Les Ducs, qui figurent parmi le top 5 des clubs européens avec le plus de succès consécutifs à domicile cette saison, veulent prolonger leur série. Face à eux se dressent les Gothiques d’Amiens de Mario Richer. Le premier acte entre les deux équipes, disputé en Picardie, avait vu les Amiénois l’emporter cinq buts à deux. Battus en prolongation à Marseille, les Picards peuvent-ils rééditer la performance du match aller et faire tomber ces Ducs ? Les 60 minutes à venir en décideront.
Le début de match est assez neutre. Si les Picards sont les plus prompts dans les duels contre la bande et les plus appliqués dans leur jeu de passes, les Angevins sont les premiers à alerter le cerbère adverse, Peter Valier cherchant la faille sur Taran Kozun (01’10). Pas assez précis dans leurs transmissions, ils perdent plusieurs palets et offrent des occasions aux Amiénois de s’en aller à l’offensive. Noa Besson tente le tour de la cage mais l’appui de Matt O’Connor contre le poteau lr fait sortir de ses gonds. Les minutes qui suivent voient les hommes de Mario Richer hériter d’un premier temps fort. Temps fort resté vain, la faute à un manque de réalisme assez net et une défensive adverse bien appliquée. Un dégagement refusé permet aux Ducs de retrouver l’autre bout de la glace (04’25). La cage, sortie de ses gonds sur un appui du gardien picard, doit être de nouveau fixée et le jeu est interrompu. De retour au jeu, Amiens s’offre une première grosse occasion. Sur une mauvaise passe angevine, Bastien Maïa s’échappe et permet aux siens de s’installer en attaque. Il trouve Josh Brittain le long de la bande. Celui-ci tente sa chance, O’Connor repousse par deux fois mais le rebond file dans l’enclave. Noa Besson s’en saisit et tente de profiter de l’espace laissé du côté de la jambière, sa tentative filant à quelques centimètres du côté extérieur du poteau. Désormais avertis, les Ducs remettent la crosse sur le palet et inaugurent un temps fort, leur premier. Di Dio Balsamo puis Shaw alertent Kozun, qui repousse sans difficulté.
Le défi physique imposé par les Gothiques monte d’un cran. Les charges se multiplient, les revirements aussi et ce tiers se veut brouillon. Toujours installés en zone offensive, les Ducs profitent d’un revirement défensif pour se procurer leur plus grosse occasion. Une passe transversale de Sarliève trouve les patins de deux Amiénois avant de terminer sa course dans la crosse de Matt Wilkins, seul face à Kozun. L’expérimenté joueur de centre tente de trouver la solution sous la jambière droite, en vain (09’40). Les esprits s’échauffent et lancent véritablement les hostilités. Sur une séquence de possession des visiteurs, la cage bouge de nouveau (11’00). Les coéquipiers de Gauthier Gibert travaillent, tentent de s’imposer en zone offensive mais peinent à adresser le moindre tir à la cage, offrant aux Angevins de nouvelles opportunités de repartir de l’avant. Une passe allongée de Jere Rouhiainen est coupée par James Phelan resté à la ligne médiane. Le palet continue sa course, heurte Robin Gaborit qui s’en saisit et tire au-dessus de la mitaine (1-0 à 13’17). Les Gothiques regardent les arbitres à la quête d’un potentiel hors-jeu mais ceux-ci ne bronchent pas et valident le but. Y avait-il hors-jeu ? Impossible de le savoir, la caméra de Magnus.tv ayant été elle-même feintée par cette passe.
Le jeu reprend, Angers repart de l’avant et est récompensé presque de suite. Après une bonne séquence défensive, les coéquipiers de Brady Shaw alertent de nouveau Kozun. Peter Valier tente un tour sur lui-même, sa passe trouve le patin d’Ethan Cap et file vers Sarliève. Celui-ci ne peut que pousser le palet vers Philippe Halley qui, dos au but, se retourne avant de décocher un tir dans la lucarne gauche de Kozun (2-0 à 14’17). Sonnés ou sans doute fatigués après 5 matchs en 9 jours, les Gothiques n’y sont plus. Les espaces dans leur défense se font plus larges, leur pressing moins constant et leurs passes moins précises. Tout cela mène à une nouvelle longue séquence de possession angevine. Kozun tente de maintenir les siens à flot mais rien n’y fait. Un nouveau revirement défensif vient probablement sceller l’issue de cette partie. Justin Bergeron envoie vers Julien Tessier mais sa passe ne trouve que Jesper Kandergård, resté aux avant-postes. Le Suédois tente sa chance et échoue sur le bouclier mais le rebond revient à Marius Serer qui bute à son tour sur la jambière de Kozun. La rondelle reste libre, Bastien Maia tente de la cacher mais l’échec-avant de Serer la fait rebondir dans l’intérieur de la jambière et elle franchit la ligne de justesse. Les arbitres hésitent et consultent la vidéo. Après plusieurs longues minutes, ils accordent le but et les Ducs prennent leur envol (3-0 à 15’40). Sûrement remotivés par leur entraîneur, les visiteurs tentent de se remobiliser et multiplient les mises en échec. Mais il en faudra plus pour une équipe qui semble désunie.
La physionomie du premier tiers porte les Ducs en ce début de deuxième acte. Un premier lancer de Jere Rouhiainen dans le plastron de Kozun, suivi d’un dégagement refusé et la première séquence de possession est angevine (20’40). La première ligne amiénoise, contrainte à travailler vent de face, donne de l’air à sa défensive l’espace de quelques instants. L’attaque des Gothiques ne parvient pas à mettre Matt O’Connor à contribution et les Ducs reprennent sereinement leur marche vers l’avant. En délicatesse pour sortir de leur propre zone sous le pressing des coéquipiers de Bastien Maia, les Angevins peuvent s’en remettre à des exploits personnels. Sous pression dans sa zone, Téo Sarliève trouve une passe lumineuse pour Jonathan Charbonneau à la bleue qui se glisse entre les défenseurs et tente de tirer entre la mitaine et la jambière. Kozun s’interpose (21’53). Les hommes de Mario Richer tentent de retrouver des couleurs mais leur maladresse leur coûte cher. S’ils s’imposent physiquement et cherchent à marquer leurs adversaires dans ce domaine, ils en perdent le fil de leur placement défensif et des espaces se libèrent. Un jeu offensif construit voit Brady Shaw chercher Philippe Halley au second poteau mais l’ex-gardien des Cardiff Devils fait parler sa jambière, entraînant la cage sur son passage (23’26). Quelques secondes plus tard, on inverse les rôles pour en venir au même résultat. Les Angevins, plus concis dans les duels, plus incisifs dans leur patinage, continuent d’appuyer la pression sur la peinture bleue du joueur au chandail floqué du numéro 1. Ses coéquipiers s’offrent de rares excursions de l’autre côté de la glace, principalement sur des erreurs adverses. En parlant d’erreur, un mauvais contrôle de Tessier le long de la bande gauche voit Valier et Di Dio Balsamo s’échapper à deux contre un. Magovac couvre la passe et Valier tente sa chance mais son tir, qui cherchait l’espace entre le bouclier et la jambière, manque le cadre (26’18).
En confiance depuis quelques matchs maintenant, les défenseurs angevins s’illustrent, à l’image de Lucien Onno qui gratifie le public de l’Iceparc de jolis gestes techniques. Passeur plus tôt dans le tiers, Cédric Di Dio Balsamo se retrouve dans la position du tireur mais son une-deux avec Robin Gaborit est trop court et il ne peut lancer à la cage (29’45). Les velléités offensives amiénoises sont systématiquement stoppées par une crosse ou un patin angevin et le jeu se concentre autour de la cage picarde. Une obstruction non signalée de chaque côté plus tard, le danger rôde de nouveau sur la cage de Kozun. Shaw tente sa chance, c’est repoussé de la jambière. Le rebond file jusqu’à Manning qui combine avec Lucien Onno. Laissé absolument tout seul à l’entrée de l’enclave et profitant d’un trafic dense devant le but adverse, le défenseur angevin allume la mèche et trouve l’espace au-dessus du bouclier de Kozun (4-0 à 32’51). Désormais plus que confortablement installés aux commandes de cette partie, les Ducs continuent à aller de l’avant pour tenter d’éteindre un éventuel réveil des Gothiques. Un tir lointain de Magovac vient alerter Matt O’Connor qui n’a eu que peu d’efforts à faire dans ce tiers, les Ducs n’ayant alloué que 3 tirs cadrés en un peu plus de 14 minutes.
La première pénalité du match est signalée à l’encontre d’Ugo Tocquin, qui écope de 2’+2′ pour une crosse haute qui a fait saigner Marius Serer (34’26). Le jeu de puissance se met en place. Gaborit hérite d’un tir repoussé par Kozun et cherche la faille côté jambière, en vain. Comme souvent cette saison, l’unité spéciale angevine n’est que peu inspirée. La cage bouge et semble dans le champ de vision de l’arbitre, mais n’entraîne pas le moindre coup de sifflet et le jeu continue. Wilkins pour Manning, Manning pour Charbonneau et le tir en première intention du numéro 22 angevin trouve la lucarne opposée d’une cage… déplacée. L’Iceparc célèbre mais l’arbitre refuse finalement le but dans l’incompréhension la plus totale des deux entraîneurs. Sur une occasion similaire, Kozun déloge de nouveau le filet. Les Ducs demandent une pénalité pour retard de jeu qui ne vient pas. Peter Valier tente sa chance, dans le plastron. Philippe Halley attaque l’enclave, son tir passe au ras du poteau. Les occasions se font de plus en plus précises mais rien ne vient faire bouger le fond du filet. L’unité défensive picarde, appliquée et valeureuse, plie mais ne rompt pas. Bastien Maia parvient même à s’offrir une occasion. Tocquin revient au jeu et les Gothiques tuent, assez logiquement, cette première infériorité numérique. À 3 contre 2, la passe de Jesper Kandergård, trop appuyée, semble fuir Wilkins mais celui-ci parvient à la prolonger pour Neil Manning venu créer le surnombre. Le défenseur tente sa chance, bute sur la botte mais le rebond profite à Wilkins qui, cette fois, trouve l’espace sous le bouclier (5-0 à 38’56). Les Angevins, qui ont tiré 19 fois en 19 minutes, sont logiquement récompensés. Cédric Di Dio Balsamo ajoute un vingtième tir que Kozun repousse de la botte.
L’issue de cette partie ne faisant plus aucun doute, c’est somme toute logiquement que le tempo ralentit drastiquement. La défense amiénoise laisse toutefois des espaces qui profitent aux angevins. Valier trouve Shaw absolument seul face à Kozun mais le top scorer des Ducs voit sa tentative déviée de la crosse par le gardien canadien, auteur d’une bonne partie malgré 5 buts accordés. Gauthier Gibert répond à Shaw et force O’Connor à un arrêt du bouclier. Jusque là outrageusement dominée par les locaux, la partie s’équilibre peu à peu, les deux formations semblant fatiguer. La quatrième ligne des Gothiques, qui n’a que peu vu la glace, voit son temps de jeu augmenter et tente d’en profiter. Tocquin trouve la botte du gardien angevin qui reste serein et repousse le danger.
Usés par 40 minutes disputées à 3 lignes, les Picards manquent de lucidité offensivement et manquent de belles occasions dans un soucis d’altruisme. De l’autre côté, Simon Pasquet, qui enchaîne les apparitions en pro, se retrouve seul au milieu de la défensive. Il entre dans l’enclave mais son tir côté bouclier manque le cadre (45’21). Le rythme de la partie, qui se veut lent, a aussi vocation d’endormir une patinoire bien discrète en ce dimanche après-midi. La défense amiénoise, groupée autour de son gardien, subit le pressing collectif adverse et ne parvient pas à se remettre à flot. L’identité gothique, telle que voulue par Mario Richer, n’a jamais été du côté des Picards aujourd’hui. Brouillons défensivement, ils s’en remettent offensivement à des occasions en solitaire. Mathieu Mony trouve l’extérieur du poteau mais le jeu repart aussitôt de l’autre coté. Un mauvais contrôle à la bleue profite à Matima qui s’échappe et trouve le plastron du cerbère angevin. Actif et très en vue malgré son jeune âge, Noa Besson tente de se faire oublier devant la peinture angevine mais son lancer manque le cadre.
Le chronomètre s’égraine et la question qui demeure est la suivante : Matt O’Connor gardera-t-il sa cage inviolée pour le second match d’affilée depuis son retour de suspension ? Les minutes qui suivent vont en ce sens, Angers monopolisant le palet en zone offensive. Une erreur n’étant jamais hors de portée, les Gothiques restent solidaires défensivement, à l’affût de la moindre possibilité d’empêcher un deuxième blanchissage en 48 heures. Une erreur technique de Jere Rouhiainen à la bleue offre à Bastien Maia l’occasion rêvée pour noircir la feuille de match. L’attaquant s’échappe seul, fixe et cherche l’espace entre les jambières mais le face-à-face tourne en faveur du cerbère (55’16). S’il fallait un arrêt important pour valider sa performance, le voilà. Les minutes qui suivent ne briseront pas le verrou qui garde sa cage, les siens œuvrant à son blanchissage. Une pénalité de James Phelan (57’25), un dernier lancer et un bon travail de Marius Serer le long de la bande plus tard, cette partie se termine sur ce score de cinq buts à rien.
Illustrations d’Anthony Mangeard et Pascal Enault
Réactions d’après-match :
Mario Richer (entraîneur d’Amiens) : « Il n’y a rien à dire ce soir, on ne s’est tout simplement pas présentés et contre une équipe comme Angers, tu ne peux pas ne pas te présenter. […] si Grenoble c’est le PSG, Angers c’est l’OM (rires) non mais c’est ça, c’est la deuxième plus grosse équipe du championnat, ils ont l’un des meilleurs jeu de puissance de la ligue. […] Nous n’avons pas d’excuses à nous trouver. La fatigue, c’est une excuse. Tu es payé pour jouer au hockey, pour montrer des c*****, quand tu ne le fais pas, surtout quand tu n’es pas au complet, tu ne peux pas lutter face aux Ducs. Le résultat est absolument logique ».
Jonathan Paredes (entraîneur d’Angers) : « J’ai beaucoup aimé le sérieux de mes gars. On a eu huit ou dix premières minutes assez bof et après on s’est mis en marche. Ce soir, on a appliqué le plan de jeu comme on le voulait. Évidemment, y’a des choses à perfectionner, vous me connaissez, mais ce soir, les gars ont été sérieux, ils ont été solidaires et on fait les choses qui fallait des deux côtés de la glace. […] effectivement, on a été très disciplinés mais cela va aussi avec le fait d’appliquer les consignes à la lettre. Quand ton repli est bon, tu as moins de chance de faire une faute de crosse mais oui, un match sans prendre de pénalités c’est assez rare à Angers, alors deux de suite, je pense que ça l’est encore plus. Mais je le répète, ça vient récompenser le fait que les gars ait fait les choses justes. ».
Élus hommes du match : Matt O’Connor (Angers) et Justin Bergeron (Amiens).
Angers – Amiens 5-0 (3-0, 2-0, 0-0)
Dimanche 24 novembre 2024 à l’Iceparc d’Angers. 3 586 spectateurs
Arbitres : Adrien Ernecq et Cyril Debuche assistés de Leevan Thiebault et Maxime Laboulais
Pénalités : Angers 0′ (0, 0′, 0′). Amiens 6′ (0′, 4′, 2′)
Tirs : Angers 50 (17, 20, 13). Amiens 15 (5, 3, 7)
Évolution du score :
1-0 à 13’17 : Gaborit assisté de Rouhiainen et Onno
2-0 à 14’17 : Halley assisté de Sarliève et Cap
3-0 à 15’40 : Serer assisté de Kandergård
4-0 à 32’51 : Onno assisté de Manning et Shaw
5-0 à 38’56 : Wilkins assisté de Manning et Kandergård
Angers
Attaquants :
Brady Shaw – Philippe Halley (A) – Peter Valier
Téo Sarliève – Matt Wilkins – Jonathan Charbonneau
Cédric Di Dio Balsamo – Nicolas Ritz – Robin Gaborit (C)
Marius Serer – Jesper Kandergård – Simon Pasquet
Défenseurs :
Jere Rouhiainen – Lucien Onno
Neil Manning – Vincent Llorca
Ethan Cap – Kylian Fauvel
Gardien :
Matt O’Connor (15 arrêts)
Remplaçant : Elliot Lévêque (G). Absents : Matt Prapavessis, Thomas Suire, Parker Colley, Sami Tavernier (suspension)
Amiens
Attaquants :
Zachary Lavigne (C) – James Phelan (C, 2′) – Gauthier Gibert
Rudy Matima – Antonin Plagnat – Ilies Djemel
Noa Besson – Julien Tessier – Bastien Maïa (A)
Rafael Duvallon – Ugo Tocquin (4′)
Défenseurs :
Aleksandar Magovac – Josh Brittain
Justin Bergeron – Jordan Lepage
Guillaume Roussel – Mathieu Mony
Gardien :
Taran Kozun (45 arrêts)
Remplaçant : Raphaël Chateauvieux (G). Absents : Clément Fouquerel (G), Kristjan Cepon (D), Janis Svanenbergs, Jesper Larinmaa (A)