Les Gothiques vont-ils conserver la cinquième place, synonyme de série contre Bordeaux, où réussiront ils à inverser la tendance et sécuriser l’avantage de la glace ? Pire, tomberont-ils à la sixième ou septième place ? Une chose est sûre, les hommes de Mario Richer en sauront plus d’ici dix jours, au terme d’une série effrénée où ils auront rencontré Angers, Marseille, Grenoble, Bordeaux et Rouen respectivement.
La rencontre de ce vendredi les opposait à Marseille, aussi en difficulté en ce moment. Victimes mardi de la fureur vengeresse des Grenoblois (8-2) peu de temps après la défaite en finale de la Coupe continentale, les hommes de Luc Tardif n’avaient plus connu la victoire depuis quatre matchs et étaient plus que jamais au duel avec leur adversaire du soir pour la cinquième place. Les Gothiques, quant à eux, retrouvaient le Coliseum une semaine après la lourde défaite contre les Pionniers (0-5). Le décor était posé pour ces deux équipes à la trajectoire similaire et avec le même objectif : retrouver le goût de la victoire et reprendre la marche en avant, et engranger le maximum de points dans cette dernière ligne droite décisive.
Bande désorganisée
Les Gothiques prenaient tout de suite le jeu à leur compte et se portaient vers l’offensive, mais la première mèche était pour les Spartiates. Récupérant un palet à sa ligne bleue, Dufek se présentait face à Fouquerel et tentait de lui glisser la rondelle entre les jambes, mais le portier faisait l’arrêt (0’58). Les hommes de Luc Tardif reprenaient peu à peu le contrôle du jeu, et le troisième trio s’illustrait, d’abord d’une tentative de wrap-around, puis d’un lancer dans le slot, mais Fouquerel s’interposait par deux fois.
S’ensuivaient cinq bonnes minutes de débats équilibrés : les deux équipes se rendaient coup pour coup sans pour autant trouver la faille, la faute à un excellent Fouquerel d’un côté, et à une maladresse devant la cage avec très peu de lancers cadrés de l’autre.
Le peu de lancers cadrés amiénois étaient cependant dangereux et l’un d’entre eux faisait mouche : si la déviation de Svanenbergs juste devant Steen manquait de peu le cadre, Djemel ne se faisait pas prier pour catapulter le palet au fond des filets d’un one-timer puissant, bien servi par Lavigne (1-0, 8’11).
L’intensité augmentait alors du côté des Spartiates, soucieux de revenir rapidement. Acculés dans leur zone défensive, les Gothiques ne parvenaient plus à s’installer en zone offensive et devaient procéder en contre, à l’image de Tessier qui tentait un lancer croisé à mi-hauteur en entrée de zone, stoppé avec de grandes difficultés de la mitaine par Steen (12’40), qui n’arrivait pas à capter le palet.
Les Marseillais ne désespéraient pas et revenaient inlassablement à la charge. Teddy Da Costa était tout heureux de récupérer un palet dans le slot et tentait de tromper Fouquerel en lucarne opposée, mais ce dernier couvrait bien sa cage et contrôlait le rebond pour éviter qu’il ne revienne dans une crosse spartiate.
Obligés à défendre, les Gothiques étaient poussés à la faute et devaient jouer en infériorité puis en double infériorité (Mony, crosse haute, 17’12, puis Svanenbergs, charge avec la crosse, 18’03). Dans cette situation, Colotti était magnifiquement servi au deuxième poteau mais le gardien amiénois était une fois de plus sur la trajectoire. Plagnat récupérait la rondelle et amorçait une contre-attaque mais ne cadrait malheureusement pas sa tentative, alors que le Coliseum était debout et en folie.
Si Fouquerel stoppait les dix-sept tentatives marseillaises dans le premier tiers, cela n’allait pas s’arrêter en si bon chemin. Bien échauffé et en confiance, l’ancien Bordelais montrait ce soir pourquoi Henri Corentin Buysse l’avait conseillé à Mario Richer.
Fouquerel en croque mitaine
En difficulté lors du premier acte, les Gothiques étaient complètement asphyxiés lors du deuxième tiers. D’une faiblesse technique alarmante, et sans fond de jeu apparent, lorsqu’ils n’envoyaient pas le palet en fond de glace, les joueurs amiénois n’arrivaient pas à enchaîner deux passes pour sortir de leur zone. Les hommes de Luc Tardif l’avaient bien compris et récupéraient la rondelle sans difficulté.
Mais fort heureusement pour les locaux, Fouquerel était en état de grâce et stoppait tous les palets. À la mi match, alors que Mario Richer, mécontent de la prestation de ses joueurs, prenait un temps mort, le constat était sans appel : Fouquerel était l’auteur du hold up de la soirée. En effet, à ce moment, les visiteurs avaient vingt-sept lancers au compteur, contre seulement sept pour les locaux (30’01).
Alors qu’on attendait un regain de forme après le temps mort, il n’en n’était rien. Le même schéma recommençait inlassablement : possession marseillaise, lancer, arrêt de Fouquerel, perte de palet amiénoise. Même lorsque qu’il semblait battu, le portier samarien stoppait la rondelle in extremis, à l’image de cet arrêt de la mitaine sur une tentative de Machac de la bleue, dans le trafic et alors que Fouquerel était au sol (34’20). Pour résumer la domination marseillaise après deux tiers : 39 lancers tentés, contre seulement 8 pour Amiens.
En trompe-l’œil
Certainement bousculés dans les vestiaires au vu de la prestation abyssale, les Gothiques semblaient revenir avec de meilleures intentions dans le tiers final. Si le niveau de jeu n’était toujours pas à la hauteur de ce qui avait été proposé en début de saison, les joueurs de Mario Richer avaient néanmoins le mérite de tenter des choses et de ne pas faire reposer le cours du match sur leur gardien. Laissant moins de lignes de tirs et plus prompts défensivement, ils mettaient en difficulté des spartiates peu bousculés jusqu’alors.
Paradoxalement, c’est à ce moment que les hommes de Luc Tardif trouvaient les ressources pour égaliser : servi par Boivin, Salhany, à la gauche de Fouquerel, envoyait un palet en cloche dans le slot, repris parfaitement par Joubert qui trompait enfin « Fouky » (1-1, 47’34). Pas loin de prendre l’avantage, quelques secondes plus tard, Leroux ne trouvait cependant pas le cadre, bien servi au deuxième poteau après un débordement de Nsonsa Kitala.
Mais une fois de plus contre le cours du jeu, les Gothiques trouvaient les ressources pour reprendre l’avantage : après avoir récupéré la rondelle dans le coin, Tessier, d’une superbe passe à l’aveugle du revers, servait parfaitement Čepon inexplicablement seul entre les deux cercles. Le Slovène avait tout son temps pour ajuster Steen et perforait la lucarne d’une tir du poignet chirurgical (2-1, 49’42).
Déjà en difficulté contre Grenoble, et peu réactif sur le premier but amiénois, le gardien marseillais ne dégageait pas la même assurance que son homologue amiénois. S’il s’interposait face à Bergeron, servi par Lavigne au terme d’un 2 contre 1 assez mal négocié, il était une fois de plus fautif dans les toutes dernières minutes, alors que ses coéquipiers semblaient proches d’égaliser. Le top scorer amiénois, Maïa, servi en profondeur par Larinmaa, se présentait en break et tentait de trouver la lucarne côté mitaine. Le Suédois faisait l’arrêt dans un premier temps, mais ne contrôlait pas le palet et jonglait avec celui-ci, inscrivant un but casquette contre son camp (3-1, 58’26).
Désabusés mais toujours combatifs, les Spartiates reprenaient leurs assauts de la zone offensive amiénoise, et Steen sortait de sa cage pour faire entrer un attaquant supplémentaire. Après une trentaine de secondes, Bjorkung trouvait la faille d’une déviation bien sentie et redonnait espoirs aux siens (3-2, 58’58). Avec une minute à jouer, tout était encore possible et Luc Tardif prenait son temps mort pour établir une stratégie. Malheureusement, les Marseillais n’arrivaient pas à trouver la faille, et cela permettait aux Gothiques de retrouver le chemin de la victoire et de repartir avec les trois points.
En analysant cette victoire strictement avec le spectre du résultat, les hommes de Mario Richer réalisaient là une belle opération. Néanmoins, la performance des Gothiques était indigne d’une équipe de leur rang, et cela n’allait qu’en s’empirant depuis fin novembre. Certes, les résultats étaient en dent de scie depuis la deuxième partie de saison, mais l’absence de fond de jeu et le niveau technique affichés n’étaient pas de bonne augure pour la fin de saison et le début des play-off, et en l’absence de réaction rapidement, on pourrait assister à une nouvelle désillusion début mars.
Amiens – Marseille 3-2 (1-0, 0-0, 2-2)
Vendredi 24 janvier 2025 à 20h15 au Coliséum. 3156 spectateurs.
Arbitres : Jérémy Métais et Alexandre Bourreau assistés de Thomas Simon et Pierre Mercier-Landry
Pénalités : Amiens 6’ (4′, 2’, 0′) ; Marseille 0′ (0′, 0’, 0′).
Tirs : Amiens 13 (6, 2, 5) ; Marseille 52 (17, 22, 13).
Évolution du score :
1-0 à 08’11” : Djemel assisté de Lavigne et Svanenbergs
1-1 à 47’34” : Joubert assisté de Salhany et Boivin
2-1 à 49’42” : Cepon assisté de Tessier et Magovac
3-1 à 58’26” : Maïa assisté de Larinmaa
3-2 à 58’58” : Björkung assisté de Boivin
Amiens
Attaquants :
Zachary Lavigne (C) – Janis Svanenbergs (+2, 2’) – Anatole de Mali
Jesper Larinmaa (+1) – Julien Tessier (A, -1) – Bastien Maïa (A, +2, 2’)
Ilies Djemel (+1) – Antonin Plagnat (-1) – Guillaume Roussel (-1)
Paul Le Lem (+1) – Noa Besson – Raphaël Opoma
Défenseurs :
Aleksandar Magovac (-1) – Kristjan Čepon (-1)
Justin Bergeron (+1) – Jordan Lepage (+1)
Josh Brittain (+1) – Mathieu Mony (+2)
Gardien :
Clément Fouquerel
Remplaçant : Taran Kozun (G). Absents : Gauthier Gibert, Ugo Tocquin (blessés), James Phelan (suspendu), Rudy Matima (malade)
Marseille
Attaquants :
Flavian Dair (-1) – Patrik Machac (-1) – Ian Dufek
Paul Joubert (+1) – Alexandre Boivin (+2) – Matt Salhany
Fabien Colotti (A) – Teddy da Costa (C, -1) – Cédric Desruisseaux (-1)
Paul Siraudin – Maxence Leroux – Noa Nsonsa Kitala (-1)
Défenseurs :
Victor Björkung (+1) – Yury Sergienko (+1)
Yohan Coulaud (-2) – Fabien Bourgeois (A, -3)
Elias Rusuu – Colin Morillon (+1)
Gardien :
Stefan Stéen
Remplaçant : Florian Gourdin (G). Absents : Markus Kojo, Gennadi Stolyarov, Maurice Zwikel.