Pour la première de la saison au Coliséum, difficile d’imaginer une plus belle affiche. Vainqueurs à Anglet (5-1) pour l’ouverture de l’exercice 2024-2025, les Gothiques se sont bien lancés malgré des difficultés dans le jeu et ont montré une réelle abnégation de tous les instants. Le tout, alors que deux joueurs majeurs – le nouveau capitaine Zachary Lavigne ainsi que l’assistant Julien Tessier – étaient absents, tout comme le très prometteur Ilies Djemel qui ne cesse de monter en puissance. Tous manquent encore à l’appel pour ce derby.
En face, l’éternel rival ne va pas beaucoup mieux. Au-delà d’un bilan sportif difficile en Champions Hockey League, avec quatre défaites en autant de rencontres face à des adversaires de sérieux calibre face à qui ils n’ont pas eu à rougir, les Dragons pansent leurs plaies et paient les pots cassés européens au moment de se rendre en Picardie. Florian Chakiachvili, Francis Perron, Loïc Lampérier, Milan Kytnar et Noa Goncalves sont tous les cinq blessés tandis que Daniel Glad n’a toujours pas récupéré l’intégralité de son équipement et joue avec des patins neufs, un aléa bien malencontreux pour les Normands.
Fortement sollicité en CHL, Oskari Setänen prend à nouveau place dans les filets rouennais tandis que c’est Clément Fouquerel qui démarre côté amiénois, une petite surprise tant la prestation de Taran Kozun vendredi soir était bonne.
C’est devant un Coliséum plein à craquer – avec une petite centaine de supporters rouennais – mais également des sifflets nourris envers Tomas Simonsen, parti d’Amiens vers le meilleur ennemi normand, que se lançait ce deuxième acte de la saison, le premier pour les Dragons. Décidant cette saison de miser sur un jeu tout en vitesse et en transition, les Samariens se montraient les premiers dangereux, évidemment en contre. Matima lançait Larinmaa en zone offensive, ce dernier trouvait Gibert au deuxième poteau qui butait sur Setänen (1’). Un avertissement sans frais pour des Rouennais qui sortaient timidement de leur boîte. S’ils contrôlaient le palet et le jeu, ils ne s’offraient une opportunité qu’en transition par Anthony Rech qui ne parvenait pas à tromper Fouquerel (6’).
Malgré tout, si la première supériorité numérique était picarde, les Normands piquaient les premiers, à 4 contre 4 après une pénalité contre Maïa. Robin Colomban profitait d’une très mauvaise passe en retrait de Mony pour intercepter, lancer un une-deux avec Vigners et envoyer un lancer dévastateur pour Fouquerel (0-1, 09’46). Un coup dur pour les protégés de Mario Richer ? Pas vraiment, simplement un contretemps. Loin d’être touchés, ils repartaient à l’assaut avec Anatole De Mali qui forçait Setänen à un joli arrêt (10’).
Mais c’est bien dans leur jeu de prédilection qu’ils remontaient l’écart. Lancé seul en contre par Gibert, Matima enrhumait Perdrix, prenait un premier tir repoussé par Setänen mais récupérait son rebond pour le glisser au fond et inscrire, déjà, son troisième but de 2024-2025 (1-1, 11’04). Dans la foulée, Bergeron depuis la bleue trouvait Besson au deuxième poteau dont la déviation était magnifiquement repoussée par Setänen (12’). Le cerbère rouennais ne pouvait toutefois rien lorsqu’il voyait le trio Svanenbergs, Maïa, Larinmaa arriver sur lui à toute vitesse. Le Letton servait idéalement le Finlandais complètement esseulé au deuxième poteau pour faire chavirer le Coliseum (2-1, 13’46).
Et si Dmytriw mettait Fouquerel au travail quelques minutes plus tard (17’), sur une jolie passe depuis le côté gauche de Colomban, la déferlante gothique ne s’arrêtait pas pour autant. Sur une grosse phase de possession en zone offensive, Justin Bergeron prenait la position devant le but et déviait au fond des filets un lancer astucieux depuis la bleue de son associé défensif Jordan Lepage (3-1, 18’41). Complètement sonnés, les Seinomarins se montraient absents sur l’engagement et voyaient Plagnat faire le tour de la cage et servir sur un plateau Gibert qui convertissait l’offrande (4-1, 18’49). Huit secondes, deux réalisations, trois buts d’avance, les Gothiques pouvaient rentrer aux vestiaires le sentiment du devoir accompli, le tout malgré une ouverture du score concédée.
Pourtant d’entrée, les Picards jouaient à se faire peur. Passant derrière sa cage, Lepage perdait le palet sur une glace qui n’avait pas entièrement pris. Simonsen s’en saisissait, jouait avec Hervé et Rech pour une première situation, repoussée par Fouquerel. Rech revenait ensuite à la charge, tentait de déborder le portier amiénois, s’essayait à plusieurs fois avant un attroupement sur la cage forçant l’arrêt du jeu. Après une longue discussion entre les officiels du soir, le palet était jugé au fond de manière légale et les visiteurs rabotaient quelque peu leur retard (4-2, 22’25).
Rouen était-il alors complètement relancé ? Il était bien difficile de faire une telle affirmation. Pas exceptionnels dans le jeu, dans le dur techniquement, ils pouvaient compter sur des supériorités numériques pour peut-être réduire encore un peu plus l’écart… mais concédaient une sérieuse occasion quand Maïa interceptait une mauvaise passe de Simonsen, partait en contre mais manquait le cadre de quelques centimètres (26’).
Conscients d’avoir frôlé la correctionnelle, les joueurs de Fabrice Lhenry s’appliquaient bien plus dans leurs transmissions par la suite. Cela portait presque ses fruits lorsque Rech touchait Vigners dans l’axe, mais Clément Fouquerel s’interposait brillamment (27’). Le gardien samarien récidivait trois minutes plus tard, sur une autre infériorité numérique, devant Nesa dans la même zone (30’) puis devant Rech, désaxé, dans un tir quelque peu désespéré (31’). Plus dangereux à un de plus, les Normands étaient cependant éteints à égalité numérique, dominés physiquement par leurs hôtes du soir.
C’était donc fort logiquement qu’à cinq contre cinq, les meilleures situations étaient à mettre au crédit des rouges et noirs. Bergeron interceptait une passe en zone rouennaise, transmettait à Matima qui défiait Setänen de près mais ne trouvait pas la faille (33’). Plagnat, quant à lui, prenait tout son temps pour ajuster son tir mais se retrouvait stoppé par le masque du gardien finlandais (34’). Ce dernier ne devait toutefois rien à personne quand il réalisait une superbe parade sur un contre solitaire de Rudy Matima (38’), décidément intenable en ce début de saison.
En position de revenir fort des vestiaires avec une cinquième supériorité en toute fin de deuxième acte pour une faute de Guillaume Roussel, Rouen laissait encore passer sa chance. Pire encore, les Dragons retombaient dans leurs travers des premiers jeux de puissance, entre manque de mouvement et imprécision. Et c’était sur une transmission hasardeuse que Maïa, encore lui, chipait la rondelle, s’en allait défier Setänen et nettoyait cette fois la lucarne (5-2, 41’23).
S’il fallait un joli double arrêt de Fouquerel de près devant Simonsen et Hervé (43’), les locaux ne tremblaient que peu voire pas dans l’ultime tiers. Ils s’offraient même plusieurs situations pour corser l’addition mais ni Plagnat – malgré un festival dans la défense (45’) – ni Matima – sur un lourd lancer frappé à la bleue (49’) – ni Larinmaa, proche du but (53’), ne parvenaient à faire moucher.
Avec la manière, sans réellement trembler et globalement dominateur, Amiens s’offrait logiquement le premier derby de la saison et réussissait l’exploit de battre Rouen au Coliséum pour la première fois depuis le 15 février 2022. Leader du classement, de manière fort anecdotique après seulement deux journées disputées, le club samarien peut néanmoins se targuer d’avoir inscrit dix buts en deux sorties et d’avoir fait le plein de confiance avant d’aller chez le vice-champion Bordeaux, vendredi soir. Pour Rouen, la soupe à la grimace continue et ce revers inquiète bien plus sur la manière que sur le score. Il faut maintenant remettre les têtes à l’endroit avant un long week-end qui verra les Dragons se rendre à Anglet vendredi puis recevoir Nice dimanche après-midi avec la quête d’enfin décrocher une première victoire en compétition en 2024-2025.
Élus meilleurs joueurs du match : Justin Bergeron (Amiens) et Anthony Rech (Rouen)
Amiens – Rouen 5-2 (4-1, 0-1, 1-0)
Mardi 17 septembre 2024 à 20h15 au Coliséum. 3200 spectateurs.
Arbitres : Pierre Dehaen et Julien Peyre assistés de Maxime Laboulais et Joffrey Yssembourg
Pénalités : Amiens 10′ (2′, 6′, 2′) ; Rouen 4′ (2′, 0′, 2′).
Tirs : Amiens 30 (12, 10, 8) ; Rouen 34 (7, 19, 8).
Évolution du score :
0-1 à 09’46’’ : Colomban assisté de Vigners (sup. num.)
1-1 à 11’04’’ : Matima assisté de Gibert et Phelan
2-1 à 13’46’’ : Larinmaa assisté de Svanenbergs et Maïa
3-1 à 18’41’’ : Bergeron assisté de Lepage et Svanenbergs
4-1 à 18’49’’ : Gibert assisté de Plagnat et Phelan
4-2 à 22’25’’ : Rech assisté de Cantagallo et Simonsen
5-2 à 41’23’’ : Maïa assisté de Mony (inf. num.)
Amiens
Attaquants :
Jesper Larinmaa (+1) – Janis Svanenbergs (+2, 2’) – Bastien Maïa (A, +2, 2’)
Antonin Plagnat (+1) – Anatole De Mali – Noa Besson
Gauthier Gibert (+1) – James Phelan (C, +3) – Rudy Matima (+1)
Raphaël Opoma, Ugo Tocquin
Défenseurs :
Justin Bergeron (A) – Jordan Lepage (+1, 2’)
Mathieu Mony (+3) – Guillaume Roussel (+2, 2’)
Aleksandar Magovac (+1) – Kristjan Cepon (+1, 2’)
Gardien :
Clément Fouquerel
Remplaçant : Taran Kozun (G). Absents : Ilies Djemel (haut du corps), Zachary Lavigne (cheville), Julien Tessier (processus de reprise après rééducation du genou).
Rouen
Attaquants :
Anthony Rech (C, -1) – Jordann Hervé (2’, -1) – Tomas Simonsen
Sebastian Bengtsson (-2) – Robin Colomban (-1) – Jared Dmytriw (-1)
Rolands Vigners (-3) – Vincent Nesa (A, -2) – Tommy Perret (-2)
Paul Le Lem (2’), Johanès Avonde
Défenseurs :
Daniel Glad (-1) – Enzo Cantagallo (A, -1)
Fiorenzo Villard (-1) – Juho Tommila (-1)
Mattéo Perdrix (-2) – Alexander Lindelöf (-1)
Gardien :
Oskari Setänen
Remplaçant : Côme Soghomonan (G). Absents : Gaëtan Richard (G, blessé à l’entraînement), Florian Chakiachvili (déchirure à la jambe), Francis Perron (fracture d’une côte), Loïc Lampérier (fracture du pouce), Milan Kytnar (bas du corps, reprise), Noa Goncalves (épaule).