Dans une grosse ambiance non démesurée, après celle très passive d’hier, Bordeaux, sans Niki Blomberg remplacé numériquement par Polodyan, a été diabolique, face à Rouen, en convertissant quasiment chaque occasion, sur l’île Lacroix, dans le match n°2 de la finale de ligue Magnus.
Quel incroyable forcing faut-il faire pour mettre le palet dans les filets de Quentin Papillon. Après un départ beaucoup plus convaincant que la veille, les Dragons créaient des failles dans les fondations des Boxers (0’26, 4’31 & 9’36). Une première fois, les Rouennais croyaient l’avoir réalisé. Lors d’une fausse piste de Loïc Lampérier, puis une attaque de cage de Vigners, Guimond, à l’affût sur le côté droit, a enfilé dans une cage ouverte (10’01). Mais le but du défenseur n’a pas été accordé pour une raison que les arbitres n’ont, encore une fois, pas expliqué. Si c’était pour une cage déplacée, Kauppila et Rambelo auraient-ils pu remplacer Lemaitre et Spinozzi pour la remise en jeu qui a suivi ?
Après le petit orage subi, les hommes d’Olivier Dimet ont fait du Bordeaux. Sur un contre surnuméraire, causé par deux approximations d’Alexandre Mallet, une transversale de Valtonen pour l’homme libre sur la gauche et, des poignets, Loïk Poudrier loge le palet côté mitaine ! Matija Pintaric s’incline un peu contre le cours du jeu (0-1 à 10’43).
Le jeu s’est désormais équilibré et les Girondins vont enfoncer le clou en supériorité avant la première pause. Matija Pintaric est ordinaire sur un lancer de Legault dans le cercle droit (0-2 à 17’22).
Au retour sur la glace, les Normands sont assez prépondérants. Malgré un score défavorable, les Dragons démontrent une certaine détermination malgré une maîtrise pourtant encore un peu difficile à déceler. Ils annihilent une pénalité, puis sont entreprenants et, finalement, réduisent le score grâce à leur seule ligne d’impact souvent présente dans le slot. Rolands Vigners saisi un palet libre entre les patins des uns et des autres (1-2 à 22’59).
Les Normands ne profitent pas de leur chance de se retrouver en avantage d’un homme sur une faute offensive adverse, car le palet ne bouge pas assez, le cas échéant, les passes sont imprécises et rendent impossible des tirs sans réception. Boivin n’est pas précis (27’19). Plus tard, à parité, Alexandre Mallet fait de la place, mais Anthony Rech vise trop à gauche quand Dusseau cherche le puck (31’47). Malgré sa fulgurance, Jordan Hervé voit sa tâche se compliquer par le placement de Tomasino au moment où le joueur de centre est en position de menacer Papillon (32’37).
Rouen n’a pas profité de son momentum et, comme depuis plus de 90 minutes, Bordeaux va une nouvelle fois tirer les marrons du feu. Après qu’Enzo Carry écrase un peu un tir (33’02). Sacha Guimond, peu inspiré pour disputer un palet libre en zone offensive, met son bloc en difficulté et son repli, à l’opposé de son poste, à la place de l’ailier droit, n’est pas compris. Le placement du cinq rouennais est à plat, surtout aussi à cause du placement très haut d’Emil Kristensen qui n’est pas resté devant la cage. Deux Bordelais sont seuls devant Matija Pintaric et ils sont trouvés par Dusseau dans le dos des défenseurs rouennais. Valtonen et Jespalovs se jouent du gardien slovène (1-3 à 33’56).
Pour finir la période du milieu, malgré un lancer dangereux de Bedin dérouté par Papillon (35’13), les hommes de Fabrice Lhenry gâchent un nouveau jeu de puissance. Matija Pintaric retrouve de la solidité face à Lemaitre lors d’un 3-contre-2 (38’34). Quentin Papillon lui donne la réplique face à Mallet dans le cercle droit (39’38).
Matija Pintaric devait être autant coriace au début du dernier vingt. De la mitaine devant Loïk Poudrier qui s’était engagé dans un mini breakaway (41’10) et, alors que Nesa est en prison, de la jambière face à Valtonen (42’26). Le jeu sera ensuite de nouveau haché par une pénalité. Nikita Jevpalovs est puni pour une faute sur Perron qui perçait plein axe en entrée de zone. Là, pragmatique, le palet circule (enfin) vite entre Boivin, Rech et… le patin malencontreux de Dusseau devant sa cage (2-3 à 49’12).
Les dernières minutes allaient être un peu plus débridées et un peu moins âpres. Tour à tour, la rencontre pouvait être renversée par les Rouennais, qu’on a retrouvés, jouant sans leur quatrième ligne mais avec Tommy Perret à la place de Quentin Tomasino, ou définitivement tourner en faveur des Bordelais appuyés à leur plan de match, avec une confiance décuplée par un proche second succès possible sur la route. Matija Pintaric et Quentin Papillon ont été très solides. Christophe Boivin (50’14), Enzo Carry (53’07), Milan Kytnar (54’08) et Julius Valtonen (56’36) peuvent en témoigner. Anthony Rech, pour sa part, malheureux dans ses tirs, aura manqué le cadre pour la troisième fois dans cette partie (53’19).
Les minutes se sont égrainées. Finalement, au terme d’un temps mort, Fabrice Lhenry a été évidemment contraint de remplacer son gardien par un attaquant supplémentaire. Là, Nikita Jevpalovs a su trouver la cage vide et délivrer ses camarades et la cinquantaine (?) de supporters bordelais, encore présents ce soir, qui faisaient résonner les tambours de Mériadeck.
Dans un match très intense, plus équilibré, les Boxers, moins disciplinés que la veille, toutefois très solidaires et encore solides, même s’ils ont quelques fois plié dans le trafic lorsque Rouen a réussi à s’y imposer, ont eu le dernier mot et ils sont désormais en excellente position avant de jouer deux fois à Mériadeck. Certes, mais les Dragons, pourtant sur la brèche, ont été souvent combatifs. Ils ont montré de belles intentions, pris de nombreuse fois le meilleur en mettant plus d’impact dans leur jeu et, malgré encore quelques imprécisions et une union à optimiser, les coéquipiers de Loïc Lampérier ont recouvré de l’allant, plus encore au dernier tiers avec un certain « lâcher prise » et devant un « Pinta » revenu devant sa cage avec sérénité et talent. Les voyants passent doucement au vert.
Commentaires d’après-match (dans Paris Normandie) :
Olivier Dimet (entraîneur de Bordeaux) : « Ce soir on a quand même beaucoup plus souffert qu’hier. On savait qu’il y aurait une grosse réaction rouennaise. Ça a été le cas. On a souffert mais on n’a pas rompu, grâce à Quentin bien entendu qui a encore fait un gros match. Rouen pousse fort fort fort avec un super pubic mais la solidarité a encore fait que ce soir on remporte la victoire. On était venu ici avec de l’ambition, on repart avec deux victoires, notre objectif était d’essayer d’en prendre au moins une. On est très satisfait mais on n’a fait que la moitié du chemin et le chemin est encore long. On analyse aussi l’adversaire. Pour moi, c’est le meilleur collectif du championnat et de loin. Il faut essayer de mettre une stratégie pour les empêcher de jouer à leur façon. Hier on a mieux réussi que ce soir où ils on pris beaucoup plus d’espaces, ils nous ont mis plus en difficulté, notamment dans le centre de la glace. Mais derrière, il y a des efforts qui sont faits collectivement pour essayer de rattraper la petite erreur et tout le mérite en revient à mes joueurs. »
Fabrice Lhenry (entraîneur de Rouen) : « On n’est pas mort, c’est une certitude, mais on a un gros challenge devant nous. À nous maintenant de trouver les solutions et de retourner cette situation. Tout est encore possible. C’est une équipe qui est en pleine confiance, qui joue sans pression, mais on est plus proche d’elle, dans le jeu, qu’on ne l’était de Grenoble il y a un an. Et, surtout, on est capable de beaucoup beaucoup mieux que ce qu’on a fait jusque-là. Il faut changer d’attitude. Jouer autrement. Comme lors des dix dernières minutes du troisième tiers. C’est comme ça qu’on fera douter Bordeaux. »
Toutes les photos sont des images d’archives.
Rouen – Bordeaux 2-4 (0-2, 1-1, 1-1)
Samedi 6 avril 2024 à 21h00 à la patinoire Nathalie-Pechalat. 3029 spectateurs.
Arbitres : Pierre Dehaen et Geoffrey Barcelo assistés de Cyril Debuche et Quentin Ugolini
Pénalités : Rouen 6’ (2′, 2’, 2’) ; Bordeaux 10′ (2′, 4’, 4’)
Tirs cadrés : Rouen 47 (11, 20, 16) ; Bordeaux 33 (12, 11, 10)
Supériorités : Rouen 1/5, Bordeaux 1/3
Évolution du score :
0-1 à 10’43 : Poudrier assisté de Prissaint et Valtonen
0-2 à 17’22 : Legault assisté de Poudrier et Matima
1-2 à 22’59 : Vigners assisté de Kytnar et Guimond
1-3 à 33’56 : Jevpalovs assisté de Valtonen et Dusseau
2-3 à 49’12 : Rech (sup.num.)
2-4 à 59’23 : Jevpalovs assisté de Valtonen (cage vide)
Rouen
Attaquants :
Loïc Lampérier (C) – Milan Kytnar – Rolands Vigners
Joris Bedin – Vincent Nesa – Tommy Perret
Anthony Rech – Jordan Hervé – Quentin Tomasino
Christophe Boivin – Francis Perron – Alexandre Mallet
Arrières :
Sacha Guimond – Emil Kristensen
Dylan Yeo (A) – Kristaps Sotnieks
Florian Chakiachvili (A) – Enzo Cantagallo
Gardien :
Matija Pintaric (29 arrêts)
Remplaçants : Julien Gaubert (G) et Noa Goncalves Nivelais. Absents : Tonin Caubet (hanche), Fiorenzo Villard, Rob Flick et Marcel Hascak (choix).
Bordeaux
Attaquants :
Alexei Polodyan – Julien Guillaume (A) – Maxime Legault (C)
Enzo Carry – Mathieu Pompei – Samuel Salonen
Nikita Jevpalovs – Loik Poudrier (A) – Julius Valtonen
Rudy Matima – Rudolfs Polcs – Baptiste Bruche
Arrières :
Kevin Dusseau – Axel Prissaint
Kevin Spinozzi – Bastien Lemaitre
Aina Rambelo – Antti Kauppila
Gardien :
Quentin Papillon (45 arrêts)
Remplaçants : Victor Bodin (G) et Matteo Mahieu. Absents : Charles-David Beaudouin (commotion), Niki Blomberg (choix).