Après deux victoires en trois rencontres, et une place de leader certes anecdotique, mais symbole d’un début de saison réussi malgré l’absence de cadres, les Gothiques recevaient mardi les Jokers, dont la trajectoire en ce début de championnat était l’exact inverse.
Défaits par deux fois, les Franciliens connaissaient une entame de compétition compliquée, mais avaient déjà dû croiser le fer avec Grenoble, Angers et Marseille, avant un déplacement chez une équipe qui leur réussissait plutôt bien lors des confrontations précédentes.
En fin de saison dernière. Romain Bault avait pris sa retraite après 627 matches et 141 points inscrits pour les siens. Double vainqueur de la coupe de France, il n’avait connu qu’Amiens dans son parcours professionnel. C’est donc tout naturellement que le club avait décidé de lui rendre hommage.
Un hommage qui aurait certainement eu plus d’impact lors du premier match de la saison à domicile, contre l’éternel ennemi, Rouen, mais c’était bien ce mardi 24 septembre que le numéro 7 était érigé au plafond du Coliséum. Coïncidence, c’était le septième maillot officiellement retiré par l’AHE après Dave Henderson, Antoine Richer, Antoine Mindjimba, Christophe Moyon, Michel Breistroff et Anthony Mortas (si l’on fait exception bien sûr de Denis Perez).
Au terme des photos et divers cadeaux offerts à l’ancien défenseur amiénois, il fallait laisser place au jeu. Dans un Coliséum une nouvelle fois comble, les Gothiques prenaient le jeu à leur compte et avaient la possession de la rondelle mais ne trouvaient pas d’occasion de se montrer dangereux. C’est l’ancien capitaine gothique qui, le premier, allumait la mèche après un engagement remporté en zone offensive, sans succès (2′). Les Samariens asseyaient leur présence en zone offensive mais peinaient à trouver des lignes préférentielles de lancer.
À l’inverse, les Jokers ne tergiversaient pas et profitaient pleinement de chaque incursion dans la boîte amiénoise, à l’image de Coulombe de la bleue (5’). Magovac lui répondait quelques secondes plus tard alors qu’il rentrait sur la glace sur une possession offensive des siens, mais le lancer était trop imprécis et passait au-dessus de la cage francilienne.
Les locaux n’étaient pas à l’aise pour faire le jeu, surtout face à un bloc solide et compacte comme celui de Cergy. Les “chances de compter” n’étaient pas légions notamment dans la première moitié du premier acte, la faute à un manque de rythme qui contrastait grandement avec celui imprimé contre Rouen, une semaine auparavant.
Si le rythme n’augmentait pas lors des dix minutes suivantes, on pouvait noter quelques belles actions de part et d’autre du glaçon. Une fois n’est pas coutume, c’est en contre que les Jokers pointent le bout de leur nez, mais la conclusion d’un très joli jeu à trois n’était pas cadré, bien que la cage avait bougé. Puis, alors que Magovac perdait le palet en chutant à la ligne, bleue, Welsh alertait mais ne trompait pas le portier amiénois (14’). Larinmaa et De Mali s’illustraient coup sur coup en profitant de rebonds laissés par Richard, puis Bergeron débordait et faisait le tour de la cage, mais n’était pas plus chanceux que ses coéquipiers (17’).
S’il y a un joueur dont on ne présente plus la qualités de lancer, c’était Danick Bouchard. Celui-ci, ayant rejoint Cergy à l’intersaison, retrouvait son ancienne équipe et voulait montrer à Mario Richer qu’il avait toujours les qualités nécessaires pour performer au meilleur niveau. Dans les bons coups, servi sur un engagement remporté, il décochait un lancer sans contrôle, et Kozun répliquait d’un arrêt magnifique. On retrouvait alors Bouchard à la baguette du meilleur jeu de supériorité de la ligue (83%, 5/6) après une faute sifflée contre Lepage (19’02, retenir la crosse).
Néanmoins, le jeu d’infériorité des Amiénois était rodé et mettait même en difficulté les Jokers. Plagnat faisait un gros travail de pressing en zone offensive, et forçait Richard à faire une mauvaise passe. L’Amiénois récupérait, faisait le tour de la cage et servait Phelan idéalement placé dans l’enclave, qui n’avait plus qu’à ajuster en lucarne pour tromper le portier francilien, déséquilibré suite à son erreur (1-0, 19’19). C’était déjà le deuxième but de la saison dans cet exercice pour les Gothiques, et cela en seulement quatre rencontres. Les hommes de Mario Richer rentraient donc au vestiaire avec une avance d’une courte tête au terme d’un tiers-temps certes maitrisé globalement mais peu spectaculaire et peu rythmé.
Le second acte débutait et le premier jeu de puissance de Cergy se terminait. Une seconde chance se présentait, quand, semblant pourtant avoir été poussé sur le gardien, Noa Besson était envoyé en prison seulement trente secondes après le retour sur le glaçon de Lepage (21’47, obstruction). Buteur précédemment, on aurait pu avoir Phelan passeur, quand, suite à une récupération en zone neutre de Maïa, les deux joueurs combinaient et concluaient l’action d’un lancer sur réception du Français. Cette tentative n’était malheureusement pas cadrée (22′). Le jeu d’infériorité des amiénois était bien en place et semblait contenir le jeu de supériorité des Jokers, mais cela ne durait qu’un temps. Après un engagement remporté en zone offensive, Bouchard surprenait Kozun d’un lancer instantané du cercle en pleine lucarne (1-1, 23’21). Celui-ci rappelait aux Gothiques que face à Cergy, la moindre faute se payait très souvent cash.
Cette égalisation avait un double effet : le rythme montait enfin d’un cran, et le match commençait à se tendre physiquement, notamment par l’intermédiaire de charges amiénoises, auquel les petits gabarits rapides et mobiles de Cergy n’arrivaient pas à répondre. Amiens mettait la pression dans la zone de Cergy et profitait des erreurs défensives pour piquer. Cepon récupérait dans le coin et sortait proprement le palet sur Svanenbergs, qui tentait sa chance sur Richard. Ce dernier laissait un rebond dangereux dans l’enclave, dont profitait Larinmaa pour redonner une longueur d’avance aux siens (2-1, 25’28).
Ce but coupait les jambes des Jokers qui étaient pourtant revenus dans ce match tant au score que dans les intentions. Dépassés défensivement et physiquement, les hommes de Miika Elomo n’étaient pas loin d’encaisser un troisième moins d’une minute après celui de Larinmaa. Matima puis Gibert forçaient le porter francilien à se déployer, ce qu’il faisait avec de grandes difficultés. Laissant de nombreux rebonds, Richard offrait des opportunités de second palet que sa défense peinait à maîtriser, mais sans conséquences jusque là.
Si la défense des Jokers pliait, elle ne rompait pas, et cette équipe impressionnait pas sa capacité à être dangereux en explosant en contre-attaque alors même qu’elle était en grande souffrance quelques secondes auparavant. Il fallait un effort défensif de Gibert et un plongeon de Magovac pour bloquer un lancer qui semblait très dangereux, puis Kozun faisait parler sa mitaine après un lancer concluant une attaque éclair emmené par Perrenoud (33′). Pas plus de chance pour Hämäläinen, pourtant meilleur buteur de son équipe, après une fixation et une passe superbe de Barber. Le casque jaune n’avait plus qu’à pousser la rondelle dans la cage vide, mais ratait inexplicablement le cadre (35′). Bouchard (39′), puis Welsh, tous deux d’une déviation n’avaient pas plus de réussite que leur partenaire finlandais.
Les hommes de Mario Richer abordaient le dernier acte de la pire des façons et étaient largement dominés. Ce visage ne plaisait pas au technicien québécois qui prenait rapidement son temps mort (45′), exhortant ses joueurs à « jouer au hockey ». Cela semblait réveiller son équipe, mais dans un élan d’agressivité, Cepon était pénalisé moins d’une minute après le temps mort (accrocher, 46’01). Contrairement à son homologue, lorsqu’il était mis à contribution, Kozun ne laissait pas de rebond dangereux et sa défense pouvait se dégager sereinement, ce qui permettait aux Gothiques de laisser passer l’orage rouge et vert.
À l’instar de l’action menant au but de Phelan, Plagnat, encore lui, était auteur d’un travail défensif et de harcèlement du porteur du palet permettant de récupérer et de lancer Gibert, qui avait vu Matima dans l’enclave, mais sa passe était un peu trop levée pour que le numéro 12 ne puisse concrétiser. Après avoir poussé dans la première partie du dernier acte, sans succès, Cergy revenait donc à son jeu de prédilection et attendait Amiens dans sa zone. Cela était notamment flagrant lors des changements de ligne en zone défensive amiénoise, où le bloc des Jokers attendait l’offensive sans faire de pressing malgré le retard au score.
Cela n’empêchait pas les visiteurs de beaucoup lancer à la cage amiénoise, avec 15 lancers dans ce tiers-temps, mais les attaquants franciliens faisaient état d’un manque criant de précision. Kozun est beaucoup sollicité, mais de nombreux lancers ne sont pas cadrés. Les locaux font preuve d’une grosse abnégation défensive, emmené par un Kozun qui tenait la baraque face à une équipe de Cergy qui jetait toute ses forces dans la bataille pour arracher la prolongation. Si Limtong était proche d’égaliser (57′) sur un des rares rebonds laissés par le portier amiénois, les hommes de Mikka Elomo n’étaient plus dangereux jusqu’au coup de sifflet final, et ce malgré une minute en cage vide.
Avec cette victoire, les Gothiques demeuraient leaders de Ligue Magnus avant un déplacement à Nice, vendredi, et la réception de Briançon, mardi prochain. Cergy, qui n’avait toujours pas gagné en temps réglementaire, recevra Rouen vendredi puis ira Bordeaux mardi, pour affronter le champion et vice-champion en titre coup sur coup. Un début de championnat des plus compliqués pour les Jokers, qui pourra peut être compter sur les difficultés rouennaises pour se lancer dans cet exercice 2024-2025. À noter que Tessier, pourtant présent aux entraînements mais préservé par le staff médical, pourrait faire son retour vendredi, ou mardi au plus tard. Un renfort de poids pour les Gothiques pour permettre d’assoir la place de leader et d’engranger les points.
Amiens – Cergy 2-1 (1-0, 1-1, 0-0)
Mardi 24 septembre 2024 à 20h15 au Coliséum. 2500 spectateurs.
Arbitres : Adrien Ernecq et Damien Bliek assistés de Maxime Laboulais et Pierre Mercier-Landry
Pénalités : Amiens 6′ (2′, 2′, 2′) ; Cergy 0′ (0′, 0′, 0′).
Tirs : Amiens 29 (9, 14, 6) ; Cergy 38 (11, 12, 15).
Évolution du score :
1-0 à 19’19’’ : Phelan assisté de Plagnat et Magovac (inf. num.)
1-1 à 23’21’’ : Bouchard assisté de Mylymaa (sup. num.)
2-1 à 25’28’’ : Larinmaa assisté de Svanenbergs et Cepon
Amiens
Attaquants :
Jesper Larinmaa (+1) – Janis Svanenbergs (+1) – Bastien Maïa (A, +1)
Gauthier Gibert (0) – James Phelan (C, +1) – Rudy Matima
Antonin Plagnat (+1) – Anatole De Mali – Noa Besson (2’)
Raphaël Opoma, Ugo Tocquin
Défenseurs :
Justin Bergeron (A) – Jordan Lepage (2’)
Mathieu Mony – Guillaume Roussel
Aleksandar Magovac (+2) – Kristjan Cepon (+2, 2’)
Gardien :
Taran Kozun
Remplaçant : Clément Fouquerel (G). Absents : Ilies Djemel (haut du corps), Zachary Lavigne (blessé), Julien Tessier (refus du staff médical).
Cergy
Attaquants :
Christopher Théodore (-1) – Aleksi Hämäläinen (A, -2) – Alexander Barber (-2)
Kalle Mylymaa – Tyler Welsh – Danick Bouchard (-1)
Louis Petit – Philéas Perrenoud (-1) – Sayam Limtong
Colin Delatour, Tomas Pardo
Défenseurs :
Patrick Coulombe (C, -1) – Daniels Gorsanovs
Vincent Melin (-1) – Nikita Shalei (-1)
Aurélien Dorey – Raphaël Faure
Gardien :
Olivier Richard
Remplaçant : Sebastian Ylonen (G). Absents : Arthur Hostein, Raphaël Brites (choix)