Une semaine après avoir concédé leur premier revers à domicile, les Ducs ne reçoivent nul autre que le leader, Grenoble. Privés de Matija Pintaric malade, les Brûleurs de Loups compteront donc sur Jakub Stepanek, toujours invaincu cette saison. Les Isérois glaneront-ils un premier succès face aux Angevins ? Les Ducs repartiront-ils du bon pied à domicile après le revers face à Rouen ? Voici les enjeux du soir.
Grenoble, Kasparov ou Deep Blue
Ce soir, les deux formations ont offert au public de l’Iceparc, un match tout droit sorti des championnats du monde d’échecs. À l’image d’un match entre Garry Kasparov et Deep Blue, les deux formations se livrent à une véritable bataille tactique où la moindre erreur adverse est motif de capitalisation. À ce petit jeu, ce sont les Isérois qui frappent les premiers. Une pénalité évitable à l’encontre de Peter Valier pour avoir remis son casque sans être retourné au banc (13’45), un bon travail de fixation de la part de François Beauchemin et une défense déséquilibrée permettent à Sacha Treille d’ouvrir la marque d’un tir croisé, venu se loger au-dessus de la mitaine d’un Matt O’Connor qui n’aura pu que repousser temporairement le danger (0-1 à 14’22).
Comme le veut la statistique, lorsque les Ducs courent plus d’un quart d’heure après le score, ils perdent 71,4% du temps. Au retour des vestiaires (20’00), les erreurs iséroises sont sanctionnées par les arbitres. Binner pour charge à la tête/cou (20’05) puis Jordon Southorn pour faire trébucher (21’32) permettent aux hommes de Jonathan Paredes d’évoluer pendant trois minutes et demie en supériorité numérique, dont 30 secondes en double supériorité.
Définitions multiples
Ce match permet donc de proposer de nouvelles définitions pour les termes suivants. Jeu de puissance –Grenoble– : Situation de jeu dans laquelle, l’équipe qui évolue en supériorité numérique tire le maximum de ces deux minutes pour créer du jeu et mettre l’adversaire sous pression. Avantage numérique –Angers– : Situation de jeu au cours de laquelle l’équipe évoluant en supériorité numérique peine à créer un danger constant sur le but adverse. Si Robin Gaborit a eu sa chance au niveau de la ligne du but et si Matt Wilkins a vu sa tentative échouer à quelques centimètres du poteau, les Angevins ont été trop peu dangereux. Alors, lorsqu’Alexandre Mallet est chassé deux minutes pour charge incorrecte (28’43), les dirigeants grenoblois, présents en tribune, semblent peu inquiets.
Après une minute où le quintette angevin aura peiné à s’installer en zone offensive, une longue passe de Sami Tavernier à destination de Peter Valier, frôlant avec les limites du hors-jeu, permet aux Angevins d’enfin s’installer. L’ex-Isérois patiente et trouve un autre ancien BDL, Jere Rouhiainen. Celui-ci profite du trafic devant le but et de l’espace pris par Brady Shaw dans le champ de vision de Stepanek pour égaliser d’un tir ras de glace qui passe à droite de la jambière (1-1 à 29’59). Un premier but dans l’exercice après treize supériorités numériques. C’est finalement là que le bât blesse pour ces Ducs. Ils paient de plus en plus cher un manque cruel d’efficacité à 5 contre 4. Grenoble, qui semble l’équipe la plus en place ce soir et ce, malgré un jeu plutôt équilibré à 5 contre 5, voit donc Angers recoller au score après deux tiers.
Mat en trois coups
À l’instar des échecs, c’est souvent – pour ne pas dire systématiquement – l’équipe qui commet le moins d’erreurs qui l’emporte à la fin. Alors que ce qui devrait être le dernier acte du soir entre les deux équipes débute, les Ducs sont rattrapés par leurs vieux démons. Les offensives sont à mettre au compteur des visiteurs, bien décidés à reprendre les commandes. À l’image du premier but, c’est d’une action derrière la cage que vint la solution. Une accélération de Christophe Boivin, une magnifique feinte de tour de cage et une passe premier poteau profite à Alexandre Mallet qui vient sanctionner une défense attentiste (1-2 à 43’03). Grenoble porte le deuxième coup.
Et ce match s’envenime. Valentin Grossetête est chassé pour un accrocher (45’45), suivi par une crosse haute de Philippe Halley sur la mise au jeu (45’48). À 4 contre 4, les deux équipes, qui se seront livrées un combat acharné dans tous les secteurs du jeu, commencent à s’échanger quelques brasses. Les deux hommes revenus au jeu, Vincent Llorca, qui défendait sur le prospect grenoblois, prend le palet dans les dents. Les arbitres laissent jouer. LLorca tente de signaler aux arbitres qu’il faudrait arrêter le jeu, sa bouche étant en sang. Le coup de sifflet n’arrive pas et le défenseur, qui semble être énervé, se rend coupable d’une charge contre la bande. Et l’on brasse de nouveau (48’24). Après consultation vidéo –pour déterminer la gravité de la charge ? Pour autre chose ?– Llorca écope de deux minutes pour charge contre la bande, Grossetête de deux minutes pour cinglage (48’24). Touché par le palet, le défenseur file au vestiaire et c’est Maxime Orlov qui substitue la pénalité.
De nouveau, les deux équipes, qui semblent d’un niveau plus que similaire, se rendent coup pour coup. Dans un duel à distance, Stepanek et O’Connor font le nécessaire pour maintenir les espoirs des leurs et les cinq dernières minutes s’annoncent. Alexandre Mallet fait trébucher Philippe Halley et Angers a une sixième possibilité – surnuméraire – d’égaliser (55’52). L’avantage numérique –et non jeu de puissance– s’écoule et Jakub Stepanek montre qu’il n’a pas perdu le niveau qui fut le sien au cours des saisons précédentes. Il sort de beaux arrêts à bout portant et frustre des attaquants angevins déjà sujets au manque de réalisme.
Paredes est ainsi contraint de faire sortir son cerbère et Grenoble en profite pour porter le troisième coup. Après une tentative en cage vide manquée par Théo Gueurif, le rebond profite à l’attaquant Grenoblois qui trouve Matias Bachelet pour porter le troisième et dernier coup. Échec et mat Grenoble.
Jakub Stepanek glane un neuvième succès, Grenoble accentue son avance au championnat et Angers concède un deuxième revers de suite à domicile. Les Ducs auront l’occasion de se reprendre dès dimanche, face à Marseille.
Élus hommes du match : Jakub Stepanek (Grenoble) et Jere Rouhiainen (Angers)
Illustrations d’Anthony Mangeard et Philippe Crouzet
Angers – Grenoble 1-3 (0-1, 1-0, 0-2)
Vendredi 6 décembre 2024 à 20h30 à l’Iceparc. 3586 spectateurs
Arbitres : Jérémy Métais et Yann Furet assistés de Johan Fauvel et Leevan Thiebault
Pénalités : Angers 8′ (4′, 0′, 4′) Grenoble 14′ (2′, 6′, 6′)
Tirs : Angers 32 (5, 13, 13), Grenoble 24 (10, 6, 8)
Évolution du score
0-1 à 14’22 : Treille assisté de Beauchemin et Binner (sup. num.)
1-1 à 29’59 : Rouhiainen assisté de Valier et Tavernier (sup. num.)
1-2 à 43’03 : Mallet assisté de Boivin
1-3 à 59’43 : Bachelet assisté de Gueurif et Southorn (cage vide)
Angers
Attaquants :
Brady Shaw – Matt Wilkins – Sami Tavernier
Peter Valier (2′) – Philippe Halley (A, 2′) – Jonathan Charbonneau
Téo Sarliève – Nicolas Ritz – Cédric Di Dio Balsamo
Maxime Orlov – Jesper Kandergård – Robin Gaborit (C)
Défenseurs :
Jere Rouhiainen – Lucien Onno
Neil Manning – Vincent Llorca (2′)
Ethan Cap (2′) – Louison Gabard
Gardien :
Matt O’Connor : 22 arrêts
Remplaçant : Elliot Lévêque (G). Absents : Parker Colley (opéré du poignet), Matt Prapavessis (suivi cardiaque), Thomas Suire (ligaments croisés), Marius Serer.
Grenoble
Attaquants :
Alexandre Mallet (4′) – François Beauchemin – Christophe Boivin
Guillaume Leclerc – Nicolas Deschamps (A) – Matias Bachelet
Aurélien Dair – Sacha Treille (C) – Adel Koudri
Loïc Farnier – Théo Gueurif – Valentin Grossetête (4′)
Défenseurs :
Kyle Hardy (A) – Alexis Binner (2′)
Jordon Southorn (2′) – Charles Schmitt
Jarod Hilderman (2′) – Jacob Andersson
Gardien :
Jakub Stepanek 31 arrêts
Remplaçant : Isidore Agnel (G). Absents : Matija Pintaric (malade), Antoine Fertin (surnuméraire).