Belle passade pour les Boxers depuis leur défaite à Anglet fin septembre, avec 7 victoires en 8 matchs, et une attaque mitraillette. Face à Rouen, c’est donc toujours une réception à part, tout d’abord par la qualité historique de l’adversaire, mais aussi parce que les Dragons ont battu les Boxers en finale du championnat l’an passé.
Pourtant, les Rouennais semblent actuellement plus que prenables, avec des résultats en dents de scie, et des scores fleuves dans les deux sens. Sur 2 défaites à domicile face à Marseille et Amiens en encaissant 14 buts, avant leur succès 8-4 contre Anglet cette semaine, les Dragons viennent à Bordeaux sans trop de certitudes.
Entame playoffesque
Le début du match donne le ton. On ne laisse pas d’espace à l’adversaire, on termine les charges, et même si les Boxers semblent maladroits dans les transmissions, Kevin Spinozzi et Samuel Salonen obligent Oskari Setanen à s’illustrer pour la première, mais pas la dernière fois de la soirée.
Rouen a malgré tout sa vitesse pour mettre à mal l’équilibre bordelais, et Quentin Papillon est lui aussi testé à plusieurs reprises, via notamment cette double action de Francis Perron, tout d’abord au-dessus, puis à côté.
Axel Prissaint nous gratifie de sa première gâterie de la soirée, lancé dans la défense normande tout en dribble, mais sans pouvoir conclure.
Une projection contre la bande de Jordan Hervé donne la première supériorité numérique du soir aux hommes d’Olivier Dimet. Rudolfs Polcs tombe sur Setänen, puis Kevin Spinozzi et Emils Gegeris manquent le cadre. Le moins que l’on puisse dire est que les acteurs fournissent de l’intensité, et que la rencontre ressemble plus à un match de séries éliminatoires qu’à une simple partie de saison régulière.
Sur une récupération de Julius Valtonen, Nikita Jevpalovs tire au-dessus, le même Jevpalovs qui va ensuite perdre un palet en plein cœur de sa défense, en voulant relancer. Sebastian Bengtsson en profite mais bute sur Papillon bien en place.
Même sentence pour Anthony Rech un peu plus tard, et Rouen semble un peu mieux depuis quelques minutes. Une combinaison Vigners / Perron vise mais rate la lucarne de peu, sans mettre Quentin Papillon à contribution, tout le contraire de l’action suivante, avec une frappe tendue de Flo-Chak détournée du bout du patin par « Paps ».
Cela met un terme à ce premier tiers plutôt enlevé, où chacune des deux équipes a eu ses moments.
Intensité des deux côtés
Après ce premier tiers assez enlevé, les deux équipes fournissent le même spectacle d’entrée. Les Rouennais sont revenus bien décidés à mettre leur patte sur ce match, comme ils ont terminé la première période.
Même si Maxim Lamarche (à côté) sera la première semi alerte sur Oskari Setänen, c’est Anthony Rech et Francis Perron (qui ne peut reprendre) qui jettent un froid. Une supériorité numérique s’ensuit et la pression s’accentue notamment par Flo-Chak par deux fois, dont une, qui martèle le poteau de Quentin Papillon, avec le petit bruit caractéristique que tout Mériadeck a entendu.
Anthony Rech aura bien une ouverture mais sans succès, et Bordeaux s’en sort. Toto Rech, puis Samuel Salonen, en revirement, ont des chances, mais les gardiens veillent.
Les champions de France continuent, Perron et Vigners ont un 3 contre 1 à jouer mais Emilis Gegeris se couche miraculeusement sur la palet en revenant et sauve la patrie. Les hommes de Fabrice Lhenry poussent, et un nouveau 2 contre 1 n’est pas loin de faire mouche. Nous sommes à la mi-match, et les Boxers font le dos rond.
Un bon échec-avant de Kevin Spinozzi remet les siens dans le bon tempo, Samuel Salonen a un tir ouvert dans l’enclave mais rate le cadre. Les locaux ressortent le nez dehors sur cette seconde moitié de tiers, Kaylian Leborgne lance à côté, puis Valtonen en deux temps ne trouve pas le cadre. Le puck revient sur Justin Hamonic qui décale Kevin Spinozzi dans son jardin, lequel ne se fait pas prier pour ouvrir la marque sous une grosse clameur.
Bordeaux continue et c’est au tour d’Enzo Carry de contourner la cage, et de trouver une très belle ouverture sur Spinozzi, de nouveau ouvert, mais qui rate le cadre de peu, ratant aussi un doublé pas tout fait, mais presque.
Axel Prissaint fait obstruction sur Rolands Vigners et est prié d’aller se reposer deux minutes sur le banc des pénalités. Rouen peut remettre la pression sur la cage de Papillon. Un jeu en triangle sans tir, mais surtout une relance rapide bordelaise et un duel en un contre un de Gegeris face à Setänen bien campé sur ses positions, vont animer cette minute. On y a cru côté local, surtout que le changement de lignes rouennais a été partiellement lent, d’où le déséquilibre.
Julius Valtonen ira bien chercher un palet dans les patins adverses, et trouver un Nikita Jevpalovs, lancé seul dans l’axe de la défense adverse, mais s’il tente de contourner Setänen, il ne parvient pas à le battre. Second « break » de suite raté par Bordeaux, qui le rate aussi par la même occasion.
Rouen peut être déçu de son manque d’efficacité. Bordeaux l’a été dans un premier temps, mais le dernier rempart adverse a ensuite maintenu le suspense. Pour le moment, on l’a dit, chacun a eu ses moments, et seul Bordeaux a pu en tirer profit.
Une scénario qui tire en longueur
Les Boxers, échaudés par le meilleur départ rouennais lors du tiers précédent, veulent procéder différemment, et mettent la crosse sur le palet d’entrée. Samuel Salonen rate le cadre, et Emils Gegeris trouve la plaque du portier adverse. Axel Prissaint sort son deuxième geste technique du soir, en déposant encore son vis-à-vis mais bute sur Setänen, Julien Guillaume suit mais ne bat pas le cerbère normand non plus.
Anthony Rech sonne la révolte, et sur un échec-avant, Rolands Vigners tombe suite à petite charge de Maxim Lamarche qui, en le lâchant, le fait tomber, juste assez pour que les officiels donnent une supériorité à Rouen.
Alexander Lindelöf a une première tentative, que Quentin Papillon stoppe de la botte droite, il ne pourra en revanche rien faire sur la suivante, sur un service du revers d’Anthony Rech, que Lindelöf propulse dans la cage bordelaise. 1-1, et Rouen fait preuve d’efficacité cette fois-ci.
Les Boxers repartent, via leur duo Mathieu Pompei / Enzo Carry qui trouve de nouveau le portier rouennais bien alerte. Il l’est également sur Kevin Dusseau depuis la bleue quelques secondes plus tard. Simonsen va mettre Papillon en exergue aussi en contre, tout comme Vincent Nesa un peu plus tard.
On s’approche du « money time« , et les situations se raréfient. Julius Valtonen se rend coupable d’un (involontaire) faire trébucher et une crosse haute de Kévin Dusseau 43 secondes plus tard donne un 5 contre 3 aux Dragons. L’occasion est belle pour Rouen, qui met pourtant du temps à tirer au but. Perron trouve Papillon par deux fois, et Valtonen revient en jeu. Flo-Chak a lui aussi un slap ouvert mais Quentin Papillon capte sans trop de dommages, de la mitaine. Rolands Vigners, à deux reprises lui aussi, bute sur un « Paps » solide, tout comme Lindelöf qui clôture cette double supériorité numérique, tuée par des Boxers solidaires et très bien organisés.
Tomas Simonsen fait trébucher Pompei et vient donner une chance à Bordeaux de forcer la décision, et c’est ce même Mathieu Pompei qui trouve Setanen sur une super passe d’Enzo Carry en retrait.
Le jeu est arrêté pour une cage désoclée par Setänen, mais Bordeaux reste dans la zone offensive. Sur une nouvelle mise en jeu pour les Boxers, Enzo Carry, toujours, délivre une nouvelle superbe ouverture latérale, qui passe entre deux Rouennais, pour Nikita Jevpalovs, ouvert sur la gauche de l’attaque, mais le Letton butte sur un Setanen décisif (photo ci-dessous).
À noter, encore, la vista du jeune Basque Enzo Carry, dont la qualité de passe, combinée à sa vision de jeu, est de plus en plus visible dans l’attaque bordelaise.
Une nouvelle entrée en zone offensive en contrôle par Julius Valtonen, qui décale Rudolfs Polcs amène du danger, le Letton donne à Spinozzi qui allume un Setänen de gala. Maxim Lamarche cherche la déviation de Carry mais échoue encore et toujours sur Setänen.
On entre dans les deux dernières minutes, et la frappe lourde de Lamarche depuis la ligne bleue trouve le casque du gardien rouennais. Ce sera au tour des Dragons d’avoir une possibilité franche, avec Francis Perron qui s’infiltre suite à un une -eux avec un coéquipier. Aina Rambelo le retient via une crosse au visage, et on termine le temps règlementaire à un de moins côté bordelais, soit une cinquantaine de secondes.
Anthony Rech envoie une frappe au-dessus, puis arrive la superbe parade de Papillon, de la crosse, détournant in extremis une frappe de Lindelöf. La sirène retentit et on peut déjà se partager un point de chaque côté.
Bordeaux commence toujours en infériorité, et Perron trouve toujours Papillon. La pénalité est tuée par Bordeaux, et on se craint dans cette prolongation peu ouverte. C’est Nikita Jevpalovs, via un de ses petits numéros de soliste dont il a le secret, qui va jeter le trouble dans l’arrière-garde visiteuse, mais devinez qui le stoppe ? Le même qui va frustrer Samuel Salonen dans les mêmes conditions dans la dernière minute.
On ira donc aux tirs aux buts, et les Rouennais finiront par s’imposer grâce à trois buts d’Anthony Rech, en duel avec Quentin Papillon.
Si les Rouennais s’offrent donc le scalp des Boxers sur le fil, le scénario aurait pu tourner de part et d’autre, tant ce fut serré et ouvert des deux côtés. La forme des Bordelais depuis un mois les a remis dans le haut du tableau, et leur victoire à Amiens dans la semaine a même mi un peu de lumière sur les résultats récents. Seule une défaite à Grenoble est venue ternir le bilan, à l’heure de recevoir l’Hormadi d’Anglet dimanche soir, pour une rivalité régionale (puisque le terme de « derby » viendrait fâcher les puristes des 50 km d’écart) qui offre régulièrement des matchs serrés.
Commentaires d’après-match (sur le site des Boxers)
Olivier Dimet (entraîneur de Bordeaux) : « Ce qui domine c’est la déception parce qu’on avait l’intention de rester invaincus chez nous. Après, ça se joue à pas grand-chose. Il a fallu aller jusqu’aux tirs au but pour choisir un vainqueur. C’était un match de haut niveau qui a été intense du début à la fin. Je suis un peu déçu de notre premier période où je trouve qu’on a été pas assez intense. En tout cas, Rouen en voulait plus nous sur ce premier tiers. On a fait beaucoup trop de turn-over, de mauvaises passes. On a rectifié le tir sur les deuxième et troisième. On a eu les occasions à 1-0 pour faire la différence. […] Depuis le match à Anglet, on a rectifié le tir et on retrouve l’équipe, en tout l’état d’esprit et l’identité qu’on avait sur la fin de la saison dernière. On savait que ça allait être un gros match face à Rouen. Même si on sait qu’ils ont eu un début de saison difficile, Rouen reste Rouen. Ils ont prouvé contre nous qu’il y avait beaucoup de qualités dans cette équipe. »
Bordeaux – Rouen 1-1 (0-0, 1-0, 0-1, 0-0) / 3-4 aux tirs au but
Vendredi 1er novembre 2024 à 20h30 à la patinoire Mériadeck. 3500 spectateurs.
Arbitres : Raphaël Rohwedder et Jérémy Métais assistés par Kylian Martin et Leevan Thiebault.
Pénalités : Bordeaux 12’ (0’, 4’, 8’, 0’) ; Rouen 4’ (2’, 0’, 2’, 0’)
Tirs : Bordeaux 42 (11, 15, 14, 2) ; Cergy 39 (13, 11, 13, 2)
Évolution du score :
1-0 à 33’39″ : Spinozzi assisté de Hamonic
1-1 à 44’45″ : Lindelöf assisté de Rech
Tirs au but :
Bordeaux : Carry (manqué), Spinozzi (manqué), Salonen (réussi), Gegeris (réussi), Valtonen (manqué).
Rouen : Bengtsson (réussi), Dmitryw (manqué), Perron (manqué), Simonsen (manqué), Rech (réussi).
Tireurs supplémentaires : Rech (R, réussi), Salonen (B, réussi), Rech (R, réussi), Gegeris (B, manqué).
Bordeaux
Attaquants :
Samuel Salonen – Mathieu Pompei (A) – Enzo Carry
Nikita Jevpalovs – Kaylian Leborgne – Julius Valtonen
Emilis Gegeris – Rudolfs Polcs – Bastien Lemaitre
Aina Rambelo – Julien Guillaume (C) – Tom Guidoux
Arrières :
Kevin Spinozzi – Maxim Lamarche
Kevin Dusseau (A) – Justin Hamonic
Axel Prissaint – [Hamonic ou] Ulysse Tournier
Gardien :
Quentin Papillon
Remplaçant : Victor Bodin (G). Absents : Baptiste Bruche (pied), Loïk Poudrier.
Rouen
Attaquants :
Rolands Vigners – Francis Perron – Anthony Rech (A)
Sebastian Bengtsson – Vincent Nesa – Tommy Perret
Loic Lampérier (C) – Jordan Hervé – Jared Dmytriw
Paul Le Lem – Johannès Avonde – Tomas Simonsen
Défenseurs:
Florian Chakiachvili (A) – Juho Tommila
Alexander Lindelöf – Noa Goncalves
Daniel Glad – Guillaume Naud
Gardien :
Oskari Setänen
Remplaçant : Gaëtan Richard (G). Absents : Robin Colomban (main), Milan Kytnar (malade), Enzo Cantagallo (bas du corps).