Mercredi, après le dernier match de CHL, Fabrice Lhenry a fait part de la honte qu’il éprouvait que ses joueurs ne se soient pas à Lahti, qu’ils aient lâché la rencontre (1-10), qu’ils aient abandonné le staff et qu’ils n’aient pas respecté l’invitation de la CHL, leurs supporters et le club tout entier du RHE76 !
Alors quand Marseille, deuxième de la ligue Magnus, et le meilleur pointeur du championnat, Jan Dufek, se présentent sur l’île Lacroix, pour le compte de la 11e journée, l’occasion de retrouver du respect et de la crédibilité semblait toute trouvée pour les coéquipiers d’Anthony Rech.
Les supposées bonnes intentions rouennaises ont vite été balayées par les Marseillais, plus agressifs sur le palet, aux meilleures prises de décision et au patinage bien supérieur. Après quelques balbutiements des locaux (Nesa à 0’54 & Hervé à 1’54), les Spartiates, qui avaient déjà obtenu trois chances en moins de deux minutes, dont un contre surnuméraire, ont marché sur les Dragons. Ils ont majoritairement bourdonné autour du but normand pendant plus de 12 minutes sans riposte. Victor Björkung ouvre le score de prés dans le slot en saisissant un palet libre que la défense rouennaise, accrochée mais mal repliée, n’est pas parvenu à dégager de l’enclave, alors que Setänen est masqué (0-1 à 04’28). Sur un lancer, presque écrasé, de Teddy Da Costa, pas rangé des voitures à 38 ans, présent au cercle gauche, lors d’un jeu d’avantage numérique installé, le gardien rouennais encaisse un but à ranger au fond du tiroir à mauvais souvenirs (0-2 à 8’12). Oskari Setänen avait pourtant bien commencé la rencontre en sauvant ses partenaires face aux tentatives talentueuses de Boivin (0’21) et de Dair (1’31).
Sur une mise au jeu dans leur zone, les receveurs et les protecteurs de la mise en jeu gagnée par Vincent Nesa sont attentistes pour les premiers et inefficaces pour les seconds. En bas du cercle droit, l’opportuniste Matt Salhany, sorti du chahut du face-off, frappe le palet laissé libre dans le dos du n°6 (0-3 à 12’28). Un mélange de stupeur et d’effroi tombe sur Péchalat. Alors, quand Colin Morillon, au palmarès long comme la première ligne de celui de Chakiachvili, joue les patrons sur la glace sacralisée de l’île Lacroix (0-4 à 16’30), la déception et l’irritation montent ou plutôt descendent des tribunes sous la forme de quelques sifflets.
Il faudra la persistance invétérée de Milan Kytnar et l’implication du duo Rech-Simonsen pour sortir leurs partenaires de la misère profonde et de remettre leurs supporters dans la poche, avant d’aller se faire prendre un savon au vestiaire (1-4 à 17’27).
La douche écossaise, Marseille va nous en offrir une bonne tranche. Impeccables Dr Jekyll au premier tiers, les hommes de Luc Tardif se transforment en Mr Hyde lors du second, ou inversement suivant sa paire de lunettes. À part Jordan Hervé préservé sur le banc, mais participant aux attaques à cinq, le staff rouennais n’a pas fait de changement tactique. Fabrice Lhenry et Anthony Guttig semblent avoir laissé les clés du camion à leur joueurs, seuls responsables de leur pétrin, car on a peu reconnu la patte du duo dans l’effort des Dragons. Vexés de la correction infligée jusque là par le hockey habité et souvent juste des Provençaux, les joueurs des bords de Seine, encouragés par leur rapide deuxième but, se sont offert un kif en remontant ces Spartiates de l’apocalypse. Les Seino-Marins se sont mis à patiner et secouent une équipe aussi peu physique qu’eux. Jared Dmytriw reprend un palet que n’arrive pas à geler Gourdin (2-4 à 20’56). Les Normands, abrasifs, beaucoup plus présents lors des duels dans la bande, gagnent enfin des palets. Sur ces prises biens troussés dans la balustrade, Tomas Simonsen ajoute ses mains précises, chirurgicales (3-4 à 22’59).
Moins à l’aise en supériorité, bien gêné par les carrés marseillais exorcisant leur rage, les Rouennais, entêtés, égalisent, aux forceps, dans cet exercice, grâce aux poignets aussi habiles qu’efficaces de Rolands Vigners au poteau droit (4-4 à 36’57). Jared Dmytriw et le Letton ont (enfin) défloré leur compteur but en championnat mais le quart d’heure américain, permis par les patineurs du boulevard Bonnefoy, est terminé ! En cette fin de vingt médian, ils sont les plus dangereux. Oskari Setänen voit passer un palet à côté (Machac à 38’05), mais le Finlandais doit boucher les vides face à Colotti (37’45) et Dufek (38’28). Le gardien est aussi solide lors d’un tir de pénalité offert à Teddy da Costa (39’04) et valide un retour au vestiaire sur un score de parité. Personne n’aurait misé un kopeck là-dessus 20 minutes auparavant.
Dans la dernière période, ça défouraille de partout. Comme dans les tournées, de shots de pommeau, les soirs de fête. À chaque fois que Rouen se sert un verre. Perron (5-4 à 41’45), Simonsen (6-5 à 48’21) et Cantagallo (7-7 à 53’44). Marseille rajoute un pastis. Ruusu (5-5 à 46’18), Da Costa (6-6 à 48’47), Salhany (6-7 à 53’09) pour une mauresque bien fraîche et enfin Boivin (7-8 à 59’31) pour la route qu’y disait. Dans le duel des légendes, la sardine a renversé le dragon !
Dans un match spectaculaire, prolifique en buts, qui s’est finalement joué sur un coup de dé et où les arbitres ont parfois eu beaucoup de difficultés à faire comprendre leurs décisions ou indécisions, les Marseillais s’imposent malgré sept but encaissés (!). Ils solidifient leur deuxième place au classement avant d’aller à Cergy.
Les Spartiates ont fait preuve de plus de caractère que les Dragons, en leur résistant et leur répondant coup pour coup, passant devant eux au moment décisif. Pour parvenir à cette victoire, Teddy Da Costa et Matt Salhany ont inscrit chacun un doublé et acquis trois points, tout comme Boivin avec un but de moins que ces deux coéquipiers. Elias Ruusu obtient un ratio de +5 !
Pour les Rouennais, le résultat est décevant. Ils ont fait un départ catastrophique qui les a trop rapidement obligés de jouer avec leurs trois lignes offensives seulement, moins de 48 heures après leur voyage retour de Lahti. La quatrième, plus défensive, restait assise sur le banc. Après 15 bonnes minutes du deuxième tiers, ils ne sont pas parvenus à aller au bout de leurs efforts, manquants de rigueur défensive, comme contre Gap, dans le dernier tiers, dimanche. Ils sont restés à la merci d’un fait de jeu comme le but non accordé à Goncalves en fin de match. Ne parlons pas de l’attitude déshonorante de Simonsen (simulacre de blessure) qui a rendu la soirée très pénible pour les amoureux du RHE. Amiens, tombeur du leader, se profile à l’horizon. Un échec dans LE derby pourrait laisser le doute s’installer.
Rouen – Marseille 7-8 (1-4, 3-0, 3-4)
Vendredi 18 octobre à 20h00, à la patinoire Nathalie Pechalat. 3029 spectateurs.
Arbitres : Pierre Dehaen et Adrien Ernecq assistés de Quentin Cady et Thomas Simon
Pénalités : Rouen 11′ (2′, 5′, 4′) ; Marseille 11′ (0′, 6+5′, 0′)
Tirs : Rouen 29 (10, 10, 9) ; Marseille 39 (14, 9, 16)
Supériorités : Rouen 1/3, Marseille 2/3
Évolution du score :
0-1 à 04’28 : Björkung assisté de Da Costa et Joubert
0-2 à 08’12 : Da Costa assisté de Boivin et Bourgeois (sup. num.)
0-3 à 12’28 : Salhany assisté de Boivin
0-4 à 16’30 : Morillon assisté de Dufek et Stolyarov
1-4 à 17’27 : Kytnar assisté de Rech et Simonsen
2-4 à 20’56 : Dmytriw assisté de Lindelöf et Glad
3-4 à 22’59 : Simonsen assisté de Lindelöf et Dmytriw
4-4 à 36’57 : Vigners assisté de Benstsson et Kytnar (sup. num.)
5-4 à 41’45 : Perron assisté de Vigners et Benstsson
5-5 à 46’18 : Ruusu assisté de Coulaud et Salhany
6-5 à 48’21 : Simonsen assisté de Glad et Bengtsson
6-6 à 48’47 : Da Costa assisté de Stolyarov et Bourgeois (sup. num.)
6-7 à 53’09 : Salhany assisté de Colotti et Coulaud
7-7 à 53’44 : Cantagallo assisté de Perret et Dmytriw
7-8 à 59’31 : Boivin assisté de Morillon et Ruusu
Rouen
Attaquants :
Anthony Rech (C) – Milan Kytnar (A) – Tomas Simonsen
Tommy Perret – Vincent Nesa (A) – Jared Dmytriw
Sebastian Bengtsson – Jordan Hervé (puis Perron à 20’00) – Rolands Vigners
de 00’00 à 20’00, Paul Le Lem – Francis Perron – Johanès Avonde
Arrières :
Alexander Lindelöf – Enzo Cantagallo
Daniel Glad – Noa Goncalves Nivelais
Matteo Perdrix – Juho Tommila
Gardien :
Oskari Setänen (31 arrêts)
Remplaçant : Gaëtan Richard (G). Absents: Fiorenzo Villard et Thomas Boisson (blessés), Guillaume Naud (jambe ?), Florian Chakiachvili (genou), Loïc Lampérier (pouce) et Robin Colomban (main).
Marseille
Attaquants :
Fabien Colotti (A) – Alexandre Boivin – Matt Salhany
Gennadi Stolyarov (A) – Patrik Machac – Jan Dufek
Flavien Dair – Teddy Da Costa (C) – Paul Joubert
Paul Siraudin – Maxence Leroux – Joni Airo
Arrières :
Yohan Coulaud – Victor Björkung
Elias Ruusu – Colin Morillon
Sasha Djigaouri – Fabien Bourgeois
Gardien :
Florian Gourdin (22 arrêts)
Remplaçant : Stefan Steen (G). Absents : Marek Ciliak et Markus Kojo (blessés), Simon Suoranta (départ).