Un an et six jours plus tard, Dunkerque et Strasbourg se retrouvent pour un match n°5 en quarts de finale. Faute de conclure sur les bords de l’Ill en milieu de semaine, et frustré par les scénarios des deux rencontres disputées à l’Iceberg, le HGD entend ne pas faire ses valises devant son public. Il faudra pour cela améliorer son efficacité en infériorité numérique, l’Étoile Noire ayant trouvé le chemin des filets à six reprises, sans compter les deux supériorités « artificielles » lors des matchs 3 et 4 pour recoller au score une fois Hiadlovsky retourné au banc.
La prudence berce les premiers échanges, aidée par une atmosphère très calme, en l’absence de la traditionnelle fanfare, Bande de Bergues oblige. Les quelques fans parés de noir et de jaune se font d’autant plus entendre que la première frayeur est causée par leur défenseur Dugas, dont le tir fait retentir l’extérieur de la cage. Si Hiadlovsky intervient devant Luedtke trouvé depuis l’arrière du but, l’Étoile Noire profite d’une contre-attaque pour tromper Luba. La longue passe de Quiniou vers Burgos Ramirez suffit à désarçonner les bleus et l’Espagnol sert son capitaine Trudeau (0-1 à 05’18″). Réussite loin de rassurer le portier slovaque, capable de se causer des sueurs froides tout seul derrière son but par un jeu à la crosse fébrile… et de racheter son erreur d’un plongeon devant Zackary Daneau, à l’affût. Toutefois, dès l’engagement Hugo Deberge le trompe de loin (1-1 à 06’01″), histoire de rétablir une égalité contestée sans transition. La contre-attaque constitue une arme de choix pour les Bas-Rhinois. C’est au tour de Shanouk Boiteau de s’échapper à droite et d’opter pour le tir, repoussé vers Lucas Herrmann (1-2 à 06’41″).
Un faire-trébucher de Thomas en zone offensive refroidit un peu plus les tribunes tant les infériorités s’avèrent difficiles à vivre depuis une semaine. Les Alsaciens piquent rapidement par l’intermédiaire de Louis Olive, au lancer sur réception dirigé vers le masque de Luba. Le HGD respire, dégage deux palets au large, voit Boiteau rater le cadre et reprend le contrôle du disque. Davranche puis Luedtke sont tour à tour contrés au centre par le portier et sa défense. En face, les hommes de Daniel Bourdages contrent dès que l’opportunité se présente : Bross isole Herrmann, déjoué par une déviation du gant. Les Maritimes finissent par trouver la faille par un coup de semonce de Young alerté à droite par Carpentier (2-2 à 15’14″) et paraissent en mesure de prendre enfin les devants sur la supériorité causée par un cinglage de Takkunen. On croit ainsi au but lorsque Budínský oblige Tomas Hiadlovsky à un nouveau plongeon spectaculaire.
Une deuxième opportunité se présente à la reprise car l’attaquant tchèque est heurté au visage par la crosse du défenseur finlandais, renvoyé au cachot. La séquence est alors marquée par une soudaine instabilité de la cage alsacienne au moment où Daneau et Luedtke pointent leurs crosses à ses abords. Jonathan Lafrance et environ 1400 personnes protestent, en vain. Imperturbable, Lubomir Dinda décale Romain Carpentier sur sa gauche, pour un centre tendu ras glace libérant Raffoux (3-2 à 22’12″). En mauvaise posture de la crosse, Hiadlovsky est puni pour retard de jeu, faute d’avoir été en mesure de stabiliser sa cage. Les vivas s’amplifient et les actions strasbourgeoises sont à la baisse. D’autant que l’attaque massive retrouve des couleurs. Vit Budínský est plus vif que Takkunen pour s’offrir un duel avec le fautif, Young feint la passe pour mieux armer son tir. Bien en place, Hiadlovsky se rachète par deux fois.
La tempête passée, Poirot a enfin une fenêtre de tir sur l’aile gauche pour diriger le caoutchouc vers Michael Luba, resté chaud et contraint de geler une rondelle venue du défenseur finlandais Takkunen. Le froid réalisme alsacien punit une troisième fois des Corsaires moins souverains dans leur zone, coupables d’avoir oublié le dangereux Louis Olive sur la gauche (3-3 à 25’42″). Dunkerque subit le jeu dans les minutes suivantes : Burgos Ramirez cherche un trou de souris, puis Herrmann un doublé contrarié par l’extrémité de la botte de Michael Luba, Bross fait le tour de la défense, provoquant rebond et dégagement interdit. Il faut deux relances risquées de Thomas Giorgi, interceptées successivement par Luedtke et Carpentier, pour enflammer l’assistance, mais le revers de l’Américain frôle le cadre et Carpentier bute sur le gardien. Les locaux peuvent regretter ce manque de réussite, car un palet au rebond capricieux, expédié vers leur enclave, n’est contrôlé ni par leur dernier défenseur, ni par Boiteau, au contraire de leur bête noire Lucas Herrmann (3-4 à 32’38″).
Le scénario décousu de la rencontre se confirme car Antoine Torres permet de rééquilibrer la balance, d’une salve écartée vers l’offensif Adam Young (4-4 à 34’50″). La timidité des premières minutes est reléguée aux oubliettes depuis longtemps et les actions s’enchaînent de part et d’autre. Herrmann cherche la lucarne d’un côté, Jeremiah Luedtke trouve la déviation de Daneau de l’autre. Le centre américain est moins inspirée en fin de période, sa crosse heurte un adversaire et il assiste impuissant au premier but alsacien en power-play. Retardé à la quarantième minute, celui-ci intervient cependant après huit petites secondes, le temps pour Bross de centrer vers son compère américain, dont le triplé attendra car c’est Louis Olive qui conclut au second poteau (4-5 à 39’37″). De quoi retourner au vestiaire la tête basse ? Non, car Lubomir Dinda monte à gauche et fait parler la poudre via le poteau (5-5 à 39’49″).
Le dernier acte démarre sur des bases aussi décousues. Aux trois lancers strasbourgeois répond une tentative de Dinda dans le dos de son compatriote de gardien. Ce dernier, au sol, ne cède pas devant Jeremiah Luedtke, comme souvent bien positionné mais décidément fui par la réussite. Difficile d’en dire autant de l’autre joueur américain ; Germond en prison pour crosse haute, l’inévitable Lucas Herrmann dévie victorieusement le tir de Daniel Takkunen (5-6 à 45’34″). En bon capitaine, Clément Thomas, en force, tente de remettre le navire à flot, son compère Budínský, autre homme-fort moins en verve en cette fin d’après-midi, ne convertit pas le rebond. Leur véhément arrière Giorgi puni sur l’action, les visiteurs résistent sans coup férir, le jeu de passes maritime étant moins assuré. Le chronomètre tourne et les partisans adverses se font de plus en plus entendre, d’autant que Giorgi et Herrmann maintiennent la pression en quête du but salvateur.
Éloignés vers la périphérie, les canons dunkerquois sont moins fringants, la zone neutre se cadenasse et le trafic devant la cage de Hiadlovsky est moins intense. L’Étoile Noire minore les risques, expédie plusieurs palets au fond de la zone, chacun est à l’œuvre défensivement, comme Bross pour éloigner la rondelle hors de la zone. La deuxième pénalité concédée par Thomas Giorgi (faire-trébucher) apparaît comme une dernière chance, au milieu de la torpeur. Face à Budínský, Milo Avoine vient au secours de son portier, qui déjoue ensuite Torres, mais s’incline sur un slap rageur de Clément Thomas (6-6 à 57’42″).
Peu avare en rebondissements, la série pouvait-elle se décider autrement que par une sorte de tie-break ? Elle aurait pu se terminer rapidement, comme jeudi soir, si la barre transversale n’était pas là pour contrarier Alejandro Burgos Ramirez. Cette alerte passée, les Corsaires monopolisent la rondelle. Corentin Cruchandeau tente de rééditer le raid victorieux délivré en pareille situation une semaine plus tôt, mais il trébuche devant la cage. Un nouveau sacrifice empêche Luedtke de revêtir le rôle de héros. Tel un symbole, le trio composé du natif de Seattle, de Budínský et Dinda, habituels artilleurs de choix, voit avec impuissance Daniel Takkunen récupérer le palet sur la gauche et s’en aller ajuster de près un Michael Luba impuissant, étendu sur la glace de longues secondes (6-7 à 65’28″). Dans la stupeur, une saison abordée avec ambition sur les bords de la Mer du Nord se termine comme elle avait commencé, par une défaite aux mains d’une Étoile Noire dont les hommes de Jonathan Lafrance n’auront pas pu se détacher durablement.
Désignés meilleurs joueurs de la rencontre : Lucas Herrmann pour Strasbourg et Adam Young pour Dunkerque.
Commentaires d’après-match
Bruno Baldris (défenseur de Strasbourg) : « Tous les matchs se sont joués à un but. On sait que Dunkerque travaille fort et a beaucoup de talent, mais on s’est battu et la chance a tourné de notre côté. Notre défense a été importante car Dunkerque est fort offensivement. De plus, le jeu de puissance a été bien travaillé tout au long de la saison. Depuis le début de la série l’équipe a serré les dents et va continuer de la sorte. La patinoire est remplie, on fait salle comble et cela fait plaisir de voir autant de personnes nous suivre, on le ressent sur la glace et je les remercie. Cela fait quatre fois que l’on prolonge la saison de Daniel Bourdages depuis le début de ces play-offs et malgré la fatigue on n’est pas pressé d’être en vacances. »
Dunkerque – Strasbourg 6-7 après prolongation (2-2, 3-3, 1-1, 0-1)
Dimanche 30 mars 2025 à 17h30 à la patinoire Michel Raffoux. 1 417 spectateurs.
Arbitres : Johan Fauvel et Kylian Martin assistés de Hugo Maillard et Charles Baudoin.
Pénalités : Dunkerque 6′ (2’, 2’, 2’, 0’), Strasbourg 10’ (2’, 4’, 4’, 0’).
Tirs : Dunkerque 32 (8, 11, 10, 3), Strasbourg 19 (5, 9, 5, 0).
Évolution du score :
0-1 à 05’18″ : Trudeau assisté de Burgos Ramirez et Quiniou
1-1 à 06’01″ : Deberge assisté de Belharfi
1-2 à 06’41″ : Herrmann assissté de Boiteau et Bross
2-2 à 15’14″ : Young assisté de Carpentier et Daneau
3-2 à 22’12″ : Carpentier assisté de Dinda et Luedtke (sup. num.)
3-3 à 25’42″ : Olive assisté de Sénéchal et Poirot
3-4 à 32’38″ : Herrmann assisté de Boiteau
4-4 à 34’50″ : Young assisté de Torres et Deberge
4-5 à 39’37″ : Olive assisté de Herrmann et Bross (sup. num.)
5-5 à 39’49″ : Dinda
5-6 à 45’34″ : Herrmann assisté de Takkunen
6-6 à 57’42″ : Thomas (sup. num.)
6-7 à 65’28″ : Takkunen
Dunkerque
Attaquants :
Clément Thomas (C) – Corentin Cruchandeau – Vít Budínský (A)
Romain Carpentier – Jeremiah Luedtke (A) – Zackary Daneau
Antoine Torres – Timon Davranche ou Antonin Germond – Rayan Belharfi
Défenseurs :
Lubomir Dinda – Pierre Vervoort
Matt Barberis– Martin Poirier
Hugo Deberge – Adam Young
Gardien :
Michael Luba
Remplaçants : Tom Charton (G), Guillaume Desjardin, Gabriel Roldan. Absents : Léo Bertein (blessé), Carl Behm.
Strasbourg
Attaquants :
Alejandro Burgos Ramirez – Louis Olive – Sébastien Trudeau (C)
Shanouk Boiteau – Lucas Herrmann – Zackary Bross
Enzo Poirot – Lucas Sénéchal – Enzo Labat
Loé Turlure, Thomas Lestrade
Défenseurs :
Daniel Takkunen – Bruno Baldris (A)
Thomas Giorgi – Yann Quiniou
Milo Avoine – Owen Dugas
Gardien :
Tomas Hiadlovsky
Remplaçant : Arthur Krauss (G).