDonagh et Ondrej Palat à l’été 2022 ont été difficilement compensés. Curieusement, Tampa a perdu la série contre Toronto en jouant bien mieux que celle de 2022. Mais le palet a choisi son camp avec des déviations, des buts en prolongations, et une énorme difficulté à tenir des avantages au score dans le troisième tiers, récurrente toute l’année. Un problème qui a connu des répercussions inédites, comme lorsque Jon Cooper a choisi de laisser sur le banc sa première ligne (Stamkos-Point-Kucherov) durant tout un tiers face aux Sabres en mars, lors d’une série de défaites trop larges – cinq buts ou plus encaissés six fois en sept matchs.

Tampa est encore dans le coup, pourtant. L’expérience et un effectif de haut vol leur assure des chances importantes de qualification. Une dizaine de joueurs de premier plan bénéficient d’un contrat pour les quatre à huit prochaines saisons, dont le dernier en date, Brandon Hagel, 30 buts et 64 pts cette saison, héritier du rôle de Palat, prolongé 8 ans. 

On trouve encore un gardien élite, Andrei Vasilevskiy (91,5% et 2,65 buts encaissés), inhabituellement friable en playoffs, qui a un nouveau backup avec la fin de contrat de Brian Elliott: l’ex-Avalanche Jonas Johansson. Une défense autour de Victor Hedman, à la saison en dents de scie mais tout de même auteur de 49 pts, et Mikhail Sergachev, aux responsabilités accrues et auteur d’un record de carrière (64 pts). Derrière le duo, Erik Cernak a connu des pépins physiques et son absence a pesé sur le premier tour, blessé par un mauvais geste de Bunting. Par chance, la saison 2022-2023 a vu l’éclosion de deux rookies : Nick Perbix (20 pts) et Darren Raddysh, all-star AHL qui a gagné sa place en fin de saison et décroché un contrat de deux ans à un seul volet. 

En attaque, Nikita Kucherov a assuré (113 pts), et son binôme Brayden Point a franchi les 50 buts sans faire de bruit (51 buts, 95 pts). Le capitaine Steven Stamkos a tout autant répondu présent (34 buts, 84 pts). Mais derrière Hagel et le vétéran Alex Killorn, auteur d’un record de carrière (27 buts, 64 pts) il n’y avait finalement pas grand monde. Nick Paul, Ross Colton et Anthony Cirelli, certes limité à 58 matchs, ont à peine atteint les 30 pts.

Or, les nouveaux contrats de 8 ans de Cirelli et Sergachev démarrent. Le manager général Julien BriseBois a donc à nouveau amputé son banc, sacrifiant Colton (Colorado) et laissant libre Killorn (Anaheim). La quatrième ligne de vétérans n’a pas non plus été retenue : Pierre-Édouard Bellemare (Seattle), Patrick Maroon (Minnesota) et Corey Perry (Chicago) ne sont plus là, et les places sont donc ouvertes.

Peut-être Tanner Jeannot, acquis au prix de cinq choix de draft et prolongé cet été, retrouvera-t-il son niveau après une saison perturbée par les blessures ; peut-être les vétérans signés cet été à bas coût – Logan Brown, Conor Sheary, Josh Archibald, Luke Glendening, Austin Watson – parviendront-ils à jouer le rôle attendu. La défense, avec l’arrivée de Calvin De Haan et le développement de Perbix et Raddysh, semble correcte, même avec le départ de Ian Cole (Vancouver).

Avec 367 matchs depuis la saison 2019-2020, Tampa avait besoin de repos. Cet été plus long fera du bien aux vétérans usés. Le Lightning reste un prétendant au titre, mais sa marge se réduit d’année en année. Point positif, Boston est dans le même cas, et Toronto… reste Toronto. Point négatif, Florida, Buffalo, Ottawa et Detroit progressent fort…

Florida Panthers

Saison 2022-2023 : 36-32-6-8 = 92 pts. Buts pour 290, Buts contre 273
Battus en finale de la coupe Stanley par Vegas 4 victoires à 1.

La saison Cendrillon des Panthers n’est donc pas allée jusqu’au bout, mais il est difficile de ne pas être satisfait. La deuxième finale de l’histoire de la franchise s’est achevée de la même manière que la première, une défaite 4 victoires à 1 – l’équipe de 1996 avait perdu contre Colorado. Cette fois, c’est Vegas, sa profondeur de banc et ses équipes spéciales, qui s’est dressé face à l’équipe surprise de cette fin de saison.

Florida a bénéficié du fiasco Pittsburgh : les Penguins ont trouvé le moyen de perdre à domicile contre Chicago, puis contre Columbus, gaspillant leur 8e place la dernière semaine de la saison régulière. Les Panthers leur ont chipé sous le nez et n’avaient plus rien à perdre contre les Bruins. Le reste est dans l’histoire… Deux hommes ont incarné ce retour improbable : le gardien Sergei Bobrovsky, inarrêtable en fin de série contre Boston, muraille impassable contre Toronto (4-1) puis Carolina (4-0). Transparent depuis plusieurs saisons, l’ex-double vainqueur du Vezina est sorti de sa léthargie au bon moment. Deuxième pilier : Matthew Tkachuk. Acquis à prix d’or à l’intersaison (Jonathan Huberdeau et Mackenzie Weegar), l’ailier au style agressif, parfois arrogant, toujours showman, a compilé 40 buts et 109 pts, enchaînant avec 11 buts et 24 pts en playoffs. La légende, avec une pluie de buts en fin de match ou prolongation contre Carolina, s’est arrêtée en finale où il a joué une partie de la série malgré des fractures au sternum… Il devrait être rétabli à temps pour la nouvelle saison.

Florida semble avoir les armes pour reproduire son exploit, si le poste de gardien tient encore le choc. Aleksander Barkov (78 pts), Carter Verhaeghe (42 buts, 73 pts), Sam Reinhart (31 buts, 67 pts) constituent un socle solide, bien relayés par Eetu Luostarinen (43 pts) et Sam Bennett (40 pts). 

L’appui des arrières n’a pas été négligeable : Brandon Montour s’est révélé (73 pts, et 8 buts en playoffs), tout comme Gustav Forsling (41 pts), éclipsant le plus renommé Aaron Ekblad (38 pts). 

Malgré tout, ce parcours en playoffs a laissé des traces. Montour et Ekblad manqueront le début de saison, et les défenseurs Radko Gudas, dont la blessure en finale a pesé, et Marc Staal sont partis. Les Panthers ont misé sur Oliver Ekman-Larsson (Vancouver) et Mike Reilly (Boston) en compensation. En attaque, Anthony Duclair, limité à 20 matchs, est parti aux Sharks. Il est remplacé par Evan Rodrigues (Colorado). Manquant un peu de banc, l’équipe a décidé d’ajouter quelques joueurs avec expérience NHL, comme Steven Lorentz, Alexander True, Will Lockwood et Rasmus Asplund. Ils se battront pour des places en lignes 3 et 4. Le vétéran Dmitri Kulikov s’est ajouté en défense, et Anthony Stolarz apportera de la profondeur dans les cages, le jeune Spencer Knight ayant pour sa part annoncé son retour après des problèmes personnels. Les deux portiers chercheront la place de backup, puisque Alex Lyon, héroïque sur la fin de saison, est parti à Detroit.

Les Panthers ont pris confiance et disposent d’un effectif qui entre dans la fleur de l’âge (27 ans de moyenne). Avec les remaniements d’effectif de Boston et Tampa Bay, il ne serait pas étonnant de les voir dans le top-3 de la division… si le poste de gardien ne sommeille pas trop.

Buffalo Sabres

Saison 2022-2023 : 30-33-12-7 = 91 pts. Buts pour 296, Buts contre 300

Le plan de Buffalo continue, mais le retour en playoffs devra attendre. Aussi spectaculaire offensivement que catastrophique défensivement (seules 6 équipes ont encaissé plus de buts), les Sabres auront au moins offert un spectacle excitant toute la saison. Ils sont passés tout près de la qualification, en course jusqu’à la dernière semaine. Mais le retard accumulé en début de saison fut de trop. Malgré tout, les supporters ont apprécié la progression de l’une des plus jeunes équipes de la ligue et peuvent imaginer des jours meilleurs.

Le cœur du problème a résidé dans les cages. Le vétéran Craig Anderson (3,06 buts encaissés et 90,8%) n’a joué que 26 matchs, bien trop souvent blessé. Son remplaçant, Ukko-Pekka Luukkonen, a encore moins brillé en 33 matchs (3,61 et 89,2%) et l’expérience Eric Comrie a tourné court (19 matchs, 3,67 et 88,6%). Trois passoires, cela n’aide pas, même si la défense devant eux pouvait faire mieux. La retraite d’Anderson clarifie les cages : Luukkonen reçoit une nouvelle chance, et tous les espoirs sont placés sur les épaules de Devon Levi, superstar en NCAA – deux fois meilleur gardien de la ligue – et médaillé d’or au Mondial senior avec le Canada. Levi a disputé sept matchs en fin de saison avec des résultats encourageants (2,94 et 90,5%).

La clé sera donc de proposer un jeu défensif collectif de meilleure qualité afin de protéger le duo. Par chance, les deux numéros 1 de draft récents ont indéniablement progressé. Rasmus Dahlin a figuré parmi les candidats au Norris avec une saison ébouriffante de 73 pts. Owen Power, 35 pts pour sa première saison, apparaît comme un futur grand. Reste à les entourer… Les vétérans Ilya Lyubushkin, Henri Jokiharju, ou encore Kale Clague et Jacob Bryson n’ont pas convaincu. Seul le jeune Américain Mattias Samuelsson a surnagé. Le staff a bien senti que cette escouade ne suffirait pas aux ambitions, puisque Lyubushkin a été laissé libre et que Connor Clifton et Erik Johnson ont signé en agent libre.

L’attaque a pour sa part explosé, sous l’impulsion du géant Tage Thompson, archi-dominant (47 buts, 94 pts). Il fut loin d’être seul car Jeff Skinner a retrouvé des couleurs (35 buts, 82 pts) et Alex Tuch a signé 36 buts et 79 pts : acquis contre Jack Eichel, sa détermination et son leadership se sont montrés précieux. La fin de la saga Eichel est bien entendu un élément phare de la saison, et a semblé libérer tout le monde.

Derrière le trio, Buffalo a bénéficié d’un scoring secondaire multiple : Dylan Cozens est sans doute l’un des marqueurs de plus de 30 buts les plus méconnus (31 buts, 68 pts) et Casey Mittelstadt s’est enfin imposé, après des débuts professionnels mitigés (59 pts). Victor Olofsson a signé 28 buts mais a surtout été efficace en supériorité, son jeu défensif laxiste coûtant cher : le GM Kevyn Adams serait favorable à un échange. Enfin, les débutants JJ Peterka (32 pts) et Jack Quinn (37 pts) ont apporté un vent de fraîcheur. Ce dernier manquera cependant six mois, victime d’une rupture d’un tendon d’Achille.

Si Boston et Tampa montrent des signes de déclin, nul doute que les Sabres seront dans le coup. Leur dernière qualification remonte à 2011, une éternité. Le commentateur légendaire du club, Rick Jeanneret, décédé cet été, ne sera malheureusement plus là pour voir ce retour.

Ottawa Senators

Saison 2022-2023 : 31-35-8-8 = 86 pts. Buts pour 261, Buts contre 271

Dans la série “équipe en progression”, voici Ottawa. Les Senators ont bousculé la hiérarchie de la division Atlantique, mais échoué à une poignée de victoires de leur objectif. Les remous hors glace ont jalonné les derniers mois, avec un changement de propriétaire en vue. L’acteur de Deadpool Ryan Reynolds ou le rappeur Snoop Dogg figuraient parmi les candidats, mais le gagnant est Michael Andlauer, issu du milieu du hockey – il a longtemps gravité autour des Hamilton Bulldogs. Un choix du sérail, donc, pour une équipe en quête de stabilité.

Sur la glace, les pépins physiques ont pesé certes, notamment dans les cages. Les vétérans Cam Talbot (2,93 buts encaissés et 89,8% en 36 matchs) et Anton Forsberg (3,26 et 90,2% en 28 matchs) n’ont pas livré la marchandise, et furent donc relayés par pas moins de cinq autres gardiens, du Danois Mads Søgaard à l’ex-Golden Knight Dylan Ferguson, en passant par le Finlandais Leevi Meriläinen. Le staff a laissé libre Talbot, et recruté à la place Joonas Korpisalo, en dépit de résultats médiocres avec Columbus puis Los Angeles.

Devant eux, la priorité était de conserver la pépite Jake Sanderson. Le jeune arrière a resigné pour huit ans, après une saison impressionnante de maturité (32 pts). Le meilleur reste à venir. Ajoutons Thomas Chabot (41 pts) et Erik Brännström (18 pts) et voici un trio jeune et en devenir. Mieux, les Senators furent les vainqueurs inattendus des enchères Jakob Chychrun : l’arrière des Coyotes était particulièrement convoité. Le top-4 semble tenir la route.

Offensivement, l’Allemand Tim Stützle est le joyau de la couronne (39 buts, 90 pts) et le nouveau meneur offensif. Brady Tkachuk (35 buts, 83 pts) suit, et ne manquera pas de s’inspirer de son frère Matthew qui a porté Florida en finale. Les styles de jeu sont proches… Le banc dispose de profondeur, avec le vétéran Claude Giroux (35 buts, 79 pts) en guise de mentor, le sniper Drake Batherson (22 buts, 62 pts) et le rookie Shane Pinto aux débuts tonitruants (20 buts, 35 pts). En revanche, Alex DeBrincat (27 buts, 66 pts) ne se voyait pas rester à long terme à Ottawa. Le staff l’a échangé à Detroit contre Dominik Kubalik, lui aussi en fin de contrat en 2024.

La grosse acquisition, c’est Vladimir Tarasenko. L’ancien champion avec St. Louis reste sur quelques saisons difficiles et une saison ratée aux Rangers de New York, mais viendra renforcer l’aile droite, forçant sans doute Batherson à basculer à gauche. Autre retour important : Josh Norris, limité à seulement 8 matchs à cause de blessures la saison dernière, mais qui avait marqué 35 buts il y a deux ans. S’il retrouve son niveau, le top-6 sera largement amélioré.

Des armes multiples en attaque, des jeunes prometteurs en défense, un poste de gardien dans le flou : Ottawa et Buffalo, même combat…

Detroit Red Wings

Saison 2022-2023 : 28-37-7-10 = 80 pts. Buts pour 240, Buts contre 279

Le “Yzerplan” se poursuit, mais la marge de manœuvre du GM se réduit car l’impatience grandit. Detroit progresse certes – 6 pts de plus que la saison dernière – mais pas au rythme attendu. La 24e attaque de la ligue n’a guère bousculé la hiérarchie et finit loin des playoffs. Pourtant, l’équipe a en réalité tenu une place de wild-card jusqu’à fin février, avant de craquer dans le dernier quart de la saison, ce qui donne quelques espoirs.

Cela fait désormais sept ans sans playoffs, soit la plus longue série de l’histoire des 92 ans du club à égalité avec la série 1970-77. Un record de franchise ferait tâche…

Le staff bénéficie encore de nombreux choix de draft, et disposait cet été de 30 millions de marge sous le plafond salarial. Steve Yzerman a donc cherché à capitaliser sur cet avantage.

Premier poste à problèmes : les gardiens. Recruté à prix d’or, Ville Husso a failli pour sa première saison aux Red Wings (3,11 buts encaissés et 89,6%). Le duo Alex Nedeljkovic et Magnus Hellberg, respectivement 15 et 17 matchs, n’a pas fait mieux avec 89,5 et 88,5% d’arrêts. Aucun des deux n’a été conservé et ils ont tous les deux signé à Pittsburgh. Husso sera désormais suppléé par le vétéran James Reimer ou l’ex-Panther Alex Lyon.

En défense, le pilier de l’équipe reste le jeune Moritz Seider (42 pts), à la deuxième saison NHL en dents de scie. Filip Hronek (38 pts) et les vétérans Olli Määttä (23 pts) et Ben Chiarot (19 pts) n’ont pas assuré leur rôle défensif, et doivent rebondir si l’équipe veut la moindre chance de réussir. La bonne surprise fut l’ex-Blackhawk Jake Walman, 18 pts, mais surtout une présence rassurante : son alignement aux côtés de Seider a coïncidé avec l’explosion de l’Allemand, qui a fini fort.

Il fallait donc améliorer la défense, mais les choix pris par Yzerman interrogent : Shayne Gostisbehere n’est pas réputé pour son jeu défensif même s’il apportera beaucoup par sa mobilité, et Justin Holl fut un trou noir aux Leafs. Arrivé mi-août, Jeff Petry apporte pour sa part un peu d’impact offensif, sans certitudes non plus sur le plan défensif pur.

Reste l’attaque. La deuxième saison de Lucas Raymond fut très décevante (17 buts, 45 pts) et il faut espérer que le développement du jeune Suédois reprenne. Le meilleur marqueur, Dylan Larkin (32 buts, 79 pts) reste un capitaine exemplaire, et le vétéran David Perron a contribué comme à son habitude (24 buts, 56 pts). Le banc, en revanche, a disparu.

Dominik Kubalik a signé 20 buts et 45 pts, et Yzerman a décidé de l’échanger contre Alex DeBrincat, mécontent de son passage à Ottawa. L’ex-Blackhawk compte deux saisons au-delà des 40 buts en carrière, et pourrait succéder à Marian Hossa, dernier Red Wing à plus de 40 buts (en 2009). 

Les profils de troisième ligne sont multiples à Detroit : Andrew Copp (42 pts mais seulement 9 buts), Michael Rasmussen (29), Jonatan Berggren (28), Pius Suter (24, parti aux Canucks)… le bottom-six a beaucoup changé, avec les départs de Kailer Yamamoto, Alex Chiasson, Adam Erne entre autres.

Le staff a ajouté Klim Kostin (21 pts avec Edmonton) et Christian Fischer (27 pts avec Arizona) pour densifier sa troisième ligne. Puis, JT Compher (Colorado), 52 pts l’an dernier avec un record de carrière, et Daniel Sprong (Seattle) qui a lui aussi atteint un record de carrière avec 21 buts et 46 pts, sont arrivés. L’espoir est sans doute de disposer de lignes plus homogènes, visant un équilibrage “à la Seattle”. Autre départ, l’ancien premier choix Filip Zadina (Sharks) dont le développement stagnait.

En somme, un mercato agressif d’Yzerman, et de nombreux espoirs à venir, comme l’Autrichien Marco Kasper (1 match l’an dernier), le géant Elmer Söderblom (21 matchs, 8 pts l’an dernier), l’arrière offensif Simon Edvinsson (9 matchs l’an dernier) et le défenseur William Wallinder, le gardien Sebastian Cossa, et les deux premiers choix 2023 : le centre Nate Danielson et le défenseur Axel Sandin-Pellika. L’avenir appartient aux Wings.

Montréal Canadiens

Saison 2022-2023 : 21-45-10-6 = 68 pts. Buts pour 232, Buts contre 307

On peut saluer l’intersaison spectaculaire du GM Kent Hughes. Montréal a fini dans les profondeurs du classement, la faute à une attaque anémique et une défense parmi les pires de la ligue. C’était en partie l’objectif, afin d’accumuler les choix de draft et bâtir sur la jeune garde. Montréal, décimé par les blessures de manière incroyable, n’avait de toute façon pas le choix et bien des joueurs ont été lancés dans le grand bain plus vite que prévu. Car au moment où Sean Monahan se blesse le 5 décembre, premier domino d’une infirmerie débordante, le Canadien alignait une fiche de 13-12-2 plutôt honorable.

Du coup, l’été a vu le GM manœuvrer avec habileté : prolonger Cole Caufield constituait la priorité. Le petit sniper américain est désormais sous contrat jusqu’en 2031, à 7,85M$ de moyenne. Il a fini co-meilleur buteur du club (26 buts, 36 pts) en jouant seulement 46 matchs. En tête de l’équipe, Nick Suzuki (26 buts, 66 pts) a joué son rôle et fut le seul joueur à disputer les 82 matchs. Derrière lui, le deuxième pointeur fut Kirby Dach, 38 pts en 58 matchs, un projet payant : en difficulté à Chicago, l’ancien premier choix a parfaitement rebondi sous ses nouvelles couleurs.

Cet été, le staff espère le même résultat avec le projet “Alex Newhook”, ancien premier choix de Colorado qui n’a pas réussi à s’imposer en centre n°2 (30 pts l’an dernier), acquis contre deux choix de draft. On a aussi fait le ménage, en se débarrassant de Jonathan Drouin (Colorado) et Mike Hoffman (San José), ce dernier en s’impliquant dans la transaction Sharks-Penguins d’Erik Karlsson. Montréal y a récupéré Jeff Petry, envoyé par la suite à Detroit : encore des choix de draft et des prospects récoltés, et du salaire économisé.

Quel effectif pour 2023-2024 ? Une défense encore très jeune. Les blessures ont lancé en NHL plusieurs jeunes qui n’ont pas démérité : Kaiden Guhle (18 pts), Jordan Harris (17), Justin Barron (15), Johnny Kovacevic (15) et Arber Xhekaj (13). Les vétérans David Savard et Mike Matheson seront encore là pour les encadrer, sans Joel Edmundson, expédié à Washington après une saison médiocre. Peut-être l’Autrichien David Reinbacher, drafté dans le top-5 en juin, parviendra-t-il à se mêler à l’équation.

L’attaque espère surtout une bonne santé de Josh Anderson (69 matchs), Christian Dvorak (64), Jake Evans (54), Sean Monahan, qui a resigné (25 matchs), Brendan Gallagher (37 matchs), Joel Armia (43 matchs) et du numéro 1 de draft 2022, Juraj Slafkovsky (39 matchs)… entre autres, car la liste est interminable ! Le développement de ce dernier constitue un autre point majeur de la saison à venir : le CH ne peut pas se permettre un raté de ce côté. Yevgeny Dadonov a pour sa part rejoint Dallas.

Ces blessures auront au moins permis à Rafaël Harvey-Pinard de se faire un nom avec une excellente fin de saison (20 pts en 34 matchs, dont 14 buts). 

Dernier point, sans doute le plus difficile : le poste de gardien. Jake Allen (42 matchs à 3,55 buts encaissés et 89,1%) et Samuel Montembeault (40 matchs à 3,42 et 90,1%) se sont partagé le temps de jeu. Ils auront un nouveau concurrent avec l’ex-Penguin Casey DeSmith. Montembeault semble avoir un pas d’avance, fort d’une prestation exceptionnelle aux Championnats du monde pour une médaille d’or (1,42 et 93,9%).

Le système de jeu de Martin St. Louis et sa qualité de communicant auront dans tous les cas fait plaisir l’an dernier : rapide, explosif, enthousiaste, les qualificatifs ne manquent pas pour qualifier le style du CH. La division s’annonce de plus en plus relevée et les playoffs semblent une mission compliquée, mais nul doute que le CH sera plus compétitif.