Les Rouennais, à la fois déterminés et patients en gagnant un des matches de la série à Nice, pouvaient se qualifier dès ce soir à domicile au terme du match n°5. En mode survie, les Niçois comptent sur leur capacité à se projeter rapidement et leur jeu de puissance, en provoquant revirements et pénalités rouennaises. Désormais à l’aise dans ce quart de finale après trois prestations décomplexées, ils se reposent sur une défense agressive et compacte devant Conrad Molder et peuvent rendre la série bien plus longue aujourd’hui.
Avec Kristaps Sotnieks et Joris Bedin, numériquement à la place de Fiorenzo Villard et Jordan Hervé, Rouen a d’abord bien débuté sans transformer ses chances (Chakiachvili à 0’36, Flick à 1’43 et Bedin à 2’54). Ensuite, les relations entre défenseurs et attaquants ont souvent été compliquées, comme lorsque un appui offensif de Sotnieks n’a pas été couvert. Mikael Kuronen a bloqué une passe de Guimond et a provoqué un 3 contre 1, au bout duquel le Finlandais orientait son offrande, pour Kalan, un poil de trop sur Pintaric (4’11).
Lors des dix minutes suivantes, à l’exception d’une interception de Vincent Nésa qui aboutissait au deuxième arrêt dans la partie de Molder (5’13), les Dragons ont eu des constructions d’attaques très compliquées. Absents dans les duels, même Daniel Babka se promenait comme un Anglais sur la glace de Péchalat, mais plaçait son revers à côté de la cage de Pintaric (9’25). Absents aussi dans la bande, les Dragons ont subi l’ouverture du score. En contre surnuméraire, Mikael Kuronen a adressé une passe transversale au second poteau, dans le dos de Sacha Guimond et d’Enzo Cantagallo, à destination de la palette de Larinmaa (0-1 à 10’17). Les arbitres, rivalisant de médiocrité d’un match à l’autre, « oublient » un énorme cinglage sur Andrei Rychagov et volent un jeu de puissance, une possibilité de cassure pour les Aigles alors que les Normands ne sont pas en place (16’24).
Dans le tiers du milieu, ça bang et ça tonne ! Andrei Rychagov est puni pour une charge à la tête (20’21). Lors de la supériorité numérique, Christophe Boivin est précis et égalise dans le cercle droit (1-1 à 21’24).
Pendant un peu plus de cinq minutes, les hommes de Fabrice Lhenry ont cette fois des intentions et pressent mieux leurs adversaires. Derrière sa cage, Andrei Rychagov, une nouvelle fois mal inspiré, fait une passe aveugle en retrait dans le slot. Mais Ivan Esipov s’est replacé à droite de la cage. Kristaps Sotnieks, de près, reprends l’offrande inhabituelle (2-1 à 23’10).
Un peu moins de trois minutes plus tard, les joueurs de Frantisek Stolc manquent une supériorité. C’est sans doute là le départ du tournant de la rencontre. L’unité spéciale d’Abramov, avec Belisle à la pointe, exerce une pression assez phénoménale, mais Dylan Yeo se couche sur le tir de Kalan (26’44) et le PK rouennais est efficace. On parle de tournant car 25 secondes après le retour d’Anthony Rech – le puni – sur la glace, Perron part en échappée et réussit sa feinte (3-1 à 28’04).
Puis Yoan Salve est éconduit à son tour. Lors de la prison de l’arrière niçois, les juges oublient encore un « quelque chose » sur Ondrej Kopta qui provoquait Pintaric en duel (30’37). Là encore un tournant car au même endroit que Boivin précédemment, Perron est chirurgical en attaque à cinq installée (4-1 à 31’27). Nice, déjà un peu pâle, n’a plus la même impulsion et encaisse un second but de Boivin qui fait un tour sur lui-même (5-1 à 32’21). La fin de la deuxième période sera plus paisible pour les Azuréens en dépit de deux nouvelles occasions pour Rolands Vigners (35’54) et pour Perron (38’26), déroutées toute les deux par Molder.
Dans le dernier tiers, Nice est revenu fort en réduisant la marque (Kopta 5-2 à 40’51) et les Rouennais ont géré à défaut d’être disciplinés, tout en marquant un sixième but pour un triplé personnel de Francis Perron (6-2 à 54’06). Toutefois, Nice, qui a perdu son capitaine Louis Belisle touché au visage par le patin de Vigners (55’23, photo ci-dessus), aura la vitalité et le respect des spectateurs en arrachant un dernier but par Louis Vitou, au voilage de Pintaric, déviant un tir frappé de Villain (6-3 à 59’47, photo ci-dessous).
Les Dragons souhaitaient une série courte, ils ont rempli leur contrat en attendant leur prochain adversaire, Bordeaux, Cergy ou Marseille, qui jouera au minimum un match de plus qu’eux, dès lundi.
Nice s’arrête là, à cause de 20 minutes plus faibles, lorsque Rouen a passé la vitesse supérieure où l’émotion du deuxième tiers et les fameux détails ont réduit la sérénité et la combativité affiché depuis quatre matches. Il aura aussi manqué aux Aigles un poil de fraîcheur afin de profiter de leurs attaques à cinq d’ordinaire plus performantes pour contester un peu plus longtemps la possession rouennaise.
Commentaires d’après-match (dans Paris Normandie) :
Fabrice Lhenry (entraîneur de Rouen) : « Très partagé. Satisfait de la qualification quand même, c’était l’essentiel et c’était l’objectif. En revanche, on a perdu deux périodes, on a joué 18 minutes. Ce que j’ai dit aux joueurs, c’est qu’en demi-finale, si on ne joue que 18 minutes, la série va être courte. On n’a pas su entamer le match comme on aurait dû, avoir l’esprit play-offs. On a été très passif au début du match. [Je suis] très frustré de l’attitude et même de la qualité de ce qu’on a procuré ce soir, il y a eu des moments très très faibles. On peut trouver plein d’excuses, mais tout le monde dit on attend les play-offs on attend les play-offs, et le jour des playoffs on ne se présente pas. Je pense qu’on prend beaucoup plus de plaisir quand on joue tous ensemble. Cette équipe a montré de très belles choses pendant l’année mais il y a quand même de l’incertitude parce qu’on n’est pas constant à chaque match et même pendant un match. […] Je préfèrerais affronter Cergy parce que ce n’était pas très loin et que si on a la chance de continuer ça peut sauver beaucoup d’énergie. Mais on ne contrôle pas ça et on attend de savoir contre qui on jouera. »
Rouen – Nice 6-3 (0-1, 5-0, 1-2)
Samedi 16 mars 2024 à 20h00 à la patinoire Nathalie Pechalat. 3075 spectateurs.
Arbitres : Adrien Ernecq et Julien Peyre assistés de Quentin Cady et Cyril Debuche
Pénalités : Rouen 10’ (2′, 2’, 6’) ; Nice 6′ (2′, 4’, 0’)
Tirs cadrés : Rouen 49 (14, 25, 10) ; Nice 38 (10, 9, 19)
Supériorités : Rouen 2/2, Nice 0/4
Évolution du score :
0-1 à 10’17 : Larinmaa assisté de Kuronen et Rychagov
1-1 à 21’24 : Boivin assisté de Guimond et Rech (sup. num.)
2-1 à 23’10 : Sotnieks
3-1 à 28’04 : Perron assisté de Mallet
4-1 à 31’27 : Perron assisté de Chakiachvili (sup. num.)
5-1 à 32’21 : Boivin assisté de Mallet et Yeo
5-2 à 40’51 : Kopta
6-2 à 54’06 : Perron assisté de Boivin
6-3 à 59’47 : Vitou assisté de Villain et Rychagov
Rouen
Attaquants :
Christophe Boivin – Francis Perron – Alexandre Mallet
Loïc Lampérier (C) – Rob Flick – Rolands Vigners
Anthony Rech – Vincent Nesa – Quentin Tomasino
Joris Bedin – Tommy Perret – Marcel Hascak
Arrières :
Florian Chakiachvili (A) – Enzo Cantagallo
Sacha Guimond – Kristaps Sotnieks
Dylan Yeo (A) – Noa Goncalves Nivelais
Gardien :
Matija Pintaric (35 arrêts)
Remplaçant : Julien Gaubert (G). Absents : Tonin Caubet (hanche), Emil Kristensen (luxation du pouce), Milan Kytnar (mâchoire), Fiorenzo Villard, Jordan Hervé (?).
Nice
Attaquants :
Jesper Larinmaa – Andrei Rychagov (A) – Evgeni Nikiforov
Ondrej Kopta – Luka Kalan – Mikael Kuronen
Louis Vitou – Norbert Abramov – Bryan Sautereau
Kais Faure-Brac – Daniel Babka – Alexis Sutor
Arrières :
Yoan Salve – Ivan Esipov
Louis Belisle (C) puis Yohann Alzon à 55’23 – Marc-André Levesque (A)
Roope Reini – Lucas Villain
Gardien :
Conrad Molder (43 arrêts)
Remplaçant : Lou Silighini (G). Absents : Nikita Bespalov, Radek Cip et Kasper Elo (?).