Le Danemark s’était qualifié pour ses premiers Jeux olympiques il y a quatre ans en battant la Norvège. Les deux grands rivaux se retrouvent pour ce qui peut apparaître comme un choc de générations. Pour les vétérans danois de NHL, c’est la dernière chance de jouer les JO (car la ligue nord-américaine a annulé sa participation à la dernière édition de Pékin après la pandémie de Covid-19).
La Norvège a une moyenne d’âge plus jeune avec ses deux pépites choisies au premier tour de draft NHL en juin, Stian Solberg et Michael Brandsegg-Nygård, qui ont tous deux 18 ans. Le danger à cet âge serait de se dire qu’ils auront bien d’autres occasions, ce que Pierre-Édouard Bellemare a révélé s’être dit en 2005…
Le coach suédois du Danemark, Mikael Gath, aligne son quatrième trio à vocation défensive au coup d’envoi. Le moins qu’on puisse dire est que cette stratégie ne fonctionne pas… Les Norvégiens mettent une forte pression d’entrée, Mats Zuccarello presse Markus Lauridsen, permettant à Patrick Thoresen de donner en retrait à Erik Salsten qui gagne son duel face à Christian Wejse. le rebond échoit à Zuccarello qui envoie au fond (0-1). Ce but après 26 secondes réduit les spectateurs danois au silence, comme si l’enthousiasme s’était refroidi d’un seul coup.
Sur la glace, la Norvège continue de faire le jeu, les Danois se contentant de contre-attaques. Mais deux minutes avant la pause, le jeune Brandsegg-Nygård prend une pénalité bête en zone offensive, où il fait trébucher Lars Eller. Sur une attaque rapide à 5 contre 4, Nikolaj Ehlers décale du revers Eller qui lance… sur la barre transversale.
C’était une énorme occasion, mais une occasion rare. Au deuxième tiers-temps, les Danois ne tirent qu’une fois en dix minutes. Dans le même temps, la Norvège est très dangereuse avec sa première unité de powerplay, où elle aligne ses deux pépites de 18 ans mais où ce sont les vétérans qui brillent. Le capitaine Patrick Thoresen est frustré deux fois par le gardien Frederik Andersen sur deux beaux lancers du cercle droit (après une passe transversale de Zuccarello et après une passe en retrait de Bakke Olsen). La deuxième unité de supériorité prend le relais, mais Mathias Trettenes voit lui aussi son tir repoussé.
Dominé, le Danemark renverse pourtant le match en deux minutes grâce au fameux tir du poignet fulgurant de Nicklas Jensen (qui semblait pourtant maladroit avec le palet comme tous ses coéquipiers depuis le match médiocre contre le Japon). Décoché à mi-distance dans le haut du filet, son coup de fusil est plus vif que la mitaine de Henrik Haukeland (1-1). Le pur sniper Jensen remet ça en avantage numérique, avec l’aide de l’écran précieux de Christian Wejse (2-1).
Le résultat final est tombé à Riga. La Norvège est derrière la France à la différence de buts, elle n’a donc aucun calcul à faire. Elle n’a pas d’autre choix que d’égaliser pour aller aux JO (l’hypothèse d’une victoire en prolongation du Danemark éliminerait alors les Bleus dans tous les cas de figure). Il reste vingt minutes.
La Norvège s’installe dans une possession assez stérile, souvent dans le périmètre. Elle s’expose de plus en plus aux contres danois. À cinq minutes de la fin, Nikolaj Ehlers prend de vitesse Trettenes en zone neutre, provoque un 2 contre 1 et décale Mads True qui tire entre les cercles : Haukeland pare du bras cette énorme occasion. Ce n’est que partie remise : sur une nouvelle transition, Ehlers a encore un temps d’avance sur Solberg, va derrière la cage et remet en retrait vers Patrick Russell pour le but libérateur (3-1). Morten Poulsen manque inexplicablement la cage vide à deux mètres, mais pas Russell (4-1).
Il faut attendre la sirène pour qu’on sente vraiment l’enjeu olympique dans cette patinoire à l’atmosphère très froide. Les applaudissements frénétiques célèbrent les héros danois. Le plus ému de tous est Nikolaj Ehlers, le joueur des Winnipeg Jets qui s’était fait un tatouage olympique il y a cinq ans et n’avait pas pu participer aux JO. Il serre dans ses bras un à un de nombreux membres du staff danois, puis célèbre cette qualification obtenue dans sa ville natale Aalborg sur la glace avec ses enfants.
Le Danemark sera aux Jeux olympiques, et la Norvège manquera l’aventure quoi qu’il arrive. Pour savoir si la France y sera en tant que meilleure deuxième, il faudra attendre – une fois la confirmation que le Kazakhstan ne fera pas une mauvaise blague ce soir en Slovaquie – la décision définitive de l’IIHF d’exclure ou non la Russie, décision qui interviendra en février 2025…
Désignés joueurs du match : Emil Lilleberg pour la Norvège et Nicklas Jensen pour le Danemark.
Commentaires d’après-match :
Nicklas Jensen (attaquant du Danemark) : « Il était temps. J’avais un pressentiment en me réveillant que ce serait le bon jour. C’était super de voir ces tirs rentrer parce que nous étions sous pression à ce moment-là. [Frederik Andersen] a été le meilleur joueur du tournoi. Sans lui, nous ne serions pas ici en train de sourire. Il a montré qu’il est l’un des meilleurs gardiens du monde. »
Nikolaj Ehlers (attaquant du Danemark) : « Nous rêvons tous de participer aux Jeux olympiques. Nous l’avons fait la dernière fois, mais tout le monde n’a pas été autorisé à y aller. Pouvoir représenter le Danemark aux Jeux olympiques sera un rêve devenu réalité. C’est pourquoi nous sommes venus ici. »
Danemark – Norvège 4-1 (0-1, 2-0, 2-0)
Dimanche 1er septembre 2024 à 16h30 au Gigantium d’Aalborg, Danemark. 3440 spectateurs
Arbitres : Mikael Holm (SUE) et Jan Hribik (TCH) assistés de Ludvig Lundgren (SUE) et Davis Zunde (LET)
Pénalités : Danemark 10′ (0′, 10′, 0′) ; Norvège 10′ (2′, 8′, 0′)
Tirs : Danemark 20 (9, 4, 7) ; Norvège 31 (12, 11, 8)
Évolution du score :
0-1 à 07′21′′ : Zuccarello assisté de E. Salsten et Thoresen
1-1 à 36′04′′ : N. Jensen assisté d’Eller et M. Lauridsen
2-1 à 38′03′′ : N. Jensen assisté d’Ehlers (sup. num.)
3-1 à 56′31′′ : Russell assisté d’Ehlers et Lassen
4-1 à 58′33′′ : Russell assisté de N. Jensen
Danemark
Attaquants :
Nicklas Jensen (+2) – Lars Eller (C, +2, 2′) – Joachim Blichfeld (+1)
Nikolaj Ehlers (+1, 2′) – Alexander True – Patrick Russell (A, +2, 2′)
Mikkel Aagaard – Oscar Fisker Mølgaard (2′) – Jonas Røndbjerg
Morten Poulsen (-1) – Christian Wejse – Frederik Storm (-1)
Défenseurs :
Markus Lauridsen – Matias Lassen
Oliver Lauridsen (+2, 2′) – Anders Koch
Jesper Jensen Aabo (A, +1) – Nicholas B. Jensen (+1)
Phillip Bruggisser
Gardien :
Frederik Andersen
Remplaçants : Mads Søgaard (G), Mathias From. Réserviste : Frederik Dichow (G).
Norvège
Attaquants :
Mats Zuccarello – Eirik Østrem Salsten – Patrick Thoresen (C)
Emilio Pettersen (-2) – Ken Andre Olimb (A, -2) – Thomas Olsen (-2)
Noah Steen – Mathias Trettenes (-1) – Michael Brandsegg-Nygård (-1, 4′)
Martin Rønnild – Håvard Østrem Salsten – Andreas Martinsen (2′)
Eskild Bakke Olsen
Défenseurs :
Emil Lilleberg (A, -1) – Mattias Nørstebø (2′)
Johannes Johannesen (-2) – Stian Solberg
Christian Kåsastul (2′) – Max Krogdahl
Isak Hansen
Gardien :
Henrik Haukeland [sorti de 56’40’’ à 58’33’’]
Remplaçant : Jonas Arntzen (G). Réservistes : Henrik Holm (G), Sander Vold Engebråten (D), Markus Vikingstad (A).