La série entre les frères ennemis du hockey français, Goku contre Vegeta, débute ce soir. Le Kyōryokuna Gosu viendra-t-il mettre fin au Kyodaina doragon ?
Juste avant le coup d’envoi, il fallait avoir beaucoup d’humour à froid ou le sens de la provocation polaire pour élire Tomas Simonsen comme meilleur joueur du mois de février, au bout de 2 matches seulement à domicile, le soir où ses amis Amiénois viennent défier les Rouennais. Après la rencontre, cela a bien fait rire (noir et) jaune quelques spécialistes rétrogrades dans les longères à pan de bois. C’est bien la seule fois de la soirée où l’on aura pu remarquer l’attaquant tant il est a été, au mieux, transparent comme une sorte de héros de Marvel inutile.
Rouen entame avec ambition une rencontre où il fallait des nerfs, des côtes et des poings d’acier, mais n’est pas parvenu à ouvrir le score dans le premier tiers. Ce qui n’aurait pas été volé. Les Dragons, plus « Dr.Marteen« , ont forcé leur tempérament « espadrille » pour répondre au « badass band » de Mario Richer et ses faiblesses cachées au creux de chicaneries. Les Gothiques se sont vite retrouvés en difficultés face à la circulation et le pressing-avant des Normands. Ils ont du sauter la présence de leur quatrième ligne assez rapidement pour copier les lignes adverses.
Les arbitres ont équilibré les prisons. Le PK seino-marin a empêché toute les tentatives d’installations picardes. Les supériorités rouennaises ont apporté beaucoup plus de danger. Les partenaires de Loïc Lampérier ont eu beaucoup de possessions sans pouvoir acquérir un ou deux momentum. Même après un frappé fort de Daniel Glad sur la barre de Kozun (12’30). Le gardien des visiteurs est bien entré dans son match et sa défensive a été solidaire devant lui. Plus rares, que ceux des locaux, les lancers pris par les coéquipiers de Zachary Lavigne ont souvent été dangereux. Jakub Lackovic a été attentif sur ces contres samariens. Notamment face à Lavigne (9’22). Bastien Maïa a manqué devant le portier slovaque un breakaway qu’il s’était créé lors de la première cachot du HAE (8’24).
Les hommes de Fabrice Lhenry, hormis Florian Chakiachvili, sont revenus dans le deuxième acte, terminer un avantage numérique de 37 secondes sans trouver la faille de Kozun et son carré plus effilé que wavy. La suite a été plus hachée. Les échanges de coups ont redoublé, détournant l’attention des charges maladroites. Souvent devant le banc picard. Un hasard sûrement. Dans un choc aussi malheureux que violent, les défenseurs Enzo Cantagallo et Jordan Lepage, blessés, ont définitivement quitté la banquise souillée de sang (30’27). Après l’accident, Rouen a ouvert le score. L’échec-avant picard de Tessier et Gibert n’a pas de conviction. La transition rouennaise prend toute la largeur. À 4 contre 3, Daniel Glad, oublié par Maïa en haut du slot, préfère la passe au tir. L’arrière sert Bengtsson qui a le « hammer » levé, dans le cercle droit, prêt à percuter. Pan ! (1-0 à 31’47). Les Dragons sont dorénavant plus attentistes et patinent moins. Les arbitres ont de nouveau équilibré les pénalités. C’est aussi pourquoi Amiens, efficace dans les jeux spéciaux, a égalisé. Un jeu précis, à défaut d’être rapide, permet à Gauthier Gibert, de près, de dévier une belle passe de Maïa, à qui on a laissé tout le temps de lire la situation d’un carré adverse plutôt amorphe (1-1 à 38’12).
Le RHE a recouvré du rythme dans le dernier vingt, donc, face aux « Richemen« , de la possession. C’est surtout grâce à cela qu’Amiens, en manque de volume, s’est écroulé. Si en terme de combat les Gothiques n’ont pas trop flanché, ils n’ont par contre pas existé en terme de jeu dans ce tiers aussi âpre que les précédents. À la faveur d’un bon pressing offensif rouennais, Guillaume Roussel puis Ilies Djemel ont amené deux revirements consécutifs, dont un en haut du slot. Avec du temps et de l’espace, pour Rolands Vigners, ça ne pardonne pas très souvent. Bang ! (2-1 à 49’32). Ça n’a pas pardonné non plus en jeu spécial lorsque Milan Kytnar, intelligent en supériorité, a abusé un Kozun croyant à un jeu de simple de passe transversale du Slovaque, en tirant au-dessus de l’épaule droite du gardien des visiteurs. Bing ! (3-1 à 51’31). En acceptant de subir, les Normands, confiants dans leur arrière garde et dans les faiblesses offensives adverses, ont ensuite bien géré la fin de la rencontre où on a encore échangé des pif et des paf. Jakub Lackovic a été solide sur les tirs les moins désespérés de la troupe d’en face.
Demain, un autre match se présente pour les même acteurs. Amiens n’a déjà plus le choix que de le gagner afin de retourner l’avantage de la glace avant de recevoir. Rouen devra présenter la même attitude, sans le temps mort de la deuxième partie du tiers médian, pour espérer remporter un second succès avant d’aller au Coliseum.
Commentaires d’après-match (dans Paris-Normandie) :
Fabrice Lhenry (entraîneur de Rouen) : « C’est très positif de commencer comme ça, par une victoire. Elle a été dure à aller chercher mais on s’est battu, on a travaillé pour. On la mérite. On a vu une vraie équipe. On a défendu ensemble. On n’a pas donné beaucoup d’opportunités à Amiens. On a annihilé pas mal de leurs attaques. C’est positif. Il faut construire là-dessus. Le jeu physique, l’engagement, ça fait partie des play-offs mais on ne veut pas de blessures non plus. On s’y attendait, on sait que la série va être comme ça, qu’il va y avoir des provocations, des bagarres, mais il n’y a pas que ça dans le hockey. J’espère que les arbitres vont le prendre en compte et protéger la sécurité des joueurs. On a quand même deux commotions ce soir. »
Mario Richer (entraîneur d’Amiens) : « C’est notre façon de jouer depuis des années, la façon de jouer des Gothiques. C’est ce qu’on veut comme intensité. On a compétitionné. Après deux périodes on était où est ce qu’on voulait être. On a manqué de jus. On manque un peu d’effectif pour essayer d’avoir un match intense pendant 60 minutes. Il ne faut pas jouer à la façon Dragons. Il faut jouer à la façon Gothiques. Amener plus de palets au filet et tenter de les dévier, de prendre un rebond, c’est ça notre façon de jouer. »
Rouen – Amiens 3-1 (0-0, 1-1, 2-0)
Vendredi 28 février 2025 à 20h00, à la patinoire Nathalie Pechalat. 3029 spectateurs.
Arbitres : Laurent Garbay et Jeremy Rauline assistés de Thomas Simon et Joffrey Yssembourg
Pénalités : Rouen 20′ (4′, 9′, 7′) ; Amiens 22′ (4′, 9′, 9′)
Tirs : Rouen 37 (12, 9, 16) ; Amiens 22 (6, 8, 8)
Supériorités : Rouen 1/4, Amiens 1/3
Évolution du score :
1-0 à 31’47 : Bengtsson assisté de Glad et Vigners
1-1 à 38’12 : Gibert assisté de Maïa et Brittain (sup.num.)
2-1 à 49’32 : Vigners assisté de Bengtsson et Perron
3-1 à 51’31 : Kytnar assisté de Dmytriw et Bengtsson (sup.num.)
Rouen
Attaquants :
Sebastian Bengtsson – Francis Perron – Rolands Vigners
Anthony Rech (A) – Milan Kytnar (A) – Tomas Simonsen [puis Perret à 46’52]
Loïc Lampérier (C) – Vincent Nesa – Jared Dmytriw
Quentin Tomasino – Johanès Avonde – Tommy Perret
Arrières :
Alexander Lindelöf – Enzo Cantagallo [sorti blessé à 30’27]
Dylan Yeo – Guillaume Naud
Florian Chakiachvili [sorti blessé à 18’01] – Juho Tommila
Daniel Glad
Gardien :
Jakub Lackovic (21 arrêts)
Remplaçant : Gaëtan Richard (G). Absents : Robin Colomban (commotion), Jordan Hervé (commotion), Oskari Setänen (G, choix).
Amiens
Attaquants :
Zachary Lavigne (C) – James Phelan (A) – Ilies Djemel
Gauthier Gibert – Janis Svanenbergs – Antonin Plagnat
Guillaume Roussel [puis Besson à 40’00] – Julien Tessier – Bastien Maïa
Noa Besson – Ugo Toquin
Arrières :
Joshua Brittain – Jordan Lepage [sorti blessé à 30’27 remplacé par Roussel]
Kristjan Cepon – Aleksandar Magovac
Mathieu Mony – Justin Bergeron (A)
Gardien :
Taran Kozun (34 arrêts)
Remplaçants : Raphaêl Chateauvieux (G), Raphael Opoma Ngombo. Absents : Rudy Matima (suspendu), Clément Fouquerel et Jesper Larinmaa (blessés ?).