En ce dernier jour de janvier, les Gothiques recevaient les Dragons de Rouen pour la quatrième confrontation entre les deux équipes. Un derby des plaines qui s’annonçait disputé, et une opportunité pour les hommes de Mario Richer de remporter la « série » contre Rouen pour la première fois depuis le passage à quarante quatre matchs. Les champions de France en titre réalisaient jusqu’à maintenant une saison en dessous des attentes, et figuraient à la quatrième place du championnat. Quasiment assurés de finir cinquième, les Gothiques étaient quant à eux retombés dans leur travers après le sursaut face à Grenoble, et s’étaient inclinés mardi à Bordeaux (4-1).
C’était donc un match avec un avant goût de play-off, car il semblait maintenant plus que probable que ces deux équipes allaient se retrouver en quart de finale. Si les phases éliminatoires sont un autre championnat, nul doute que le résultat de la rencontre de ce soir aura un impact si les meilleurs ennemis du hockey français étaient amenés à s’affronter dans moins d’un mois.
Rouen prend les devants
Dans un Coliseum à guichets fermés, où une petite centaine de Rouennais avait fait le déplacement, la rencontre débutait sans qu’une formation ne prenne vraiment l’ascendant. L’intensité et le niveau de jeu n’étaient pas au niveau des derbys précédents et, si on était habitué à cela de la part des Gothiques ces dernières semaines, les Dragons ne semblaient être que l’ombre d’eux même. D’habitude assurés dans les passes et dominateurs, ils ne dégageaient pas la confiance qu’on leur connaissait. Cela donnait une rencontre certes disputée mais peu spectaculaire.
Dans ce pêle-mêle général, il était difficile de dégager des vraies occasions de buts, surtout dans la première moitié de la période, d’autant qu’il y avait très peu d’arrêt de jeu. Les Gothiques avaient globalement la possession de la rondelle et Roussel, servi par Svanenbergs qui venait de remporter la mise au jeu, était trouvé dans le cercle, mais son lancer trouvait le bouclier (2’22).
La première tentative dangereuse était à mettre au crédit des visiteurs. Alors en infériorité, Anthony Rech récupérait la rondelle à sa ligne bleue après une hésitation du défenseur suite à une hors jeu différé. Avec le champ libre, le top scorer rouennais s’en allait affronter Fouquerel, qui réalisait l’arrêt de la jambière. Les Gothiques ne profitaient pas de cet avantage numérique et n’arrivaient d’ailleurs pas à s’installer durablement.
Peu après la mi-match, les locaux avaient un vrai moment fort et en profitaient pour rompre l’égalité. Après plusieurs lancers repoussés, le palet revenait sur Mathieu Mony à la ligne bleue. Le défenseur armait et envoyait un lancer frappé dans le trafic, et Lackovic ne voyait jamais la rondelle partir, et s’inclinait pour la première fois de la soirée (1-0, 11’09). L’ancien Niçois inscrivait son troisième but de la saison, pas loin d’égaliser son record en carrière avec Nice.
Rouen réagissait, et bien qu’on ne retrouvait pas le jeu flamboyant habituel, les normands prenaient peu à peu l’ascendant sur la rencontre. Rech profitait de la chute à la ligne bleue de Plagnat pour se présenter face à Fouquerel, mais son lancer était stoppé facilement de la mitaine par le portier amiénois (11’51). Le dernier rempart des Gothiques s’illustrait une fois de plus, quelques minutes plus tard, alors que la sortie de zone amiénoise était ratée. Les hommes de Fabrice Lhenry récupéraient la rondelle et lançaient à la cage mais sans succès (13’15).
La pression se faisait de plus en plus forte et l’inévitable se passait : Glad, d’un lancer frappé de la bleue, transperçait la défense et trompait enfin Fouquerel pour égaliser (1-1, 15’47). Cette égalisation était suivie de très près par un deuxième but, cette fois ci en transition. D’abord passeur décisif pour Glad, on retrouvait Vigners buteur, servi par Lampérier, qui profitait du chaos devant la cage pour inscrire le deuxième but de son équipe (1-2, 17’32).
Rouen retrouve des couleurs
Il ne fallait pas attendre longtemps pour voir les Gothiques en action au retour des vestiaires. D’un dribble pourtant très lent, et c’était d’ailleurs ce qui avait mis le défenseur en porte à faux, Brittain réussissait à se débarrasser de son vis à vis et trouvait superbement Phelan au second poteau qui n’avait qu’à mettre sa crosse en opposition pour égaliser (2-2, 20’36). Les hommes de Mario Richer profitaient de ce momentum pour tenter de reprendre de l’avance au tableau d’affichage, et les Rouennais étaient spectateurs dans leur zone défensive pendant deux bonnes minutes. Cette grosse séquence était conclue d’un lancer de Lepage, idéalement servi dans le cercle, mais l’ancien de UQTR n’était pas assez précis et le poteau repoussait le palet (21’51).
Après ces deux minutes à faire le dos rond, les Normands reprenaient le jeu à leur compte, et on retrouvait le grand Rouen par intermittence. Les Dragons réussissaient à s’installer et à faire tourner le palet en zone offensive, et si certains lancers n’étaient pas cadrés, ceux qui l’étaient ne mettaient pas Fouquerel en difficulté. La domination des Dragons était telle que Mario Richer était obligé de prendre son temps mort (28’19) pour permettre d’une part à ses joueurs de tourner, le banc étant à l’opposé de la zone défensive lors du second tiers, mais aussi de tenter de retrouver l’énergie qui avait permis d’égaliser si tôt dans la période.
Cela avait le mérite de couper un peu les jambes de visiteurs, et s’avérait presque payant. Lackovic laissait un très mauvais rebond devant sa cage, et bien qu’entouré de joueurs amiénois, le palet ne semblait pas traverser la ligne de but, au grand dam des supporters. On pensait que le temps fort des Seinomarins touchait à sa fin, mais Tessier était coupable d’une crosse haute et devait laisser ses coéquipiers à quatre contre cinq (29’41).
Cela permettait aux Dragons de s’installer durablement en zone offensive, et le constat était le même : si dans le jeu on retrouvait des bribes du Rouen champion de France, ce n’était clairement pas le cas dans la finition. Cela laissait d’ailleurs des occasions aux Gothiques, pourtant en infériorité numérique (Phelan, faire trébucher, 37’43). À l’image de Rech dans le premier tiers, Svanenbergs récupérait la rondelle à la bleue et se présentait face à Lackovic. Ce dernier faisait l’arrêt, et sur l’action suivante, Rouen reprenait une longueur d’avance au tableau d’affichage. Lindelöf était servi par Lampérier et son lancer trompait Fouquerel pour la troisième fois de la soirée (2-3, 38’41).
Bien que largement dominateur dans ce tiers (16 tirs à 8), les normands n’avaient qu’une longueur d’avance et s’exposaient à une égalisation des Gothiques dans le dernier tiers.
Amiens s’incline une nouvelle fois
Le rythme retombait dans le début du troisième tiers et les lacunes des deux équipes ressortaient plus clairement que jamais. En grande difficultés offensivement, les Gothiques n’arrivaient pas à s’installer durablement en zone offensive pour deux raisons. La première, comme on le voyait trop souvent cette saison, les gestes techniques de bases n’étaient pas maîtrisés : les passes étaient approximatives et les contrôles trop souvent ratés. La seconde raison était que les offensives amiénoises étaient bien trop prévisibles, car, incapable de réaliser trois passes réussies, les joueurs de Mario Richer devaient recourir à la stratégie trop souvent observée ces derniers temps : envoyer le palet en fond de glace et tenter de presser pour le récupérer.
Fort heureusement pour les spectateurs, la dynamique du match prenait un nouveau tournant à dix minutes du coup de sifflet final : les Dragons devaient jouer en infériorité numérique (Glad, faire trébucher, 47’06). En supériorité numérique, les Amiénois reprenaient confiance et réussissaient à se créer des occasions dangereuses, à l’image de Tessier, bien servi d’une passe dans le dos par Gibert, mais le Canadien manquait son face à face. La tendance s’inversait ensuite, et les hommes de Fabrice Lhenry se retrouvaient en supériorité numérique, suite à charge très appuyée de Lepage, coutumier du fait (52’26, charge incorrecte).
Malgré cela, les Samariens ne lâchaient rien et multipliaient les occasions. On retrouvait Tessier, superbement servi par Bergeron, en passe de se retrouver en situation de break, mais Kytnar se sacrifiait pour le stopper irrégulièrement (54’51, accrocher). Le temps commençait à manquer et les signes n’allaient pas dans le sens des locaux : Svanenbergs était décalé par Bergeron qui était seul et avait la cage grande ouverte, mais celui ci trouvait la transversale.
Clément Fouquerel, peu sollicité dans cette période, sortait de sa cage avec moins d’une minutes trente à jouer afin de permettre à ses partenaire d’avoir un avantage numérique dans les dernières secondes. Bien installés dans leur zone défensive, les rouennais ne laissaient pas de lignes de lancers et le score n’évoluait plus, malgré une forte domination des Gothiques.
En grande difficulté dans cette dernière moitié de saison, tant dans le jeu que dans les résultats, les hommes de Mario Richer s’inclinaient une nouvelle fois à domicile à moins d’un mois du début des séries éliminatoires. Après la mini trêve, les Gothiques avaient la chance d’avoir un calendrier favorable, avec des matchs faces à des moins bien classés comme Cergy, Nice, Briançon et Anglet. Il faudra profiter de ces matchs pour faire le plein de confiance et retrouver des certitudes afin d’aborder les play-offs de la meilleure des façons.
Amiens – Rouen 2-3 (1-2, 1-1, 0-0)
Vendredi 31 janvier 2025 à 20h30 au Coliséum. 3220 spectateurs.
Arbitres : Cyril Debuche et Julien Peyre assistés de Thomas Simon et Thomas Caillot
Pénalités : Amiens 10’ (0′, 6’, 4′) ; Rouen 8′ (2′, 0’, 6′).
Tirs : Amiens 28 (11, 8, 9) ; Rouen 31 (10, 16, 5).
Évolution du score :
1-0 à 11’09” : Mony assisté de Phelan
1-1 à 15’47” : Glad assisté de Vigners et Kytnar
1-2 à 17’32” : Vigners assisté de Lampérier et Kytnar
2-2 à 20’36” : Phelan assisté de Brittain et Lepage
2-3 à 38’41” : Lindelöf assisté de Lampérier et Tomasino (sup. num.)
Amiens
Attaquants :
Antonin Plagnat (-1) – Janis Svanenbergs (-1) – Rudy Matima (-1)
Zachary Lavigne (C, +1) – James Phelan (+1, 2’) – Gauthier Gibert (+1)
Jesper Larinmaa (2’) – Julien Tessier (A, 2’) – Bastien Maïa (A)
Ilies Djemel (2’) – Guillaume Roussel – Paul Le Lem
Défenseurs :
Aleksandar Magovac (+1) – Kristjan Cepon
Josh Brittain – Jordan Lepage (2’)
Justin Bergeron (-1) – Mathieu Mony
Gardien :
Clément Fouquerel (sorti de 58’23” à 60’00”)
Remplaçants : Benoît Demazier (G). Absents : Taran Kozun (choix), Ugo Tocquin (blessé), Anatole de Mali (choix), Raphaël Opoma (choix), Noa Besson (malade)
Rouen
Attaquants :
Loïc Lampérier (+1) – Milan Kytnar (+1, 2’) – Rolands Vigners (+1)
Anthony Rech – Francis Perron – Tomas Simonsen (-1)
Sebastian Bengtsson (2’) – Robin Colomban – Jared Dmytriw
Vincent Nesa (-1) – Quentin Tomasino (-1)
Défenseurs :
Florian Chakiachvili (-2) – Juho Tommila (-2, 2’)
Daniel Glad (+2, 2’) – Enzo Cantagallo (blessé à 21’52)
Dylan Yeo – Alexander Lindelöf (+2)
Gardien :
Jakub Lackovic
Remplaçant : Gaëtan Richard (G). Absents : Oskari Setänen (choix), Tommy Perret, Guillaume Naud (bas du corps), Jordann Hervé (commotion), Noa Goncalves (épaule), Johannès Avonde (poignet)