Après avoir mis la CHL entre parenthèses en s’imposant avec caractère à Angers mardi, Rouen et son capitaine Loïc Lampérier, remis de sa commotion subie contre Ingolstadt, accueille le promu Marseille qui a lui aussi (bien) commencé le championnat avec une victoire probante contre un Gap certes un peu en dehors de ses patins, il y a moins d’une semaine.
Les Dragons, laborieux, se sont sortis du beau piège tendu par les surprenants repêchés du fond de la D1, parce qu’ils ont pu compter sur leurs joueurs d’équipe, ceux réguliers, dont on ne met jamais assez en avant leur participation dans les victoires rouennaises. Des joueurs souvent bien encadrés par Dylan Yeo et Alexandre Mallet. Avec la vista pleine de toupet et de lucidité de Quentin Tomasino, l’énergie de Vincent Nesa, l’engagement de Jordan Hervé, l’oeil et la coordination de Florian Chakiachvili ainsi que le soutien précis de Noa Goncalves et la vigilence de Tonin Caubet, les Normands n’ont jamais été mené au score.
Dès lors ils n’ont pas laissé de place au doute, mais à cause de joueurs-clés bien muets, notamment en fin de deuxième tiers, et dans le dernier où ils auraient dû mettre le RHE à l’abri, ils ont toujours laissé de l’espoir et surtout des possibilités aux Spartiates de prendre des points sur l’île Lacroix. Il y avait de la place pour les coéquipiers disciplinés, accrocheurs et souvent inspirés de Teddy Da Costa, mais là aussi les cadres ont flanché sur la gestion des minutes qui ont suivi leurs deux égalisations et l’équipe a manqué de coffre dans un dernier tiers bien plus cadenassé par l’équipe de Fabrice Lhenry.
Malgré un match annulé à cause du brouillard sur la glace de Bordeaux, mardi soir, les visiteurs ne semblent pas rouillés. Ils sont en place défensivement à l’image de Louis Cirgues qui coupe une passe rouennaise avec autorité (0’22) et surtout ils sont les premiers dangereux via Paul Siraudin dans le cercle gauche qui bute sur Caubet aligné ce soir devant la cage (2’24).
Les partenaires de Loïc Lampérier n’ont pas encore été audacieux, lorsque Chakiachvili ajuste une longue passe de sa ligne de but à destination de Tomasino qui s’échappe en zone neutre. Le joueur de 21 ans résiste au retour, pourtant improbable, de Djigaouri et, des poignets, l’ailier passe le palet au-dessus de l’épaule gauche du double champion tchèque (avec Brno en 2017 & 2018) Marek Ciliak (1-0 à 3’05). C’est le vingtième but de Quentin Tomasino en ligue Magnus.
L’ouverture du score ne libère pas les champions de France. Au contraire, celle-ci apparaît providentielle au vu des neuf minutes suivantes au cours desquelles seuls les Bucco-Rhodaniens, toujours bien en place défensivement (Ten Braak à 6’14) ont des occasions (Dufek à 4’39, Colotti à 6’47, Ten Braak 8’52 et Machac à 11’45). Les visiteurs finissent logiquement par égaliser. Nicolas Ruel, à la faveur d’un bon échec-avant, vole un palet dans la crosse de Rolands Vigners, trop lent dans son choix de relance. L’ex-Amiénois sait ensuite trouver Filip Dvorak en retrait près de la cage dans une défense désorganisée par le revirement causé par le Letton. Le Tchèque dévie subtilement le puck dans la lucarne gauche, magnifique (1-1 à 12’43).
Les Marseillais ne vont pas ternir bien longtemps cette parité. Moins de deux minutes plus tard, leur première ligne perd un duel dans la bande et laisse un boulevard à Jordan Hervé qui transperce Ciliak à l’oreille droite (2-1 à 14’08, photo ci-dessus).
Même si la déviation d’Alexandre Mallet d’un tir-passe de Guimond (18’40) est déroutée d’un bon réflexe de Cilaik, le score à la première pause n’est pas flatteur pour les hommes de Luc Tardif junior car ils sont restés dangereux après le but d’Hervé. Ils ont disposé de trois nouvelles chances. En haut du slot, Jan Dufek a été contré (14’42). Tout comme Filip Dvorak d’abord dos au but (15’14), puis frustré par la botte de Tonin Caubet (15’46).
Dans les premières minutes de la période médiane, les Seino-Marins sont méconnaissables. Les Provençaux ont un long moment fort. Jan Dufek (21’29) et Roberts Kalkis (23’22) se heurtent tous deux à Caubet. Ils poussent Kytnar en prison mais ne semblent pas au point dans leur jeu de puissance, notamment à la pointe (de 23’57 à 25’57). Après avoir échappé au break grâce à Marek Ciliak qui s’est encore illustré d’un réflexe sur une déviation de Mallet (26’26), les Spartiates exploitent avec sang-froid une erreur de passe lors d’une relance rouennaise. Après une partie de flipper dans les patins, la passe du revers inspirée de Filip Dvorak permet à Ruel d’enfiler dans une cage ouverte (2-2 à 27’07, photo ci-dessous).
Les visiteurs sont alors dans les meilleures conditions pour jouer leur deuxième attaque à cinq de la soirée. Mais alors que leur powerplay est en cours d’installation en zone offensive, sur une mauvaise passe en retrait de Teddy Da Costa, définitivement à coté de la plaque ce soir après avoir déjà été coupable sur le but de Hervé, Nesa et Tomasino prenbent de vitesse Colotti et se présentent tous deux face à Ciliak. Quentin Tomasino délivre une fantastique passe aveugle à son compère d’échappée qui peut trouver les résilles (3-2 à 31’18).
Les promus accusent dès lors le coup, mais sans rompre car Marek Ciliak tient bon sous les envois de Kytnar (32’35) et Nesa (34’08). En infériorité, les néophytes s’en remettent évidemment à leur gardien qui empêche Marcel Hascak de marquer au terme d’une belle combinaison (34’30), et font aussi preuve de courage à l’image des tirs bloqués par Machac (34’49) et Colombin (36’09). En fin de tiers, le gardien marseillais ferme de nouveau la porte à Marcel Hascak (37’45) et Noa Goncalves (37’59). L’orage passé, Louis Cirgues, en bas du cercle gauche, oblige Caubet à jouer avec son épaule pour maintenir l’avance des Dragons avant la seconde pause (39’40).
Dans le dernier vingt, Rouen serre sa défensive. Marseille produit beaucoup moins (Dufek à 48’14 & 49’03). Le RHE est un peu plus dangereux (Kytnar à 42’27, Rech à 44’46, Tomasino à 50’25 et Goncalves à 51’19). Pas réalistes, les Dragons sont frustrés à l’image d’Anthony Rech qui va en prison (en compagnie de Colombin) après un nouvel échec en allant à la cage (55’27). Plus dans la difficulté, les Spartiates offrent deux nouveaux contres surnuméraires. Mais les Normands eux aussi (57’25). Les trois ont été plutôt mal exploités. En fin de match, Vigners (56’04) et Rech (58’09) ne sont pas décisifs. Luc Tardif Junior peut remplacer son gardien par un attaquant supplémentaire mais sans succès à cause des solides bottes de Caubet, toujours dans le coup même sous pression (59’24).
Marseille peut avoir des regrets. Le promu n’avait rien à perdre mais devra faire mieux en supériorité pour que les matches ne lui échappent pas. L’équipe, même construite tardivement, dispose d’atouts, avec pas mal de vitesse, un échec-avant intéressant, une circulation du palet assez juste. Le duo Machac-Dufek crée du danger. La troisième ligne avec Ruel au centre est efficace. Le slot est bien protégé. Marek Ciliak a tenu son équipe quand elle était moins bien.
Rouen a assuré l’essentiel sans vraiment trembler ni vraiment démontrer les prémices d’un début de grande aventure. Il reste aux Rouennais beaucoup d’automatismes à acquérir, notamment sur la première passe des attaquants dans la zone défensive, et à affiner (trouver ?) des duos offensifs forts. En attendant, les anciens Dragons tiendront la barre face à Bordeaux dimanche.
Commentaires d’après-match (dans Paris Normandie) :
Fabrice Lhenry (entraîneur de Rouen) : « Sentiment très mitigé. Je pense que les 30 premières minutes n’étaient pas ce qu’on en attendait. Je l’avais dit, l’équipe de Marseille est bien organisée et très travailleuse. Elle est bien en place et pas facile à jouer mais pendant 30 minutes il n’y a que nos trois plus jeunes qui patinaient. Quand ils ont marqué le deuxième but, il y a eu une réaction, mais ça n’a pas été un grand match pour nous. On gère mal les fins de tiers, ils ont un 3 contre 1 à la fin du match, on peut éviter ça avec plus d’intelligence et de concentration. Il faut se souvenir pourquoi on joue en CHL, c’est le championnat. Il ne reste que 2 matches de CHL, plus de 40 matches à jouer, il va falloir trouver cette motivation, cette énergie, et jouer 60 minutes. »
Rouen – Marseille 3-2 (2-1, 1-0, 0-0)
Vendredi 15 septembre 2023 à 20h00, à la patinoire Nathalie Pechalat.
Arbitres : MM. Bourreau et Hauchart assistés de MM. Yssembourg et Debuche
Pénalités : Rouen 8’ (0′, 4’, 4’) ; Marseille 4′ (0′, 2’, 2’)
Tirs cadrés : Rouen 40 (13, 14, 13) ; Marseille 27 (14, 7, 6)
Supériorités : Rouen 0/1, Marseille 0/3
Évolution du score :
1-0 à 03’05 : Tomasino assisté de Chakiachvili et Nesa
1-1 à 12’43 : Dvorak assisté de Ruel
2-1 à 14’08 : Hervé assisté de Honejsek et Goncalves
2-2 à 27’07 : Ruel assisté de Dvorak et Siraudin
3-2 à 31’18 : Nesa assisté de Tomasino (inf. num.)
Rouen
Attaquants :
Antonin Honejsek – Jordan Hervé – Marcel Hascak
Anthony Rech – Francis Perron – Alexandre Mallet
Loïc Lampérier (C) – Milan Kytnar – Rolands Vigners
Joris Bedin – Vincent Nesa – Quentin Tomasino
Arrières :
Florian Chakiachvili (A) – Kristaps Sotnieks
Sacha Guimond – Emil Kristensen
Dylan Yeo (A) – Noa Goncalves Nivelais
Gardien :
Tonin Caubet (25 arrêts)
Remplaçant : Matija Pintaric (G). Absents : Enzo Cantagallo (épaule) et Jules Boscq (cuisse).
Marseille
Attaquants :
Fabien Colotti (A) – Teddy Da Costa (C) – Martin Kadlec
Gennadi Stolyarov (A) – Patrik Machac – Jan Dufek
Paul Siraudin – Nicolas Ruel – Filip Dvorak
Lucas Colombin – Maxence Leroux – Bryan Ten Braak
Arrières :
Louis Cirgues – Roberts Kalkis
Tyler Rockwell – Colin Morillon
Guillaume Roussel – Sasha Djigaouri
Gardien :
Marek Ciliak (37 arrêts)
Remplaçant : Florian Gourdin (G). Absent : Mathieu Buttin (surnuméraire).