Alors que les « SM-Slutspel », appellation suédoise des séries éliminatoires pour le titre de champion de Suède battent leur plein, un petit évènement à lieu en HockeyAllsvenskan, deuxième échelon national. Rivalité, scénario unique, enjeux, tout est réuni pour faire de ces finales de deuxième division, un petit évènement national.
Une glace neutre ?
Les suiveurs du hockey au pays des trois couronnes auront le droit à leur dose de popcorn pour bien finir la saison. Après tout, quoi de mieux qu’un derby en finale des séries pour la promotion ? Qui plus est lorsque ce derby n’est pas n’importe lequel : Djurgården – AIK ou en suédois : « Stockholmsderbyt ». Si la ville n’est plus un secret, il semble bon de rappeler certains détails qui donnent à cette finale son petit pesant d’or. Certains d’entre vous s’en doutent, la capitale suédoise compte, dans son agglomération, plus de deux clubs de hockey. Or, dur de faire plus derby que celui-ci pour la simple et bonne raison que… les deux clubs évoluent dans la même patinoire.
Oui oui, vous avez bien lu. À Stockholm (la ville), les deux clubs majeurs évoluent dans la même patinoire, le Hovet, située à moins de 50m de l’autre patinoire de Stockholm, l’Avicii Arena. Ce détail, qui n’en est pas un, promet une finale en grandes pompes. Deux clubs ennemis, une seule patinoire, 8 094 places dans les gradins, une seule pour un retour en SHL. Il manque encore un peu de sel à votre goût ? Alors voilà de quoi en rajouter : Stockholm, la ville ou le comté, n’a plus d’équipe dans l’élite du hockey suédois depuis 2022 et la relégation de… Djurgården. Alors, au-delà de remporter le « Stockholmsderbyt » et prendre le dessus dans la rivalité, le club vainqueur deviendra par la même occasion le seul club de la capitale dans l’élite.
« Stockholms stolthet »
Ou en français, la fierté de Stockholm. Voilà le slogan de celui qui, aux yeux du grand public, pourrait bien être LE favori pour la promotion, Djurgården. Le « Zoo », oui oui c’est ce que cela veut dire, est toujours apparu en finale pour la promotion depuis sa relégation il y a désormais trois ans. Battu par MoDo en sept matchs d’abord, balayé par Brynäs ensuite, le club vêtu de jaune, rouge & bleu a tantôt essuyé les blessures, tantôt subi la dure loi d’une équipe bien trop armée pour rivaliser. Cette saison, les signaux semblent tourner au vert, vainqueur de la saison régulière et ce malgré un tandem de gardien parfois hésitant, la demi-finale pourrait bien confirmer la tendance favorable qui est la leur. Face à Södertälje, club du comté de Stockholm, les hommes de Marcus Krüger, deux fois vainqueur de la Coupe Stanley avec Chicago, ont eu fort à faire. Malmenés par une équipe qui semblait largement à leur portée, blanchis au match 5 puis menés au match 6 alors qu’ils faisaient face à l’élimination, ils ont trouvé les ressources pour s’offrir le droit d’y croire. Une victoire 3-8 à l’extérieur pour forcer un match 7 qui est allé en prolongation. Un but partout au terme des trois sirènes et une ambiance absolument dingue dans un Hovet qui ne demandait qu’à exploser. Mis sur la voie par le capitaine Kruger, ils ont ensuite compté un Hugo Hävelid dans un bon soir et sur sur la profondeur de banc pour l’emporter, le but vainqueur étant l’œuvre de son quatrième bloc, en prolongation.
Djurgården connaît son sujet, connaît les finales, connaît les efforts auxquels il faut consentir pour glaner le ticket qu’ils désirent tant. Plus encore, ils comptent dans leur rang un nombre incalculable de matchs au plus haut niveau et le meilleur joueur des séries éliminatoires d’HockeyAllsvenskan 2023-24, Tyler Kelleher. S’il leur fallait une assurance supplémentaire pour y croire un peu plus encore, les coéquipiers de Marcus Kruger comptent un renfort supplémentaire. Marcus Gidlöf, qui du haut de son mètre quatre-vingt-dix-neuf et de ses 19 ans seulement a passé la saison en SHL avec Leksand, pose ses valises dans la capitale. Le gardien aux 17 apparitions en SHL et autant si ce n’est plus d’arrêts de très grande classe, leur est prêté pour les finales. Il devrait prendre place dans le filet de la capitale dès mercredi pour le match 1.
« Gnaget »
Ou en français, rongeur. Voilà comment évoquer l’autre prétendant à la montée en SHL, l’AIK. Les « Gnaget », c’est leur surnom, sont probablement la surprise de ces séries éliminatoires. S’ils se sont offert une série de 17 victoires de rang à l’extérieur, des succès convaincants contre les grosses écuries du championnat et une saison de bonne facture, ils ont terminé à la cinquième place, assez largement devant le premier qualifié pour le tour préliminaire des séries éliminatoires. Face à Björklöven, club connu pour se doter de saisons régulières exceptionnelles avant de fondre lorsque le soleil pointe le bout de son nez au printemps, l’AIK aura fait preuve d’une résilience exceptionnelle. Mené 2-0 puis 3-1 dans la série, il a finalement réussi à prendre le dessus et glaner son ticket pour le dernier carré en s’offrant trois succès de rang, et pas n’importe lesquels. Une prolongation à Umeå, une victoire étriquée sur leur glace et un nouveau succès en dehors du temps réglementaire à l’extérieur, alors qu’ils étaient menés à l’entame du dernier acte. Personne ou presque ne misait sur eux et pourtant ils y sont !
Face à Karlskoga, poussé dans ses retranchements par Oskarshamn et vainqueur d’une série ou 4 des 6 matchs sont allés dans le temps additionnel, bien malin était celui qui était capable de prédire la série à venir. Une fois encore, celle-ci à tenu ses promesses. Une manche partout après les deux matchs à Karlskoga puis voilà le retour de nos amies les prolongations. 3-4 puis 3-2, les équipes ne se départagent pas. Retour à Karlskoga et… retour du quatrième tiers, une presque spécialité pour l’AIK qui l’emporte, grâce à son gardien décidément étincelant puis grâce à la maîtrise tactique de Roger Melin, technicien qui, après avoir donné ses lettres de noblesse au club de Stockholm au début de la décennie dernière, entend bien lui permettre de retrouver sa place dans l’élite du hockey suédois. Si le Hovet est souvent identifié publiquement par les tifos de la Jarnkaminerna, le groupe de supporters de Djurgården, les « svart och guld » à traduire par noir et or, pouvaient, à l’occasion du match 6, compter sur ses supporters pour mettre la patinoire sous tension, rendant chaque prise de palet de Karlskoga un peu plus hostile. Une hostilité qui aura raison d’eux, car si le BIK frappe en premier, c’est bien l’AIK qui termine le premier tiers aux commandes de la partie, une partie qui ne leur échappera pas, aucun but n’étant inscrit au cours des quarante minutes suivantes. Une série moins longue de trois périodes mais marquée par trois prolongations et un combat physique de chaque instant. Melin l’enchanteur peut-il encore sortir un tour de son chapeau et offrir à l’AIK la campagne de playoffs la plus réussie d’HockeyAllsvenskan depuis un certain temps ? Là aussi, les signaux semblent bons, l’AIK ayant remporté 3 des 4 derbys au cours de l’exercice régulier, tous de manière nette et précise (4-2, 1-4, 8-4).
Les clés de la série
Vous l’aurez compris, cette finale est bien plus qu’une “simple” finale pour la promotion, c’est une guerre de territoire, une guerre d’égo, une guerre pour savoir qui prendra le pouvoir sur la ville, qui aura le droit de peut-être, évoluer dans l’Avicii Arena l’an prochain. Si la série s’annonce aussi imprévisible qu’exaltante, voilà sur quoi la série pourrait tourner : les gardiens. Cela va de soi et vous l’aurez sans doute compris mais, à cet instant, le duel des cerbères semble virer en faveur de l’AIK. Hugo Hävelid, qui gardait déjà le filet de DIF la saison passée, n’a que peu convaincu et les attentes placées en lui sont grandissantes. S’il reste sur deux bons matchs, l’arrivée de Gidlöf devrait le pousser sur le banc mais le prospect des Islanders n’a plus disputé de match depuis près d’un mois et aura-t-il le temps de s’adapter à une défense qu’il ne connaît pas ? Voilà l’inconnue alors que de l’autre côté de la glace, l’AIK pourra compter sur son duo de gardiens. Brattström a montré l’étendue de son talent en séries, surtout dans les moments où cela comptait le plus. Avec un pourcentage supérieur à 90% et un remplaçant en la personne de Ståhlberg qui a lui aussi répondu présent lorsqu’il était nécessaire, Roger Melin n’a que peu de doute sur la capacité de ses gardiens à faire les arrêts clés… C’est la première clé.
L’autre clé est cette fois-ci du côté du Zoo, puisqu’elle réside dans le talent de Tyler Kelleher. Désigné meilleur joueur des séries éliminatoires l’an passé, il est la recrue phare de l’été. Aligné aux côtés du très expérimenté Dick Axelsson et de l’espoir du CH Filip Eriksson, il va être l’homme à suivre. Déjà auteur de 5 buts et 10 assistances en 11 sorties, il se dirige tout droit vers une campagne record, étant déjà le troisième meilleur performeur de l’histoire du club sur une campagne de séries éliminatoires. S’il continue sur sa lancée, il sera à coup sûr l’homme capable de faire basculer la série. Enfin, la dernière clé n’est pas sportive mais extra sportive : l’ambiance. Connue pour être l’une si ce n’est la rivalité la plus plaisante à suivre du pays, le « Stockholmsderbyt » est assurément un spectacle en tribune. La black army (AIK) et la Jarnkaminerna (DIF) vont se rendre tifo pour tifo, chant pour chant, animation pour animation, et offrir aux spectateurs et suiveurs une ambiance de folie pour une série qui devrait marquer les esprits. Le groupe qui remportera la bataille des tribunes aura assurément une incidence sur l’issue de la série, tant les deux équipes semblent tailler pour s’offrir l’autre.
Le programme de la finale :
Match 1 : Djurgården – AIK, 16 avril à 19h
Match 2 : Djurgården – AIK, 18 avril à 15h
Match 3 : AIK – Djurgården, 20 avril à 18h
Match 4 : AIK – Djurgården, 22 avril à 19h
Match 5 : Djurgården – AIK, 25 avril à 19h*
Match 6 : AIK – Djurgården, 27 avril à 18h*
Match 7 : Djurgården – AIK, 25 avril à 18h*
* : si nécessaire. L’intégralité de la finale sera diffusée sur TV4 (Suède).