Depuis leur titre de champion du monde devant une foule en liesse à Prague, les Tchèques vivent une euphorie qui ne se dément pas. Après 7 victoires en 9 rencontres d’Euro Hockey Tour, ils ont blanchi deux fois l’Allemagne chez elle (7-0 et 1-0) pour inaugurer leur préparation aux championnats du monde. Autant dire que la petite Autriche semble un gentil amuse-gueule pour leur appétit. Juste de quoi se maintenir en forme. Sans les joueurs de Klagenfurt et Salzbourg qui arriveront juste après, les Autrichiens se présentent avec une équipe paraissant bien faible, qui a d’ailleurs été battue deux fois en Hongrie.
À Znojmo, avec une belle ambiance dans une ville sevrée de hockey de haut niveau, les Tchèques ont dominé sans coup férir 38 tirs à 14. Les deux compagnons de ligne de Karlovy Vary, qui sont des candidats majeurs à la sélection finale par leur polyvalence, combinent pour ouvrir le score : Jiří Černoch marque du revers entre les jambières de Florian Vorauer sur passe de derrière la cage de son compère Ondřej Beránek, qui a récupéré un palet ayant tapé l’arrière du patin de l’arrière Ramon Schnetzer.
En deuxième période, son collègue défensif Nico Brunner perd à son tour le palet derrière son but, sous la pression de Daniel Kurovský, qui offre à Filip Přikryl son premier but en équipe nationale, inscrit côté plaque. Benjamin Baumgartner rate une cage ouverte à neuf minutes de la fin, et au lieu de 2-1, le score enfle à 4-0 avec des buts tardifs de Daniel Kurovský et de Kristián Reichel, tous deux dans le haut du filet.
La Tchéquie vient donc d’enchaîner son quatrième match consécutif sans prendre de but ! Une performance réalisée avec quatre gardiens différents (dans l’ordre chronologique Kořenář, Kacetl, Frodl et Zajíček). La position devant le filet tchèque est assez ouverte parce que le héros du Mondial 2024 Lukáš Dostál n’est pas certain de venir, en fin de contrat et en négociations avec Anaheim. Numéro 3 l’an passé sans jouer, Karel Vejmelka a publiquement déclaré son « énorme motivation » pour rejoindre la sélection. Un autre gardien de NHL, Daniel Vladař, a laissé fuiter sur le site de son équipe (les Calgary Flames) qu’il avait aussi été convoqué.
4-0, c’était aussi le score de la République Tchèque contre l’Autriche aux derniers Mondiaux. Mais en 2022 à Tampere, les hommes de Roger Bader avaient obtenu un succès historique contre cet adversaire prestigieux, aux tirs au but. Le résultat n’est donc pas forcément acquis. Lors du match retour deux jours plus tard à Linz, avec un public bouillant acquis cette fois à la cause autrichienne, la sauce n’a plus du tout le même goût.
Pourtant, le match semble débuter de manière semblable puisque le score reste encore longtemps vierge. L’Autriche a toujours peu de tirs cadrés, mais le virevoltant Lukas Haudum se crée deux occasions franches en solo, dont un tour de cage. En deuxième période, les Tchèques convertissent leur unique avantage numérique du jour (retenir de Schnetzer) : c’est encore une fois Černoch qui ouvre le score, parfaitement décalé dans le cercle droit par Jiskra avec la cage grande ouverte.
Après quasiment 307 minutes d’inviolabilité, les filets tchèques bougent de nouveau sur un tir à bout portant de Paul Huber, qui vient de se faire recoudre le pied gauche au vestiaire pendant la pause et qui est servi absolument seul par un centre du revers de Felix Koschek, dont c’est le tout premier match en équipe nationale.
Les champions du monde reprennent l’avantage par un rebond d’Adam Kubík, placé en écran devant le gardien sur un lancer de la bleue de Kučeřík. Mais sur l’action suivante, l’Autriche réplique par Lukas Haudum qui fait encore un tour de cage et marque en deux temps. Deux minutes plus tard, Jaromír Pytlík obtient son premier but international, seul face au but sur une splendide passe aveugle du revers entre les jambes de Matyáš Filip. Mais les Tchèques n’arrivent toujours pas à conserver leur avance. Un cinglage est sifflé contre Marian Adámek à six minutes de la fin, et Benjamin Baumgartner place son tir du poignet depuis le cercle droit pour rétablir la parité.
Aller en prolongation est déjà un beau résultat pour l’Autriche, mais en plus elle remporte la deuxième victoire de son histoire face aux Tchèques. Dominic Zwerger remonte le palet, passe la bleue sans opposition grâce à l’écran de Bernd Wolf sur Kodýtek et contourne la cage en faisant s’avancer Ondřej Kacetl loin de son but. Malgré ce match difficile (moins de 78% d’arrêts) qui fait suite à deux premières apparitions excellentes, le vétéran Kacetl conserve sa place dans le camp tchèque, très provisoirement sans doute.
Le sélectionneur tchèque n’a pas voulu commenter sa liste en conférence de presse, et l’a donc envoyée par e-mail à la presse. Pas de grands noms dans les départs (le gardien Frodl, les défenseurs Mašín et Moravec, les attaquants Jiskra, Kubík, Přikryl, Filip, Pytlík, Rohlík et Hradec. À leur place, il intégrera les demi-finalistes d’Extraliga tchèque (Josef Kořenář, les défenseurs Michal Kempný et Jakub Krejčík, les attaquants Filip Chlapík, Pavel Kousal, Michael Špaček et Kevin Klíma), deux avants de Davos (Matěj Stránský et Filip Zadina) et le meilleur marqueur de Liiga finlandaise (Michal Kovařčík) qui a bénéficié d’une semaine de repos pour soigner une blessure. On sera encore loin de la composition finale, dans laquelle le défenseur NHL Filip Hronek jouera un rôle important.
L’Autriche se rapproche bien de plus de son équipe définitive. Il ne manquera plus que trois joueurs (le gardien Atte Tolvanen auprès de sa femme enceinte, le renfort NHL Marco Kasper et Vinzenz Rohrer qui joue la finale suisse) puisque les finalistes suivants seront ajoutés : David Maier, Thimo Nickl, Paul Stapelfeldt, Clemens Unterweger, Nikolaus Kraus, Brian Lebler, Thomas Raffl, Peter Schneider et Lucas Thaler, plus l’entraîneur du KAC Kirk Furey comme assistant-coach. La polémique est venue d’un article des Salzburger Nachrichten qui a lié l’absence de trois joueurs importants de Salzbourg (Nissner, Wukovits et Marco Huber) comme une « attaque directe contre le sélectionneur Roger Bader », que tout le monde critiquerait sous le manteau. Tous les intéressés et tous les autres médias ont ensuite fermement démenti.
La surprise du chef vient du retour du buteur de Linz, Brian Lebler, trois ans après sa retraite internationale. Cette liste inattendue en attaque a cristallisé l’attention, et personne ne s’est attardé sur l’absence du défenseur Nico Brunner, qui avait joué les trois derniers Mondiaux. Les autres noms biffés étaient attendus (les défenseurs Würschl et Kernberger, les attaquants Böhm, Wallenta et Koschek, le polyvalent Luca Erne).
Commentaires d’après-match :
Roger Bader (entraîneur de l’Autriche) : « C’était une très bonne performance globale, je dirais sincèrement la même chose si nous avions perdu en prolongation. Nous avons pu suivre le rythme, nous sommes entrés dans les duels, nous avons progressé. Nous avions déjà bien défendu jeudi, mais aujourd’hui nous nous sommes procuré des occasions. C’était dans tous les cas un bon pas en avant, et que les joueurs aient été récompensés par une victoire, c’est évidemment un bel effet secondaire. […] Avant les play-offs, en allant dans le vestiaire de Linz, j’ai dit à Brian [Lebler], avec un clin d’œil, que ce serait sympa de se revoir aux Mondiaux de Stockholm. Cela a donné l’impulsion. Il a connu une très forte saison, plus forte que les deux précédentes. Il a aussi surmonté sept prolongations en playoffs et joué à 3 contre 3 comme s’il avait 20 ans. Forcément, ça fait réfléchir. Brian est tout feu tout flamme. Il va marquer des buts pour nous. Il n’a pas besoin d’en mettre contre le Canada. C’est déjà bien s’il marque un but contre la Slovénie ou la France. […] Nissner et Huber m’ont dit personnellement en janvier et en février qu’ils ne seraient pas là aux Mondiaux pour raisons personnelles. Wukovits a des blessures. J’ai une bonne relation avec ces trois joueurs. Et je n’ai aucune raison de douter de leurs paroles. »
Radim Rulík (entraîneur de la Tchéquie) : « Que nous puissions prendre un but en infériorité numérique, qu’il rebondisse d’un patin directement vers le joueur adverse, cela arrive. Mais on ne peut pas encaisser un but par relâchement juste après avoir marqué. Cela a remis l’adversaire dans la partie. Ils l’ont ressenti, ont tout donné et ont à juste titre retourné le match. L’Autriche a battu les Finlandais aux championnats du monde et ils étaient exactement comme nous aujourd’hui. Ils pensaient que ça ne pouvait pas leur arriver. Ça peut. Nous l’avons déjà vécu avec les Norvégiens, les Danois, ce sont des équipes qui travaillent dur et sont tenaces. Si nous ne partons pas à 100%, nous pouvons perdre contre tout le monde. »
Match 1
Tchéquie – Autriche 4-0 (1-0, 1-0, 2-0)
Jeudi 17 avril 2025 à 19h00 à la Nevoga Aréna de Znojmo. 3910 spectateurs.
Arbitres : Jiří Ondráček et Ladislav Smetana assistés de Jakub Maňák et Miroslav Lhotský (tous TCH).
Pénalités : Tchéquie 4’ (0’, 2’, 2’) ; Autriche 8’ (2’, 4’, 2’).
Tirs : Tchéquie 38 ; Autriche 14.
Évolution du score :
1-0 à 18’40” : Černoch assisté de Beránek
2-0 à 26’01” : Přikryl assisté de Kurovský
3-0 à 56’53” : Kurovský assisté de O. Kovařčík
4-0 à 58’55” : Reichel assisté de Voženílek
Joueurs du match : Daniel Kurovský pour la Tchéquie et Florian Vorauer pour l’Autriche.
Match 2
Autriche – Tchéquie 4-3 après prolongation (0-0, 0-1, 3-2, 1-0)
Samedi 19 avril 2025 à 17h30 à l’EisArena de Linz. 3500 spectateurs.
Arbitres : Daniel Pražák (TCH) et Wolfgang Puff (AUT) assistés d’Andreas Huber et Simon Riecken.
Pénalités : Autriche 2’ (0’, 2’, 0’, 0’) ; Tchéquie 4’ (2’, 0’, 2’, 0’).
Tirs : Autriche 18 (4, 3, 10, 1) ; Tchéquie 27 (8, 10, 8, 1).
Évolution du score :
1-0 à 27’17” : Černoch assisté de Jiskra et Beránek (sup. num.)
1-1 à 42’31” : P. Huber assisté de Koschek
1-2 à 45’27” : Kubík assisté de Kučeřík
2-2 à 45’58” : Haudum assisté de Kainz
2-3 à 47’42” : Pytlík assisté de Filip et Kubík
3-3 à 54’25” : Baumgartner assisté de Zwerger et Heinrich (sup. num.)
4-3 à 60’59” : Zwerger
Joueurs du match : Jiří Černoch pour la Tchéquie et Lukas Haudum pour l’Autriche.
Composition des équipes
Tchéquie
Attaquants :
Vít Jiskra – Jiří Černoch – Ondřej Beránek (A, 2’)
Daniel Voženílek (C puis A, +1) – Petr Kodýtek – Kristián Reichel
Radan Lenc (+1) puis au match 2 Ondřej Kovařčík (+1) – Filip Přikryl (+2) – Daniel Kurovský (+2, 2’)
4e ligne au match 1 : Ondřej Kovařčík – Vojtěch Hradec – Ondřej Rohlík
4e ligne au match 2 : Adam Kubík (+1) – Matyáš Filip (+1) – Jaromír Pytlík (+1)
Défenseurs :
1re paire au match 1 : Jiří Ticháček (+1) – Jan Košťálek (A, +1)
1re paire au match 2 : Filip Pyrochta (-2) – Tomáš Kundrátek (C, -2)
Tomáš Cibulka [puis Mašín] – Marian Adámek (2’)
Dominik Mašín (+1) [puis Cibulka] – Filip Pyrochta (+1) puis au match 2 David Moravec (2’)
Jakub Galvas (+4) – Radek Kučeřík (+3)
Gardien au match 1 :
Šimon Zajíček (remplaçant : Ondřej Kacetl)
Gardien au match 2 :
Ondřej Kacetl (remplaçant : Dominik Frodl)
Autriche
Attaquants :
Lukas Kainz – Lukas Haudum (A, +1) – Nico Feldner
Dominic Zwerger (C, +1) – Benjamin Baumgartner (+1) – Paul Huber (+1)
Maximilian Rebernig (-3) – Oliver Achermann (A au match 1, -3) – Leon Wallner (-3)
Mathias Böhm puis au match 2 Luca Erne (-2) – Felix Maxa (-2) – Elias Wallenta puis au match 2 Felix Koschek (-1)
Défenseurs :
Ramon Schnetzer (-2, 2’) – Nico Brunner (-1) puis au match 2 Bernd Wolf (A, +1)
Patrick Söllinger (-1, 2’) puis au match 2 Dominique Heinrich – Luis Lindner (-1)
Gregor Biber (-2, 2’) – Niklas Würschl (-3)
Michael Kernberger (+1, 2’) – Luca Erne (-1, 2’) puis au match 2 Patrick Söllinger (+2)
Gardien au match 1 :
Florian Vorauer (remplaçant : Benedikt Oschgan)
Gardien au match 2 :
David Kickert (remplaçant : Benedikt Oschgan)