Contre Amiens, la bataille fut féroce, comme d’antan à l’image de la chamaillerie entre Chakiachvili et Tessier (29’07), notamment dans la bande. Rouen, usé, a fait ce qu’il a pu mais n’a jamais été en position de s’imposer. Histoire d’une désillusion.
Voilà les Rouennais confirmés dans le dur, le très dur, malgré de l’envie, malgré aussi le retour de deux de leurs principaux tauliers (Chakiachvili et Lampérier) et les Amiénois confirmés assis dans un des fauteuils du premier carré de la ligue Magnus. Définitivement piqués à leurs hôtes de la soirée ?
La suite nous dira si une défaite dans le « Derby des Plaines » sera un boulet lourd à traîner. Mais contre les Gothiques, le caractère des Dragons, après la mi-match, très peu soutenus par la foule, s’est étriqué au fur et à mesure que le chrono avançait et que les buts encaissés, offerts avec largesse, s’empilaient comme les bonbons à Halloween. Les patineurs des bords de Seine n’ont jamais mené au score et n’ont finalement jamais été en position de renverser la vapeur. Il a fallu que ça tombe contre leur meilleur ennemi. Le summum du seum ! La claque dans le baigneur pour les générations X et Baby Boomers de l’île Lacroix !
Les Normands, courageux mais souvent privés de faits de jeu allant dans leur sens, peuvent sortir frustrés de ne pas avoir su saisir les opportunités qui se sont présentées à eux au premier tiers, Vigners (4’01), Dmytriw (6’54), Goncalves (8’58) et Perret (10’57) et qui, avec un peu de réussite, auraient lancer leur match avec d’autres perspectives que de jouer, une fois encore, du hockey de rattrapage, incompatible avec leur degré de maîtrise actuel.
Le RHE, orphelin de Simonsen, pourra aussi regretter deux occasions d’égaliser en supériorité numérique, presque consécutives, en fin de premier tiers. L’absence d’un gros canon s’est fait aussi fait sentir au début du tiers du milieu, lorsque les locaux avait la possession et ôtaient alors toute possibilité de projection offensives sérieuses aux visiteurs.
Les champions de France seront navrés de leur fragilité défensive, d’avoir rarement réussis à couper les passes adverses, et de leur incapacité à bien s’organiser devant la cage de leur back-up Gaëtan Richard. Alors que Florian Chakiachvili avait réduit le score d’un tir en haut du slot (1-2 à 26’36), moins de quatre minutes plus tard, les pensionnaires de Péchalat craquaient rapidement se privant ainsi d’un plus long momentum qui leur aurait permis de compenser leur faiblesse du moment.
Les Seino-Marins ont eu trop de lacunes dans les transitions, comme sur le troisième but amiénois suivant deux sorties de zone foireuses, pour prétendre à la victoire. Voilà aussi pourquoi ils n’ont pas eu assez de palets pour déployer un ressac de vagues offensives digne de ce nom et consumé la défensive des Samariens. Mais ont-ils assez attaqué la cage des Picards ? À part Rolands Vigners, le pouvaient-ils vraiment ? Ils ont aussi trop souffert dans les duels, les hommes de Fabrice Lhenry en ont gagné, mais malgré leur engagement, ils en ont perdu pas mal.
Assurément, ils ont dépensé beaucoup d’énergie, le peu dont ils disposent encore, mais ils ont beaucoup pécher dans les passes. Tous se sont trop souvent débarrassé du palet. Certes les solutions n’étaient pas nombreuses (sans Anthony Rech c’est plus dur) mais les porteurs ont été dénués de lucidité. Trop de joueurs jouent depuis longtemps dans un costume trop grand, sans la confiance nécessaire au dépassement de soi. Dès lors, on a le sentiment qu’il n’y avait plus de joueur de rôle. Certains semblent même perdus dans le système et d’autres, en voulant bien faire, font tout et rien à la fois. Une sensation qui fait naître une certaine impression d’impuissance, tutoyant presque l’abandon, à l’image d’un Setänen qu’on a été obligé de laisser sur le banc dès le départ.
Après avoir battu Angers, Amiens, pour la première fois au complet, avec Zachary Lavigne en tenue, en phase régulière, a frappé un nouveau coup à l’extérieur ! Les Gothiques ont été solides et groupés derrière. Ils ont fait des sacrifices et enfin ils ont surtout été réalistes devant. Agressifs, d’emblée la bande à Richer a mis beaucoup de volume et a empêché leurs adversaires de mettre la main sur le palet. Lors du bourdonnement aux oreilles de Gaëtan Richard, Larinmaa a été contré au dernier moment (3’35). À l’aise dans les duels, les blanc et rouge ont souvent verrouillé leur enclave et leur forecheck a généralement bloqué les transitions des maillots roses. Si les partenaires de Lavigne ont été plutôt mal inspirés sur leurs attaques surnuméraires et échappées (15’17, 47’37 & 51’12). Ils ont été efficace sur leur seule supériorité. C’est sur cet exercice qu’ils ont ouvert le score par Gibert, combatif au milieu du carré rouennais. L’ex-Nantais a fini d’assommer les Rouennais après que Bergeron, puis Maïa, aient joué des épaules sur les visages de Perret et de Kytnar (0-1 à 12’50). Opportunistes en avantage numériques, les locataires du Coliseum, ont été intraitables en infériorité numérique pour terminer le premier tiers en menant au tableau de marque. Fouquerel a été solide. Magovac et Lavigne ont bloqué les tirs des jeux assez peu inspirés d’en face.
Le AHE a construit sa victoire dans le deuxième tiers sur sa résistance, plus que sur la possession. Pour cela, Fouquerel a été épais face à Vigners (20’38). Svanenbergs a coupé une passe dans le slot juste devant Perret (21’28). Phelan a bloqué une reprise de Nesa en bas du cercle droit (22’47). Fouquerel est deux fois chanceux lors de son arrêt incomplet d’un tir frappé par Cantagallo, dont le rejet heurte le poteau gauche de sa cage, puis quand son dé-soclage de la mitaine, qui suit, est autorisé (23’31)v! Maïa a dégagé un palet libre que s’apprêtait, auprès du trafic, à reprendre Lindelöf (24’01).
Contre le cours du jeu, profitant des fameuses longues présences, assez courantes lors des tiers médian à cause de l’éloignement du banc, du bloc adverse, empli de lactique, Lepage perce sur la droite. Arrivé sur la ligne de but, presque de dépit, l’arrière met le palet à la cage du revers. Improbable, les bottes du malheureux Gaëtan Richard, qui avait tenu bon jusque là, notamment lors d’un arrêt difficile sur une tentative de Svanenbergs (25’27), dévient la rondelle dans le but rouennais (0-2 à 25’58). On l’a vu plus haut, Florian Chakiachvili a réduit le score des poignets et en bougeant bien les jambes, profitant du voilage de Fouquerel par son collègue Lepage (1-2 à 26’36). Larinmaa a été tout heureux de récolter les fruits des foirades locales de cet automne. Elles lui ont libéré tout l’espace en bas du cercle droit pour que le Finlandais vise entre les jambières de Gaëtan Richard (1-3 à 29’49). Lepage a exécuté une belle charge pour interdire une entrée de zone (31’21).
Dès lors, Rouen a facilité la tâche des Gothiques. Les Normands ne tirent qu’une seule fois lors de la pénalité de Lavigne (35’23). Guillaume Naud se prend les pieds dans le tapis quand le droitier doit maintenir le palet en zone offensive, à gauche. Puis l’arrière tire tout un camion américain et le bar des routiers où il était stationné, lorsqu’il se replie, sans défendre avec beaucoup de conviction sur le Gothique infiltré, profitant de l’aubaine, installant un jeu dans le camp rouennais. L’action se fini au terme d’un tir pris de la ligne bleue par Lepage. Déviée par Jared Dmytriw, la rondelle termine dans les filets seino-marins (1-4 à 38’41).
Dans la dernière période, Rouen ne renversera pas la table. Au contraire, c’est encore à cause de sorties de zones trop peu maîtrisées, contrées, qu’à la fin, Gibert se retrouve démarqué, avec du temps pour crucifier Gaëtan Richard (1-5 à 46’28). Les Dragons réussiront à aller chercher un but consolateur. Jordan Hervé saisi un rebond en power-play (2-6 à 58’52). Mais ce sera après un sixième but amiénois marqué par Lavigne frappant un disque libre en bas à gauche sur… une énième relance manquée (1-6 à 51’30).
Grâce à cette victoire Amiens monte sur le podium, à la troisième place provisoire (4e à la moyenne de points/match). Rouen, avec cette seconde défaite de suite à domicile, glisse à la 8e place à la moyenne de point par match et a encore beaucoup de travail à fournir pour retrouver le chemin de la gagne.
Rouen – Amiens 2-6 (0-1, 1-3, 1-2)
Vendredi 25 octobre à 20h00, à la patinoire Nathalie Pechalat. 3029 spectateurs.
Arbitres : Alexandre Bourreau et Nicolas Cregut assistés de Thomas Simon et Joffrey Yssembourg
Pénalités : Rouen 4′ (2′, 2′, 0′) ; Amiens 10′ (4′, 4′, 2′)
Tirs : Rouen 43 (15, 7, 21) ; Amiens 27 (8, 12, 7)
Supériorités : Rouen 1/4, Amiens 1/1
Évolution du score :
0-1 à 12’50 : Gibert assisté de Maïa et Larinmaa (sup.num.)
0-2 à 25’58 : Lepage assisté de Magovac et Plagnat
1-2 à 26’36 : Chakiachvili assisté de Perret et Nesa
1-3 à 29’49 : Larinmaa assisté de Plagnat et Svanenbergs
1-4 à 38’41 : Lepage assisté de Maïa et Tessier
1-5 à 46’28 : Gibert assisté de Matima et Svanenbergs
1-6 à 51’30 : Lavigne assisté de Phelan
2-6 à 58’52 : Hervé assisté de Lindelöf et Kytnar (sup.num.)
Rouen
Attaquants :
Loïc Lampérier (C) – Milan Kytnar (A) – Jared Dmytriw
Francis Perron – Jordan Hervé – Rolands Vigners
Sebastian Bengtsson – Vincent Nesa – Tommy Perret
Arrières :
Florian Chakiachvili (A) – Juho Tommila
Alexander Lindelöf – Enzo Cantagallo
Daniel Glad – Guillaume Naud
Noa Goncalves Nivelais
Gardien :
Gaëtan Richard (21 arrêts)
Remplaçants : Oskari Setänen (G), Paul Le Lem et Johanès Avonde. Absents : Anthony Rech (malade), Tomas Simonsen (commotion ?), Fiorenzo Villard (béquille ?), et Robin Colomban (main).
Amiens
Attaquants :
Rudy Matima – Janis Svanenbergs – Antonin Plagnat
Gauthier Gibert – James Phelan (A) – Zachary Lavigne (C)
Jesper Larinmaa – Julien Tessier – Bastien Maïa
Noa Besson – Ugo Tocquin – Ilies Djemel
Arrières :
Justin Bergeron (A) – Jordan Lepage
Kristjan Cepon – Aleksandar Magovac
Mathieu Mony – Guillaume Roussel
Gardien :
Clément Fouquerel (41 arrêts)
Remplaçant : Taran Kozun (G).